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vendredi 15 avril 2016

Hold-up légal sur les comptes?

       ... En cas de nouvelle crise bancaire
                                                            Quand un bateau commence dangereusement à prendre l'eau, il peut y avoir deux solutions: soit demander et attendre du secours, soit solliciter en urgence l'équipage et mobiliser les passagers pour écoper au plus vite afin d'éviter de sombrer, en attendant le salut.
      Jusqu'ici, en période de crise,  d'énormes prises de risques bancaires qui confinaient à l'aveuglement fou, l'Etat s'était résolu, contraint et forcé, à renflouer les caisses des organismes qui avaient cédé sans retenue à l'ivresse spéculative, en mettant en péril tout le système, la confiance et l'investissement. On ne voulait pas revivre 1929.
    Ils étaient too big to fail..Il fallait les sauver malgré tout, voire les nationaliser pour un temps, celui  du dégrisement, de reconstitution de fonds propres, d'évacuation des éléments pourris, connus ou masqués, vers des poubelles créées pour l'occasion (bad banks)
        Le bail out, c'est fini. Mais rien n'est réglé  sur le fond, la météo reste préoccupante, la situation  est toujours périlleuse ou mal appréciée concernant des organismes de placements ou d'affaires, qui mélangent toujours dangereusement les deux activités,  qui inquiètent le monde de l'économie, comme par exemple pour  la Deutsche Bank, certaines banques italiennes, pour ne parler que d'Europe ...Sans les fonds de la BCE, souvent à taux 0 ou négatif, certaines sombreraient. La Deutsche Bank est encore plus dans la tourmente. 
  L'opacité est encore grande. Le casier judiciaire de certaines banques n'est pas vierge...  
  Pour les prochaines crises qui menacent, l'Etat a déjà donné.. Au prix de son affaiblissement et de sa dépendance renforcée.
          Voici venu le temps de possibles bail in:
     Aux déposants de renflouer, d'une manière ou d'une autre la banque dans laquelle ils n'ont pas mis que leur confiance, comme l'autrefois vertueux Crédit agricole ou la Société générale.
       Le principe était dans l'air depuis longtemps, mais aujourd'hui une réglementation l'autorise.
          Comme la séparation réclamée des grandes banques n'existe pas, malgré les promesses faites, le danger menace tout le monde, à des degrés divers.
     Seraient concernés dans l'ordre: les actionnaires (ce qui est tout à fait normal !), puis ceux qui ont fait confiance à la banque en lui achetant des obligations (là, cela devient discutable), enfin, si cela ne suffit pas, la banque pourra se servir dans les comptes de ses clients (ici, c’est de la spoliation ou du vol légalisé pur et simple) !
   Tout commence avec l'affaire de Chypre, que l'on a pris comme un simple.cas d'exception. Remember 2013...
        Ce que d'aucuns appellent un hold-up sur les comptes bancaires est devenu légal.
              L’Autriche inaugure le premier “bail-in” européen d’une banque en faillite. Sans bruit.
                   A quand les suivantes?
  La répétition est à craindre, si...  La prochaine crise financière pourrait se régler sur le dos du plus grand nombre.
              .. La directive européenne BRRD (Bank Recovery and Resolution Directive) (qui) permet aux banques en situation de faillite de se renflouer en puisant directement dans les comptes de leurs clients. C’est légal en Europe depuis le 1er janvier 2016. Plus récemment nous apprenions que les Etats-Unis s’engageaient sur la même voie au moment où la Fed abandonnait un de ses mandats originaux de 1913, celui de « prêteur de dernier ressort », des banques en difficulté, justement. Dernièrement, c’est le Canada qui a adopté ce même type de procédure en instaurant un régime de recapitalisation interne des banques....
   Des garanties sont théoriquement prévues...mais comment un Etat en faillite pourrait garantir quoi que ce soit? On ne peut une deuxième fois lui faire les poches, et la planche à billet s'use vite...
     Mais que vaut la garantie des dépôts? Elle n'est pas une certitude. Selon C.Sannat:
                                 Depuis le début de la crise dite « des subprimes » qui a commencé en 2007 nous avons privatisé les bénéfices des banques et socialisé les pertes qui étaient prises en charge par les états selon le principe du « too big to fail » c'est-à-dire trop gros pour faire faillite.
      Pourtant il ne faut pas se leurrer. Par définition et c'est d'une logique implacable, une banque « too big to fail » est également bien souvent « too big to save » c'est-à-dire bien trop grosse pour être sauvée même par les états. C'est ce que vous avez vu avec la Grèce (qui n'est pas un paradis fiscal rempli de mafieux russes) ou encore avec Chypre. Mais c'est aussi le cas des banques du Luxembourg dont les bilans représenteraient environ 30 fois la taille du PIB du pays, ou encore de la France dont le seul bilan de la BNP est égal à notre PIB... et pourtant nous non plus nous ne sommes pas à proprement parler un paradis fiscal.
    Nous en sommes donc arrivés en Europe au moment où nous sommes obligés de reconnaitre que nous ne sommes pas capables de sauver nos banques (ce qui est connu depuis plus de cinq ans d'ailleurs), d'où l'invention du terme « bail-in » qui consiste à dire que les obligataires (ceux qui ont prété aux banques en achetant des obligations), les actionnaires (les propriétaires des banques) et également les déposants (qui n'ont pas d'argent en banque puisque les dépôts à vue sont des créances sur la banque...) seront désormais mis à contribution pour régler la note en lieu et place des états qui ne le peuvent pas puisqu'ils sont également insolvables. 
     ...La non plus, n'imaginez pas un seul instant que la garantie des dépôts est une certitude, y compris pour les comptes de moins de 100 000 euros. Pour le moment cela tient. Mais en fonction des cas, des banques, des pays et de la typologie des dépôts, sauver une banque peut nécessiter de baisser le seuil de garantie voire même de le supprimer.
                    Si elle est appliquée à une certaine échelle, la politique du  bail-in  accélérerait la désintégration du système
                                 Croisons les doigts ou prions, selon les cas...Ou bien agissons.
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