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vendredi 22 mai 2015

Tête de turc grecque

Impasse et caricature
                                        Dans la quasi-l'indifférence générale, alors que le problème est d'une gravité exceptionnelle, quel que soit le jugement que l'on porte sur les origines du problème et la question des responsabilités mutuelles, les incertitudes demeurent.
___Des incertitudes favorables à tous les bruits, toutes les hypothèses
On souffle de part et d'autre le chaud et le froid.
__ Le bras de fer continue et le surplace se poursuit.
Athènes semble acculée à céder davantage et le "noeud coulant".  semble toujours plus serré, ...malgré un plan Juncker, qui reporte les solutions aux ...calendes grecques. Sans grande considération pour le verdict des urnes, les engagements de Syrisa, et le long travail de reconstruction en cours.
__Mais l'étranglement serait catastrophique pour toutes les parties.
Les querelles de personnes, la psychologie de bazar visant à déconsidérer les personnes jouent parfois un rôle dans les négociations.
____________Comme avec Yanis Varoufakis, qui fut très vite montré du doigt pour son ton direct, non diplomatique, loin de la langue de bois bruxelloise, ses tenues non conventionnelles, ses propos direct à l'égard de la Troïka, dont les mesures affaiblissaient un peu plus l'économie et creusaient la dette. (« Nous n’avons aucune intention de coopérer avec un comité tripartite dont l’objectif est d’imposer un programme que nous considérons anti-européen dans sa démarche »)
 __Il a le don d'irriter l'Eurogroupe. Il est une tête de turc facile dans le psychodrame qui se joue.
_______  Le Monde titre, avec appel de une, sur « l'exaspérant Monsieur Varoufakis. »
Une image construite, selon la Tribune:
        Cette image a été construite soigneusement par l'Eurogroupe et la Commission depuis les premiers jours du gouvernement Tsipras. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem n'a jamais caché qu'il n'avait pas digéré « l'humiliation » du 30 janvier, lorsqu'un Yanis Varoufakis, très à l'aise, l'avait surpris en proclamant la fin de la troïka.
   L'acmé de ce storytelling a été la réunion de Riga du 25 avril, lorsque le ministre grec a été accusé par ses dix-huit collègues d'être à l'origine du blocage. Ce même storytelling, tissé avec soin par Jeroen Dijsselbloem le soir du 11 mai, a enfoncé le clou en notant les « progrès » des négociations une fois la « rock star » disparue.
    Mais tout ceci n'est qu'un écran de fumée. Alexis Tsipras a été soucieux d'ôter rapidement un argument aux créanciers. Depuis, les négociations n'ont en réalité pas véritablement avancé. La situation reste la même : les négociations n'avancent que parce que la Grèce fait des concessions. Yanis Varoufakis ou pas, les blocages demeurent : la Grèce refuse toujours les « réformes » des retraites et du marché du travail que lui réclament ses créanciers.
    Yanis Varoufakis n'était, en réalité, pas le problème. Son rejet était le symptôme d'un rejet politique du nouveau gouvernement grec...
...  En 2010, Yanis Varoufakis s'était opposé aux « plans de sauvetage », jugeant, non sans raison, comme il le soulignait dans son ouvrage Le Minotaure Planétaire*, que "les remèdes que l'Europe applique sont pires que le mal". Pour lui, il était donc urgent - et c'était la tâche à lui assignée par Alexis Tsipras - de rompre avec la logique du « programme » qui a conduit la Grèce dans une spirale déflationniste et a détruit une grande part de sa capacité productive. D'où les coups de boutoir assénés à ce système lors des premiers jours du gouvernement : le refus de discuter avec la troïka, les demandes de restructuration de la dette, le blocage de l'Eurogroupe sur la question du "programme existant".
    Pour les collègues de Yanis Varoufakis, cette remise en cause de la logique en place depuis 2010 est inacceptable. D'abord parce que cette logique est le ciment de l'Eurogroupe, lequel n'a jamais fait de mea culpa sur cette politique. Mais surtout parce que cette politique remettait en cause un autre storytelling européen : celui de la reprise de l'économie grecque grâce aux "réformes qui portent enfin leurs fruits". Or, Yanis Varoufakis, en bon économiste, sait parfaitement que cette « reprise » est à la fois de façade et fragile. Après un effondrement économique inédit en temps de paix, seul un effort d'investissement massif au niveau européen allié à une restructuration de grande ampleur de la dette peut réellement contribuer à redresser le pays. Mais cette vision s'oppose à la pensée dominante de l'Eurogroupe: la purge est nécessaire et doit être menée jusqu'au bout pour qu'advienne "la croissance saine".
     Yanis Varoufakis est donc, dans l'Eurogroupe, un corps idéologique étranger qui leur tendrait le miroir hideux des erreurs de l'Europe depuis 2010. En réclamant un changement de politique envers la Grèce, le ministre hellénique prend des allures de mauvaise conscience insupportable venant briser le mythe de la reprise radieuse qui succède à l'austérité.
      Et pire, il s'entête. Et c'est là tout le sens de la déploration de la "source européenne" citée par "Le Monde" : en 2011 aussi, Evangelos Venizelos avait tenté de mettre en garde contre ces erreurs. Mais, heureusement, il était rentré dans le rang. Et l'on avait pu continuer cette politique insensée qui a ruiné la Grèce...
     En réalité, derrière ce durcissement, la position de Yanis Varoufakis était une des plus modérée au sein de Syriza. Le ministre grec a toujours été défavorable à la sortie de la zone euro, il a toujours proposé une solution européenne au problème grec.
     Alexis Tsipras aurait pu nommer Costas Lapavitsas, par exemple, un économiste de Syriza clairement partisan de l'annulation de la dette et de la sortie de l'euro. Les créanciers auraient alors pu paniquer.
En détruisant Yanis Varoufakis, les Européens ont dévoilé leur but: non pas trouver un « compromis » raisonnable, mais mettre au pas un gouvernement qui ne leur convient pas. Comme le souligne dans la préface à l'édition française du Minotaure Planétaire, Yanis Varoufakis, "l'Union européenne a, de longue date, pris l'habitude de considérer la démocratie comme un luxe et un désagrément".
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A quoi joue Wolfgang Schäuble ?
Un moment de vérité pour l’Europe
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