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mardi 15 mars 2011

Délocaliser: une fatalité?

Délocaliser ou mourir?

___Il n'y aurait pas d'autres alternatives...
Les délocalisations sont souvent présentées, si l'on en croit les porte-parole des grands groupes industriels, le discours officiel de l'OMC et l'esprit du Consensus de Washington, comme subies, inéluctables, conséquences d'une concurrence à l'échelle mondiale, obligeant des entreprises à chercher en d'autres lieux une main d'oeuvre meilleure marché pour produire à bas coût pour une plus grande compétitivité...
"Les délocalisations sont des atouts puisqu'elles permettent de créer de nouveaux emplois chez nous
», entend-on souvent
___La mondialisation serait-elle donc "heureuse?"
Ce cliché résiste-t-il à l'analyse?
Ce n'est pas l'avis d'Eric Laurent dans son dernier ouvrage.
Il existe un chantage à la délocalisation
"...Les délocalisations sont un très grave problème. A tel point que le 17 février, la Cour des comptes dans son dernier rapport se montrait sévère sur le soutien public, accordé aux entreprises exportatrices. Allant comme l'écrit le Moniteur du Commerce International : « (...) jusqu’à appeler à "la définition d’une politique d’internationalisation des entreprises tenant compte de ses conséquences en termes d’emplois", une manière d’inciter les pouvoirs publics à ne pas favoriser des délocalisations via leurs soutiens (...)» On pourrait également évoquer l'information de l'Auto Journal n°824 du 10 mars 2011 qui indiquait en page 32 que : « (...) PSA et Renault n'ont produit que 29,7% de leurs automobiles sur le sol français en 2010 (...) » A noter que si Peugeot affiche 37,2% et Citroën 36,8% de véhicules assemblés en France, Renault dont l'état est toujours actionnaire n'en a produit que ... 26,4% !
C'est dans ce contexte que, le livre d'Eric Laurent Le scandale des délocalisations, vient opposer la réalité du terrain, aux propos d'économistes libéraux nous expliquant que «
les délocalisations sont des atouts puisqu'elles permettent de créer de nouveaux emplois chez nous »... L’ampleur des délocalisations constitue le scandale politico économique probablement le mieux dissimulé à l’opinion, en Europe et aux États Unis. Alors que la France est le pays européen qui se désindustrialise le plus vite, que son secteur des services et lui aussi touché de plein fouet par ce phénomène, il n’existe depuis 2005 aucun rapport officiel, aucune évaluation publique sur la grandeur de ce processus en cours, qui s’est d’ailleurs accéléré depuis la crise de 2008. Les économistes, comme d’ailleurs tous les experts ont tendance à corroborer avant tout une pensée dominante, celle d’une « mondialisation heureuse » où il n’y aurait que des gagnants. Ils font le choix de l’illusion au détriment de la réalité, alors qu’il faudrait au contraire dissiper l’illusion pour maîtriser la réalité. Et cette réalité, en France, en Europe et aux États Unis est angoissante : la liste des perdants, ou plutôt des vaincus de la mondialisation qui ont vu leurs emplois dévalorisés, ne cesse de s’allonger, alors que celle des gagnants se ramène en tout et pour tout en trois catégories : les dirigeants des entreprises qui délocalisent, leurs actionnaires et les pays émergents qui bénéficient non seulement des emplois délocalisés mais aussi les transferts de technologie qui les accompagnent....
Pendant des années, nous avons observé, fascinés, la montée en puissance de l’Asie, pour découvrir tardivement qu’elle était, due à notre aide involontaire. En « exportant » ( l’Europe et les États Unis), nous avons crée les conditions de notre dépendance. Les « bienfaits du libre échange » défendus par les libéraux constituent le credo plus totalement erroné. La Chine et l’Inde sont, elles, les économies ouvertes pratiquant le dite échange ? La réponse est clairement non. L’accès à leur marché est délicat, limité, et leurs entraves visent à renforcer leurs champions nationaux qui deviennent déjà concurrentiels sur la scène mondiale. Le résultat est édifiant : le déficit commercial de l’Union Européenne avec la Chine atteignait en 2009 le montant de 169 milliards de dollars et ne cesse de s’accentuer. Par contre la Chine exporte ou s’installe sans entraves sur le marché européen.
Dans un tel contexte, imaginer que nous pourrions rester des pays de « services » témoigne d’un aveuglement sans nom. Nous ne sommes plus en mesure de décider de notre avenir et croire que nous pourrions encore imposer une division du travail qui prolongerait notre domination relève de la stupidité. Les faits sont là : à compétence équivalentes, un informaticien indien est payé 1/5 e du salaire de son homologue européen ou nord américain, selon Alan Blinder, professeur à Princeton et ancien président du bureau des gouverneurs de la Réserve Fédérale, 28 des 42 millions d’emplois dans le secteur des services américains sont « susceptibles d’être délocalisés » et il semblerait que cette nouvelle vague de délocalisation soit si importante et rapide que les sociétés occidentales éprouvent de grandes difficultés d’ajustement. Pour lui, et je partage son opinion, à l’avenir la distinction cruciale ne sera plus entre travailleur hautement qualifié et les autres, mais entre ceux dont l’emploi peut être délocalisé et ceux qui ne courent aucun risque...."

____Il est urgent de repenser les délocalisations, d'aller dans le sens d'un protectionisme européen raisonné, comme le pensait M.Allais et d'autres aujourd'hui, notamment E.Todd.

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