Ça va jazzer

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mardi 19 mars 2024

Guerres de l'eau?

L'eau, c'est la vie

                             Quand elle est là, à notre disposition, en toutes circonstances, on n'y pense pas. Comme à l'air qu'on respire. Des biens fondamentaux, qui sont à l'origine de la vie pour notre planète comme individuellement.. Des banalités qu'il est bon de rappeler quand elle vient à faire défaut ou que sa qualité se dégrade. Quand près de 50% de la population mondiale est ou sera exposé à des pénuries d'eau, il y a urgence. L'histoire nous donne des indices de conflits humains autour de l'eau. Parfois aussi de débats, de tractations, pour le répartir et la distribuer équitablement quand elle se fait rare. Comme encore aujourd'hui dans des zônes désertiques du Maghreb ou déjà en Andalousie. Mais parfois ce sont des conflits qui sont chargés de préserver ou de conquérir la ressource devenue rare. Et on peut craindre qu'ils prennent de l'ampleur quand elle se fera encore plus rare, comme en Palestine aujourd'hui où l'essentiel des ressources aquatiques est captée par la puissance occupante. Un cas où le conflit n'est pas seulement (parfois) armé.                                                                                                                                                       Déjà dans la haute Antiquité, on trouve des traces de conflits autour de l'eau.                                                    "...Pas d'eau, pas de vie... Voilà un moyen efficace de mettre fin à un conflit ! Supprimer les ressources en eau d'une place-forte, d'une ville voire d'une région fait partie des stratégies les plus implacables pour fragiliser l'ennemi. Athènes ainsi en fit les frais lorsque, pendant la 2e guerre du Péloponnèse, Sparte se décida à polluer les réservoirs de la cité au mépris des règles qui géraient alors officieusement les conflits.

Grand puits du fort de Joux (Franche-Comté) créé par Vauban au XVIIe siècle sur une profondeur de 147 m. Agrandissement : Puit de la forteresse de Königstein dominant de 240 mètres la courbe de l'Elbe à 30 km au sud-est de Dresde en Allemagne.Pour les forteresses du Moyen Âge, l'approvisionnement est un tel enjeu que l'on n'hésite pas à y consacrer la moitié de l'argent nécessaire à la construction de tout le bâtiment : il faut absolument en effet que les assiégés puissent avoir à disposition un « grand puits » plongeant jusqu'à une nappe phréatique.

Le temps passe mais les méthodes restent puisqu'en puisqu'en 1991 l'Irak fit de la destruction des usines de dessalement du Koweit un objectif prioritaire ; quelques années plus tard, les Serbes entreprirent de faire plier Sarajevo en fermant les robinets de sa station d'épuration (1995). Simple mais plus réaliste que le détournement de l'Arno envisagé au XVIe siècle par Nicolas Machiavel et Léonard de Vinci pour soumettre Pise...

Le fleuve Arno à Florence, Chronique de Nuremberg, 1493. Agrandissement : Leonard de Vinci et la dérivation de l’Arno, carte conservée à l’intérieur des collections royales de Windsor.

Mais avoir accès à l'eau n'est pas suffisant, encore faut-il qu'elle soit potable ! Choléra, dysenterie et autre typhoïde ont longtemps décimé les armées, faisant plus de dégâts par exemple pendant la guerre de Crimée que les combats eux-mêmes. Heureusement, en 1915 est créé en France le Service des eaux aux armées qui s'emploie à encadrer l'approvisionnement et surveiller la qualité de l'eau.  Aujourd'hui, si des unités mobiles de traitement peuvent apporter un début de solution, procurer 10 litres d'eau par homme chaque jour reste une priorité et un défi logistique pour toute nation en guerre....                                                                                                 Si aucun conflit ne s'est encore officiellement déclenché à cause de problèmes d'accès à l'eau, des désaccords existent, exacerbant les relations entre États. Comment l'Égypte pourrait-elle rester indifférente à la construction, en Éthiopie, du grand barrage de la Renaissance sachant qu'elle est totalement dépendante des eaux du Nil ?De la même façon, les pays d'Asie centrale ne peuvent se passer de l'eau de l'Amou-Daria, de plus en plus exploité par l'Afghanistan, tandis que le Pakistan est tributaire du cours de l'Indus qui prend sa source au Tibet...."      (Herodote.net)                                      _________________________________

lundi 18 mars 2024

On a nos chances...

 Les épreuves du JO, ça se prépare..

                Le connerie, elle, est un don.

 



Ambiguïté de l'apprentissage

 Soutien et dérives

                   L'apprentissage, l'insertion professionnelle, doit être stimulé. C'est une évidence. Mais lequel? Dans quelles conditions? Il y a une  ambivalence et des anomalies.Une nécessité, mais un coût vertigineux. Une dérive depuis 2020. Trop souvent, une manne pour les employeurs.

  Point de vue:

Depuis 2020, l’apprentissage bat des records grâce aux aides publiques. La preuve de l’incroyable réussite de la politique de l’emploi du gouvernement ? Non, et c’est même plutôt le contraire, selon l’économiste Bruno Coquet, auteur d’une note publiée le 15 juin par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), titrée « Apprentissage : un bilan des années folles ». Cet expert du marché du travail estime que les aides publiques actuellement en place sont coûteuses et contre-productives pour l’économie. Entretien. ___Mediapart : Depuis 2020, l’apprentissage enchaîne les records : 837 000 nouveaux contrats ont été conclus en 2022, et au total près d’un million d’apprentis sont en cours de formation. C’est deux fois plus qu’en 2018 ! Pourtant, si l’on comprend bien le propos développé dans votre note pour l’OFCE, il ne faut pas s’en féliciter, bien au contraire. Car, selon vous, l’aide publique à l’apprentissage serait dévoyée… ____Bruno Coquet : Oui. En principe, les soutiens publics à l’apprentissage ont pour but de favoriser l’emploi des jeunes sortis prématurément du système scolaire dans des entreprises de petite taille, celles qui ont besoin d’aides publiques pour tenir leur équilibre économique en cas d’embauche d’apprentis. C’est ce à quoi la réforme de l’apprentissage de 2018, à mon sens excellente, répondait parfaitement : elle ciblait les entreprises de moins de 250 salariés, pour des apprentis préparant un diplôme de niveau bac ou moins. Elle a aussi simplifié l’accès à l’apprentissage, ce qui a libéré l’offre. Ainsi, le nombre de contrats d’apprentis a augmenté de 14 % en 2019, alors que le gouvernement prévoyait initialement une hausse de 3 %.                            Mais en 2020, tout a basculé. Durant la crise du Covid, il a été mis en place une aide d’urgence exceptionnelle à l’apprentissage – pérennisée depuis – au périmètre très large : elle couvre la première année 100 % du salaire d’un apprenti de moins de 21 ans, 80 % entre 21 à 25 ans et près de 45 % à partir de 26 ans. Ce, quel que soit le profil de l’apprenti, c’est-à-dire qu’il soit sans diplôme ou Bac + 5 à HEC ; et quelle que soit la taille de l’entreprise. Un tel niveau de subvention est inédit. Rien d’équivalent n’avait jamais été alloué à des contrats aidés.   Or, n’importe quel économiste sérieux vous dira que dans une économie sociale de marché, on ne rend pas à grande échelle le coût du travail nul pour le secteur marchand. Les entreprises n’ayant aucune raison d’avoir un usage efficient des employés qui ne leur coûtent rien.   __Quelles sont les pratiques en termes d’embauche qui ont concrètement changé depuis la mise en place de l’aide exceptionnelle à l’apprentissage ?_Au-delà du doublement en cinq ans du nombre de contrats d’apprentis que vous évoquiez, les caractéristiques de l’aide exceptionnelle ont induit une rupture dans la structure des entrées par âge et par niveau de diplôme préparé : des étudiants de l’enseignement supérieur ont été embauchés en très grand nombre. Ils représentent désormais les deux tiers des entrées en apprentissage, contre seulement un tiers il y a dix ans. Or, plus on monte en diplôme, mieux on s’amarre naturellement au marché du travail. Dès lors, il n’y a pas besoin que l’État subventionne ces emplois.   On parle donc ici d’effets d’aubaine__Oui, et ils sont de deux ordres. En l’absence de ciblage du profil des apprentis recrutés, il y a d’abord un effet dit de « substitution », qui concerne 210 000 emplois d’apprentis en 2022. Ce sont des apprentis que les entreprises auraient de toute façon embauchés sous un autre type de contrat, même en l’absence de l’aide exceptionnelle.  Le deuxième effet, dit « emploi », pèse environ 250 000 contrats en 2022. Ce sont des créations d’emploi artificielles qui n’auraient jamais existé si l’État n’avait pas rendu le contrat de travail des apprentis gratuit pour les entreprises, et qui donc ne répondent pas à des besoins. La hausse du nombre d’apprentis est certainement l’une des raisons de la pénurie de 200 000 à 300 000 emplois saisonniers dans la restauration.                   Ne pourrait-on pas se réjouir, tout de même, de la hausse du taux d’emploi due à cette aide exceptionnelle à l’apprentissage ? ___En partie seulement, d’abord parce que les emplois qu’elle crée sont peu productifs. La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) estime par exemple que 20 % de la moindre productivité actuelle de l’économie française par rapport 2019 s’explique par le fait que l’emploi est plus riche en contrats d’apprentissage.  Ensuite, il faut savoir que la multiplication des contrats d’apprentissage a asséché le vivier de recrutement d’autres secteurs, notamment ceux qui traditionnellement embauchaient des étudiants tout au long de l’année ou comme saisonniers. C’est certainement l’une des raisons de la pénurie de 200 000 à 300 000 emplois saisonniers dans la restauration. La hausse du nombre d’apprentis a donc davantage déplacé, et non résorbé, une partie des difficultés de recrutement.   Le gouvernement nous dit que le marché du travail ne s’est jamais aussi bien porté. Dès lors, il n’a aucune raison de subventionner autant d’emplois. Surtout qu’il dit avoir des soucis budgétaires.     ____Le bilan du gouvernement sur le terrain de l’emploi, qu’il attribue à sa politique de l’offre, n’est donc pas aussi reluisant qu’il le dit. Il cache en tout cas une tout autre réalité… ____Il faut effectivement remettre en perspective quand l’exécutif dit avoir créé 1,1 million d’emplois salariés dans le secteur marchand depuis 2019. Dans ce chiffre, il y a 250 000 emplois qui sont subventionnés à 100 %. Sachez aussi que, principalement du fait de l’aide exceptionnelle à l’apprentissage, la France présente un taux d’emplois aidés par la puissance publique exceptionnellement élevé – autour de 6 %. C’est le taux le plus élevé depuis 1997, quand le taux de chômage était au plus haut, à 10,7 %.                                                                                                                Or le gouvernement nous dit que le marché du travail ne s’est jamais aussi bien porté. Dès lors, il n’a aucune raison de subventionner autant d’emplois. Surtout qu’il dit avoir des soucis budgétaires et devoir serrer la vis sur la maîtrise des comptes publics. Il lui faudrait peut-être d’abord mieux dépenser l’argent public…   À combien évaluez-vous le montant des dépenses publiques inutiles à destination de l’apprentissage ? __Le montant total des aides à l’apprentissage s’est élevé à environ 20 milliards d’euros en 2022, et sans l’aide exceptionnelle, le coût pour les finances publiques de la politique d’apprentissage aurait été de 12 milliards d’euros cette même année. On peut donc évaluer à 8 milliards d’euros les dépenses publiques inutiles liées à l’apprentissage. C’est considérable : à titre de comparaison, c’est peu ou prou ce que le gouvernement veut économiser à la fin de ce quinquennat grâce à sa réforme des retraites. Réforme contre laquelle des millions de gens sont allés manifester dans les rues; Cet objectif du million d’entrées en apprentissage par an devrait être oublié. Il ne peut pas exister en rythme de croisière. C’est une fiction. Il est du reste intéressant de noter que, pour l’équilibre du régime général des retraites, cette aide exceptionnelle à l’apprentissage a aussi un impact négatif. Car, à terme, ce sera moins de recettes, vu que les salaires des apprentis sont exonérés de cotisations sociales, et plus de dépenses, car les apprentis qui seraient restés étudiants sans cette aide exceptionnelle emmagasinent des trimestres et partiront donc plus tôt à la retraite. __Emmanuel Macron avait annoncé vouloir atteindre le million d’apprentis d’ici à 2027, est-ce un objectif souhaitable ?   Cet objectif du million d’entrées en apprentissage par an devrait être oublié. Ne serait-ce que pour une raison purement démographique : il naît environ 800 000 personnes par an. En théorie, il en entre donc autant chaque année sur le marché du travail. Donc, sauf à dénaturer encore davantage le dispositif, c’est-à-dire à l’ouvrir à des apprentis plus âgés ou à réduire la durée de contrat à quelques mois, cet objectif du million d’apprentis est illusoire. Il ne peut pas exister en rythme de croisière. C’est une fiction. Surtout à ce niveau de coût pour les finances publiques.                          Il sera du reste difficile pour le gouvernement de sortir de cette spirale que l’on peut qualifier de fuite en avant. Car cela risquera d’intervenir à contretemps, étant donné que l’on voit poindre les premiers signes de ralentissement économique.    ____


Que faudrait-il faire, selon vous ? ___ Revenir à la réforme de 2018, qui a été complètement défaite depuis 2020. L’aide exceptionnelle a certes été reconfigurée en 2023, son plafond ayant été réduit de 25 %, mais elle cible toujours un public beaucoup trop large. Ainsi, on remarque que même avec ce coup de rabot, le nombre de contrats d’apprentis continue d’augmenter cette année. C’est bien la preuve que l’effet d’aubaine se poursuit, et que l’aide est trop élevée pour une population beaucoup trop large.   En fait, c’est comme si en 2020 on avait fait une promotion en tête de gondole des supermarchés pour l’apprentissage, que tout le monde s’était rué dessus et, se rendant compte des avantages du produit, continuait à le faire. Si tel est le cas aujourd'hui, on n’a plus besoin de cette promotion. Il faut revenir à ce qui se faisait précédemment."[  Mathias Thépot; Merci à Mediapart]   
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dimanche 17 mars 2024

Il y a 90 ans

 Un tournant?

          En février 

           _____   Le jour la République a vacillé...

                                                                                                         _____________________

En deux mots

__ Fusion

__ Evasions

__ Progrès?

__  Effrayant     

__ Epuisement

__ Conquêtes

__ Arnaques

__ Bobo a dit

__ Breton fâché

__ Résidents secondaires

__  Pas bête, Alain

__ Bobo a dit

__ Guerre hybride

__ Merci au Qatar!

__ Parcours Sup

__ Histoire belge

__ Tarifications dynamiques

         ______________  Revue de presse   _______________

samedi 16 mars 2024

EPR: juste un léger retard...

 Ou une histoire sans fin?

            Un fiasco, pour tout dire...

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Affaire de famille

Homm erectus continue son chemin

                La famille s'agrandit . Nous ne sommes pas au bout de nos découvertes... La recherche préhistorique est pleine d'inattendus. Homo sapiens n'a pas fini de prendre un coup de vieux...plus avance la récolte de données sur le lointain passé de notre humanité. Une pré-histoire qui est déjà une histoire, quoique non restituable événementiellement. On comprend un peu mieux les colonisations qui se sont déroulées depuis le berceau africain, notamment vers l'Europe du Nord. Une récente mise au jour de nouvelles traces d'homo sapiens en Europe nous en dit un tout petit peu plus sur ses pérégrinations, ses modes de vie ses sites favoris, notamment par l'intermédiaire des outils découverts.


             "...Mise en ligne sur le site PLoS ONE, une étude européenne, à laquelle ont participé le CNRS et le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, a caractérisé des ossements humains et animaux ainsi que des artéfacts découverts en Ukraine comme étant les plus vieux vestiges d’une présence de l’homme moderne, de culture gravettienne en l’occurrence, dans l’Europe orientale au Paléolithique supérieur.....                                                     ..Tout comme ceux des animaux, les chercheurs ont pu dater directement l’un des restes humains au carbone 14 à 32 000 ans BP. Leur forme et leur structure les attribuent clairement à l’homme moderne. Il s’agit de la plus ancienne implantation, dans le Sud de Europe de l’Est, de notre espèce au Paléolithique supérieur.   Les artéfacts, eux, ont été identifiés par les archéologues comme appartenant au Gravettien, une culture lithique (inégalement) répandue sur l’ensemble du continent européen. « Ces gens avaient des couteaux, des outils légers, des camps de plein air, ils ont utilisé des os de mammouth pour faire des tentes. La culture gravettienne est la culture qui définit l’homme moderne », n’hésite pas à commenter un chercheur non impliqué dans cette étude, le Pr Clive Finlayson, directeur du Musée de Gibraltar, enthousiasmé par ce qu’il estime être le plus ancien exemple de la tradition culturelle gravettienne – laquelle est, en effet, généralement considérée comme débutant vers 29 ou 28 000 ans BP..."                                                 En attendant la suite.... D'innombrables questions restent en suspend dans cette quête en pointillé, où le hasard a une place souvent prépondérante;. La pierre est un élément déterminant d'identification  et d'interprétation. L'outil, c'est l'homme, comme nous l'a appris Leroi- Gourhan. L'éclairage progresse peu à peu en regardant dans le rétroviseur, mais tout se complique aussi...   Plus de questions se font jour.                                __ {Un site de qualité]   
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vendredi 15 mars 2024

Laïcité

Une des valeurs les plus précieuses

                                      Un combat permanent


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Paroles libres

Au coeur de la tragédie à Gaza

                                 De la famine et des exactions qui s'y déroulent 

            Ce fut un débat intense et courageux. Des paroles échangées, pas toujours convergentes, là où la communication semble devenue impossible  Dans l'émission la Grande Librairie, sur la 5, Augustin Trapenard  a organisé une rencontre exceptionnelle entre Delphine Horvilleur et Dominique Eddé pour évoquer la situation au Proche-Orient. Toutes deux s'interrogent sur la possibilité de maintenir le dialogue au milieu du chaos

    Dominique Eddé est une écrivaine libanaise bien connue, ayant une vision historique lui permettant  de juger les événements avec un certain recul, se référant parfois à l'écrivain israëlien Amos Oz, qui ne ménageait pas ses mots sur certaines orientations politiques de son pays, notamment dans son ouvrage:  Histoire d'amour et de ténèbres.    __Penser l'après..._                                                 Dominique Eddé parlait d'éradication en cours à Gaza, dont la condamnation commence à faire l'unanimité: " " Plusieurs dizaines de milliers de morts à Gaza, en l’espace de quatre mois, sur un territoire de 360 km2. 50 à 60 % de bâtiments détruits. Un nombre incalculable de cadavres sous les décombres. Des milliers de blessés privés d’hôpitaux, amputés sans anesthésie, parfois sur des trottoirs. Des dizaines de médecins de tous pays, tous horizons, affirmant qu’il ne s’agit pas d’une guerre mais d’un projet d’anéantissement. Des centaines de milliers de Gazaouis sur les routes. Ces chiffres ahurissants n’agissent pas. Les images non plus. Il suffit pourtant de les voir trembler de peur, de froid, de faim, se traîner hagards, en troupeaux – comme des animaux, on nous avait prévenus – d’une zone, d’une tente à l’autre, de les écouter supplier Dieu, de lire dans leurs yeux le peu qu’ils peuvent encore, pour comprendre qu’il y a pire que de perdre la vie, c’est de continuer à vivre sans elle. Ajoutez à leur deuil et à leur effroi le poids de leurs mémoires. Pour les plus vieux : soixante-quinze ans d’exil, de dépossession, d’humiliations. De promesses non tenues. Pour les jeunes : les wagons des ans accrochés au même train. Au même déni, à la même solitude. Pourquoi, comment cela est-il de l’ordre du possible ? Quel esprit informé peut encore supposer un instant qu’il s’agit d’une guerre contre le Hamas ? A-t-on conscience en Europe, en France en particulier, que l’on est en train de pousser l’humanité dans le vide ?                                                                                                                         Revenons, pour essayer de réfléchir, à la date funeste du 7 octobre. Sur le territoire d’Israël qui était, rappelons-le, la Palestine au début du siècle dernier, une troupe de Palestiniens armés, enragés, ont perpétré un effroyable massacre. Selon les estimations, 700 à 1 290 Israéliens ont été tués, parmi lesquels des centaines de soldats, policiers, secouristes. Du jamais vu dans l’histoire d’Israël. Deux cent quarante personnes ont été prises en otage. Les familles, les proches des otages vivent un calvaire sans nom. Le pays est sous le choc. Le monde entier. L’horreur de cette journée sanglante est vécue par les Israéliens et par un bon nombre de juifs dans le monde comme « le plus grand pogrom » depuis la Seconde Guerre mondiale. Compte tenu de l’histoire abominable qui habite et hante les mémoires, cela se comprend. Cela ne doit pas nous empêcher de voir autre chose.                                                    ___Les pogroms du passé étaient menés par des communautés dominantes, avec l’assentiment des autorités, contre des populations juives, minoritaires et dominées. Ce cas de figure n’est pas applicable au 7 octobre. Les auteurs du carnage n’étaient pas en position dominante et ne savaient sans doute pas ce qu’est un pogrom. Ils sont d’ailleurs nombreux à y avoir laissé leur peau. Selon « Times of Israël » le 11 novembre 2023« 1 500 terroristes auraient été tués par les forces de l’attaque et de la riposte qui a suivi ». Ces hommes se sont déchaînés contre ceux qu’ils appellent tantôt « les forces occupantes », tantôt « les Israéliens », tantôt « les juifs ». Cette dernière appellation est insupportable. Il faut tout de même l’interroger. A partir du moment où l’on crée un « Etat pour les Juifs », on crée fatalement de la confusion au plan du langage et de la pensée. Il ne s’agit pas d’entériner l’amalgame, il s’agit de le comprendre si on veut l’affronter et un jour le résoudre.                                                                                                                                       Plusieurs dizaines de milliers de morts à Gaza, en l’espace de quatre mois, sur un territoire de 360 km2. 50 à 60 % de bâtiments détruits. Un nombre incalculable de cadavres sous les décombres. Des milliers de blessés privés d’hôpitaux, amputés sans anesthésie, parfois sur des trottoirs. Des dizaines de médecins de tous pays, tous horizons, affirmant qu’il ne s’agit pas d’une guerre mais d’un projet d’anéantissement. Des centaines de milliers de Gazaouis sur les routes. Ces chiffres ahurissants n’agissent pas. Les images non plus. Il suffit pourtant de les voir trembler de peur, de froid, de faim, se traîner hagards, en troupeaux – comme des animaux, on nous avait prévenus – d’une zone, d’une tente à l’autre, de les écouter supplier Dieu, de lire dans leurs yeux le peu qu’ils peuvent encore, pour comprendre qu’il y a pire que de perdre la vie, c’est de continuer à vivre sans elle.                                                                                                                          Ajoutez à leur deuil et à leur effroi le poids de leurs mémoires. Pour les plus vieux : soixante-quinze ans d’exil, de dépossession, d’humiliations. De promesses non tenues. Pour les jeunes : les wagons des ans accrochés au même train. Au même déni, à la même solitude. Pourquoi, comment cela est-il de l’ordre du possible ? Quel esprit informé peut encore supposer un instant qu’il s’agit d’une guerre contre le Hamas ? A-t-on conscience en Europe, en France en particulier, que l’on est en train de pousser l’humanité dans le vide ?                                                                                     Prenons, pour gagner en visibilité, des dates lointaines : 1948. Le massacre de Deir Yassin perpétré par des combattants de l’Irgoun de Menahem Begin. Le village est vidé de ses habitants palestiniens. Hannah Arendt, Albert Einstein et bien d’autres s’en indignent dans le « New York Times » du 4 décembre 1948. 1953 : c’est l’année où des Palestiniens armés entrent dans le kibboutz Mishmar Ayalon et lancent une grenade sur une maison, tuant une femme et ses deux fils. Quatre mois plus tard, Ariel Sharon lance l’opération Shoshana, dite de représailles, contre le village de Qibya, en Cisjordanie. Soixante-dix civils y sont tués. Les deux tiers sont des femmes et des enfants. Les séquences et leur cruauté ne sont pas sans rappeler la tragédie du mois d’octobre dernier. Avec une même constante : les victimes sont innocentes de part et d’autre. Aucune consolation n’est à trouver dans la rivalité de la douleur. C’est la même. Ni dans le vocabulaire : les formes et les degrés de la haine sont sans mesures. La seule mesure qui vaille, c’est l’humanité. L’universelle. Celle qui ne connaît ni couleur de peau, ni frontière. Celle qui n’argumente ni ne détourne les yeux face au regard terrifié d’un enfant.                                                                       L’issue, nul ne sait, à l’heure qu’il est, où la trouver. Nous savons toutefois qu’elle passe par le principe de la distinction. Un occupant et un occupé, un colon et un colonisé, ce n’est pas la même chose. Pour aller vers la paix, il faut faire la différence. Et faire la différence, c’est combattre la fusion, de part et d’autre, y compris dans les mémoires, c’est faire cohabiter les récits. C’est renoncer à occuper le centre, c’est créer de la place pour l’autre. Dans « Haaretz » le 10 février dernier, Amira Hass écrit à propos de l’attaque de Rafah annoncée par Netanyahou : « Si près d’un million de Palestiniens doivent fuir pour la troisième ou quatrième fois vers Al Mawasi – le lieu déjà plein de Gazaouis réfugiés – la densité sera d’à peu près 62 500 personnes par kilomètre carré.  » Cela signifiera, précise-t-elle que les gens, parqués à la frontière avec l’Egypte, ne pourront se tenir que debout ou à genoux, condamnés à dormir à tour de rôle. C’est dire si la question de la « place » a viré au cauchemar. C’est dire si le « terrorisme » voyage tragiquement bien d’un individu, d’un peuple, d’une communauté à l’autre. C’est dire s’il peut prendre ou s’éteindre comme un feu, selon les rapports de forces politiques. C’est ce potentiel d’extinction qu’il faut imaginer pour faire avancer les pions de la paix. Revenons donc au débat tel qu’il s’enlise depuis des décennies.....                                                     Revenons, pour essayer de réfléchir, à la date funeste du 7 octobre. Sur le territoire d’Israël qui était, rappelons-le, la Palestine au début du siècle dernier, une troupe de Palestiniens armés, enragés, ont perpétré un effroyable massacre. Selon les estimations, 700 à 1 290 Israéliens ont été tués, parmi lesquels des centaines de soldats, policiers, secouristes. Du jamais vu dans l’histoire d’Israël. Deux cent quarante personnes ont été prises en otage. Les familles, les proches des otages vivent un calvaire sans nom. Le pays est sous le choc. Le monde entier. L’horreur de cette journée sanglante est vécue par les Israéliens et par un bon nombre de juifs dans le monde comme « le plus grand pogrom » depuis la Seconde Guerre mondiale. Compte tenu de l’histoire abominable qui habite et hante les mémoires, cela se comprend. Cela ne doit pas nous empêcher de voir autre chose.                                                                                                                                         Les pogroms du passé étaient menés par des communautés dominantes, avec l’assentiment des autorités, contre des populations juives, minoritaires et dominées. Ce cas de figure n’est pas applicable au 7 octobre. Les auteurs du carnage n’étaient pas en position dominante et ne savaient sans doute pas ce qu’est un pogrom. Ils sont d’ailleurs nombreux à y avoir laissé leur peau. Selon « Times of Israël » le 11 novembre 2023« 1 500 terroristes auraient été tués par les forces de l’attaque et de la riposte qui a suivi ». Ces hommes se sont déchaînés contre ceux qu’ils appellent tantôt « les forces occupantes », tantôt « les Israéliens », tantôt « les juifs ». Cette dernière appellation est insupportable. Il faut tout de même l’interroger. A partir du moment où l’on crée un « Etat pour les Juifs », on crée fatalement de la confusion au plan du langage et de la pensée. Il ne s’agit pas d’entériner l’amalgame, il s’agit de le comprendre si on veut l’affronter et un jour le résoudre....                          Le 7 octobre s’inscrit dans le cadre d’une effroyable dégradation régionale. Puisqu’il est impossible de tous les citer ici, en voici un déroulé succinct sur deux espaces limités : le Liban et la Palestine. Le massacre de Damour commis le 20 janvier 1976 par des milices palestiniennes contre des Libanais chrétiens. Pour la plupart des civils. Plusieurs centaines, parmi lesquels une trentaine de femmes et d’enfants égorgés. Celui de la Quarantaine, commis durant les mêmes quarante-huit heures par des milices chrétiennes contre des populations civiles palestiniennes, kurdes, bédouines ainsi que libanaises. En ont résulté des milliers de morts. Le quartier fut rasé.                                                                  Huit mois plus tard, en août 1976, des miliciens chrétiens détruisent le camp de Tall el-Zaatar, faisant à nouveau plus de 1 000 morts. Les oreilles des cadavres étaient collectées par des malades. Six ans plus tard, du 16 au 18 septembre 1982, le massacre de Sabra et Chatila, commis contre des réfugiés palestiniens par des milices chrétiennes dans une région sous pleine autorité israélienne, aurait fait entre 700 et 3 500 victimes. Femmes, enfants, vieillards, tout y passe.                              Prenons, pour gagner en visibilité, des dates lointaines : 1948. Le massacre de Deir Yassin perpétré par des combattants de l’Irgoun de Menahem Begin. Le village est vidé de ses habitants palestiniens. Hannah Arendt, Albert Einstein et bien d’autres s’en indignent dans le « New York Times » du 4 décembre 1948. 1953 : c’est l’année où des Palestiniens armés entrent dans le kibboutz Mishmar Ayalon et lancent une grenade sur une maison, tuant une femme et ses deux fils. Quatre mois plus tard, Ariel Sharon lance l’opération Shoshana, dite de représailles, contre le village de Qibya, en Cisjordanie. Soixante-dix civils y sont tués. Les deux tiers sont des femmes et des enfants. Les séquences et leur cruauté ne sont pas sans rappeler la tragédie du mois d’octobre dernier. Avec une même constante : les victimes sont innocentes de part et d’autre. Aucune consolation n’est à trouver dans la rivalité de la douleur. C’est la même. Ni dans le vocabulaire : les formes et les degrés de la haine sont sans mesures. La seule mesure qui vaille, c’est l’humanité. L’universelle. Celle qui ne connaît ni couleur de peau, ni frontière. Celle qui n’argumente ni ne détourne les yeux face au regard terrifié d’un enfant.                                                                                                                                               L’issue, nul ne sait, à l’heure qu’il est, où la trouver. Nous savons toutefois qu’elle passe par le principe de la distinction. Un occupant et un occupé, un colon et un colonisé, ce n’est pas la même chose. Pour aller vers la paix, il faut faire la différence. Et faire la différence, c’est combattre la fusion, de part et d’autre, y compris dans les mémoires, c’est faire cohabiter les récits. C’est renoncer à occuper le centre, c’est créer de la place pour l’autre. Dans « Haaretz » le 10 février dernier, Amira Hass écrit à propos de l’attaque de Rafah annoncée par Netanyahou : « Si près d’un million de Palestiniens doivent fuir pour la troisième ou quatrième fois vers Al Mawasi – le lieu déjà plein de Gazaouis réfugiés – la densité sera d’à peu près 62 500 personnes par kilomètre carré.  » Cela signifiera, précise-t-elle que les gens, parqués à la frontière avec l’Egypte, ne pourront se tenir que debout ou à genoux, condamnés à dormir à tour de rôle. C’est dire si la question de la « place » a viré au cauchemar. C’est dire si le « terrorisme » voyage tragiquement bien d’un individu, d’un peuple, d’une communauté à l’autre. C’est dire s’il peut prendre ou s’éteindre comme un feu, selon les rapports de forces politiques. C’est ce potentiel d’extinction qu’il faut imaginer pour faire avancer les pions de la paix. Revenons donc au débat tel qu’il s’enlise depuis des décennies. Plus exactement : depuis 1948. Beaucoup de juifs s’inquiétaient, avant et après cette date, de la création d’un Etat pour leur peuple dans un environnement étranger, voire hostile. Einstein, Freud, Aron, Benjamin et bien d’autres l’ont écrit en toutes lettres. Je crois pouvoir dire que si j’avais été juive, j’aurais pensé comme eux. Comment faire à présent pour que le peuple israélien puisse vivre en sécurité ? Comment faire pour que cette sécurité ne confie pas son sort aux seuls intérêts communs des régimes des monarchies pétrolières, de leurs clients et de l’économie israélienne ?  Le fond du problème, on le voit et à quel prix, ne se règle ni par les armes ni par l’argent. Si l’on veut traiter efficacement – c’est-à-dire sans intimidations et sans tabous – de cette plaie ouverte qu’est devenue « la terre sainte » et, autour d’elle, la région tout entière, il est indispensable d’en finir avec la rhétorique du déni. La méthode qui consiste notamment à qualifier d’antisémite quiconque s’oppose à la politique d’Israël est un mode de terrorisme intellectuel qui ne cesse d’épaissir la haine et de flinguer le dialogue.                                                                                                                                                             Infliger la même insulte à quiconque ose évoquer le pouvoir de lobbys pro-israéliens, tel que AIPAC aux Etats-Unis, relève de la même incohérence. On ne peut pas disposer de si considérables moyens de pression et demander à ceux qui en subissent les effets d’en ignorer la provenance. Quelle est la logique qui consiste à investir des millions dans des entreprises de propagande et à interdire qu’il en soit fait état ? Pourquoi le mot lobby serait-il présent dans le dictionnaire s’il est interdit de s’en servir dans une phrase ? Toutes ces descentes de police dans le langage font l’affaire des antisémites – leur nombre grandit de jour en jour – et frappent de censure, donc de lâcheté, plus d’un intellectuel.                                                                            Le sionisme et l’antisionisme sont par ailleurs des mots qui ne veulent plus rien dire. Cette page de l’histoire est tournée. Les Israéliens sont face au défi d’une nouvelle représentation de leur présence dans la région. Les Etats sont des solutions techniques. Il en faut. C’est une évidence. Mais la survie des peuples dans cette région brûlée ne passera pas par le rapport de force militaire. Il a prouvé son échec à répétition. Elle passe désormais par la découverte de nouveaux signaux de reconnaissance. Ceux-ci ne pourront émerger que dans le cadre d’un vaste mouvement de refondation au sein duquel nier l’existence de l’autre, rêver sa mort, cessera de ressembler à un exutoire.                                                                                                   Le Palestinien, Bassam Aramin, et l’Israélien, Rami Elhanan, ayant chacun perdu une fille dans le conflit, ont beaucoup à nous apprendre à ce sujet. Ils ont vécu et formulé, à eux deux, le vrai processus de la paix. Celui qui parvient à créer de l’altérité à partir d’un deuil inconsolable. Voilà, en peu de mots, ce que nous sommes tous appelés à faire dans cette partie du monde si nous voulons que nos malheurs et nos pertes servent d’engrais à l’avenir.   L’atrocité du 7 octobre ne constitue pas un événement isolable, sur le plan de l’histoire régionale. Elle est le résultat abominable de deux phénomènes : 1) la cécité d’une majorité d’Israéliens, entretenue par le vieil allié américain et par les nouveaux amis arabes qui, au mépris des faits, se sont tranquillement abrités derrière le diktat du fait accompli. Les Israéliens ont cru dans leur majorité qu’ils pouvaient vivre, commercer et danser normalement pendant qu’à leur porte un peuple nié par eux, écrasé, spolié de tous ses droits, n’y trouverait rien à redire ; 2) la Palestine n’a pas mieux réussi que les pays arabes voisins à se doter de pouvoirs capables de penser la libération des peuples. Ils ont choisi la corruption, l’abus, la violence.                                                              Nous en sommes maintenant au point où avoir peur et faire peur ne fait plus qu’un dans toutes les têtes. Deux urgences concrètes s’imposent : arrêter le feu et renverser les pouvoirs en place de part et d’autre. Non par les armes, mais par une pression massive du dedans et du dehors. Il faut pour cela que les consciences anesthésiées se réveillent. A commencer par les plus décisives : les israéliennes. Qu’elles cessent d’avaliser, ne serait-ce qu’au nom de leur survie et de la libération des otages, un régime barbare ; qu’elles réclament sa chute, qu’elles entendent les appels au secours désespérés de ceux qui vivent et travaillent à Gaza. Il n’y est plus seulement question d’hécatombe et d’intolérables souffrances, il y est question de l’enfer." [Par Dominique Eddé _ souligné par moi.]                        _____________

 __On pourra compléter par l'éclairage de Gérard Araud, ancien ambassadeur de France à Tel Aviv.  Notamment ici.                                _________________