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mardi 20 octobre 2015

Eurobéatitude

Recul ou résurrection?
                                       Les discours lénifiants sur le projet d'union, que présentaient les accords souvent opaques de Massatricht-Lisbonne, se font de plus en plus rares.  La foi, quasi-religieuse, s'est éteinte, même si pour certains, les démentis ne l'entament pas.
   Et pour cause. Le bateau tangue par ces gros temps qui mettent à nu les défauts de solidarité et de projet, de remise en question , de rénovation.
   Toujours plus d'Europe!: l'incantation tombe dans le vide.
Quelle Europe?
Nous sommes devant une croisée des chemins décisive
   Car il va falloir changer de logique pour que les idéaux proclamés prennent un sens un jour, comme le souligne l'économiste Lordon:
   ... Il fallait (donc) d’abord déborder les souverainetés nationales, ces lieux ignobles de l’arraisonnement politique des excès privés du capital. Sous couleur de la Terre plate et du monde enfin un, l’abattement des frontières s’en est chargé. Et en effet : quand le financement des déficits est entièrement abandonné aux investisseurs internationaux, quand ceux-ci ont entièrement barre sur les orientations fondamentales des politiques économiques (et commandent la rigueur sans fin), quand les gouvernements se targuent de réformer les retraites au nom du triple-A à maintenir, quand les entreprises peuvent utiliser l’argument aussi ignoble que bien fondé des actionnaires à satisfaire pour justifier les plans sociaux, quand la « liberté d’établissement » promue par le Traité européen autorise tous les chantages à la délocalisation sans que les gouvernements locaux ne puissent mot dire, quand les riches pratiquent l’évasion fiscale à grande échelle sans qu’on puisse les rattraper, en effet la souveraineté n’est plus qu’un souvenir puisque les peuples ne maîtrisent rigoureusement plus rien des éléments fondamentaux de leur destinée....
     Retrouver une plus grande marge de souveraineté, dans la concertation et des accords sur des bases qui ne soient plus néolibérales, conformes aux voeux des sociétés transnationales..
   En revenant sur certaines paroles qui valent  Delors...qui semble (ou qui feint de) ne plus reconnaître son bébé:
     "Je refuse une Europe qui ne serait qu'un marché, une zone de libre-échange sans âme, sans conscience, sans volonté politique, sans dimension sociale. Si c'est vers ça qu'on va, je lance un cri d'alarme...  Le modèle économique européen doit se fonder sur trois principes : la concurrence qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit.".
     Le père fondateur prend ses distances avec la politique du bord du gouffre, mais sans rien proposer de concret.. 
    Le ver était dans le fruit dès le début, adossé à un euro rigidement fixé, instrument de la domination allemande, qui se refuse à l'union jusqu'au bout de sa logique.
   La foi a remplacé la lucidité et la raison, face à cette malfaçon.
     Dans une Europe en mode libéral, concurrentiel et financiarisé, la sacro-sainte convergence  ne peut s'opérer, bien au contraire. L'harmonisation n'est plus qu'une incantation, ou ne se réduit qu'à des normes juridiques et réglementaires.
  Dire que la zone euro marche sur la tête n'est pas dénué de sens.
La politique de l'autruche continue,  surtout après la tempête de la dette grecque, révélatrice de failles profondes.
    En pilotage automatique, on peut prévoir une évolution qui peut, à certaines conditions, être un échec salvateur...
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