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mardi 20 février 2018

Réindustrialiser?

Oui, mais comment?
                       Redressement productif,  nouveau mythe ? 
___Points de vue
___________________On peut toujours invoquer cette nouvelle idée-fétiche, le verbe ne suffit pas, même si la chose est ardemment souhaitée...
   Le thème revient de manière récurrente.
  Les récentes opérations de rachat par des groupes étrangers de fleurons de l'industrie française comme  Alstom n'incitent pas à l'optimisme.
  Le délitement du tissu industriel se poursuit et peut se mesurer.
     Dans le cadre du libéralisme non régulé en vogue, d'une mondialisation à tout-va au gré des dogmes de l'OMC, des délocalisations vers les pays à bas coûts de main d'oeuvre, certains estiment qu'il n'y a plus qu'une voie possible, pour se hisser au niveau de l'Allemagne considérée comme modèle en la matière, le développement de la haute technologie, soutenue par les nouvelles techniques issues du numérique et de l'intelligence artificielle, de la culture algoritmique, notamment le développement de la robotique.
  De nouveaux défis nous attendraient, selon Patrick Artus. Le numérique serait notre salut.
     Mais la baisse des coûts, prônée pas certains, n'est pas la solution, au contraire. L'exemple de l'Allemagne, entre autres, le montre assez clairement a contrario.
____________Le simple patriotisme économique incantatoire ayant montré ses limites, comment sortir du cercle vicieux qui s'est installé dans l'eurozone?
  "La situation de sous-investissement actuelle en Europe n'est pas le fruit du hasard, mais bien le résultat à long terme de la dérégulation économique qui tenait lieu de politique publique dans les années 70-80. À force de ne plus investir sur son sol l'occident se retrouve aujourd'hui dépourvu d'entreprise et d'hommes aptes à le faire avancer. Son élite vivant de sa rente en important des masses d'objets que nos pays ne savent plus fabriquer. Aucune nation ne s'est jamais enrichie en achetant aujourd'hui ce qu'elle faisait elle même hier. Tout juste, cette situation permet-elle à quelques groupes sociaux minoritaires de sortir enrichis pendant que la masse de la population s'appauvrit...
      __Selon  Jacques Sapir , "ce sont les chiffres qui comme d'habitude infirment par l'absurde l'efficience de mesure d’austérité sur l'économie des pays en crise. Et que l'on ne parle pas de faire des économies aujourd'hui pour rebondir demain, car on voit mal comment un pays qui connaît un effondrement de ses investissements productifs, soit à même d'hypothétiquement relancer la machine économique, peut préparer l'avenir. La Grèce est doublement punie. L’effondrement des salaires ne la rend pas suffisamment compétitive pour concurrencer l’Europe de l'Est ou l'Asie. Et dans le même temps, l'effondrement de la demande induite par ces politiques a produit un effondrement de l'investissement productif ce qui se mesure dans l'évolution de la formation brut du capital. Disons-le tout net. Les entreprises n'investissent que si elles pensent que cet investissement est nécessaire. À quoi bon accroître les capacités de production, si la demande que l'on prévoit est en baisse ? Le FMI et la BCE redécouvrent ce que Keynes avait démontré depuis longtemps, le lien entre l'investissement et la demande est l'inverse de ce que pense la doxa libérale. C'est la demande qui pousse l'investissement et non l'inverse....
       Pour réorienter l'investissement en France, il faut avant tout faire en sorte que les entreprises n'aient pas d'autre choix que de le faire. Tout d'abord en rendant les importations non compétitives en jouant sur la dévaluation, les quotas et les droits de douane. Ces politiques devront être à la mesure du problème. Ensuite en redonnant à la demande un vrai dynamisme, car comme je l'ai dit précédemment ce n'est pas l'investissement qui crée la demande, mais le contraire. Étrangement et contrairement aux idées actuellement très en vogue, relancer les salaires en France ne refera pas reculer l'investissement bien au contraire. En anticipant une demande en hausse et en bloquant les possibilités de faire appel à l'étranger pour produire nos entreprises seront beaucoup plus enclin à investir dans notre pays. On l'a bien vu dans la courte période 1998-2000, il a suffi d'une dévaluation et d'un retour à l'anticipation positive pour que l'investissement reparte fortement pendant quelque temps. Bien payer les salariés ce n'est pas amoindrir l'investissement, c'est bien au contraire le favoriser. Il faut sortir de l'idée absurde qui conduit à penser le dynamisme économique comme contraire au bien-être de la population."
Pour un nouveau contrat d'entreprise
__Malgré les apparences, la situation de l'Allemagne n'est pas si brillante. 
___Selon le Nouvel Economiste, des dogmes fatals sont à l’origine de la désindustrialisation de la France :
      "Etrange défaite, curieuse déroute dont les causes réelles remontent en fait à trois décennies, ces “trente piteuses” pilotées par trois dogmes successifs responsables de cette lente désindustrialisation : “la société post-industrielle”, “la nouvelle économie”, “l’entreprise sans usine”… Adieu ateliers et usines, rapidement troqués contre des bureaux, la fabrication contre des prestations, le secondaire contre le tertiaire, si noble et peu salissant. C’était un peu vite oublier que les activités de services se nourrissent, en support, de celles de l’industrie, pour une large part. Qu’elles ne sont point rivales mais complémentaires jusqu’à être indissociables. Et que le plus souvent, les industriels avaient externalisé un certain nombre de tâches et missions, ne serait-ce qu’en faisant appel à des sociétés d’intérim. Bref, que du passé industriel il était franchement impossible de faire table rase....un beau jour de 2001, Serge Tchuruk, patron d’Alcatel, se fit le chantre du “Fabless”, “l’entreprise sans usines”; les cerveaux européens sous-traiteraient aux milliers de petits bras asiatiques le travail industriel à faible valeur ajoutée. Cette illusion dura juste le temps pour les Chinois de mettre leur recherche à niveau, de proposer des innovations rudement concurrentielles afin de livrer de sévères batailles sur les marchés mondiaux. Tout faux. Alors que la mondialisation érode les marges, provoquant un véritable cercle vicieux. Laminées, ces dernières ne permettent plus les investissements, impossible de monter en gamme, les produits devenant moins innovants perdent leur avantage concurrentiel. Alors il faut réduire les prix…Pente fatale. Pour Max Blanchet, senior partner de Roland Berger, “ce modèle “fabless” – Alcatel, Thomson qui a vendu ses usines – s’est révélé totalement erroné. Car si on ne produit plus en France, on perd les capacités de recherche, les compétences”. Fermez le ban sur cette “colossale erreur stratégique”. Nous avons atteint un niveau d’obsolescence historique faute d’avoir suffisamment investi dans l’appareil de production. Et nous ne pourrons nous imposer que dans les domaines industriels où le coût de main-d’oeuvre tient pour une faible part dans les coûts de production..."
______L'entreprise  demande une refondation
     Les tourbillons financiers en dissimulent une beaucoup plus profonde : celle de l’entreprise. Née à la fin du XIXe siècle, celle-ci incarnait l’inventivité technique, un collectif de travail, un espace de négociations sociales. Cette logique de progrès s’est brisée dans les années 1980 : le profit des actionnaires est alors devenu la raison d’être de l’entreprise. Cette doctrine a déstabilisé la mission des dirigeants, atrophié les règles de gestion, sacrifié l’intérêt des salariés en cédant le contrôle aux actionnaires
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*Dossiers: -L’urgence industrielle : entretien avec Gabriel Colletis, par Jean Bastien 
"Le besoin d'industrie", recension de L'industrie française décroche-t-elle ? de Pierre-Noël Giraud et Thierry Weil, par Jean Bastien 
"Réindustrialiser. Pourquoi ? Comment ?", recension de La France sans ses usines de Patrick Artus et Marie-Paule Virard, par Jean Bastien (de nos archives)
"La mise en péril d'une base nationale", recension de Renault en danger ! de la CFDT de Renault, par Jean Bastien (de nos archives)
__ La reprise :Grouchy ou Blücher ? 
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