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vendredi 2 février 2018

Liberté et obéissance (2)

Obéir: une injonction qui vient de loin.
                                      Depuis la nuit des temps, la loi du groupe, large ou/et restreint, a prévalu sur celle des individus, et tend souvent à réapparaître. La conquête des droits fondamentaux est une tâche sans fin et des régressions sont toujours possibles, à différents niveaux.
Toujours d'actualité.
    L'obéissance n'a généralement pas bonne presse et ses connotations courantes sont très souvent négatives.
   Associée à la contrainte illégitime, au pouvoir excessif, à la servitude, à l'absence ou à la réduction de l'autonomie, elle est vue souvent comme ce qu'il faut combattre, contre toutes les formes d'oppression , d'arbitraire, physique ou culturel ou intellectuel....
  Savoir dire non, résister, s'éduquer, au cours d'une histoire où des libertés peu à peu se construisent, de manière non linéaire, sur le plan individuel ou institutionnel.
    Une certaine désobéissance a toujours ses vertus, même si l'autonomie totale est un fantasme, si la liberté absolue est un mythe. C'est sur fond de soumission à des règles que l'autonomie (relative) peut se construire. Pour une certaine liberté de penser, l'enfant doit se soumettre au langage et à un minimum de contraintes acceptables.
  Mais résister, s'autonomiser, ne vont pas de soi: il est plus "confortable" d'obéir que de se prendre en charge et d'assumer sa liberté, de suivre le troupeau que de travailler à s'émanciper, par la constitution de jugements indépendants.
    La servitude volontaire, telle que l'entendait La Boétie, favorise l'arbitraire et les excès du pouvoir.
 Pour Kant, il est si aisé d’être "mineur" ! Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même.
  Comme le reconnaissait aussi Orwell, à sa manière. Le consentement peut avoir une forme positive, mais aussi souvent négative.
  L'obéissance est une notion pleine d'équivoques, du pire au meilleur. L'obéissance aux lois qu'on s'est prescrites est liberté, dans un contexte de règles légitiment discutées et volontairement acceptées, disait Rousseau.
   L'obéissance peut donc recouvrir des domaines très différents, de la nécessité légalement reconnue à la pire perversion subie. Il faut savoir de quoi on parle et qui en parle.
   D'un certain point de vue, il est permis d'obéir. D'un autre, il est nécessaire de désobéir.
     L'expérience fameuse de Milgram en dit long sur les pièges du conformisme et le caractère non spontané de la révolte légitime.
   Comme dit Frédéric GrosDésobéir requiert un certain courage, car ce qui nous retient de désobéir, c'est la peur de nous retrouver seuls
 Une expérience éthique et intime.
   Nos rapports à l'autorité, même nécessaire en son principe, sont toujours ambivalents. La confiance aveugle nous pèse moins que la critique nécessaire.
Si la perte d'autorité parentale éclairée produit les enfants que l'on sait, on sait où mène l'excès d'autorité. Ce qui rend l'éducation réussie une mission (presque) impossible, comme le reconnaissait Freud.
   Par nature l'humanité est fragile, comme la démocratie  où elle peut s'épanouir au mieux, et il faut souvent reconstruire des droits bafoués ou  abandonnés.
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