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samedi 22 mars 2008

Faillite des intellectuels et des medias ?



Sur les questions sociales..Silence ou dénégation.

Jacques Bouveresse : la philosophie morale s’est complètement substituée à la philosophie sociale:
Constat amer d'un philosophe :

"...La philosophie morale s’est complètement substituée à la philosophie sociale. Vous remarquerez que les livres qui se vendent se situent dans le registre « apprendre à vivre », comme ceux de notre illustre ex-ministre Luc Ferry. Vous remarquerez aussi la façon dont Alain Finkelkraut s’est exprimé sur le problème des banlieues, ou Hélène Carrère d’Encausse. Ce que nous avons entendu m’a semblé, dans leur cas, positivement honteux ; mais cela ne scandalise plus vraiment, parce que la prédication morale remplace de plus en plus la réflexion sur le social...
Sommes-nous maîtres de nos croyances ? Jusqu’à quel point sommes-nous libres à leur égard ? Ce problème est lié notamment à l’usage que l’on fait ou ne fait pas de l’information disponible et aux possibilités de manipulation et d’endoctrinement.

Alors que nous n’avons, en théorie, jamais été aussi bien informés, il n’est pas du tout certain que nous soyons réellement mieux armés pour lutter contre les croyances irréfléchies ou erronées. On peut se demander, par exemple, si l’influence des médias contribue à développer ou, au contraire, à amoindrir la capacité de jugement et la liberté intellectuelle...

Karl Kraus parlait de la détresse pitoyable des gens honnêtes face aux gens culottés, je dirais « culottés et malhonnêtes ». Les honnêtes gens ont rarement eu autant de raisons de se sentir floués et d’éprouver un sentiment de détresse face à l’arrogance et l’impudence des détenteurs du pouvoir et de l’argent qui se considèrent comme au-dessus des règles. Quand je vois le degré auquel on est tombé sous la domination du pouvoir de l’argent, c’est terrifiant..."
On en est là...:
"...Les « idéaux » divers (la pensée, la « vraie » culture, l’universalité républicaine, la transcendance, etc.) derrière lesquels les intellectuels en question dissimulent leur façon de s’accommoder de l’injustice et de l’inégalité sociales croissantes, et une indifférence pour les problèmes sociaux eux-mêmes qui atteint par moments des sommets (voir le genre de commentaires déshonorants dont certains d’entre eux nous ont gratifiés à propos de la crise des banlieues), suscitent chez moi une réaction à peu près identique à celle de Kraus quand il remarquait, à propos d’une affaire politique dans laquelle un intellectuel réputé s’était comporté de façon honteuse : « Le doute principiel que j’éprouve sur la capacité de jugement des intellectuels d’aujourd’hui me dispense de la peine que je devrais prendre pour m’abaisser au niveau de chacun de leurs idéaux pris séparément . » ..."
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-La trahison des intellectuels,
-En France, la douce trahison des clercs

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