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mardi 24 novembre 2015

Les dires d'Helmut

   H.Schmidt vient de tirer sa révérence.
                                             Malgré son addiction au tabac il avait atteint un âge respectable.
Un sage aux yeux de beaucoup d'Allemands, qui a su mener habilement la barque dans une période transitoire et difficile.
  Socialiste à l'allemande, démocrate, il était d'un pragmatisme critique, oeuvrant aux fondements de l'Europe avec Giscard
 Il a gardé un jugement critique sur la situation de son pays après son mandat.
     Helmut Schmidt avait une certaine ambition pour une Europe en gestation dont il déplora les développements récents:
     Fidèle à sa réputation de pragmatisme, il explique que les pionniers de l’intégration européenne n’ont pas agi par idéalisme mais par «connaissance de l’histoire de l’Europe», par souci d’intégrer l’Allemagne dans un ensemble plus large pour lui éviter les tentations de la puissance, «pour nous protéger de nous-mêmes». Les générations nées après la Deuxième guerre mondiales doivent vivre avec le fardeau historique du IIIème Reich, a-t-il poursuivi: «Celui qui ne comprend pas cette raison originelle de l’intégration européenne […] passe à côté d’une condition essentielle pour résoudre la crise européenne actuelle».
      Cette situation exige la solidarité de l’Allemagne avec ses partenaires qui «ne doit pas se limiter à des slogans». Helmut Schmidt était contre le «Grexit», la sortie de la Grèce de la zone euro, tout en étant conscient des erreurs qui avaient été commises au moment du traité de Maastricht qui a institué la monnaie unique. Pour une raison fondamentale qui touche une «tendance désastreuse» de la politique économique allemande: «des excédents à la fois énormes et durables de notre balance commerciale […] Tous nos excédents sont en réalité les déficits des autres.» Et de mettre en garde une politique «de déflation extrême en Europe» qui pourrait conduire aux mêmes conséquences dramatiques que dans les années 1930.
                       L'ancien chancelier, celui des années de plomb, à 80 ans, en pleine création de l’euro, attaquait (ainsi) frontalement les banquiers centraux allemands, gardiens du deutschemark, les traitant comme de sales gamins égoïstes : « Au plus profond de leur cœur, les patrons de la Bundesbank sont réactionnaires. Ils sont contre l’intégration européenne… Ils ont une tendance à trop agir et réagir en fonction d’intérêts nationaux et ils n’ont pas compris la nécessité stratégique de l’intégration européenne. » Plus tard, à 90 ans, en pleine crise de l’euro, c’était au tour de Wolfgang Schäuble et Angela Merkel de se faire traiter de débutants : « Il comprend bien les problèmes fiscaux et budgétaires. Mais les questions de marchés financiers et monétaires internationaux, des systèmes bancaires et du contrôle des banques sont nouvelles pour lui », disait-il de Schäuble : « Et c’est la même chose pour Merkel… Or, aux meilleurs postes, nous avons besoin de personnes  qui comprennent l’économie d’aujourd’hui », déclarait-il dans une interview accordée en 2010 au quotidien berlinois Der Tagesspiegel.  
______Angela Merkel  ne fut pas écartée de ses critiques, comme les dérives bancaires depuis trente ans et, comme Delors, déplorait une mise en danger de l'euro, mais sans aller au bout de ses critiques.
                Il a (également) critiqué la chancelière Angela Merkel qui "n'est pas une Européenne née", contrairement à son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, selon lui. "Elle a un sens tactique certain, mais la vue d'ensemble, c'est une autre chose", a-t-il commenté, alors que Mme Merkel a subi des critiques parfois violentes ces derniers mois dans la presse européenne.
    Il s'est par ailleurs dit favorable à l'idée de mutualiser une partie de la dette européenne, conformément à la position des sociaux-démocrates allemands, et a estimé qu'accepter la Grèce dans l'euro avait été une erreur. "C'était une erreur d'accepter la Grèce, mais on l'a fait et on doit maintenant en assumer les conséquences", a-t-il dit.
   Très réticent vis à vis de l'esprit sécuritaire, Helmut Schmidt  restait vigilant sur les valeurs à préserver à tout prix.   
     Face aux enlèvements et aux attentats, Helmut Schmidt refuse l’abandon de certaines règles démocratiques au nom de la lutte antiterroriste. «L’épreuve consiste à ne pas laisser la sécurité l’emporter sur la liberté. Nous nous élevons contre une vague d’intolérance que certains veulent propager dans le pays», déclare-t-il.
      C'est toute l'ambigüité de la politique allemande depuis Schröder qui suscitait ses critiques, sans aller jusqu'aux positions de Ulrich Beck.ou celles de  Wolfgang Münchau, journaliste au Spiegel, très pessimiste sur l'avenir de l'Union européenne, estimant que  "La réunification allemande est notre péché originel".
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