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lundi 7 octobre 2013

Diderot, en bref

 Il aurait 300 ans
                               Il fut un homme d'exception, un penseur audacieux, un écrivain attachant, un touche-à-tout de génie.
                                          Un esprit libre.
        Denis Diderot n'aurait pas aimé les commémorations officielles dans sa ville natale, mais il est difficile de ne pas évoquer au moins l'artisan du premier projet encyclopédique et le penseur conséquent et prolifique, dans tous les domaines.
      Selon le mot de Térence, rien de ce qui était humain ne lui était étranger. De la pensée à l'art, de la morale à la technique, tout l'intéressait.
  Par delà une langue qui peut paraître datée, l'évocation de problèmes apparemment d'un autre temps, on peut relire avec profit Diderot, profondément moderne, féministe  (1) et anti-colonialiste (2) athée sans haine (3)
Relire La Religieuse, Jacques le Fataliste, le Neveu de Rameau, le Supplément au voyage de Bougainville...crée toujours la surprise et l'enchantement.
  Un authentique philosophe, qui sut aborder tous les problèmes de son époque en pleine mutation, le Siècle des Lumières, où il s'agissait pour lui de "Philosopher, agrandir l'espace des possibles  par la connaissance, le bouillonnement intellectuel et l'expérimentation..."
  Une oeuvre considérable  (1) -  (2), qu' on peut écouter ici.
L'artisan de l'Encyclopédie, une oeuvre inédite, qu'on peut parcourir ici (1)  
 Il y écrivait à l'article «Encyclopédie» :
"Le but d'une Encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre ; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de la transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n'aient pas été des travaux inutiles pour les siècles qui succèderont ; que nos neveux, devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux, et que nous ne mourrions pas sans avoir mérité du genre humain (…).
Une considération, surtout, qu'il ne faut point perdre de vue, c'est que si l'on bannit l'homme ou l'être pensant et contemplateur de dessus la surface de la terre, ce spectaclde pathétique et sublime de la nature n'est plus qu'une scène triste et muette. L'univers se tait, le silence et la nuit s'en emparent (…). C'est la présence de l'homme qui rend l'existence des êtres intéressante..."

    Sans lui, l'Encyclopaedia Britannica, son enfant, L'EU, et Wikipedia n'auraient sans doute pas existé.
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_______________(1)"...Dans presque toutes les contrées, la cruauté des lois civiles s'est réunie contre les femmes à la cruauté de la nature. Elles ont été traitées comme des enfants imbéciles. Nulle sorte de vexation que, chez les peuples policés, l'homme ne puisse exercer impunément contre la femme. La seule représaille qui dépende d'elle est suivie du trouble domestique, et punie d'un mépris plus ou marqué, selon que la nation a plus ou moins de mœurs.. […] Femmes que je vous plains !...
Les femmes assujetties comme nous aux infirmités de l'enfance [sont] plus contraintes et plus négligées dans leur éducation, abandonnées aux mêmes caprices du sort, avec une âme plus mobile, des organes plus délicats, et rien de cette fermeté naturelle ou acquise qui nous y prépare ; réduites au silence dans l'âge adulte, sujettes à un malaise qui les dispose à devenir épouses et mères, alors tristes, inquiètes, mélancoliques. [...].
_______________(2) "...Les navigateurs arrivent-ils dans une région du Nouveau monde qui n'est occupée par aucun peuple de l'Ancien, aussitôt ils enfouissent une petite lame de métal, sur laquelle ils ont gravé ces mots : CETTE CONTREE NOUS APPARTIENT. Et pourquoi vous appartient-elle ? N'êtes-vous pas injustes, aussi insensés que des sauvages portés par hasard sur vos côtes, s'ils écrivaient sur le sable de votre rivage et l'écorce de vos arbres : CE PAYS EST A NOUS ? Vous n'avez aucun droit sur les productions insensibles et brutes de la terre où vous abordez, et vous vous en arrogez un sur l'homme votre semblable. Au lieu de reconnaître dans cet homme un frère, vous n'y voyez qu'un esclave, une bête de somme..."
_______________(3) "...Il n´y a pas un musulman qui n´imaginât faire une action agréable à Dieu et à son Prophète, en exterminant tous les chrétiens, qui, de leur côté, ne sont guère plus tolérants. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue dans une même contrée, des divisions qui se sont rarement éteintes sans effusion de sang. Notre histoire ne nous en offre que de trop récents et trop funestes exemples. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue dans la société entre les citoyens, et dans les familles entre les proches, les haines les plus fortes et les plus constantes. Le Christ a dit qu'il était venu pour séparer l´époux de la femme, la mère de ses enfants, le frère de sa sœur, l´ami de l´ami ; et sa prédiction ne s´est que trop fidèlement accomplie..."
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-Paru dans Agoravox

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