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lundi 23 mars 2015

Israël: dos au mur

L'aveuglement et la victoire de la peur
                                 Jamais encore la société israélienne ne s'était trouvée dans une telle situation.
            La réélection de Netanyahou a créé les conditions d'une crispation et d'une impasse inédites.
              Tout espoir de négociation semble définitivement compromis, de l'aveu même de Netanyahou (*)
  C'est le Likoud, allié à l'extrême  droite, qui liquide l' idée d'Etat Palestinien,  sur les décombres géographiques qui ont été intentionnellement élaborées.
  La Palestine n'attendra pas..elle n'a rien à attendre; .elle n'existerait même pas, selon les récents propos de Bibi, qui fait ensuite des contorsions pour faire semblant de se rétracter. Elections obligent...
    L'idée même d'un seul Etat, la pire des solutions dans les conditions actuelles, semble exclue
La droite israëlienne, poussée par ses extrêmes, mène le pays au pire inconnu. Elle sait qu'elle peut compter sur la passivité des USA, malgré les récentes critiques d'Obama. L'Europe suit.
C'est la peur, distillée et instrumentalisée depuis des années, qui l'a emporté.
 Une stratégie calibrée: "...une grande majorité de l'électorat israélien a le regard tournée vers sa droite, qu'il s'agisse des nationalistes, des colons ou des ultra-orthodoxes, et privilégie les questions de sécurité ou celle de la pérennisation des colonies de peuplement au détriment des questions économiques.
"En Israël, la politique de l'identité est très forte", souligne Gideon Rahat, qui explique que l'appartenance à tel ou tel courant religieux ou nationaliste supplante celle de la classe sociale.
"Le soutien au Likoud est fondé sur l'identité, la peur du changement et l'idée selon laquelle Netanyahu est le seul à avoir l'expérience requise"
      Le mandat de trop, sans aucun doute...
Dans ce pays aux deux visages (qui n'est pas vraiment une nation et qui se met souvent hors jeu du droit international, faisant fi des résolutions de l'ONU, déchiré par de profondes inégalités, des dissensions sont déjà anciennes et profondes.
     L'Israëlien Marius Schattner l'avait analysé, comme beaucoup d'éditorialistes de Haaretz.
On peut parler de deux Israël et même de fractures dans le sionisme.
   Donc le pays est condamné à l' occupation  sans fin et à de nouvelles fuites en avant, si les USA, fournisseurs en tous genres détenant les clés de l'avenir, ne prennent pas des initiatives fortes, pour dépasser les limites et les duperies d' Oslo.
   Le régime électoral et la composition de la Knesset, où certaines forces sont sous-représentées, empêchera l'émergence d'un homme comme Rabin, capable de décisions courageuses et porteuses d'avenir.
Le racisme ordinaire  et institutionnel a toutes les chances de durer encore longtemps...
Obama s'empêtre dans sa nouvelle ligne géopolitique.
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(*)  " Lourd de peur et de haine, le résultat des élections législatives israéliennes, remportées largement par le Likoud de Benjamin Netanyahou a révélé un pays traumatisé, profondément divisé. Et un électorat pris en otage par un politicien cynique et paranoïaque, habité par une unique obsession : conserver le pouvoir. Ce qu’il va faire si le chef de l’Etat lui propose, comme on peut l’attendre, de constituer le gouvernement. Les propos qu’il a tenus, les positions qu’il a affirmées pendant la campagne – et au cours des mandats écoulés – lui permettent de réunir, une fois encore, une coalition de droite et d’extrême droite représentant une large majorité des électeurs.
   « Si après six ans de rien, si après six ans au cours desquels ont été semées la peur et l’anxiété, la haine et le désespoir, c’est le choix de la nation, c’est que cette nation est gravement malade, constate Gidéon Levy, l’un des analystes politiques de Haaretz. Si après tout ce qui a été révélé, ces derniers mois, si après tout ce qui a été écrit et dit,, si après tout cela le phénix israélien réussit à renaître des cendres pour être réélu, si après tout cela, le peuple d’Israël le choisit pour diriger le pays pendant quatre années supplémentaires, c’est que quelque chose est cassé, peut-être irréparablement ».
     Lorsqu’on a suivi les dernières semaines de la campagne de Benjamin Netanyahou, depuis son incroyable intervention devant le Congrès des Etats-Unis, pour dénoncer la « naïveté » du président américain face à l’Iran, jusqu’aux commentaires racistes sur les électeurs arabes israéliens, on peut comprendre le désespoir indigné de Gideon Levy.
     Aussi désastreux soit-il pour tous ceux qui attendaient un changement de politique économique et sociale et pour les partisans d’un accord de paix juste avec les Palestiniens, ce scrutin comporte cependant un enseignement salutaire : il confirme de la manière la plus claire que Benjamin Netanyahou n’a aucune intention d’accepter un retrait israélien des territoires palestiniens occupés et l’établissement d’un Etat palestinien en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza. Il montre donc, à ceux qui refusaient encore de le voir, que le premier ministre israélien, loin de rechercher un accord de paix, se satisfait d’un statu quo fondé sur l’énorme déséquilibre des forces entre Israël et les Palestiniens. Après avoir laissé avancer cette position par ses partisans dans un tract électoral, il a fini par l’assumer publiquement dans une interview au journal en ligne pro-colonisation NRG, propriété de son ami et mécène Sheldon Adelson, magnat américain des casinos.
      Ainsi les choses sont claires. Le discours de l’université Bar Ilan, en juin 2009, où le premier ministre israélien avait accepté, du bout des lèvres « le principe d’une solution à deux Etats » avec un « Etat palestinien démilitarisé » est désormais caduc. En vérité, malgré cette concession verbale surtout destinée à complaire au nouveau président américain Barack Obama, la position de Netanyahou, sur ce point, n’avait jamais fait de doute. La colonisation de la Cisjordanie et de Jerusalem-Est, qu’il a largement développée depuis son arrivée au pouvoir en 2009, répond autant à une exigence idéologique qu’à un projet stratégique clair, régulièrement dénoncé par B’Tselem et La Paix maintenant, comme par l’Union européenne : rendre impossible par l’occupation et le morcellement du territoire la création d’un Etat palestinien.
     Clairement assumée par le premier ministre cette politique est incarnée par la présence au sein des coalitions gouvernementales successives des représentants des colons, dont plusieurs ont détenu – et détiendront sans doute dans le prochain gouvernement – des fonctions ministérielles majeures. Cette politique s’est traduite depuis 2009,  par une augmentation très sensible du nombre des colons : en six ans la population juive en Cisjordanie et à Jerusalem-Est est passé de 483 000 à près de 550 000 et des formules juridiques inédites ont été mises en œuvre pour « légaliser » les colonies sauvages.
Faut-il le rappeler : aucun des prédécesseurs de Netanyahou – travaillistes compris – n’a eu depuis la signature des accords d’Oslo en 1993,  le courage de décréter le gel durable de la colonisation qui aurait au moins créé un climat plus favorable à une négociation de paix. Mais aucun, avant Netanyahou, n’a élevé le développement de la colonisation au rang d’une priorité stratégique destinée à garantir la survie du pays. Pour Itzhak Rabin, qui n’était pourtant pas un « cœur saignant » acquis à la cause arabe, la conclusion d’un accord de paix reposant sur la coexistence de deux Etats était vitale pour la sécurité et l’avenir d’Israël. Pour Netanyahou, ce sont la poursuite de l’occupation, le développement de la colonisation et le rejet d’un Etat palestinien, qui garantissent l’accomplissement de sa vision de l’avenir d’Israël. C’est clair. Et c’est effrayant. Au point que certains conseillers de Barack Obama avancent que Washington pourrait, pour la première fois, soutenir une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, défendant une solution au conflit israélo-palestinien fondée sur la coexistence de deux Etats.
         Quarante huit heures après avoir publiquement renié son discours de Bar Ilan, Netanyahou a, tout aussi publiquement, renié son reniement. Sans doute avait-il mesuré l'effet désastreux que ses propos avaient eu, notamment aux Etat-Unis où Barack Obama n'avait pas caché sa colère. Y compris dans le contenu de la conversation téléphonique de "félicitations" qu'il a eu, deux jours après l'élection, avec Netanyahou. Mais le reniement post-electoral du reniement pré-électoral n'a pas eu l'impact attendu par le vainqueur des élections. Au contraire. En changeant sinon d'avis, du moins de discours, aussi rapidement, le premier ministre israélien a démontré, une fois encore son opportunisme politicien et son ncapacité à agir en homme d'Etat, ce qu'ont immédiatement déploré observateurs nationaux et étrangers..."
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- Charles Enderlin: Au nom du temple
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