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mardi 26 mai 2009

Israël : divisions et dérives

Une histoire déniée, qui fait perdre la mémoire et la mesure

Une société en danger, bloquée et profondément divisée
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"Comment cela va-t-il finir?" demandaient de jeunes Israëliens démoralisés ,en 1970.Ezer Weisman répondait:"Il faut d'abord savoir comment cela a commencé"
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-Marius Schattner souligne"Le potentiel dévastateur du mélange de nationalisme et de religion, quand brader la moindre parcelle d'Eretz Israël est considéré comme pire qu'une trahison: un sacrilège." (-Histoire de la droite israelienne)
Et dans ce contexte, alors que chacun sait en Israël qu'une paix réelle ne se fera qu'au prix de concessions importantes, y compris dans la ville sacrée de Jérusalem, la montée en puissance de ce nationalisme religieux porte en elle les germes des crises à venir.
"On peut imaginer ce qui risque de se passer quand il faudra évacuer non point 8000 colons de la bande de Gaza, mais au moins vingt fois plus de Judée Samarie (Cisjordanie), territoire avec lequel le lien religieux et historique est beaucoup plus fort, émaillé qu'il est de lieux saints traditionnels comme le Caveau des patriarches à Hébron, ou redécouverts depuis 1967, sans compter le Lieu saint par excellence, le mont du Temple à Jérusalem, site de l'Esplanade des mosquées.Par delà l'attache à des lieux aussi sacrés, la question se pose de savoir pourquoi la religion juive, dans sa version dominante en Israël, se prête à une telle alliance avec le nationalisme le plus extrême... "
Marius Schattner rappelle justement qu'une telle alliance n'est pas inhérente au fait religieux, et cite le regretté professeur Yeshayahou Leibowitz (1903-1993), figure intellectuelle et religieuse majeure, resté célèbre pour avoir pronostiqué dès 1967 qu'Israël commettait une erreur capitale en décidant de profiter de sa victoire militaire pour occuper durablement les territoires palestiniens.Une partie des clés se trouvent effectivement dans l'histoire. Mais aussi dans les compromis historiques noués à la naissance de l'Etat juif en 1948, et qui expliquent pourquoi, jusqu'à ce jour, il n'existe toujours pas de constitution en Israël....


Dans les analyses faites en Occident, estime Marius Schattner, on néglige trop souvent les conflits internes à la société israélienne, qui pourraient conduire à la destruction de l'Etat. Il faut examiner par exemple le sort des colons, qui ne sont plus un groupe d'avant-garde. Ce courant est aujourd'hui en retrait par rapport à ce qu'il était dans les années soixante-dix. Mais il a réussi, entre temps, à créer des faits accomplis. De manière générale, le mouvement traditionaliste religieux est en recul, et c'est qui explique sa violence. La population israélienne ne croit plus au mythe du Grand Israël, de la Méditerranée au Jourdain. C'est fini. L'enthousiasme expansionniste est mort, mais il n'y a plus non plus de foi dans la paix. Les blocages ne proviennent donc pas uniquement d'un système politique déficient.» .
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-Israël, la Guerre des Mondes

"...Aujourd’hui, la situation est bien pire qu’en 1991, et il semble qu’aucune conférence ne puisse venir apporter un peu de lumière dans la region. Si solution il peut y avoir, il est évident qu’elle ne peut venir que d’Israel. Les palestiniens n’ont quasiment plus rien à offrir ou à négocier, hormis le retour des réfugiés. Or, en Israël aujourd’hui, la situation politique et sociale n’a plus rien à voir avec celle des « années d’Oslo » pendant lesquelles la jeunesse descendait en masse dans la rue toutes les semaines pour soutenir le processus de paix. Ceux qui la connaissent ou qui s’y intéressent un tant soi peu savent à quel point la société israélienne est formidablement complexe et aujourd’hui plus que jamais divisée sur les questions politiques. Laïcs et religieux, ashkénazes (allemands/russes/polonais/hongrois/roumains/anglais etc), sépharades (espagnols/italiens/marocains/tunisiens/algériens etc), mizrahis (irakiens/syriens/égyptiens etc), éthiopiens, Sabras (natifs israéliens), gauche et droite, au final, cette société est une véritable mosaïque et un vrai mélange des genres. Mais il est aujourd’hui un autre facteur de division en Israël, peut-être celui auquel on a fait le moins attention mais qui peut se révéler être le plus déterminant pour l’avenir, celui du degré d’engagement politique.-En effet, depuis un an ou deux, des signes clairs montrent qu’en Israël, les "laïcs" sont de moins en moins engagés idéologiquement et politiquement, et lorsqu’ils le sont, c’est de plus en plus au profit des partis de droite, voire de droite dure, échaudés qu’ils sont par 9 ans d’une intifada meurtrière et une guerre du Liban qui a laissé des traumatismes sociétaux profonds. Ils sont nombreux à tenter d’échapper au service militaire, pourtant traditionnel creuset de la société israélienne, et leurs préoccupations sont de plus en plus matérielles. Les équivalents israéliens de "Big Brother" et de "Koh lanta" n’ont jamais fait un tel carton.

Les religieux au contraire montrent un engagement idéologique et politique constant. Et si les religieux "haredim" votent avec toujours autant de discipline pour leurs partis traditionnels (Shass et Judaisme Unifié de la Torah) et sont toujours exemptés d’armée, les membres du courant sioniste religieux sont très représentés dans l’armée, leur voix se portant traditionnellement sur le Likoud, l’Union Nationale, le "Foyer Juif" ou d’autres petites formations anecdotiques d’un strict point de vue électoral. Ce mouvement sioniste religieux fait peu parler de lui pour le moment, de par l’éclatement des voix de ses membres. Mais aujourd’hui, les analystes ne s’y trompent pas, ils représentent un peu plus de 25% de la population et ils sont la force qui monte. Comment ? Tout simplement en occupant systématiquement tous les endroits idéologiques désertés par la gauche laïque. Education, Logement, et surtout l’armée.
En effet, un rapport récent indiquait que 40% à 50% des nouveaux officiers au sein de Tsahal sont issus du courant sioniste religieux, et pour beaucoup d’entre eux, habitent dans une colonie. De plus, comme le souligne l’éditorialiste israélien Yaïr Lapid, alors que l’intelligentsia israélienne laïque a déserté le débat et ne s’aventure plus dans les bases militaires que sporadiquement malgré les invitations des commandants de bases, les rabbins du courant sioniste religieux répondent présent systématiquement, et continuent inlassablement à dispenser aide pour les jeunes en difficulté et cours de Torah. Idem dans les écoles.
Cette bataille, elle est gagnée d’avance pour ces rabbins, et ils en sont tout à fait conscients. Ils savent que le public laïc est amorphe et ne fera aucun obstacle sérieux au bouleversement en marche de la société israélienne. Ironie du sort, c’est la gauche israélienne elle-même qui est en grande partie responsable de cette apathie du public israélien. En œuvrant autant pour retirer des manuels scolaires israéliens toute notion d’histoire juive pour essayer d’effacer toute velléité nationaliste en Israël, des gens comme Shulamit Aloni ou Yossi Sarid ont condamné leur parti à une chute vertigineuse et continue dans les sondages et à une claque mémorable aux dernières élections. Et surtout, ont privé le public de son référentiel idéologique. Les médias ont fait le reste en se substituant à ce référentiel, ce qui explique pourquoi aujourd’hui les israéliens qui discutaient il y a 20 ans de géopolitique et de débats idéologiques, parlent aujourd’hui de la dernière émission de Big Brother ou des résultats du foot. L’arroseur arrosé, surtout lorsqu’on sait que la natalité des religieux est presque 3 fois supérieure à la natalité laïque.
Ce qui explique pourquoi plus de 90% des israéliens ont soutenu sans faille la dernière guerre à Gaza (d’autant que même les partis de gauche l’ont soutenue) : le public laïc n’a plus que les médias comme seul référentiel, et le public religieux n’a jamais failli en termes idéologiques et gagne sans cesse du terrain. D’où la percée des partis de droite/droite dure aux dernières élections, notamment celle du populiste Avigdor Lieberman, et la déroute historique de la gauche israélienne (13 sièges seulement pour le parti travailliste et 2 sièges pour Meretz, soit 15 sièges sur 120 !)
Aujourd’hui, ce que montrent certains analystes, c’est que le coup de grâce ne viendra probablement pas de Lieberman, qui reste un populiste aisément malléable par les aléas du pouvoir, mais de la frange dure du Likoud et du mouvement "Manhigut Yehudit" (Leadership Juif) de Moshé Feiglin, qui au contraire de Lieberman, n’a jamais été disposé a la moindre concession. Aux primaires de 2007 pour élire le chef du Likoud, il a réuni 25 % des suffrages face à Netanyahou, (il n’avait obtenu que 3% en 2003 face à Ariel Sharon), et à celles de décembre 2008 pour désigner les parlementaires Likoud de la nouvelle Knesset, il est arrivé à la 20ème position, supplantant plusieurs candidats disposant du soutien de Netanyahou lui-même. Il y a fort à parier que lorsque le courant sioniste-religieux unifiera ses forces, ce sera sous la bannière de Feiglin. Alors, pour ceux qui croiront encore au principe de "2 états pour 2 peuples", il sera définitivement trop tard."
_-_Israël refuse tout gel de la colonisation _______________________
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