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vendredi 12 septembre 2014

"J'aime l'entreprise"...

 ...Disait-il devant un patronat enthousiaste...
                                                              ...  Ou plutôt devant un Medef admiratif, car le Medef et ses représentants actuels ne représentent pas l'ensemble et la diversité du monde de la production et des services...
         Divine surprise:  Rien à dire, il est meilleur que la droite...commenta-t-on dans les rangs. Ou encore: Un discours clair, courageux et historique ». « Avec dix ans de retard, la France tient son Schröder et son Tony Blair ! »  
     La profession de foi naïve et tardive de néo-converti de notre néo-premier ministre prête à sourire.
Qui ne considère les entreprises comme  créatrices de valeur?
    Mais il faudrait préciser...Quelles entreprises? Dirigées comment? Avec quels objectifs? Pour quoi faire? Avec quelles règles?
   Comme disait Martine Aubry, " «J'aime l'entreprise, quand elle fait de l'entreprise, quand elle fait de l'économie, quand elle crée des richesses, quand elle investit sur l'avenir, quand elle fait de la recherche, quand elle forme ses salariés. J'aime l'entreprise sous toutes ses composantes.»
L'entreprise qu'elle apprécie, a-t-elle insisté, c'est celle «de l'économie et pas de la finance». «Malheureusement, aujourd'hui, je n'ai pas l'impression que ce soit l'état d'esprit du Medef, puisqu'il ne répond pas, y compris à des textes qu'il a signés avec le Premier ministre sur le pacte de responsabilité», a-t-elle déploré, avant de conclure : «Il faut les appeler eux aussi à respecter leur parole, c'est comme ça que de plus en plus de Français aimeront l'entreprise

  Voilà qui est dit de manière modérée, mais avec bon sens.
          On se croirait revenu au culte béat déjà développé dans les années 85, où on ne jurait que par l'entreprise, sans nuance aucune, quand Tapie et JM Messier étaient passés au rang de saints-patrons, de superstars de l'économie...
      On a envie de dire bienvenue au "French New Labour"!
             " Le jour même, remarque JFK, où Manuel Valls proclamait son amour de l'entreprise au Medef, Pierre Gattaz, lui, exigeait que l'on dépasse le « donnant-donnant ». En clair, cela signifie que l'on ne saurait demander aux entreprises des comptes sur les prêts de 41 milliards d'euros que la collectivité s'apprête à leur octroyer. Car aujourd'hui sur les 700 branches professionnelles que compte notre marché du travail, seules deux ont conclu un accord avec les syndicats sur l'utilisation de ces fonds ! On finit par se pincer pour rêver : d'un ministre du Travail qui sifflerait la fin de la récré pour les récalcitrants en suspendant les aides aux patrons qui ne jouent pas le jeu, d'un Premier ministre qui rappellerait aux employeurs indélicats l'ampleur de l'effort que la nation leur accordent et du soin qu'il convient d'apporter à leurs salariés parfois licenciés, alors que ces aides sont redistribuées sous forme de dividendes... 
     Le pacte de solidarité, ce miroir aux alouettes, est bien mal parti. La cogestion, dans ces conditions, est un mythe.
 ___Pour Philippe Frémeaux, le pacte passe à côté de ce qu'il considère comme le problème-clé, à savoir la nécessité de mener une politique de relance.
___Christian Chavagneux estime quant à lui que baisser les cotisations sociales pour obtenir de l'emploi est un « marché de dupes », pour des raisons qui rejoignent l'analyse de Philippe Frémeaux, à savoir que la baisse des cotisations est une « mesure sur l'offre » et n'aura aucune conséquence sur la demande.
___Michel Husson, du collectif « Les économistes atterrés », affirme : « Dans ce genre de pacte, il y a toujours une dissymétrie entre les concessions, très précises, faites au patronat et les engagements complètement flous de ce dernier »
               C'est le retour de la  pensée unique ou l'expression d'une absence de projet qui fait feu de tous bois, par tâtonnements successifs. Le modèle libéral devient l'unique boussole, à l'heure où l'Etat est colonisé par les forces financières.
   Une autre voie est possible, pense la modérée Dominique Meda.
          Confusion et amateurisme sont devenus le quotidien:
" A quelques jours de la présentation du projet de loi de finances pour 2015, qui interviendra le 1er octobre, le gouvernement s’est livré à un exercice inédit. Il a admis, même si c’est à demi-mot, que sa politique économique conduisait tout droit à l’échec. Donnant implicitement raison à tous ceux qui depuis des mois dénoncent les effets récessifs induits par l’austérité et les effets d’aubaine des cadeaux aux entreprises, il a été dans l’obligation de reconnaître que toutes les prévisions économiques de Bercy, sur la croissance, les déficits ou l’inflation, devaient être revues. Toutes dans le mauvais sens....
  Michel Sapin est venu implicitement confirmer que la France, comme le reste de l’Europe, était confrontée à un grave danger, celui de la déflation. Le ministre a donc révisé la prévision d’inflation pour 2014 à seulement 0,5 % et 0,9 % en 2015.
Il y a quelque chose de confondant dans ces révisions des prévisions économiques. Car, de longue date, le gouvernement avait été prévenu que sa politique économique n’était pas la bonne et qu’elle conduirait à moins de croissance et plus de déficits. Or, c’est très exactement ce scénario qui est à l’œuvre. De nombreuses alertes ont été adressées au gouvernement depuis 2012, et auxquelles ce dernier, prisonnier de la doxa libérale à laquelle il s’est ralliée sitôt passée l’élection présidentielle, n’a jamais voulu prêter attention. Avec entêtement, il a même aggravé ces erreurs...
  dès le 6 juillet 2012, l’économiste de l’OFCE Xavier Timbeau tire la sonnette d’alarme dans un entretien prémonitoire avec Mediapart (lire Xavier Timbeau (OFCE) : « C’est l’escalade vers la catastrophe »). Avec le recul, ce que dit cet expert prend une forte résonance. Car, quand il prend la parole, le 6 juillet 2012, la gauche socialiste n’est au pouvoir que depuis quelques semaines. Et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault n’a fait que prendre de premières mesures budgétaires d’économie. À l’époque, on est encore très loin du plan d’austérité de 50 milliards.
Avec le recul, il est utile de relire ce que disait cet expert : il expliquait que dans une période de stagnation ou même de récession, il était aberrant de conduire une politique restrictive car cela conduirait à casser toute possibilité de reprise. Il expliquait qu’une politique qui chercherait en priorité à réduire les déficits publics à marche forcée dans cette période de conjoncture dépressive serait radicalement contre-productive : cassant la croissance, elle conduirait à tarir les rentrées de recettes fiscales et sociales. En clair, prévenait-il, c’est une politique qui « s’auto-annule ». « On est dans un processus à plusieurs étapes : dans un premier temps, on annonce un peu plus d'austérité ; et puis on dit : “Ah! c'est pas de chance ! Il y aura moins de croissance que prévu ; il faut donc que l'on soit un peu plus dur" ; et ainsi de suite…On est dans un processus où l'objectif s'éloigne au fur et à mesure que l'on cherche à s'en rapprocher. C'est la logique à l'œuvre au niveau français, comme elle l'est au niveau européen », expliquait Xavier Timbeau....
       Que pouvait-on attendre de plus  d'un PS sans boussole, d'un Président louvoyant sans projet?
             La porte de sortie est problèmatique, pour rester dans la litote, ici comme ailleurs.
 Un “New Deal européen s'impose.
                                         Ce n'est pas la nouvelle équipe de Junker qui va aller dans ce sens... 
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Merci à Chimulus
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