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jeudi 24 mai 2012

Croissance: un mythe?


Comment sortir des évidences et des voeux pieux?

_La croissance: un mot fourre-tout et un baume sur les plaies de la crise, qui risque d' être un trompe-l'oeil.
Le mot fait l'unanimité, le contenu divise en interne et en externe.
...Si on laisse de côté les débats sur la décroissance, surtout justifiés par la question épineuse du manque prochain de ressources énergétiques classiques.

______ François Hollande l'a annoncée comme une impérieuse nécessité (1), redonnant toute sa place à la prospective : « en fonction des objectifs que nous pouvons partager dans une grande démocratie, il appartient à l’Etat de dire aux citoyens, aux entreprises ce que pourrait être le futur de l’économie (…) Je pense que l’on a besoin de savoir secteur par secteur dans un horizon long ce qui doit être soutenu, stimulé, favorisé, accompagné (…) L’industrie n’est pas condamnée, l’agriculture ne va pas forcément continuer à occuper 2% de la population active et les services ne sont pas toujours aussi purs sur le plan écologique et de la création d’emploi qu’on ne le dit ».
Un volontarisme affiché, mais pour l'instant une grande imprécision, que souligne  Nicolas Dupont-Aignan,  "qui a déploré dimanche que "rien de concret" ne soit sorti de la réunion du G8, et a exhorté François Hollande à "sortir du flou". "Dire que la croissance est une priorité, tout le monde est d'accord", écrit le député-maire d'Yerres (Essonne) dans un communiqué. "Mais la croissance ne se décrète pas. Je constate que rien de concret n'est sorti de cette réunion".
"Le G8 n'a fait aucune avancée pour lutter contre la sous-évaluation du yuan, contre le libre-échange déloyal qui détruit l'industrie dans les pays du Nord pour fabriquer des esclaves au Sud", a accusé M. Dupont-Aignan. "Il faut d'urgence que le nouveau président sorte du flou et annonce des actes forts et concrets, sans quoi tout cela ne sera que des mots, toujours des mots et rien que des mots", conclut-il.
Le  vent nouveau durera-il?
__________________Quelle croissance?
[Réveiller la croissance? _Sur la pomme : "néolibéralisme".]
Croissance de gauche ou croissance de droite, autrement dit « relance » néolibérale, qui ne peut être qu'une nasse?
Les désaccords sont patents en Europe sur les moyens et les buts. Merkel devrait se souvenir de Brüning.
 Certains économistes sont pessimistes sur les chances d'une croissance qui ne reviendra sans doute jamais,ose un iconoclaste:
" Une partie des dirigeants et des acteurs économiques dominants, qui pensaient qu’une bonne cure d’austérité, via une forte réduction des dépenses publiques, permettrait de retrouver, un peu plus tard, une belle croissance, s’aperçoit que l’inverse va se produire de façon durable et que la récession qui est déjà plus ou moins là en Europe va encore s’aggraver et se mondialiser. D’où les appels à des mesures plus favorables à la croissance marchande privée, mais dans l’austérité pour les finances publiques et surtout pour les dépenses sociales.
Comment voient-ils les choses ? En Allemagne, certains évoquent prudemment une petite hausse des salaires, mais en fait, la stratégie reste d’abord fondée sur deux volets. Un, la compétitivité, à la fois en tentant de relancer des investissements privés actuellement en berne et par des « réformes structurelles », essentiellement en matière de casse du droit du travail, de mise à mort des CDI, sur le modèle allemand des lois Hartz qui ont fait exploser le nombre des mini-jobs de travailleurs pauvres en même temps que le nombre total de pauvres. Et deux, le « moins d’État social », toujours considéré comme une charge qui freine la croissance, alourdit les coûts du travail et produit un assistanat généralisé.
Avec les lois Hartz et les mesures qui ont suivi, le montant de l’équivalent allemand du RSA est passé 448 euros mensuels à 345, et rien qu’entre le 2e trimestre 2008 et le 4e  trimestre 2011, la progression du nombre de mini-jobs (emplois exemptés de toute cotisation sociale, dès lors que le revenu d’activité est inférieur à 400 euros mensuels) a été de 800 000. Le taux de pauvreté monétaire en Allemagne est passé (pour les personnes en âge de travailler) de 12,2 % en 2005 à 15,6 % en 2010 (source).
Angela Merkel a fini par admettre que l’on puisse financer des investissements européens d’énergie et de transport, mais elle refuse que cela passe par des fonds publics, à l’exception des 80 milliards d’euros soi-disant inemployés des « fonds structurels » européens. Et elle ne voit le tout que dans le cadre de la privatisation des entreprises d’énergie et de transports: c’est ce qu'il se pratique en Grèce.
Cette stratégie de croissance privée dans l’austérité publique ne marchera pas, et même la croissance, qui n’est pas un objectif en soi, ne sera pas au rendez-vous. Une telle crise exige plus d’interventions et de ressources publiques, plus d’imposition des plus riches et des grandes entreprises, plus de sélectivité des dépenses et des investissements, et surtout une reprise en main de la finance, non pas pour « faire de la croissance » de n’importe quoi, mais selon des critères d'un développement humain et social soutenable....
Tant que les marchés financiers, c’est-à-dire les gros spéculateurs du monde, sont les prêteurs, libres de déterminer les taux d’intérêt, l’astuce comptable de Mario Monti nous maintient dans la crise.
Les choses seraient bien différentes si une politique ambitieuse d’investissements écologiques et sociaux européens était financée à taux très bas par la banque centrale ou par une banque publique d’investissement empruntant elle-même à taux très bas, en dehors du marché financier et de la spéculation. Il s’agirait d’une « réforme structurelle »… de la finance, pas d’une astuce comptable. Mais si on retient cette voie, ce qui est souhaitable, alors il est une dépense d’avenir qu’il faudrait d’urgence faire financer directement par la BCE : l’excès de dette des pays les plus en difficulté. C’est même aujourd’hui ce qui bouche le plus l’horizon."
_____Y a-t-il des alternatives pour un «New Deal» européen?
"... Aurore Lalucq est économiste au sein de l'institut Veblen, une structure qui mêle économie et sciences sociales pour comprendre la crise en cours. Pour elle, aucune des pistes en discussion à Bruxelles n'est à la hauteur de la situation. Elle défend une voie plus radicale : que la Banque centrale européenne (BCE) prête massivement à la Banque européenne d'investissement (BEI), pour enclencher un « New Deal vert » sur le continent.
 Dans un environnement déprimé comme aujourd'hui, il est malheureusement difficile de poser le débat d'une autre manière. Nous sommes obligés de parler de croissance, même si l'on aimerait évoquer d'autres modes de développement, discuter davantage de transition écologique. L'enjeu du moment, c'est donc d'associer à la vision gestionnaire de relance de l'économie, à court terme, une vision à plus long terme. Orienter la relance vers un autre type de croissance. Relancer la machine, oui, mais de manière durable.

Vouloir concilier croissance et austérité, comme on l'entend aujourd'hui, me paraît aberrant. Cela ne va tout simplement pas ensemble..."
______________________________La récession n'est pas une fatalité ....
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La croissance privée dans l’austérité publique, et l’astuce comptable de Monti, c’est du vent
 







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