Ça va jazzer

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lundi 30 janvier 2012

Robots au travail

Et nous? Et nous?..

___Nouvelle mutation industrielle en vue: la montée en force des nouveaux robots

_De Détroit à Sochaux, en passant par Tokyo, la robotique connaît d'impressionnantes avancées et commence à prendre des aspects nouveaux, plus finement programmés, plus autonomes, humanoïdes parfois aussi, programmés pour des tâches de plus en plus nombreuses.
Ce n'est pas de la science-fiction et ce n'est pas débattu dans les questions sur l'emploi qui animent la campagne électorale
"Lorsque nous essayons de regarder un peu plus loin que les difficultés économiques actuelles, ce que nous voyons poindre, c'est l'ultime révolution industrielle : celle de la révolution de la robotique, qui est la dernière étape de l'évolution humaine."
_Partout on remplace l'humain par la machine, pour le meilleur ou pour le pire, dans un processus qui semble inéluctable, car inscrite dans la logique du capitalisme, qui franchit là un seuil qualitatif.
Les multiples applications de la robotique en milieu industriel sautent aux yeux, issues des mutations informatiques et cybernétiques, du développement de l'intelligence artificielle, du fait de la course à la productivité, en situation de concurrence. Personne ne semble les contester, mais beaucoup en ressentent douloureusement les effets.

En France, un des pays dèjà les plus automatisés, les plus robotisés, de plus en plus de tâches sont effectuées par des automates, sans que nous y prêtions toujours attention (péage autoroutier, caisses des supermarchés, compteurs communiquants...)
"Nous rentrons dans une phase ou nous pouvons et savons produire quasiment sans intervention humaine.Il s'agit de la même situation que celle que nous avons vécue dans l'agriculture qui occupait 60% de la population active, et qui a réussi, grâce à la mécanisation, non seulement à décupler les rendements et la production, mais en n'employant plus que 2% de la population. D'ici cinq ans, nous saurons produire encore plus, sans emploi. Nous relocaliserons... sans emploi. Nous pouvons anticiper une vague de destruction d'emplois industriels sans précédent."
Et les gens dans tout ça?
_Si nous comptons sur un développement plus poussé de la robotique pour baisser nos coups de production et de ce fait être en mesure de lutter contre les pays à bas salaires, donc de pouvoir relocaliser, rapatrier une partie de notre production, et donc recréer les emplois qui ont disparu, nous nous leurrons beaucoup, car cela ne créerait que peu de travail. La tendance est la construction d'unités de production presque entièrement automatisées.
De plus la Chine elle-même commence à s'engager dans cette voie, pour contrer la montée des salaires, surtout sur la côte est.
___La raréfaction brutale du travail semble inéluctable, même dans l'agriculture déjà ultra-mécanisée. Si le Japon veut compenser par ce développement une vieillissement démographique certain, pour la Chine, ce sera extrêmement déstabilisateur.
"En Chine, la société Foxconn a décidé de remplacer 500 000 ouvriers – pourtant des peu chers – par des robots. Les coûts d'utilisation des outils robotiques baissent à un tel point qu'il est désormais plus rentable d'utiliser un robot qu'un ouvrier « low cost ». Au Japon, la société Panasonic vient de créer une usine flambant neuve de 15 hectares, produisant 40% des dalles d'écrans plats fabriquées dans le monde (pour une valeur de deux milliards de dollars par mois) ! Cette usine entièrement automatisée fonctionne avec une quinzaine de salariés...Cela signifie qu'un mouvement de relocalisation naturel est à prévoir dans les prochaines années, les délocalisations ne se justifiant plus par un différentiel de coût, le prix d'exploitation d'un robot en France ou en Chine étant sensiblement identique. La conséquence est que ce phénomène de relocalisation aura un impact sur les balances commerciales et réduira les déséquilibres financiers (ce qui est déjà une bonne nouvelle), mais n'aura aucun impact, ou marginal, sur l'emploi."
____Le plein emploi, toujours promis mais jamais atteint, apparaît donc de plus en plus comme un mythe, comme l'anticipait naguère J.Rifkin.
Comment allons-nous résoudre le problème de la robotique reine et omniprésente, développée jusqu'à un point encore aujourd'hui difficilement imaginable, qui éliminera presque totalement les tâches d'exécution manuelle, de contrôle et certaines opérations intellectuelles même créatives? Les tâches de conception de haut niveau ne pourront être accessibles à tous.

___Nous sommes là au seuil d'immenses défis, dont nous ne faisons que soupçonner les impacts. Comment allons-nous nous adapter et réagir à ce monde d'artefacts d'un nouveau genre? Quels problèmes sociaux et politiques ces mutations vont-elles engendrer? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c'est qu'il est plus que temps d'y réfléchir, pour anticiper une transition qui risque d'être douloureuse.
Faudra-t-il faire payer les robots, les taxer, pour fournir à tout un chacun un revenu décent?
______________________
Robotisation et inégalités

samedi 28 janvier 2012

Choses lues

.1__Après Fukushima:
______Un tournant peu rassurant
Nouvelles révélations accablantes contre Tepco et politique du secret

.2_Il arrive que le Financial Times ait quelques lumières

3_A l'ombre des niches fiscales
____"Entre 2008 et 2009, il y avait une fenêtre de tir pour les Etats : les banques étaient à genoux, ils auraient pu tout exiger d'elles, qu'elles sortent des paradis fiscaux etc...ils n'ont rien fait!"

_De riches niches pour échapper à l'impôt
_
Atteinte à l'équité fiscale
-12 propositions pour limiter les excès du système financier et des banques

.4__Vie privée : Google change les règles du jeu
___Dérives googueliennes...Pistage inquiétant


.5_Le climat menace la prospérité de la Chine
____Qui a capté le marché du solaire et de l'éolien

.6_Retour sur le "modèle allemand"
____L'Allemagne est-elle responsable de la crise en zone euro?
La culture serait-elle sacrifiée sur l'autel de la croissance?


.7__La Libye libre sombre dans le chaos
____Evolution prévisible?

.8__Ce que disent les banques selon P.Canfin
_____Finance: lobbying bruxellois: des loups dans la bergerie?


.9__Biocarburants : pas très « bio » mais très très chers
____Conduire ou manger, il faut choisir


.
10__La City n'aime pas Hollande
______On comprend pourquoi...

jeudi 26 janvier 2012

Posthumanité: un mythe?

Rupture anthropologique ou illusion?

Progrès ou nouvelles formes de domination?

__L'homme serait-il une expérience ratée, car imparfait ?
"Au coeur de la mutation anthropologique, technologique et historique en cours, des logiques redoutables sont à l'oeuvre. Elles vont dans le sens d'une dématérialisation progressive de notre rapport au monde.
Le biologique témoignerait d'une " infirmité" dont il faudrait s'émanciper au plus vite. Ainsi, sous couvert de "libération ", la nouvelle pudibonderie conforte étrangement ce qu'il y a de pire dans le puritanisme religieux hérité du XIXe siècle. Et pas seulement au sujet des moeurs. Dans le discours néolibéral, l'adjectif "performant" désigne le Bien suprême. Mais ni le "système" ni ses logiciels ne savent prendre en compte des choses aussi fondamentales que la confiance, la solidarité, l'empathie, la gratuité, la cohésion sociale.
La Vie vivante, celle qu'il faut défendre bec et ongles, c'est celle qui échappe aux algorithmes des ordinateurs, à l'hégémonie des "experts" et des dominants, qui confondent "ce qui se compte" avec ce qui compte. "

_Assiste-t-on à une nouvelle forme de prométhéisme? Et que signifie la notion de posthumain?
La science-fiction d'hier commence à être la réalité d'aujourd'hui. Par exemple, les rapports de plus
en plus étroits entre la médecine et le numérique s'approfondissent. Que sera celle de demain?...
__L'humain, nous savons ou nous croyons savoir ce que c'est . Le post-humain, moins...C'est un concept problématique et flou, une auberge espagnole où chacun met un peu ce qu'il veut, une nébuleuse complexe où se polarise une part de nos rêves, de nos déceptions, de nos mythes aussi. L'homme aimerait tellement être autre, insatisfait de lui-même par narcissisme parfois exacerbé, qu'il se plaît à se percevoir comme entièrement différent dans un futur proche ou lointain, fantasmant sur des transformations futures radicales, que semblent offrir certaines avancées scientifiques réelles ou hypothétiques , qui feraient de lui, non pas peut-être un être parfait, mais transmuté et maîtrisé, jusqu'à vouloir se libérer de la différence des sexes, selon de vieux mythes grecs.
Après tout, depuis Cro-Magnon et ses ancêtres, l'humanité n'a cessé de changer d'apparence et de moyens. La biologie, puis la culture ont fait de l'homme d'aujourd'hui un être qu'un homme de Lascaux ne reconnaîtrait plus...
Mais quant à envisager une humanité qui se transcenderait cette fois-ci de manière consciente et programmée pour décupler ses pouvoirs et ses moyens afin de lui donner un visage inédit et quasiment parfait, voilà qui pose problème et qui renoue avec la vieille idée de progrès née au Siècle des Lumières. Le transhumanisme est "
une façon de penser le futur basée sur la conviction que l’espèce humaine dans sa forme actuelle ne représente pas la fin de notre développement mais est au contraire une phase intermédiaire, résultat actuel d’une évolution passée.... C’est le mouvement intellectuel et culturel qui affirme la possibilité et la désirabilité d’augmenter fondamentalement la condition humaine à travers l’application de la raison, spécialement en développant et en rendant largement disponibles les technologies pour éliminer l’âge et augmenter grandement les capacités intellectuelles, physiques et psychologiques de l’être humain...."
__Le transhumanisme est une forme de scientisme et de positivisme dont beaucoup d'aspects plongent leurs racines dans le passé (Pic de la mirandole) , partagée aujourd'hui par beaucoup de scientifiques américains, dont Douglas Melton
, qui va jusqu' à dire:
" «Nous pouvons certainement arrêter la mort. Si on élimine les cancers et les autres maladies, le deuxième facteur qui intervient dans notre vieillissement et notre mort est l'usure de notre corps. Mais je suis convaincu qu'on peut trouver les moyens d'allonger la durée de vie des vertébrés grâce à des modifications génétiques.» Douglas Melton n'est ni un visionnaire illuminé, ni un utopiste délirant. Il incarne ce que pense la grande majorité des scientifiques de sa génération aux Etats-Unis..."
Des espoirs sans certitudes, des projections sans démonstrations..
Ce rêve ne risque-t-il pas de côtoyer l'inhumain? Les vieux rêves d'immortalité et de perfection peuvent engendrer les pires délires et les pires cauchemars.
___Pour le biologiste Axel Kahn, "Ce sont de vieilles lunes. Imaginons des groupes de chercheurs qui décident d’améliorer les qualités héréditaires de l’homme par différents procédés biotechnologiques, électroniques, etc. Imaginons qu’ils choisissent de modifier tels gènes chez l’enfant à naître, de le concevoir plus grand, plus résistant, sans laisser faire le brassage aléatoire de l’évolution, qui procède à l’échelle de populations entières. Ce serait un acte d’orgueil démesuré. Personne ne sait dans quelles conditions nous vivrons dans 100 ans. Nous prenons le risque d’imposer des caractéristiques biologiques qui pourraient s’avérer préjudiciables aux générations futures.
Pour Besnier, soucieux de repenser l'éthique, l'homme peut aller plus loin que les simples prothèses de toutes natures qu'il peut se fabriquer.
"
Le post-humain commence avec l’idée d’en finir avec le déterminisme de la naissance, ce qu’annonce la pilule, ou le « bébé-éprouvette ». Mais, nous voyons déjà beaucoup plus loin. Avec l’ectogénèse, la procréation assistée dans une couveuse, les femmes cesseront de porter des embryons, de connaître la « grossesse ». D’après Henri Atlan (biologiste français, longtemps membre du comité consultatif d'éthique) cette technique sera au point au milieu du XXIe siècle. Le clonage reproductif devient lui aussi possible, et probable. L’utopie post-humaine imagine la sortie de l’histoire naturelle de l’humanité, telle que l’évolution l’a élaborée. Au fond, elle entend auto-produire des hommes, en créer des meilleurs, prendre la relève de la nature. En somme de consacrer l’apogée de l’humanité."
_Une façon de laisser place à ses propres créations, donc de se déresponsabiliser..
Nous ne sommes qu'au début de l'ère de l'homme bionique, mais...n'y a-t-il pas à craindre des technoprophètes ?
C'est ce que pense JC Guillebaud:

"Mères porteuses, nanotechnologies, intelligence artificielle, refus de l’enfant, fabrication de chimères, quête d’immortalité… Le corps humain serait-il has been ? En tout cas, avec les prouesses toujours plus ébouriffantes de la science et le grand bond en avant de la technique, voici venue l’époque des "technoprophètes". Chercheurs talentueux, joyeux apôtres d’une dématérialisation de l’homme, ils annoncent une ère radicalement nouvelle. Un temps où l’on n’aura plus besoin de l’être humain, cette vieille chose prisonnière d’un corps de chair et enserrée dans d’étroites limites biologiques et sociales. Loin de demeurer d’aimables utopistes, ces experts préparent activement, avec l’aide de puissants lobbies scientifiques et industriels, l’avènement de la posthumanité..."
____Certaines formes de progrès follement espérés ne seraient-elles pas qu'un "lumineux désastre" (V.Hugo)
Savons-nous encore entendre les paroles du profond Sénèque? (Lettres à Lucilius)

mardi 24 janvier 2012

Iran: gesticulations diplomatiques?

Points de vue
_______________Ormuz:
option militaire?

Intox ou vraie menace? Un embargo contre-productif

"Le programme nucléaire iranien a été annoncé par les services américains et israëliens comme imminent pour 1994, puis 1996, maintenant pour 2011..." (P.Conesa)
Fiables, leurs services, quand on connaît leurs moyens...

_Ce qui se passe depuis quelques temps entre USA, Israël et Iran semble digne d'un roman de J Le Carré, difficile à décrypter. Un jeu diplomatique très complexe, une partie de billard à multiples bandes, un regain de tension, où l'essentiel nous est masqué. Si les choses sont sérieuses et peuvent déraper, il n'est sans doute pas justifié de dramatiser à l'excès. Si le but implicite est de changer le régime iranien, la méthode préconisée semble aussi peu adaptée que celle utilisée en Irak.
Un conflit armé coûterait gros à une Amérique exsangue financièrement, et les conséquences seraient incalculables.
_Pourtant, il y a le pétrole, souci majeur et pressant de l'Oncle Sam. Le vrai enjeu, comme pour l'Irak?
__Où mène la logique guerrière avec l'Iran ?
Pour Pierre Conesa, pour qui la menace nucléaire iranienne est une « escroquerie intellectuelle », le décor semble planté pour un conflit :
"L'embargo sur le pétrole que discutent les Européens constitue sans nul doute un casus belli pour Téhéran qui tire des hydrocarbures 60 % de ses recettes budgétaires (et financent aussi le logement, l'éducation, etc.). La république islamique y a donc répondu de la même façon, par des menaces de blocage du Détroit d'Ormuz. Le décor est donc planté pour un conflit. Au regard des insuccès obtenus par les Occidentaux en Afghanistan et en Irak, on peut se demander qu'est ce qui pousse nos décideurs à repasser les plats ? Que cherche-ton en Iran ? Le Washington Post du 10 janvier citant un responsable du renseignement américain dit que c'est le changement de régime (regime change) par une révolte contre les autorités. Espérer qu'une population durement marquée par un embargo stupide par son étendue et sa généralité (sur les pièces détachés d'avion, sur les médicaments…) va se révolter contre son gouvernement est méconnaitre l'histoire. Comme on l'a vu en Irak et en Afghanistan, le mécano qu'utilisent les responsables occidentaux pour changer un régime ne marche pas...."
_Une guerre de l'ombre semble engagée...il y a deux ans déjà...
_Aux USA, les néoconservateurs repartent à l’offensive, même si officiellement (élections obligent?) l'attitude d'Israël alarme les États-Unis :
Officieusement, Israël dédramatise (pour bénéficier d'une aide militaire US accrue?)
"Alors que de nombreux pays occidentaux et certains pays arabes de la région du Golfe ont condamné la quête présumée l’Iran vers l’arme nucléaire, Israël détient quelques 200 armes nucléaires et a refusé de signer le traité de non-prolifération, évitant ainsi les inspections de l’AIEA. Les Israéliens informés ont des idées sur la question. Répondant au journaliste de PBS Charlie Rose qui lui demandait : « si vous étiez l’Iran ne voudriez-vous pas une arme nucléaire ? » le Ministre de la Défense, Ehud Barak, a déclaré : « Probablement, probablement. Je ne me leurre pas sur le fait qu’ils le feraient juste en raison d’Israël. Ils ont une histoire de 4000 ans. Ils observent autour d’eux et voient que les Indiens ont le nucléaire. Les Chinois ont le nucléaire, le Pakistan a le nucléaire, ainsi que la Corée du Nord, sans parler des Russes. » Le gouvernement de l’Iran - dont le PIB est inférieur à celui du Massachusetts - est terrifié. Il est entouré par des adversaires puissants, y compris les militaires américains, sur trois de ses frontières. Le président George W. Bush avait classé l’Iran, avec l’Irak et la Corée du Nord, dans l’« axe du mal ». Téhéran se souvient de ce qui s’est passé en Irak après les déclarations de la Maison Blanche. Ils savent aussi que la Corée du Nord s’est protégée contre une invasion en procédant à des essais de bombes nucléaires. Et tous les Iraniens se rappellent que les Etats-Unis ont renversé le très populaire Premier ministre Mohammad Mosaddegh en 1953 et installé la dictature du Shah qui a régné tyranniquement durant 27 ans.
L’Iran a été victime récemment d’un mystérieux sabotage informatique, de violations de son espace aérien par des drones, de meurtres de ses scientifiques nucléaires et du sabotage de ses sites militaires, y compris une installation majeure de missiles. Les responsables israéliens et américains ne font que peu d’efforts pour dissimuler l’existence de cette guerre de basse intensité.
Le stratège et historien militaire israélien Martin van Creveld a déclaré en 2004 que les Iraniens « seraient fous de ne pas construire des armes nucléaires compte tenu des menaces de sécurité auxquels ils font face. » Trois ans plus tard, il affirmait que « le monde doit maintenant apprendre à vivre avec un Iran nucléaire, à la façon dont nous avons appris à vivre avec une Union soviétique nucléaire, et une Chine nucléaire .... Nous, Israéliens, avons ce qu’il faut pour dissuader une attaque iranienne. Nous ne sommes pas du tout en danger de voir une arme nucléaire iranienne tomber sur nous ... grâce à la menace iranienne, nous recevons des armes des États-Unis et de l’Allemagne. » Le général américain John Abizaid est un des nombreux militaires qui déclarent que le monde peut tolérer un Iran nucléaire - qui, comme les autres pays, ne veut pas se suicider. L’utilisation de la « menace iranienne », a servi le Premier ministre israélien Netanyahu qui, lors de son premier mandat en 1996, s’adressant à une assemblée plénière du Congrès, avait marqué des points en évoquant une future bombe iranienne..."
______Voilà qui permet de dissiper quelques fausses croyances sur l’Iran, diabolisé de manière manichéenne , beaucoup plus complexe que ce qu'en présente la grande presse en général
_Voilà que l'Europe, par américano-mimétisme, veut se mettre à imposer un embargo pétrolier sans précédent, qui pénalisera surtout les pays asiatiques. La Chine ne restera pas passive...
________"Une gesticulation diplomatique" à valeur surtout politique? Sans aucun doute, même si Moscou s'inquiète, le but étant sûrement de pousser le régime iranien à la faute et de dresser contre lui une population appauvrie par un manque important de ressources. On a vu ce que cette méthode avait pu donner en Irak, dans l'épisode pétrole contre nourriture, appauvrissant la masse des gens et renforçant le pouvoir de S.Hussein...
Ne serait-il pas encore temps de réfléchir avant d’agir, d'enclencher un processus guerrier, dont le déroulement et l'issue pourraient être dramatiques pour tous.
Qu'en est-il de l'ouverture d'Obama, il y a deux ans?
_De nouvelles formes de citoyenneté sont en gestation dans ce pays. Une intervention les compromettrait certainement en durcissant un pouvoir affaibli, en difficulté avant les élections.
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Où va l'Iran?
Les Etats-Unis peuvent-ils empêcher Israël de bombarder l'Iran?

lundi 23 janvier 2012

Boucs émissaires


Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d’ennemi ! » avait prédit en 1989 Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev, à l'adresse des USA
_"Qui vit de combattre un ennemi a tout intérêt de le laisser en vie" (Nietzsche)
_"L'ennemi est un choix, pas une donnée" (P.Canesa)
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__Comment fabriquer l'ennemi, le diaboliser , et donc le combattre en toute bonne conscience?
Pierre Canesa aborde ce problème universel, partiellement, mais avec clarté, dans le but de démystifier les raisons officielles ou masquées des guerres déclarées et des conflits larvés.
"Il ne faut pas, sans examen critique, adhérer à la propagande de son propre camp. Celle-ci étant masquée, drapée
de sentiments vertueux et vouant l’autre aux gémonies. C’est ce processus de diabolisation de l’ennemi que ce livre analyse. Constat rigoureux, écrit avec un talent pamphlétaire chargé d’humour, il force parfois le ton, mais comment être autrement entendu ? Sans ménager, ce qui va de soi, les dictatures, Pierre Conesa examine sans indulgence les « deux poids deux mesures » si souvent utilisés par les démocraties qui se prétendent les plus moralement respectables. En chemin, il rappelle que l’idée reçue, d’ailleurs fort récente, selon laquelle celles-ci seraient, par nature, pacifiques, est largement détrompée par les faits. Les démocraties peuvent aussi se faire la guerre, il suffit, à cet égard, que leurs intérêts soient suffisamment antagoniques.
Pierre Conesa ne manque pas de signaler la capacité des anciennes victimes à devenir des bourreaux, ce dont témoigne, dans la plupart des pays nouvellement indépendants, l’oppression des minorités ethniques ou religieuses..."

__L'ennemi, c'est l'autre, ce bouc émissaire, comme l'a assez bien analysé A.Girard, théoricien de la violence contagieuse, dont la menace est souvent très exagérée ou totalement inventée.
Par exemple
," l’Allemagne nazie s’est construite sur l’idée que toutes les souffrances que son peuple devait endurer depuis la fin de la première guerre mondiale étaient dues à un complot planétaire dont les Juifs étaient les principaux instigateurs".
Dans un climat de peur d'anxiété, de crise, se construire un ennemi fait fonction d'anxiolytique et fédèrent les masses en cristallisant leur pulsions destructrices sur un unique objectif.
"L’ennemi est très utile... pour souder une nation, asseoir sa puissance et occuper son secteur militaro-industriel. On peut dresser une typologie des ennemis de ces vingt dernières années : ennemi proche (conflits frontaliers : Inde-Pakistan, Grèce-Turquie, Pérou-Équateur), rival planétaire (Chine), ennemi intime (guerres civiles : Yougoslavie, Rwanda), ennemi caché (théorie du complot : juifs, communistes), Mal absolu (extrémisme religieux), ennemi conceptuel, médiatique…
Pierre Conesa explique de quelle manière se crée le rapport d'hostilité, comment la belligérance trouve ses racines dans des réalités, mais aussi dans des constructions idéologiques, des perceptions ou des incompréhensions. Car si certains ennemis sont bien réels, d’autres, analysés avec le recul du temps, se révèlent étonnamment artificiels.
Quelle conséquence tirer de tout cela ? Si l’ennemi est une construction, pour le vaincre, il faut non pas le battre, mais le déconstruire. Il s'agit moins au final d'une affaire militaire que d'une cause politique. Moins d'une affaire de calibre que d'une question d'hommes.
.."
_"Perfide Albion", ex-ennemis héréditaires d'Outre-Rhin, péril jaune, conflit serbo-croate, fantasme d' invasion islamique en Europe, démonisation des Palestiniens, rivalités entre sunnites et chiites, menaces iraniennes instrumentalisées parfois, comme le pense l'auteur, catholiques contre protestants en Irlande...Narcissisme-haine des petites différences, selon Freud. La désinformation et le mythe fonctionnent conjointement pour créer ou entretenir des relations d'hostilité parfois imaginaires. L'ignorance, l'intérêt et la propagande font le reste.
"L’ennemi soviétique avait toutes les qualités d’un « bon » ennemi : solide, constant, cohérent. Sa disparition a en effet entamé la cohésion de l’Occident et rendu plus vaine sa puissance. Pour contrer le chômage technique qui a suivi la chute du Mur, les Etats (démocratiques ou pas), les think tanks stratégiques, les services de renseignements et autres faiseurs d’opinion ont consciencieusement « fabriqué de l’ennemi » et décrit un monde principalement constitué de menaces, de risques et de défis. L’ennemi est-il une nécessité ? Il est très utile en tout cas pour souder une nation, asseoir sa puissance et occuper son secteur militaro-industriel..."
En 2001, G.Bush, profitant le l'ébranlement psychologique du peuple américain, désigna l'ennemi, en utilisant tous les subterfuges et toutes les contre-vérités pour accomplir un projet déjà bien ficelé. L'Irak, ancien partenaire, était tout désigné, sur fond de guerre permanente.

samedi 21 janvier 2012

Libre parcours

.1_Les paquebots sont sûrs. Et pourtant, ils coulent
___Verra-t-on jamais clair dans cette ténébreuse histoire?

.2_Le bateau Grèce ne cesse de dériver, prêt à sombrer

.3_Pourquoi rester encore en Afghanistan , véritable bourbier?
___Pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres...


.4_Nouvel apartheid au Moyen-Orient
____Quand l'eau devient une arme

_"Les 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d'eau que 2,3 millions de Palestiniens"

.5_Triple crise pour les collectivités locales

.6_Les héritiers, à l'origine des inégalités

.7_Le blackout américain fait reculer les partisans de la loi SOPA

.8_Le mythe de l'or dure...

.9_G.Orwell
, grand visionnaire

vendredi 20 janvier 2012

Du climat et des hommes

Histoire et climatologie

__Le climat est parfois évoqué dans l'explication de certains événements du passé comme une cause, un événement déclencheur de transformations historiques soudaines ou lentes.. Comme aujourd'hui on se réfère souvent à la sécheresse somalienne pour comprendre une baisse démographique tragique, on met en exergue une succession de mauvaises récoltes pour éclairer les conditions d'apparition de la Révolution Française, comme déclencheur de la colère populaire.
Mais est-ce si simple? Si certaines conditions climatiques tiennent une place dans certains événements courts ou longs du passé, elles ne peuvent à elles seules être un élément explicatif. Le cas du Groenland , que l'on commence à mieux comprendre, le montre bien.
__Comme le remarque Emmanuel Le Roy Ladurie, qui s'intéresse à l'influence du climat, dans la perspective d'une histoire totale,
"En ce qui concerne la Révolution française (compte tenu des facteurs sociohistoriques de longue durée et nullement écologiques dans leurs principes), les déclics de type météorologique vont s’imposer sans crier gare à partir de l’automne 1787. Jusqu’alors, tout était calme depuis une grosse dizaine d’années en ce qui concernait les problèmes de l’alimentation populaire. Mais les pluies automnales excessives des derniers mois de 1787 firent tort aux semailles. L’année 1788 fut « climatiquement incorrecte », trop tiède voire chaude : un coup d’échaudage fut très nuisible à la récolte des blés sur pieds en mai-juin 1788, et l’été 1788 fut chaud mais surtout lardé d’intempéries, grandes grêles, orages… La moisson fut diminuée en volume d’environ 30 % et les prix du grain montèrent fortement en conséquence.
Cette cherté n’engendra aucune mortalité marquante, grosse différence d’avec les disettes antérieures comme celles de 1740 et, a fortiori, de 1709-1710, très « mortalitaires » l’une et l’autre. La France, contrairement à l’ultrapessimisme a posteriori d’Hippolyte Taine, avait fait de grands progrès économiques au xviiie siècle, y compris depuis 1750. Mais le mécontentement social ne fit qu’agiter d’autant plus les foules urbaines et même rurales ou partie d’entre elles. On ne mourait plus, donc on s’agitait. Les émeutes de subsistance et autres mouvements de rue intervinrent dans presque toutes les villes du royaume et dans le Plat Pays, et cela sans interruption, de manière croissante, depuis l’été 1788 jusqu’à l’été 1789. À Paris, deux grandes émeutes de subsistance dans le quartier Saint-Lazare, et autour des barrières d’octroi, prirent place le 13 juillet 1789. On connaît la suite, la politisation violente et même sanglante du lendemain, 14 juillet, prise de la Bastille..."
_La croissance démographique, élément de l'histoire, n'est pas facile à analyser, dans son impact possible sur le climat, dans une perspective écologique.
Des historiens comme Leroy Ladurie, pionnier en la matière, ont montré les incidences du climat sur le cours de l'histoire des hommes, au niveau événementiel ou profond, sans que le climat soit considéré comme une cause mécanique, uniquement déterminante, mais comme une donnée incontournable pour comprendre certains changements de fond, par exemple au niveau de l'agriculture et des habitudes alimentaires, donc des progrès futurs, mais aussi des événements qui ont changé le cours des choses , comme le passage des Huns sur le Rhin gelé ou la défaite de l'armée allemande confrontée à l'hiver russe...
Le climat est donc une donnée de l'histoire des hommes, même si ceux-ci peuvent, selon les époques, s'adapter, moduler leurs rapports aux aléas climatiques,
dans une certaine mesure. Les Islandais vivent bien, les Inuits ne se sont jamais plaints du froid polaire, ni les Saharahouis de la chaleur...Si le climat sibérien se modifie peu à peu en profondeur, nulle doute que ce réchauffement modifiera en profondeur non seulement l'agriculture de la Russie, mais jouera sur le développement démographique de cette région désertée et aura des incidences dans l'économie mondiale.
_____________________________
-Histoire du climat avant 1850
-« Climat et histoire » - La Cliothèque
-Variabilités historiques du climat en Europe
-Le climat au cours de l'histoire

jeudi 19 janvier 2012

Machine infernale

"Si on perd le triple A, je suis mort" (NS)

Ouf! l'homme qui a coûté 500 milliards à la France (1) est toujours vivant,
mais dégradé
.

La perte du triple A est-elle une catastrophe ?




"À l’intérieur du système tel qu’il est, oui. Mais la catastrophe est liée au pacte de stabilité européen. Parce que cette règle est écrite de telle manière que les taux exigés pour emprunter ne doivent pas être supérieurs au taux de croissance. Le déficit maximum est en effet calculé en fonction du PIB (3 %) et non pas des recettes de l’Etat. Si le taux d’intérêt s’élève au dessus du taux de croissance le rapport dette / PIB se dégrade inéluctablement. Avec la perte du triple A qui fera monter les taux d’intérêts, pour ne pas aggraver « l’infraction » par rapport au pacte de stabilité, la France devra connaître un taux de croissance encore plus élevé. C’est une imbécillité totale. Sans ce pacte de stabilité financière le coup serait beaucoup moins grave.__L’Italie, par exemple, est désormais à des taux de 5 ou 6 %, avec un exigence de croissance impossible à satisfaire. Dans le même temps, la hausse des taux d’intérêts due à la perte du triple A va imposer un plan de rigueur qui va freiner la croissance. C’est ce que j’appelle l’effet ciseaux. D’un côté on fait baisser la croissance, ce qui conduit à une dégradation de la notation et la dégradation de la notation fait monter les taux d’intérêts. Plus il y a de rigueur, plus ça se dégrade. On a mis en place un machine infernale qui fait que ça ne peut qu’aller plus mal"

_Mais comment briser la dictature de la spéculation?:"..Le risque est quadruple. Les taux d'intérêt que demanderont les banques vont augmenter, ce qui va peser sur l'investissement des entreprises et des ménages, sur la consommation, sur les collectivités locales. Les banques françaises sont fragilisées, puisque les dettes publiques qu'elles détiennent deviennent des actifs risqués ; elles risquent de réagir en distribuant moins de crédit aux ménages et aux entreprises. L'incertitude sur l'évolution économique va peser sur les entreprises, les décourageant d'investir et d'embaucher. Enfin, le gouvernement peut se lancer dans des politiques d'austérité pour rassurer les marchés..."

__Laurence Parisot a raison pour une fois, il faut en finir avec le Trading Haute Fréquence , cesser de rassurer les robots et se libérer d' une politique hémiplégique, .« reposant seulement sur le pilier de l’austérité budgétaire » (qui) risque d’enclencher un processus « auto-destructeur », de réduction de la demande entrainant une baisse des rentrées fiscales. Bien évidemment, concernant la France, S&P n’imagine pas d’autres moteurs de croissance que la « flexibilisation » du marché du travail et des « réformes structurelles », pénitences rituelles, désormais censées répondre à tous nos maux, comme la saignée d’antan..."

__Triple O pour les agences, Standard & Poor's notamment, qui continue de dégrader la France, en faisant mine de ne pas faire de politique .__ Intéressant de connaître la vérité sur cette agence et les autres, à la réputation surfaite.___Quand va-t-on en finir et démystifier leur mission? Qui sont les personnes derrière les « triple A » ?
__Nicolas Sarkozy se retrouve face au réel à cent jours des présidentielles

"Cette perte du Triple A – « ce trésor national », selon l’oracle Alain Minc n'est donc pas une surprise. Mais elle est un événement et il concerne en tout premier lieu Nicolas Sarkozy. Depuis le 31 décembre et ses vœux télévisés aux Français, le président est engagé dans une ébouriffante tentative de storytelling, visant à force d’agitations, d’annonces tous azimuts, de « cellule riposte », de cérémonies de vœux (la dernière aura lieu après le 25 janvier), à nous construire une France virtuelle dotée d’un président-candidat autre, lui-même armé d’un tout nouveau programme ! _Vous pensiez assister à une campagne électorale ? Pas du tout. Nous sommes en début de mandat et le président engage de vastes réformes structurelles : la TVA sociale ; la taxe Tobin ; la réforme de la justice (généralisation des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels) ; l’intégration progressive des salariés précaires dans la fonction publique. Sans oublier un vaste sommet pour l’emploi, une reprise des négociations avec les syndicats, un projet de formation des chômeurs, une réforme de l’éducation. Vous avez dit crise de la zone euro ? _C’est cet activisme hypnoptique que François Fillon a relayé ces derniers jours, en rencontrant les parlementaires de la majorité. Pour leur annoncer une session exceptionnelle du Parlement, sans doute jusqu’à début mars ! Et pour présenter une batterie de projets de lois à examiner en urgence ! Pour tous ceux qui se souvenaient de l’humble interview présidentielle au Figaro Magazine, en mars 2010, ce tournis d’annonce a semblé aberrant : « Au second semestre 2011, le gouvernement marquera une pause pour que le Parlement puisse, s'il le souhaite, délégiférer et compléter toutes les réformes pour les améliorer » , disait alors Nicolas Sarkozy."
___Quelle portée va avoir la baffe de Standard & Poors , dont le principe de fonctionnement est pour le moins discutable?
"Finalement, c'est à un "comité de notation" qu'il revient de changer ou de maintenir la note. L'instance se réunit au minimum une fois par an, la plupart du temps par téléphone ou visioconférence. Selon les cas et les agences, elle réunit entre cinq et quinze personnes: les deux analystes ayant suivi l'Etat, des cadres de l'agence et d'autres analystes à Londres, NewYork ou Francfort, et dans le cas d'un Etat, au moins un spécialiste du secteur bancaire __Le principe est simple : "un homme, une voix". Et toujours un nombre impair, afin qu'une majorité se dégage. "L'analyste principal prend la parole le premier, expose son argumentation et sa recommandation de note, raconte un ancien de Moody's. Il est ensuite bombardé de questions, poussé dans ses retranchements. Puis chaque membre du comité parle, donne son avis et explique son vote. Les salariés les plus expérimentés parlent en dernier. L'objectif est d'arriver à une grande majorité pour que ce soit une opinion collective…"_______"Il y a si peu de ressources humaines dans ces agences que, dans la pratique, ces comités regroupent un peu toujours les mêmes personnes, plus ou moins expertes, atteste un ancien chef de service de S&P.C'est pour se protéger des critiques que les agences refusent d'en révéler la composition…" "Des critères flous" Une fois la décision prise, l'agence informe l'émetteur. Celui-ci a alors douze heures pour rectifier d'éventuelles erreurs et faire appel de la décision… ou se préparer à l'annonce aux marchés.___"Ne croyez pas, au simple motif qu'on les craint et qu'elles sont trois à régner sur l'économie mondiale, que les agences y voient clair dans cette crise et qu'il y ait plus d'intelligence chez elles qu'ailleurs, avertit un ex-responsable de S &P. Les banques possèdent des bataillons d'économistes et d'analystes bien plus expérimentés, qui pourraient tout à fait se passer de leur analyse…" Un autre analyste conclut : "Les agences de notation n'ont pas vu venir la crise de 2008 pour les banques. Aujourd'hui que tangue la zone euro, elles ouvrent grand les parapluies. Leurs critères de notation n'ont jamais semblé aussi flous, leurs justifications malhabiles…" "Une chose est sûre, renchérit cet autre économiste d'une grande banque, on a changé de monde, les triple A ne seront bientôt plus qu'un souvenir."

Mais cette dégradation autant politique qu'économique ne sera pas sans conséquences
"...La dégradation de la notation de la France va entraîner des révisions en cascade. Tous les groupes publics qui bénéficient de la garantie de l’Etat vont se retrouver exposés. Sans attendre la notification officielle de la dégradation française, Standard & Poor’s a donné, dès la semaine dernière, toute une liste d’entreprises publiques « mises sous surveillance négative ». Y figurent notamment la Cades, Réseau ferré de France, la SNCF, EDF, Aéroports de Paris, RTE, la Caisse nationale des autoroutes, et même la Caisse des dépôts. Pour ces entreprises, souvent sous-capitalisées, et largement dépendantes des emprunts, cela va se traduire par une hausse de leur coût de financement. D’autant que toute une partie des investisseurs qui acceptaient auparavant de leur prêter de l’argent les yeux fermés vont se défausser, car ces émetteurs publics n’offriront plus les garanties – qui sont parfois statutairement exigées – suffisantes pour certains créanciers.
Cela va immanquablement se répercuter pour les uns par une hausse des tarifs demandés aux usagers, pour les autres par une diminution de leurs prestations. Les paris sont ouverts : combien de temps va-t-il s’écouler avant que la nécessaire privatisation de certains de ces organismes ne soit évoquée, par les éminents libéraux ?
Les collectivités locales n’avaient pas besoin de cela. Depuis la faillite de Dexia, elles ont déjà le plus grand mal à trouver des crédits. Le gouvernement a dû débloquer en urgence une ligne de crédit de 4 milliards d’euros à la fin de l’année pour leur permettre d’assurer leur financement. La dégradation de la France va encore compliquer la situation."

_Comment la perte du AAA paie les retraites des fonctionnaires californiens

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Merci à Baudry