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lundi 20 août 2012

Piège de la dette

 Comment en sortir?

__Le piège se referme sur les Etats et les citoyens. Pas tous les citoyens.
Le problème de la dette souveraine est plus que jamais au coeur de la crise qui secoue l'Europe
Ne parlons pas des USA, où elle atteint un niveau à peine imaginable.
Au coeur de l'Euroland, le débat se poursuit dans des termes souvent mal posés.
Tout le monde sait, sans trop le proclamer, que l'essentiel des dettes de beaucoup de pays  ne pourra jamais être honoré, sauf à mettre l'économie à genoux.Trop anciennes, trop immenses.
C'est particulièrement le cas de la Grèce et de l'Espagne. Dans ce dernier cas, on a pu voir la collusion entre les élites politiques et les forces financières à l'oeuvre pour créer les conditions d'un endettement monstrueux notamment dans le domaine du béton à tout va....
______La question est lancinante: faut-il annuler les dettes?
 L'exemple équatorien  (ou argentin) est là pour rappeler que ce n'est pas une opération impossible, qui commencerait par  un audit sérieux des finances publiques.
Pour sortir de la  nasse néolibérale et annuler la dette illégitime...il faut se dégager du  paradigme conservateur en économie,  qui nous a amené là où nous en sommes depuis un bonne trentaine d'années.
["La dette repose sur un mensonge: elle ne vient pas d'une orgie de dépenses publiques, mais de l'érosion organisée des recettes fiscales. Les niches et les cadeaux consentis aux ménages les plus riches et aux grandes entreprises se sont multipliées à l'infini. En empruntant sur les marchés financiers pour financer ces déficits, les Etats se sont encore enfoncés davantage puis qu'ils ont dû payer des taux d'intérêts souvent excessifs. Cette dette est donc largement illégitime...."] __Le piège de la dette publique__
_____________Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire de l’économie, fait remarquer Emmanuel Todd, dans une intervention un peu rapide et abrupte.
"...En 2010 puis en 2011, les Islandais affirmaient leur décision, par référendum, de ne pas payer une partie de leur dette publique accumulée suite à l’aide de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas dans le cadre de l’affaire Icesave.
Par le passé, les rois de France annulaient purement et simplement leurs dettes quand ils ne pouvaient plus la rembourser. Au pire ils tuaient ou emprisonnaient leurs créanciers, ou leur déclaraient la guerre. Emmanuel Todd considère qu’annuler la dette peut être la solution arguant que les riches ont intérêt à la dette car cela leur permet de devenir plus riche.
La solution vaut-elle pour les pays européens ? Outre le tsunami que cela engendrerait. Notamment l’impossibilité de recourir à de nouvelles dettes avant un certain délai face à la méfiance des prêteurs, cela ne résoudrait que partiellement le problème. La plupart des pays européens souffrent d’un problème plus grave encore. Ils sont structurellement en déficit..."
Mais, les marchés financiers ont poussé les Etats à emprunter, "ce sont leurs choix fiscaux qui les ont conduits à se mettre dans la main des plus riches. Dans Les dettes illégitimes, François Chesnais montre bien comment, en France, les ultrariches ont bénéficié d'une baisse de leurs impôts qui leur permet de prêter à l'État les ressources dont il s'est lui-même privé. Sans oublier l'auto-interdiction pour l'État de fabriquer de la monnaie, établie par la loi Pompidou dès 1973, mais rendue idéologiquement formidable par le mythe supplémentaire d'une Banque centrale européenne à Francfort, supposée être hors de portée de l'État français. Chaque année, les Français se voient ainsi ponctionner, à travers la TVA et les impôts directs, 250 milliards d'euros, dont près de 50 milliards d'intérêts, qui vont à des gens qui ont déjà trop d'argent. Les deux tiers sont d'ailleurs étrangers, parce que la fête est mondiale, les riches Français pouvant en contrepartie se gaver de la soumission des États et des peuples. Voilà ce que cache le discours alarmiste et moralisateur sur l'endettement abyssal, la faillite du pays et la nécessité de sauver le triple A. Derrière l'apparente logique libérale du système, l'État devient une machine à rançonner les populations au bénéfice des plus riches....
  Le point de départ de la crise de 2008, c'est l'accaparement par la Chine et d'autres, grâce à leurs bas salaires, d'une part croissante de la production mondiale, qui entraîne, dans les pays riches, une compression des revenus, donc une insuffisance de la demande. Le résultat, c'est que les salaires évoluent à la baisse, alors que le volume de la production mondiale augmente. C'est dans ce contexte que les États-Unis, puissance monétairement dominante, découvrent le mécanisme fou du crédit hypothécaire. Les ménages américains ne s'endettent pas seulement pour acheter une plus grande maison, mais pour continuer à consommer des produits chinois. Et à la veille de la crise de 2008, le déficit commercial américain s'élève à 800 milliards de dollars. Le système est étonnant : les États-Unis, forts de leur statut impérial, font de ce déficit un régulateur keynésien à l'échelle mondiale. Ainsi, l'endettement est appelé à compenser l'insuffisance de la demande. Bien entendu, le mécanisme du crédit finit par imploser et les revenus comme les importations par s'effondrer. Dans ce contexte, les plans de relance concoctés par le G7, le G8 et le G20 sont une réaction rationnelle. On célèbre le triomphe de Keynes et le retour de l'État.
... La relance n'est pas financée par la création monétaire - la planche à billets -, qui ne coûterait rien à l'État, mais par l'endettement, qui permet de sécuriser l'argent des nantis sans apporter la moindre réponse de fond à l'insuffisance de la demande. Ce pseudo-keynésianisme encourage la croissance chinoise, booste le CAC 40 et accélère les délocalisations en Europe. À l'arrivée, le fameux "retour de l'État" n'est rien d'autre que l'instauration d'un socialisme des riches. L'État doit sauver les riches, nom de code : "les banques", parce que les banques, qui contrôlent aussi les moyens de paiement des citoyens, comme l'a très bien dit Frédéric Lordon, ont pris l'État en otage pour le compte de leurs riches actionnaires. Si on avait opté pour leur nationalisation, on aurait pu garantir les économies des gens ordinaires, indemniser les petits actionnaires et sanctionner les coupables. La vérité de cette période n'est pas que l'État est impuissant, mais qu'il est au service de l'oligarchie..."
Comment arrêter les métastases financières?
Certains disent qu'on n'a pas fini de rire...
Cela permet de conjurer le pire... en espérant qu'il ne soit pas sûr.
Si on reprend le contrôle de la finance, comme le suggère de manière inattendue... Baverez
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- La machine infernale de la dette
- Et si nous laissions les banques faire faillite ?
- L’arnaque de la privatisation de la création de la monnaie
-La dette publique : Interview d’André-Jacques Holbecq
-L'arnaque de la dette 
-Dette publique, rente privée 
- Lecture critique du traité budgétaire : la règle d'or et ses alternatives
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-Paru dans Agoravox


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