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vendredi 7 août 2015

Grèce: désastre (ou sortie) annoncé

   Potion mortelle
                             Le malade mourra sans doute guéri.
      Comme le suggère Jean-Pierre Chevénement, dont le diagnostic dépasse la seule Grèce:
« De toute évidence, ces 177 % (dette grecque par rapport au PIB), c’est le résultat d’une chute de son PIB de 25 % depuis qu’on a appliqué ces remèdes depuis 2010, et de pointer du doigt les choix des dirigeants européens dans leur gestion de la crise, je vous rappelle que les états se sont substitués aux banques, françaises ou allemandes, qui s’étaient engagées en Grèce. On leur a permis de se dégager et ce sont les contribuables qui ont pris le relais. Mais la médecine administrée à la Grèce a échoué. Donc ils ne pourront pas rembourser. Il faudrait se mettre autour d’une table et définir un sentier de croissance possible. » Mais, l'ancien Ministre de l'Intérieur ne s’arrête pas en si bon chemin et fait part de ses doutes sur la "résolution" du cas grec : « Je crains cependant que l’arbre grec nous cache la forêt de l’Euro. L’Euro est une mauvaise monnaie, mal conçue qui juxtapose des pays très différents. Les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. Il faudrait revoir les règles monétaires européennes. Il faut passer de la monnaie unique à une monnaie commune, c’est à dire une devise que nous aurions en commun qui servirait aux échanges internationaux mais réintroduire des éléments de flexibilité à l’intérieur de l’Europe. »
     Le nouveau plan d'aide est déjà un échec.
                 D'ailleurs, qui croyait vraiment à sa réussite, étant donné qu'ilétait un défi au bon sens économique? La pompe à finances fonctionne dans le vide. Certains osent le dire, même en Allemagne, comme cet économiste de la Commerzbank qui déclare: "Sans une forme ou une autre de restructuration de la dette, le paquet ne sera jamais assez grand », dit Peter Dixon, économiste de la Commerzbank à Londres. « Empiler les prêts supplémentaires sur un pays qui n’est pas capable de les rembourser correspond à la définition de la folie selon Einstein: répéter encore et encore la même erreur dans l’espoir d’un résultat nouveau. »
     Pure folie en effet: Athènes obtient un prêt de 7 milliards pour rembourser...d’autres prêts.
On marche sur la tête: la Troïka restaurée joue au pompier pyromane frappée de myopie: les retraites sont encore érodées, alors que les millionnaires sont épargnés. Le pouvoir d'achat ne peut que s'effondrer un peu plus et les fortunes  aller trouver un peu de fraîcheur en Suisse. La réforme de fond annoncée par Tsipras, contre les féodalités, sont renvoyées aux...calendes grecques.
     Alors que toutes les capacités de reconstruction du pays sont compromises et que l'on assiste à une véritable dévastation économique.
     Nul besoin d'être Prix Nobel d'économie pour faire le constat: Le nouveau plan de sauvetage de la Grèce n’a aucun sens. 
      Le pire est qu'il n'était guère question d'économique dans cette affaire. Il fallait faire un exemple (*):
 L’objectif unanime des dirigeants européens était d’empêcher un succès du gouvernement Syriza. Il fallait montrer qu’il était impossible de mener une politique alternative en Europe. Les institutions et les gouvernements européens avaient ainsi parfaitement compris l’enjeu de la situation : un succès de Syriza remettrait en cause trente ans de néolibéralisme en Europe et risquerait d’entraîner une contagion dans tout le continent.... 
       Cet objectif inavoué risque seulement de produire les conditions d'un affrontement qui ne sera plus maîtrisable par les fonctionnaires bruxellois, obnubilés par leurs graphiques d'inspiration tatcherienne, soucieux d'abord de brader les biens publics aux moins disant.
     Un "...« hold-up » à l’échelle d’un pays tout entier. Alexis Tsipras parlera quelques jours plus tard de « braqueurs » pour désigner les institutions de la Troïka. Bien sûr, rien ne s’était passé comme prévu. Le braquage initial prévoyait de s’emparer avec la complicité des élites grecques des biens publics de la Grèce, ses routes et ses autoroutes, ses ports et ses aéroports, la compagnie de distribution d'eau d'Athènes, celle de Thessalonique, l'exploitation des chemins de fer, les aéroports régionaux, les compagnies de gaz et d'électricité, des sites fonciers, de nombreux bâtiments ministériels et bien d’autres choses encore pour un montant total estimé à 50 milliards… Et ce plan de privatisation forcée avait connu un début de réalisation sous les divers gouvernements (Panpandreou, Samaras…)…
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-(*) Le ministre slovaque des finances, Peter Kažimír a imprudemment vendu la mèche sur Twitter en avouant - avant d'effacer son tweet - que si l'accord obtenu était particulièrement dur pour Athènes, c'était parce qu'il venait sanctionner le «Printemps grec». Pas d'accord donc, mais un châtiment. Une expédition punitive conduite par des idéologues violents. Par des «terroristes» avait lancé Yanis Varoufakis. Cela avait provoqué un tollé. On sait désormais qu'il exagérait à peine...
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