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lundi 18 août 2014

Europe: le piège

 Obstination
                     Donc, ce sera: pas de changement de cap...
  Et pourtant, le capitaine de son second devraient voir venir le gros temps.
Incompétence? Non, impuissance assumée, servilité, aveuglement. L'aiguille de la boussole est dirigée obstinément vers les marchés financiers et leurs objectifs court-termistes, peu soucieux (c'est un euphémisme), d'économie réelle et de réalité sociale.  Les gendarmes veillent...
     Avec un déficit à 4,3% du PIB et une dette à 93,5%, on peut dire que la France peut à tout moment se retrouver sous la pression des marchés financiers. Elle s’en est sortie jusqu’à maintenant parce que la seule véritable alternative des investisseurs est la dette de l’Italie, pays dont l’économie est également mal en point. Mais, c’est une évidence, la France n’est pas en situation de renier ses engagements européens. Elle a promis de ramener son déficit sous 3% du PIB en 2015. Certes cet objectif paraît désormais inatteignable, mais à ce jour, il n’a pas été renié publiquement. Et comme la Commission n’a pas dit qu’elle tolèrerait un nouveau dérapage, la France doit montrer qu’elle garde au moins le cap.
     Coincée entre le diktat des marchés financiers et la ligne européenne dogmatique de rigueur budgétaire,  la politique économique manque de marge de manoeuvre ou plutôt de courage novateur.    Et c'est toute l'Europe qui tend à dériver...   Même le NYTimes s'en étonne: un comble!
  Il y a quelque chose d'aberrant dans la ligne suivie en Europe, dans ce qu'il est convenu d'appeler la crise. Certains appellent cela langueur... Le vocabulaire médical est décidément bien sollicité. La bonne médecine est pourtant à portée de main.
" L’économie de la zone euro a cessé de croître depuis six mois et se retrouve confrontée au spectre de la déflation, promesse de souffrances supplémentaires. C’est la seule région du monde qui conjugue des déséquilibres financiers dangereux, une production stagnante et un chômage de masse. Nombre d’économistes, dont quelques Prix Nobel - Stiglitz, Krugman, qui ne sont pas des populistes échevelés -, l’avaient prédit ; le FMI a fini par le reconnaître : il était destructeur d’ajouter au cilice d’une politique monétaire restrictive le carcan de l’austérité budgétaire...
       Les incantations. et les incitations verbales ne suffiront pas à sortie du marasme, comme le reconnaissent beaucoup d'économistes et une partie de l'opposition socialiste.
  Pour les deux tiers des entreprises françaises, le problème ce n’est pas la compétitivité, c’est l’effondrement de la demande, consécutif aux trois années de crises que nous avons vécues en Europe.
  La politique de l'offre, ça ne marche pas et le pacte de compétitivité, ce mantra, n'est qu'une formule et une feuille de vigne.
             L'avenue de Bruxelles est un cul-de-sac 
Il fut un temps où  'le futur président se posait en rempart. Il promettait aux Français de résister, à la finance et à l’Europe. Il s’engageait à renégocier le Traité européen en exigeant un volet social qui donnerait du pouvoir d’achat aux peuples, en relançant l’investissement.
À peine élu Hollande fit les gros yeux, mais pas à Bruxelles. Il désigna les Français. Au nom de la règle des 3 %, il se lança dans une politique de réduction des déficits qui associait l’augmentation de l’impôt et la réduction des crédits, un cocktail d’autant plus sévère que le CICE (crédit impôt compétitivité emploi) amputait le budget d’une vingtaine de milliards et que la croissance était (déjà) en berne. L’idée, d'ailleurs répétée par les gouvernements de droite depuis 2002, était que les allègements de charges relanceraient automatiquement l’économie en libérant les énergies.
Cette politique, amplifiée par le Pacte de responsabilité, et dénoncée par le Front de gauche aussi bien que par la gauche du PS, vient de prouver son « efficacité ». La France est désespérément embourbée. L’inversion de la courbe du chômage n’est pas venue, et ne viendra pas l’année prochaine.
Croissance zéro au second trimestre, après une croissance nulle au premier. C’est le moment choisi par Michel Sapin, tel Archimède en sa baignoire, pour pousser son « Eurêka », ou le « Bon sang, mais c’est bien sûr » de l’antique commissaire Bourrel, l’homme des Cinq Dernières Minutes… Il faudrait demander des comptes à l’Europe… La changer radicalement, et ne plus se conformer à ses dogmes !
Évoquant le risque de déflation, Michel Sapin propose ainsi de « promouvoir une politique en faveur de l'investissement privé et public par la mobilisation des outils existants et par la mise en œuvre de moyens nouveaux ». Comme Hollande avant l’Élysée, il s’écrie qu’il y a « urgence à agir ». Et il conclut son manifeste par cette revendication : « L'Europe doit agir fermement, clairement, en adaptant profondément ses décisions à la situation particulière et exceptionnelle que connaît notre continent. La France pèsera en ce sens. »
         L'Allemagne, comme prévu, commence à connaître les effets de la récession:
 Il se trouve que la croissance de l’Allemagne devait s’envoler cet été : « La croissance économique de l’Allemagne accélérera cette année et encore plus l’année prochaine », déclarait le 15 avril dernier le ministre de l’économie d’Angela Merkel, Sigmar Gabriel, pieusement repris par la presse économique.
Au second trimestre 2014, après une mauvaise année 2013, l’Allemagne a fait encore moins bien que la France : contraction de 0,2 % de son PIB ! La locomotive a enclenché la marche arrière, et pourtant des orateurs, notamment, à l’UMP, décrètent qu’un échec continental se réduirait à un problème hexagonal, et qu’il faudrait aller encore plus loin dans « les réformes », c’est-à-dire dans l’austérité, pour sortir du marais dans lequel s’enfonce la zone euro, Allemagne comprise.
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