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dimanche 28 juillet 2013

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En revenant de la fosse 9
         Après en avoir tant entendu parler, il fut décidé d'aller voir sur place le petit bébé du Grand Louvre, qui fut longtemps l'objet d'un débat régional parfois passionné, oeuvre politique par excellence, si on considère le choix de son implantation, haut-lieu d'un riche passé charbonnier et industriel maintenant éteint.
Sur le terril plat de l'ancien puits, on érigea un vaste ensemble, dont l'accès encore gratuit attire déjà nombre de visiteurs amateurs et curieux de tous lieux et de toutes conditions.
 Voulu comme un symbole de renouveau pour une région exsangue, à qui le projet ne redonnera pas par lui-même son lustre d'antan, il pourrait contribuer peut-être à créer un pôle d'attraction pour des investissements productifs futurs. Lens n'est pas Détroit, ville en déshérence. Elle a encore des atouts dans une région jeune qui pourrait vite se redynamiser.
           Ce fut un pari audacieux,discuté, un parti-pris résolu, mais assez atypique et quelque peu déconcertant au premier abord, à l'avenir peut-être incertain.
Le premier contact avec le bâtiment à distance laisse un peu perplexe, donne une impression mitigée. Une abstraction de lignes tendues à l'horizontale et de parois trop lisses, de verres et d' aluminium, qui pourrait faire  songer à un aéroport dernier cri ou à la nouvelle gare-Sud de Pékin. Mais ici, pas la moindre courbe. Certains critiques parleront peut-être être d'espace industriel high tech.
Un abord froid et austère, qui tranche avec l'aspect des musées classiques consacrés auquel on est habitué. Dépouillement.
Rien qui accroche l'oeil.   Il faut dire que la géométrie trop tendue pourra s'adoucir quand le parc, encore nu, aura développé sa végétation, quand les arbres auront atténué l'austérité géométrique de l'ensemble et l'éclat des parois.
            Le hall d'accueil déroute aussi  dans un premier temps, même si l'on entre sans préjugé.
Puis on est dirigé vers un espace immense où des oeuvres sont dispersées dans un ordre temporel discutable. Juste une invitation à éveiller le sens artistique  au contact d'oeuvres jugées représentatives d'une période donnée, à approfondir à son rythme, dans un parcours bien commenté par un audioguide éclairant, sans inutile jargon technique et érudition superflue pour le commun des visiteurs....
Peu d'oeuvres, mais bien mises en valeur. Une lumière doucement filtrée. On peut déambuler comme on veut dans cet espace ouvert et prendre le temps de voir  une statue sous toutes ses faces, de regarder une peinture sous plusieurs angles, dans une ambiance qui ne ressemble pas au recueillement souvent religieux,guindé ou intimidant des musées traditionnels. L'oeuvre se fait proche. La parole peut s'exercer en groupe ou en famille, dans des échanges parfois inattendus entre adultes et enfants.
 La médiathèque accueillante est déjà richement dotée et favorise la lecture et la recherche. 
__________Ce ne sont que quelques impressions largement subjectives. D'autres visites les remettront peut-être en question.
Il est des musées qui ont aussi provoqué des polémiques au début, avant de créer un large consensus. Il n'est pas simple de changer ses habitudes mentales en la matière.
____Questions:Une fois l'effet de curiosité émoussé et la période de gratuité passée, qu'en sera-t-il de la fréquentation? Le trop lent renouvellement prévu des quelques oeuvres exposées ne va -t-il pas être un handicap pour la pérennité de son succès? 
De plus fréquentes expositions temporaires seront peut-être la clé de sa réussite dans le temps.
__Paru dans Agoravox__

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