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lundi 15 février 2016

Uber et intérêt public

Uber: über alles?
                               Ubérisez-vous! disent certains, adeptes d'une nouvelle foi s'appuyant sir les  possibilités offertes par les diverses nouvelles technologies numériques. 
   En dehors du problème des transports par taxis -qui créent des tensions en France comme ailleurs-, l'ubérisation est une tendance lourde, un peu fourre-tout, qui a prétention à vouloir affecter en profondeur un grand nombre de secteurs de l'économie et des services.
      Que ce soit dans le domaine de la consommation ou de l' économie collaboratives, on voit éclore une foule de projets et de débuts de réalisation qui ne manquent pas toujours d'intérêt  à première analyse, mais qui suscitent un grand nombre de réactions hostiles de tous bords, dans de nombreux pays.
    Mais est-ce une bataille déjà perdue? Pas seulement dans les transports ou l'hotellerie. 
Bien que ce soit encore un  phénomène mal perçu, il fait déjà apparaître un certain nombre de problèmes de fond;
  Pour E.Morozov, l'uberisation est le miroir de l'impuissance publique face aux géants, notamment de de la Silicon Valley et des forces financières qui les appuient. (*)
   Il exprime aussi un rapport particulier à la loi.
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___    (*)...(sa) la politique du « low cost » trouve aussi une explication plus triviale : grâce aux énormes capitaux de ses investisseurs, la compagnie peut se permettre de brûler des milliards dans le seul but d’éliminer toute concurrence, celle des taxis de la vieille époque aussi bien que celle des petites start-ups ingénieuses comme Kutsuplus.
  Dans un article récent, The Information, un site Internet spécialisé dans les nouvelles technologies, indiquait que durant les neuf premiers mois de 2015 les pertes d’Uber s’élevaient à 1,7 milliard de dollars, contre seulement 1,2 milliard de recettes. La compagnie est assise sur une montagne d’argent si colossale que, dans certaines villes des États-Unis, elle propose des courses à un prix qui ne couvre même pas le coût du carburant et de l’usure du véhicule.
    Sa stratégie est simple : faire exploser la demande en abaissant les prix à un niveau tellement attractif qu’il finit par vaincre les réticences de ceux qui préfèrent normalement prendre leur voiture personnelle ou les transports publics. Aucune dépense n’est trop fastueuse pour atteindre cet objectif. Au passage, Uber se taille aussi des parts grandissantes sur les marchés adjacents, comme le transport de biens de consommation ou la livraison de colis...
     Une question se pose alors inévitablement, même si elle est rarement posée : de qui Uber consume-t-il ainsi l’argent ? D’investisseurs tels que Google, d’Amazon, de Goldman Sachs. Uber fournit l’exemple parfait d’une compagnie dont l’expansion planétaire fulgurante est redevable en grande partie à l’incapacité des gouvernements de taxer les profits des géants de la finance et des technologies.
     Pour le dire plus crûment : si Uber peut jongler avec tous ces milliards, c’est parce que les Etats ne le peuvent plus. Au lieu d’alimenter les caisses publiques, cet argent s’entasse sur les comptes offshore de la Silicon Valley et de Wall Street. Ses propriétaires ne s’en cachent même pas. Apple a annoncé récemment qu’elle trônait sur un magot de 200 milliards de dollars soustraits à toute ponction fiscale, tandis que Facebook se vante d’un bénéfice record de 3,69 milliards de dollars pour 2015....
     La leçon à retenir, c’est que la politique menée par un pays en matière de nouvelles technologies dépend directement de sa politique économique. La première ne peut fonctionner qu’avec le concours de la seconde. Des décennies de choix fiscaux laxistes, cumulées à une stricte adhésion aux canons de l’austérité, ont réduit à néant les ressources publiques nécessaires à l’expérimentation de nouvelles manière de fournir des services collectifs, notamment dans le domaine des transports.
Il en résulte que les gros industriels nourris à l’évitement fiscal et les fonds de placement spéculatifs — qui envisagent la vie quotidienne comme un terrain de prédation entrepreneuriale — ont le champ libre pour s’accaparer les projets de ce type. Ce n’est pas une surprise si plus d’un a commencé comme Kutsuplus pour finir comme Uber : le fait de s’en remettre à des investisseurs qui attendent des retours exorbitants conduit fatalement à ces métamorphoses....
                    __... Les principaux faits reprochés se sont déroulés en 2014 et 2015 et concernent UberPop. La justice vise la mise en relation, via la plateforme UberPop, de clients avec des particuliers s’improvisant taxis. La pratique commerciale trompeuse cible trois spots diffusés sur Radio Nova à Bordeaux invitant les auditeurs à devenir chauffeurs pour gagner un peu d’argent. La dernière série de délits concerne tous les services Uber, et vise la loi Informatique et liberté. Le parquet reproche à l’entreprise d’avoir conservé des données personnelles de clients au-delà du délai légal, d’avoir numérisé et conservé des permis de conduire et cartes d’identité sans l’avoir suffisamment déclaré à la Cnil, et d’avoir constitué des fichiers comportant des informations sur les chauffeurs, notamment sur leur casier judiciaire.
    Ce sont ces fichiers, contenus dans des disques durs collectés lors d’une perquisition au siège de l’entreprise mi-2015, qui avaient conduit à reporter le procès après sa première audience, le 30 septembre dernier : la défense ne s’était pas vu transmettre le contenu des disques durs, et la présidente du tribunal, Cécile Louis-Loyant, lui avait accordé le droit de les explorer en profondeur avant de reprendre l'audience cette fin de semaine...
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