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vendredi 25 novembre 2011

Le cheval: entre nature et culture

Pour une petite anthropologie du cheval


_Parmi les meilleurs amis de l'homme, le cheval a tenu une place prépondérante, historiquement déterminante, quand on remonte à l'origine de sa domestication, quand on considère l'importance de sa fonction économique, militaire et partant politique. Dans les sociétés anciennes, le cheval est partout, compagnon des travaux et des jours, des migrations et des guerres, symbole de pouvoir et de prestige, de distinction sociale. Faire l'histoire du cheval, c'est parcourir une bonne partie de l'aventure humaine. Depuis l'invention du cheval-vapeur et de l'automobile, son rôle a décliné, jusqu' à la domination du tracteur, qui a consacré son effacement.
Il n'a plus aujourd'hui qu'une valeur ludique, en attendant que la rareté du pétrole ne le remette peut-être sur le devant de la scène agricole. On le voit déjà revenir dans certains secteurs (et ici).

__Sur France culture, on peut suivre actuellement une série d'excellentes émissions sur les aspects historiques, culturels et symboliques des rapports que les hommes ont entretenus avec l'équidé privilégié, rapports qui ont contribué à modeler les rapports sociaux et les mentalités.
_L'histoire de la culture équestre est passionnante, ouvrant des horizons mal connus ou oubliés. Nous pouvons relire "notre histoire européenne, de la Renaissance à la révolution industrielle, à la lumière de cette nécessité équestre et de cette permanence du cheval dont la présence est inscrite au cœur de nos pratiques économiques, sociales, ou militaires. Intitulé « Le Cheval moteur », le premier tome retrace l’histoire de cette « utilité » motrice et mobile, à la fois agricole et urbaine, qui estime le cheval à proportion de l’énergie dont il est le pourvoyeur. Les deuxième et troisième tomes à paraître s’intéresseront au cheval émancipé de sa valeur d’usage : le rôle social et politique d’un animal qui sert les stratégies distinctives des hommes et leur appétit de puissance, d’une part, et son avènement en tant qu’objet de connaissance et de représentation dans l’ordre symbolique de la connaissance scientifique et de l’art, d’autre part. A peine un siècle après l’invention de l’automobile, l’homme contemporain a tout oublié de sa dépendance matérielle envers le cheval. "
_Les relations cheval/homme sont révélatrices de l'état du développement économique..
Domestiqué depuis sans doute -10000 ans, il gagne progressivement l'Occident et son usage se diversifie au fur et à mesure des inventions permettant d'augmenter son efficacité au service de l'homme (étrier rigide, collier d'épaule...). L'étrier a permis au cavalier de se dresser pour manier plus efficacement arc ou épée. Le collier d'épaule a augmenté l'efficacité de la traction en permettant une meilleure respiration de l'animal. Cette technique a été décisive, car "
ce dispositif empêche le poitrail d'être comprimé lorsque la traction exige un effort important. La courroie de garrot placée sur un collier rigide marque l'apparition du collier d'épaule, tel que le représente une peinture de Dunhuang (époque Tang, à partir du viie s.).Apparu en Europe vers l'an 1000, le collier d'épaule entraîne une évolution du chariot, qui devient plus important et plus lourd, preuve évidente de l'efficacité de la nouvelle technique d'attelage." (Jacques MÉRAND)
_Des Mongols aux mamelouks et aux janissaires, le cheval est un élément essentiel de la vie.
_Le Moyen-Age nous a laissé d'abondants documents sur les rôles dévolus au cheval et sur sa place central dans la société. La fonction du maréchal, le rôle du chevalier, avec ses codes et ses usages, en témoigne. L'animal est si valorisé qu'il ne fait pas partie du bestiaire courant, comme s'il éta
it considéré comme presque humain.
Parler à son cheval était d'usage répandu. "
Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval", disait Charles Quint.
_L'Anglerre continue à entretenir des rapports particuliers avec le cheval. La reine ne fait que suivre une vieille tradition. On frôle l'hippolâtrie. Faire du cheval et prendre des cours d'anglais est devenu un must pour les jeunes continentaux. L' hippophagie n'y est pas répandue, comme dans bien d'autres pays, pour des raisons culturelles et parfois religieuses, dénotant que le cheval n'est pas considéré comme un animal comme les autres...Le cavalier fait corps avec sa monture.
__En dehors de sa fonction utilitaire, le cheval, investi par l'imaginaire, a donné lieu à une symbolique aussi riche que déconcertante.
Le « mythe du centaure », notamment, "désigne « le couplage parfait entre l'instinct et la raison, entre l'intelligence et la force brute », tel qu'il est symbolisé par l'image d'un buste humain rattaché à un corps, une croupe et des membres de cheval. Le Dictionnaire des symboles affirme que tous les rites, mythes, poèmes et contes évoquant le cheval ne font que mettre en relief cette relation entre le cavalier et sa monture, considérée, en termes psychanalytiques, comme représentant celle du psychique et du mental : « s'il y a conflit entre eux deux, la course du cheval mène à la folie et la mort, mais s'il y a accord, la course se fait triomphale ». Pour le cavalier, il s'agit de contrôler l'instinct (la partie animale) grâce à l'esprit (la partie humaine)..." (Wiki)
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- Psychanalyse du cavalier

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