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mardi 21 janvier 2014

Cannibalisme économique

 La crise devant nous
                                          Comme Chronos dévorant ses propres enfants, il est dans la nature du capitalisme de détruire ses propres créations...
                                  Patrick Artus, comme d'autres économistes, l'écrivait naguère: le capitalisme, tel qu'il fonctionne sous sa forme hyperfinanciarisée, hypermondialisée et prédatrice, est sur la voie d'une probable autodestruction.
  Comme Marx l'avait déjà analysé à la lumière du capitalisme naissant, contradiction et  destruction créatrice sont au coeur du système, mais depuis une trentaine d'années sous des formes plus marquées et violentes. C'est pourquoi la crise n'est pas dernière nous....
         Selon Sapir, au sein même de la zône euro, "l’économie (de la zone euro) est en train de se dévorer elle-même, ou plus précisément une partie de la zone (l’Allemagne et globalement les pays du « Nord ») est en train de dévorer l’économie des pays du « Sud ».
    Prenons l’exemple des dévaluations internes, autrement dit de ces politiques qui consistent à baisser les salaires brutalement, à la fois directement et indirectement par le biais de fortes réductions des avantages sociaux, dans le but, dit-on, d’accroître la compétitivité de ces pays. Que ce passe-t-il alors ? La baisse importante de revenu des ménages provoque une contraction de la croissance (Grèce, Espagne, Italie, Portugal). Cette contraction engendre une chute de la production, mais aussi des marges bénéficiaires des entreprises. Le chômage y dépasse alors les 25% (Grèce et Espagne). Si la compétitivité s’améliore, ce qui est le cas en Espagne, c’est essentiellement au détriment des autres pays du Sud, soit essentiellement la France. La production industrielle se stabilise pour un temps. Mais cela ne dure pas. En effet, la chute des marges globales, et l’incertitude sur le niveau de la demande, entraînent une forte chute de l’investissement. Sans investissement, les entreprises ne peuvent exploiter le gain en compétitivité. Pire, les entreprises ont du mal à renouveler leur appareil productif. Ce dernier vieillissant, la productivité du travail cesse de s’accroître, puis commence à diminuer.
   Il faut alors pousser plus loin la baisse des revenus pour maintenir la compétitivité par rapport aux autres pays. Progressivement, l’économie devient complètement extravertie car la demande intérieure disparaît. Les économies en dévaluation interne ne peuvent trouver leur salut qu’au dépens des autres, car il n’y a plus de marché intérieur. Ce schéma pourrait être acceptable dans le cas d’un petit pays dont les partenaires maintiendraient une politique économique expansive. Mais, quand cette dévaluation interne est le fait de la 3ème et de la 4ème économie de la zone Euro (Italie et Espagne), c’est une politique sans issue. Cela se traduit par une croissance de l’Allemagne, et une stagnation, voire une récession pour l’ensemble de la zone. La productivité globale sur la Zone Euro augmente, du fait de l’Allemagne, mais elle décroît désormais en Espagne et Italie, et stagne en France. Aujourd’hui, l’effondrement de l’investissement (qu’il s’agisse de l’investissement productif ou de l’investissement en logement) est le signe le plus tangible que la crise n’est pas derrière mais devant nous..."
       Tout le monde est finalement  perdant 
  L'Allemagne fait la course en tête d’un jeu pervers où tout le monde est en définitive perdant:
  "L’amélioration de la compétitivité des exportateurs allemands est de plus en plus identifiée comme la cause structurelle des difficultés récentes dans la zone euro", souligne l’institution onusienne basée à Genève, qui critique notamment les réformes engagées en 2003 par le gouvernement Schröder.
L’OIT y voit au contraire un frein à la croissance européenne. "Les coûts du travail en Allemagne ont chuté depuis une décennie par rapport aux concurrents, mettant leur croissance sous pression, avec des conséquences néfastes pour la viabilité de leurs finances publiques", note l’organisation qui vise à promouvoir le travail décent à travers le monde..."    L'excès de pourvoir de l'actionnariat contribue à rendre le capital particulièrement carnivore, compromettant le long terme et l'investissement.  Le temps des rentiers constitue une nouveauté, minant le salariat et le développement économique? l'ouverture vers les investissements de l'avenir.
    La caste cannibale ne renonce pas, somnanbulique, aveugle à ce qui se passe sous ses yeux.
Nous vivons plus que jamais sous le signe de l'héritage de Delors et Lamy.
          Le grand virage annoncé confirme la tendance.
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