Ça va jazzer

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mercredi 23 mars 2011

Printemps

Botticelli
_________L'homme et l'oeuvre
_______________________________
Parenthèse printanière
...A bientôt!

mardi 22 mars 2011

Lybie: opération à risques

Lubie élyséenne?

Pourquoi? Comment? Jusqu'où? Et après?...


_Autant de questions que l'on peut difficilement ne pas se poser, quelques jours seulement après le début d'une action militaire, dont le Parlement n'a pas été saisi, et qui commence à battre de l'aile, à entrer déjà dans l'ère de l'incertitude, voire du doute.
Le ci-devant "ami" Khadafi, à qui on voulait vendre encore récemment du nucléaire, dont on louait les qualités d'excellent acheteur, l'efficacité pour contenir une partie de l'immigration africaine, méritait, certes, d'être neutralisé. arrêté dans son action répressive.
Mais, vu la méconnaissance du terrain, des vrais rapports de force, des objectifs, de l'organisation et du programme des insurgés, le risque est grand d'aboutir à mettre en place ce qu'on prétend éviter: le début d'un chaos impossible à gérer et d'une intervention plus longue que prévue, les conditions d'un guêpier à l'irakienne...
Il y avait de la marge entre ne rien faire et intervenir militairement au sein d'une coalition de pays volontaires, aux contours mal définis, aux buts incertains, aux moyens mal adaptés, aux objectifs si flous...
Où nous mène notre"chef de guerre" ?
Si Khadafi méritait une leçon, quid des autres leaders de pays arabes qui ne se comportent pas beaucoup mieux vis à vis de leur peuple? Y aurait-il des arabes meilleurs que d'autres?
Une ingérence à géométrie variable...qui ne peut que questionner: quels objectifs finaux sont en jeu? Question de pétrole, qui hante les USA, sans doute véritables inspirateurs de l'initiative française?
Pour Nicolas Sarkozy, la reconquête de l'opinion semble en tous cas une motivation puissante, à l'heure où son étoile décline...Mais l'opinion déjà s'inquiète.
La « furia » française fait-elle son dernier baroud d'honneur ?
Tout se passe comme s'il n'y avait pas de pilote dans la coalition anti-Kadhafi en Libye..
Cette guerre dans l'urgence fait désordre et engendre scepticisme et réticence au coeur même de l'Europe, qui montre une fois de plus son impuissance à s'unir en matière de politique étrangère.
L'engagement de l'Otan serait sans doute contre-productif et renforcerait les risques d'enlisement....le risque suprême.
Comment a-t-on pu oublier les désastres d'Irak et d'Afghanistan?
_____________
Point de vue:-Comprendre la guerre en Libye
- Un accelerateur puissant de la dislocation geopolitique mondiale_

lundi 21 mars 2011

RGPP en question

Vers un Etat low cost?

_La culture du résultat devient depuis quelques années le référence absolue, dans l'administration, l'école, la santé, (la sécurité?), les services publics en général, au détriment de la qualité et de l'équité.
Les normes de l'entreprise privée, essentiellement comptables, tendent à s'imposer dans des secteurs où la logique quantitative de la production et de la rentabilité ne peuvent être de mise, sous peine de les dénaturer.
Si des économies sont possibles et nécessaires, une meilleure organisation souhaitable, qu'en est-il de la finalité générale?

Au nom de la "modernisation" , de la "rationalisation", se préparent de simples mesures d'économie à courte vue et aussi l'ombre d'une privatisation qui ne dit pas son nom, dans l'esprit et la logique de l'AGCS. (Voir ICI)
Pour des résultats
discutés et discutables, et des régressions sociales
déjà bien visibles.
_________________"...Il est nécessaire de se demander si la motivation réelle de RGPP n’est pas de désorganiser le fonctionnement du secteur public tout entier, afin, à terme, de justifier son remplacement par des structures privées. Ce qui a été décrit ci-dessus pour les hôpitaux est aussi vrai pour l’enseignement ou la tentation d’inscrire son ou ses enfants dans le secteur privé, en regard des dysfonctionnements du secteur public que les réformes étouffent, pourrait devenir forte pour les familles qui en ont les moyens. Cette vision des objectifs de la RGPP cadre parfaitement avec de nombreuses directives européennes, qui ont pour seule finalité d’ouvrir à la concurrence l’intégralité́ des services publics, sociaux et locaux. La RGPP vise donc à favoriser l’abandon de la gestion publique de nombreux secteurs d’activité, en particulier de ceux qui possèdent une dimension sociale telle l’éducation, la recherche, où la santé. Cet abandon vient à la suite de l’abandon d’autres secteurs pour lesquels une puissance publique forte était garante du bon fonctionnement à un coût modéré, tels la production et la distribution d’électricité ou le transport ferroviaire. On voit dans le cadre de la SNCF et de RFF tous les dégâts qu’a engendrés la semi-privatisation du secteur et la gestion strictement financière de ce qui aurait dû rester un service public._Il serait faux de croire que cette privatisation ne pourrait concerner à terme les fonctions régaliennes de l’État. Le ras-le-bol actuel de la magistrature est à cet égard assez symptomatique du désengagement de ce secteur des gouvernements qui se sont succédé depuis 10 ans. Ce désengagement ne conduira pas à une privatisation de l’activité judiciaire, mais pourrait conduire à celle du système pénitentiaire. Par ailleurs, il sert les intérêts d’un gouvernement tel que celui de M. François Fillon, permettant au premier ministre et au Chef de l’État de désigner à la vindicte populaire des boucs émissaires (en l’occurrence les magistrats), et de justifier la mise en place régulière de nouvelles mesures « sécuritaires », sans à en avoir à évaluer leurs coûts, leur efficacité, ou leurs conséquences..."
La notion de service public est en danger

samedi 19 mars 2011

L'innommable

On voudrait comprendre...
Mais la pensée est vite paralysée, comme figée.
On aimerait capter à travers les images le sens du drame vécu, mais celles-ci, répétitives, nous renvoient déjà, l'émotion passée, à l'irréalité, à l'abstraction froide.

On essaie d'imaginer quel futur peut advenir, mais on se sent impuissant à le faire, Tchernobyl en tête.
Déjà la routine nous gagne et l'horreur tend à se banaliser.
On cherche ses mots et ceux-ci nous échappent ou nous trahissent.
Nous restons au bord du langage, impuissants et presque honteux d'être spectateurs.
Dire ce qui est descriptible, les dégâts naturels, nous le pouvons.
Mais nommer le mal qui frappe sans bruit, insidieusement, pour longtemps, produit de l'inconscience des hommes, le pouvons-nous?

"Qu’avions-nous rêvé de plus abominable, de plus terrifiant"...

_Comme dit un journaliste:"...Ce qui se passe au Japon : des reporters aguerris ne supportent pas cette menace invisible que représentent les radiations. La peur, l’angoisse prennent une autre forme, une intensité inhabituelle. Pas d’adrénaline, juste une appréhension interne profonde qui n’a ni forme, ni odeur, ni saveur. Juste quelque chose qui pénètre l’âme et le corps... C’est tout cela que ressentent confusément beaucoup des journalistes présents au Japon alors qu’ils étaient partis couvrir un fait comme un autre : une fois sur place, ils comprennent qu’il y a autre chose, indéfinissable et quasi impossible à nommer ; oui, c’est cela finalement les radiations qui se répandent représentent l’innommable. C’est aussi ce que commencent à ressentir les Japonais qui apparaissent dans les reportages : au delà des peurs du tremblement de terre, au delà de l’horreur du tsunami, il y a la terreur qui monte de ne pas savoir quand et comment on va être plongé dans la radioactivité : nul ne la voit arriver et même les chiffres qui défilent sur un dosimètre ne parlent pas à la conscience. C’est cela que vivent des millions de Japonais : l’arrivée d’une peur qu’ils croyaient avoir maîtrisé depuis Hiroshima. Pourtant, hier c’était la guerre alors qu’aujourd’hui, il parait que c’est la paix. "(CM Vadrot)
_Une peur qui a sa part d'irrationnel, qui ne relève plus des forces de la nature, provoquant la stupeur, mais de l'incurie des hommes, générant l'angoisse.
Prévisible, on finit par le savoir.
Fukushima résonnera-t-il comme Hiroshima, selon d'autres modalités?
Sommes-nous passés de la chimère à la démesure ?

vendredi 18 mars 2011

Europe: rien n'est réglé

Un accord problématique

Ou plutôt une nouvelle potion libérale allégée ?

La crise financière frappe de nouveau à la porte de l'Europe: "Pendant quelques semaines, les dirigeants européens ont feint de croire que la situation dans la zone euro était en voie de normalisation. Dans les faits, rien n'est réglé. Et les investisseurs et les créanciers s'inquiètent des atermoiements des pays européens.
Les pays de la zone euro doivent se retrouver vendredi 11 mars pour discuter du pacte de stabilité économique et financière, exigé par l'Allemagne, en contrepartie de l'augmentation du fonds de stabilité financière qu'elle est la première à financer. Loin de se rapprocher, les points de vue ne cessent de s'éloigner au fur et à mesure que la date de la réunion s'approche.

Pourtant, la Grèce, l'Irlande, le Portugal, sont plus que jamais en difficulté. Les taux de la dette grecque dépassent le seuil astronomique de 12%, ceux de l'Irlande sont toujours au-dessus de 8%. Mercredi, le gouvernement portugais doit trouver quelque 5 milliards d'euros sur les marchés pour se refinancer. Mais à quel taux? Le Portugal, qui n'a pas demandé à recourir au plan de sauvetage européen, a dû emprunter ces dernières semaines à 7,8%. Un niveau jugé insupportable pour une économie en récession et qui doit maintenant faire face à la flambée du pétrole...."
Le pacte de stabilité a failli

___D'autres politiques vraiment solidaires sont possibles:"...Jusqu'à présent les décisions et les projets évoqués n'ont même pas suffi à rassurer les marchés financiers. Mi-février 2011, les taux imposés par les marchés pour les titres à 10 ans étaient de 3,2 % pour l’Allemagne, 3,55 % pour la France, mais de 4,8 % pour l’Italie, 5,35 % pour l’Espagne, 7,45 % pour le Portugal, 9,1 % pour l’Irlande, 11,7% pour la Grèce. Les marchés financiers anticipent une cessation de paiement de ces derniers pays et certains opérateurs misent sur un scénario d’éclatement de la zone euro. Pour continuer (combien de temps ?) à honorer leur dette, les pays attaqués doivent supporter des taux d’intérêt élevés, adopter l'austérité budgétaire et réduire leurs salaires pour rétablir leur compétitivité. Cela les condamne à une longue période de stagnation et de chômage qui empêchera in fine une réelle réduction des déficits...
Nous sommes unanimes à penser qu’il faut réformer les traités européens pour réduire l’importance des marchés financiers, desserrer l’étreinte qu’ils font peser sur les peuples et construire une véritable solidarité entre les pays, qui repose sur la coopération et l’harmonisation dans le progrès.
Une première exigence pour affranchir les États de la tutelle des marchés financiers, est de garantir le rachat de titres publics par la BCE, si nécessaire. Les États doivent pouvoir se financer directement auprès de la Banque centrale européenne à bas taux d'intérêt. Il n’est pas supportable que les banques privées fassent des profits records en prêtant aux États à des taux prohibitifs alors qu’elles se financent à un taux très faible auprès de la BCE. Une deuxième nécessité est de reporter les coûts de la récession et les pertes des banques sur leurs actionnaires et sur les ménages les plus aisés. Il est inacceptable d'imposer le chômage, la précarité et les baisses de salaires pour préserver la finance. Les profits et les bonus records des banques en 2010 sont indécents. Les citoyens islandais ont montré la voie en refusant par référendum de payer pour les folies de leurs banques. Les Grecs et les Irlandais ont exprimé haut et fort leur refus de continuer dans cette voie. Il faut en changer. Une troisième urgence est de désarmer la spéculation qui continue à sévir contre la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne... "

-La pression s'accentue sur le Portugal
-Crise grecque: le grand concours de mensonges européen
-A Bruxelles, l'Europe admet l'échec de l'austérité grecque
-
Huit propositions urgentes pour une autre Europe

jeudi 17 mars 2011

Pauvre Mexique!

Evolution inquiétante


Le Mexique sombre (un peu plus) dans la violence

Le bilan est effrayant. Un des pays où l'on meurt le plus de mort violente.
Même si le touriste ne voit rien, de Monterrey à Merida.
Certains diront que la violence est inhérente à l'histoire du Mexique, depuis ses origines aztèques. Une hypothèse discutable, car combien de pays sont nés dans la violence et se sont apaisés avec le temps, les rencontres, les échanges, les brassages culturels?
Le fascinant et merveilleux Mexique est devenu une sorte de narcoétat , avec des ramificatio
ns et des complicités à tous les niveaux, même si c'est la zône frontalière avec les USA qui est la plus touchée (ce n'est pas un hasard), avec le Chiapas.
Le puissant voisin du nord n'est pas étranger à cette gangrène qui gagne, notamment depuis les accords Bush-Calderon. Les enlèvements contre rançon affectent de nombreuses villes du pays. Restera-t-il dans ce pays magnifique beaucoup de havres de paix dans quelques années?
Les métastases gagnent le corps social tout entier. La corruption atteint la plus haute administration, la police, l'armée, le sommet de l'Etat.
La violence semble être devenue "hors de contrôle".
La terreur silencieuse est si répandue qu'elle est devenue une manière de vivre en certains lieux.
Certains osent témoigner, comme certains écrivains ou certains journalistes
___Comme dit l'historien Alèssi Dell'Umbria,

"....Si le Mexique existe encore en 2110, il se souviendra que 2010 aura été l’une des années les plus sanglantes de toute son histoire. La « guerre au narcotrafic » aura fait à ce jour 34 000 morts, et près de la moitié ont été tués en 2010. Une grande partie de ces morts sont considérés comme dommages collatéraux.
_Faut-il dresser l’épouvantable comptabilité ? Le 22 octobre 2010, le journal
Reforma recensait 9 598 exécutions dans le pays depuis le 1er janvier. Mais l’addition augmente d’heure en heure ; ce même jour, 14 jeunes étaient tués dans une fête d’anniversaire à Ciudad Juarez, Chihuahua. Le 24, 13 jeunes en désintoxication étaient tués dans un centre de cure à Tijuana, Basse Californie. Le 28, des pistoleros attaquaient trois bus transportant le personnel d’une maquiladora de Ciudad Juarez, tuant cinq o
uvriers et en blessant quatorze. Le 30, 15 jeunes, dont onze en cure de désintoxication, étaient tués dans un carwash à Tepic, Nayarit. En janvier 2011 le porte-parole du cabinet de sécurité nationale a admis 13 593 exécutions pour toute cette année 2010. Ce qui ferait donc, en rapprochant ce chiffre de celui de la Reforma, 3 995 pour les seules dix dernières semaines de l’année…
_Ceux qui ne font que passer en direction des USA n’échappent pas davantage au danger. Ce sont les
Zetas qui, avec la complicité notoire de la pol
ice, contrôlent le racket des immigrants et exécutent les récalcitrants. Durant le même mois d’octobre 2010, une fosse était découverte à San Fernando, Tamaulipas, à une centaine de kilomètres de la frontière. Les cadavres de 72 immigrants d’Amérique centrale y avaient été entassés. On peut seulement supputer que cette fosse constituait un message…
_C’est que plus la frontière se rapproche, plus le danger se précise. La frontière n’est plus seulement une ligne de démarcation entre le
primer mundo et les autres, faite de murs et de barbelés. La frontière est devenue un rapport social, qui implique la violence – quiconque exploite la frontière en trafiquant doit contrôler les voies de passage, éliminer les concurrents et intimider les mauvais payeurs. La drogue, comme l’immigrant clandestin, sont deux marchandises qui démultiplient leur valeur du simple fait de passer la frontière. À un certain point, cependant, la balance commerciale entre les deux côtés tend à se stabiliser : si la drogue latino traverse la frontière dans un sens, les armes de fabrication yankee la traversent en sens inverse....

Le grand frère yankee, plutôt que d’assumer la « guerre au narcotrafic » à l’intérieur de ses propres frontières, préfère l’exporter au-delà. Histoire de neutraliser un pays qui constitue depuis 1994 une poudrière. Cela fait donc quatre ans que le Mexique tout entier, et plus spécialement le Nord, vit dans un état d’exception non déclaré. L’article 29 de la Constitution permettrait au pouvoir législatif de déclarer un tel état ; les généraux mexicains, gênés de n’avoir aucun cadre légal précis pour soutenir leur action, y seraient favorables. En réalité, la déclaration ne serait plus qu’une formalité juridique, dont le gouvernement peut aussi bien se dispenser. Le général Guillermo Galván, Secrétaire à la Défense nationale, a déclaré en janvier 2011 que la présence militaire dans les rues du pays va devoir durer encore dix ans. Le général regrette qu’il en soit ainsi, et suggère qu’une coopération plus étroite avec les USA pourrait raccourcir ce délais… Il se dit prêt à accepter toute proposition en ce sens. Ce petit chantage semble préparer le terrain à une présence militaire US sur le territoire mexicain, selon les dispositions appliquées en Colombie où, depuis 2009, une dizaine de bases américaines ont été installées en accord avec le gouvernement, au nom de la « lutte contre le narcotrafic et le terrorisme », ce dernier étant assimilé aux mouvements de guérilla. Amalgame sur lequel Hillary Clinton insiste lourdement en évoquant le spectre d’une narcoinsurgencia lors de ses déplacements dans la capitale mexicaine. Ajoutons que des milliers de soldats et d’officiers mexicains reçoivent périodiquement un entrainement militaire en Colombie....
Aujourd’hui, les narcos ne sont plus seulement des trafiquants de substances illicites. L’accumulation primitive qu’ils ont réalisée en si peu de temps leur permet de contrôler des secteurs entiers de la vie sociale, d’investir où ils veulent et de taxer qui ils veulent. Les narcos sont à présent un pouvoir qui a infiltré une société méthodiquement désarmée.
La force capable de les contrer ne viendra pas d’en haut, de l’État, mais d’en-bas, de communautés organisées et armées prêtes à défendre leur territoire. Le monopole de la violence qui caractérise l’État n’a au Mexique plus rien de légitime...
." (Alèssi DELL’UMBRIA, _Oaxaca janvier 2011.)

mercredi 16 mars 2011

Brader le royaume ?

GRANDE BRETAGNE A L’ENCAN ?

Une démocratie malade

_Malgré le rôle éminent de paradis fiscal que joue la City, le pays de Sa Gracieuse Majesté vit des heures difficiles.
L'austérité à l'anglaise est à l'ordre du jour depuis un certain temps. Le massacre continue.
La hache est tombée sur les pauvres. On renoue, plus rudement encore, avec les années Maggie, après la "parenthèse" T.Blair.
On assiste à une fin de cycle, une crise de confiance profonde.
___On avait proposé à la Grèce de vendre quelques îles pour payer ses dettes, elle a finalement cédé Le Pirée aux chinois.
______________Pourquoi ne pas vendre aussi les bijoux de famille, pour sortir d'une impasse où l'appétit des grandes banques, de la spéculation effrénée et à hauts risques, a placé le Royaume-Uni?
Heureusement, les joyaux de la Couronne ne seront pas vendus aux enchères _ Elisabeth devra tout de même se priver un peu (shocking!
)_, mais certains biens d'Etat pourront être bradés...
__"Quand on n’a plus d’argent pour payer ses dettes, on vent les bijoux de famille, n’est-ce pas ? Pourquoi alors l’Etat britannique ne ferait-il pas ce que les particuliers font d’eux-mêmes quand ils sont endettés ? C’est cette idée simple que, le lundi 7 mars, la chaîne publique Channel 4 a voulu expérimenter avec ses téléspectateurs, dans le cadre de l’émission Dispatches : « Selling off Britain » (littéralement : « vendre/liquider la Grande-Bretagne »).
__Rappelons le contexte : au mois de février dernier, le gouvernement Cameron a été contraint de renoncer à son projet de vendre au moins la moitié des 258 000 hectares de forêts du pays. Un projet mal ficelé (il est apparu que l’opération ne serait pas rentable pour le Trésor, rien de garantissait l’accès du public aux forêts privatisées, etc.), une mobilisation citoyenne massive (une pétition de plus de 500 000 signatures, des manifestations ponctuelles) et une opinion largement hostile à la vente du domaine forestier (84 % selon un sondage) ont eu raison de cette « folie » (selon le mot d’Ed Miliband, le leader travailliste).
__L’idée pourtant est dans l’air du temps – l’idée que, pour rétablir les comptes publics, le gouvernement pourrait vendre le patrimoine appartenant à l’Etat et aux collectivités locales. D’où le programme
« Selling off Britain » de Channel 4 : puisque les actifs publics sont estimés à 337 milliards de livres (de Buckingham Palace à Stonehenge en passant par les usines d’uranium), pourquoi ne pas en céder une partie pour réduire la dette publique de 867 milliards ? Cela permettrait de réduire les intérêts de cette dette et, par là même, le déficit budgétaire (un peu comme « réduire le montant de son emprunt immobilier permet de réduire son découvert », comme le précisait avant l’émission le présentateur Krishnan Guru-Murthy sur son blog). De nouvelles dépenses, plus propices à la croissance, pourraient alors être engagées…
______Nous avons (là) toutes les données pour comprendre l’impasse politique que connaît l’Angleterre : la gouvernance néolibérale du pays en est réduite à construire des « représentativités » ad hoc pour justifier une politique économique qu’une majorité de la population réprouve ; les médias dominants donnent un large écho à la colère publique – selon les canons du pluralisme démocratique dont ils prétendent être les garants – mais, dans le même temps, ils s’avèrent incapables de diffuser et d’articuler une critique radicale et cohérente du système ; le citoyen rumine sa frustration, et tire de son impuissance la conclusion que les élections sont une farce n’aboutissant qu’à une concentration accrue du pouvoir et des richesses. Nous sommes au point de rupture du légal et du légitime, mais sans discours alternatif audible. Bref, si le capitalisme anglo-saxon est à l’agonie, la démocratie britannique est également bien malade..."
(E.Quilgars)
____La France va-t-elle aussi s'engager dans cette voie?

mardi 15 mars 2011

Délocaliser: une fatalité?

Délocaliser ou mourir?

___Il n'y aurait pas d'autres alternatives...
Les délocalisations sont souvent présentées, si l'on en croit les porte-parole des grands groupes industriels, le discours officiel de l'OMC et l'esprit du Consensus de Washington, comme subies, inéluctables, conséquences d'une concurrence à l'échelle mondiale, obligeant des entreprises à chercher en d'autres lieux une main d'oeuvre meilleure marché pour produire à bas coût pour une plus grande compétitivité...
"Les délocalisations sont des atouts puisqu'elles permettent de créer de nouveaux emplois chez nous
», entend-on souvent
___La mondialisation serait-elle donc "heureuse?"
Ce cliché résiste-t-il à l'analyse?
Ce n'est pas l'avis d'Eric Laurent dans son dernier ouvrage.
Il existe un chantage à la délocalisation
"...Les délocalisations sont un très grave problème. A tel point que le 17 février, la Cour des comptes dans son dernier rapport se montrait sévère sur le soutien public, accordé aux entreprises exportatrices. Allant comme l'écrit le Moniteur du Commerce International : « (...) jusqu’à appeler à "la définition d’une politique d’internationalisation des entreprises tenant compte de ses conséquences en termes d’emplois", une manière d’inciter les pouvoirs publics à ne pas favoriser des délocalisations via leurs soutiens (...)» On pourrait également évoquer l'information de l'Auto Journal n°824 du 10 mars 2011 qui indiquait en page 32 que : « (...) PSA et Renault n'ont produit que 29,7% de leurs automobiles sur le sol français en 2010 (...) » A noter que si Peugeot affiche 37,2% et Citroën 36,8% de véhicules assemblés en France, Renault dont l'état est toujours actionnaire n'en a produit que ... 26,4% !
C'est dans ce contexte que, le livre d'Eric Laurent Le scandale des délocalisations, vient opposer la réalité du terrain, aux propos d'économistes libéraux nous expliquant que «
les délocalisations sont des atouts puisqu'elles permettent de créer de nouveaux emplois chez nous »... L’ampleur des délocalisations constitue le scandale politico économique probablement le mieux dissimulé à l’opinion, en Europe et aux États Unis. Alors que la France est le pays européen qui se désindustrialise le plus vite, que son secteur des services et lui aussi touché de plein fouet par ce phénomène, il n’existe depuis 2005 aucun rapport officiel, aucune évaluation publique sur la grandeur de ce processus en cours, qui s’est d’ailleurs accéléré depuis la crise de 2008. Les économistes, comme d’ailleurs tous les experts ont tendance à corroborer avant tout une pensée dominante, celle d’une « mondialisation heureuse » où il n’y aurait que des gagnants. Ils font le choix de l’illusion au détriment de la réalité, alors qu’il faudrait au contraire dissiper l’illusion pour maîtriser la réalité. Et cette réalité, en France, en Europe et aux États Unis est angoissante : la liste des perdants, ou plutôt des vaincus de la mondialisation qui ont vu leurs emplois dévalorisés, ne cesse de s’allonger, alors que celle des gagnants se ramène en tout et pour tout en trois catégories : les dirigeants des entreprises qui délocalisent, leurs actionnaires et les pays émergents qui bénéficient non seulement des emplois délocalisés mais aussi les transferts de technologie qui les accompagnent....
Pendant des années, nous avons observé, fascinés, la montée en puissance de l’Asie, pour découvrir tardivement qu’elle était, due à notre aide involontaire. En « exportant » ( l’Europe et les États Unis), nous avons crée les conditions de notre dépendance. Les « bienfaits du libre échange » défendus par les libéraux constituent le credo plus totalement erroné. La Chine et l’Inde sont, elles, les économies ouvertes pratiquant le dite échange ? La réponse est clairement non. L’accès à leur marché est délicat, limité, et leurs entraves visent à renforcer leurs champions nationaux qui deviennent déjà concurrentiels sur la scène mondiale. Le résultat est édifiant : le déficit commercial de l’Union Européenne avec la Chine atteignait en 2009 le montant de 169 milliards de dollars et ne cesse de s’accentuer. Par contre la Chine exporte ou s’installe sans entraves sur le marché européen.
Dans un tel contexte, imaginer que nous pourrions rester des pays de « services » témoigne d’un aveuglement sans nom. Nous ne sommes plus en mesure de décider de notre avenir et croire que nous pourrions encore imposer une division du travail qui prolongerait notre domination relève de la stupidité. Les faits sont là : à compétence équivalentes, un informaticien indien est payé 1/5 e du salaire de son homologue européen ou nord américain, selon Alan Blinder, professeur à Princeton et ancien président du bureau des gouverneurs de la Réserve Fédérale, 28 des 42 millions d’emplois dans le secteur des services américains sont « susceptibles d’être délocalisés » et il semblerait que cette nouvelle vague de délocalisation soit si importante et rapide que les sociétés occidentales éprouvent de grandes difficultés d’ajustement. Pour lui, et je partage son opinion, à l’avenir la distinction cruciale ne sera plus entre travailleur hautement qualifié et les autres, mais entre ceux dont l’emploi peut être délocalisé et ceux qui ne courent aucun risque...."

____Il est urgent de repenser les délocalisations, d'aller dans le sens d'un protectionisme européen raisonné, comme le pensait M.Allais et d'autres aujourd'hui, notamment E.Todd.

lundi 14 mars 2011

Japon: nucléaire en question


Nucléaire civil: une impasse?

(Jalons pour un débat)

____________Japon: la catastrophe nucléaire avait été prévue


« A moins que des mesures radicales ne soient prises pour réduire la vulnérabilité des centrales aux tremblements de terre, le Japon pourrait vivre une vraie catastrophe nucléaire dans un futur proche. » Cet avertissement est tiré d'un article paru le 11 août 2007 dans le quotidien International Herald Tribune/Asahi Shimbun (l'article est à lire ici). Son auteur est le sismologue Ishibashi Katsuhiko, professeur à l'université de Kobe (sa biographie est à lire ici).
_Ishibashi Katsuhiko faisait partie du comité d'experts chargé d'établir les normes sismiques des centrales nucléaires japonaises. Il en avait démissionné pour protester contre la position du comité. Il estimait que les recommandations fixées par le comité étaient beaucoup trop laxistes._En d'autres termes, le professeur Katsuhiko avait prévu ce qui est en train de se produire à la centrale de Fukushima. Il avait prévenu les autorités de son pays que les centrales japonaises souffraient d'une
«vulnérabilité fondamentale» aux séismes. Mais ses avertissements ont été ignorés tant par le gouvernement que par Tepco (Tokyo Electric Power Company), premier producteur privé mondial d'électricité, qui exploite un tiers des centrales nucléaires japonaises, dont celle de Fukushima...
.
L'une des raisons pour lesquelles les centrales japonaises sont vulnérables aux séismes est qu'elles ont été construites pendant une période où il s'est trouvé que l'activité sismique était relativement faible - du moins pour le Japon. On s'est basé sur cette activité pour définir la résistance anti-sismique des installations nucléaires, et on en a construit 55, ce qui fait du Japon le troisième producteur mondial d'électricité nucléaire.

_Or, à partir de 1995 et du grand tremblement de terre qui a dévasté la ville de Kobe, il y a eu un regain d'activité sismique sur l'archipel. Il aurait été donc nécessaire de revoir à la hausse la protection anti-sismique des centrales. Pour Katsuhiko, les centrales qui ne pouvaient pas être suffisamment sécurisées devaient être fermées. Cela n'a pas été fait. Et Tepco n'a pas pris en compte les failles sismiques sous-marines, notamment dans la zone de Kashiwazaki-Kariwa. Le risque lié aux tremblements de terre a été systématiquement sous-estimé, aussi bien par les experts nationaux de la sûreté nucléaire que par l'industriel._Au demeurant, Tepco n'en est pas à son premier manquement en matière de sécurité. En 2002, l'entreprise a été au centre d'un scandale après avoir falsifié des documents d'inspection pour dissimuler des problèmes survenus sur certains de ses réacteurs. Le PDG, le vice-président et le président du conseil d'administration durent démissionner en chœur. La falsification concernait au moins trois incidents qui affectaient déjà les centrales de Fukushima et de Kashiwazaki-Kariwa...
" (Mediapart)
_____________La part d'ombre de la filière nucléaire japonaise
Les centrales japonaises, «un problème sérieux» pour l'AEIA:L'Agence internationale de l'énergie atomique avait dénoncé en 2009 l'obsolescence des critères de sécurité nippons

____Opacité ou transparence?
Nucléaire japonais : la réalité explosive des privatisations en France
Japon: nouvelle déconvenue pour l'énergie nucléaire
Coup de semonce pour l'énergie nucléaire mondiale
Comment la catastrophe japonaise menace le nucléaire français
Réouvrir le débat en France
__L'énergie nucléaire en France: un dossier spécial de Mediapart
Des choix différents
Au Japon, le séisme déclenche l'alerte nucléaire

« C'est le sauve-qui-peut »

Il est plus facile de construire une centrale nucléaire que de la démanteler
EPR: un fiasco industriel?
Soutiers du nucléaire
Nucléaire français: retrouver l'esprit de service public
EDF: privatisation en vue
EDF :déréglementations
Nucléaire: RAS?

dimanche 13 mars 2011

Tremblement et stupeur

De Lisbonne à Tokyo

Deux puissances frappées au coeur


__I° novembre 1755: Lisbonne est détruite par un tremblement de terre suivi d'un tsunami puissant, qui affecte une bonne partie des côtes atlantiques. Lisbonne, la grande puissance coloniale, est touchée au coeur. Un jour de la Toussaint, où nombre d'églises ne résistent pas.
Un choc considérable sur les esprits partout en Europe où la nouvelle s'étend très vite. Personne n'a alors en mémoire une catastrophe d'une telle ampleur.
Un tsunami dans le débats théologiques et philosophiques de l'époque
.
_______"Le tremble
ment de terre eut une forte influence sur de nombreux penseurs européens de l’époque des Lumières. Plusieurs d’entre eux mentionnèrent ou firent allusion à cet événement dans leurs écrits, notamment Voltaire dans Candide ou dans son poème sur le désastre de Lisbonne. Le caractère arbitraire avec lequel les personnes mouraient ou survivaient fut souligné par Voltaire dans la critique du meilleur des mondes possibles qui l’opposait à Leibniz. Comme l’a écrit Theodor Adorno en 1966, « le tremblement de terre de Lisbonne suffit à guérir Voltaire de la théodicée de Leibniz » (Dialectiques Négatives, 361). Une violente controverse s'est d'ailleurs déroulée entre Voltaire et Rousseau au sujet de l'optimisme et de la question du mal sur la Terre, un thème qui suscitait de nombreux débats entre théologiens, philosophes et savants au XVIIIe siècle. D’autres auteurs du XXe siècle, à la suite d’Adorno, ont rapproché cette catastrophe de l’Holocauste, en ce sens que les deux événements ont eu un impact suffisamment bouleversant pour transformer la culture et la philosophie européennes." (Wiki)
_Le poème sur le désastre de Lisbonne eut une importance considérable, en s'inscrivant dans le débat sur les Lumières, où la religion officielle voit sa puissance contestée, la foi fragilisée. La remise en question du dogme de la Providence, de la bonté divine gagne les esprits les plus éclairés, ce qui ne sera pas sans conséquences sur l'ébranlement futur des pouvoirs de droit divin.
Puissance et fragilité des hommes et des empires . Une nature aveugle qui suit des propres lois, sans égard pour le sort de hommes, favorisés ou déshérités. Réaction tardive et dérisoire des hommes, qui sont rappelés à leur condition, mais aussi à leurs erreurs.


_Tokyo: Mars 2011

A Lisbonne, on ne savait pas, on n'avait pas d'archives et la probabilité du désastre était faible. Au Japon, superéquipé, supercontrôlé, supersismographié, on pouvait anticiper/imaginer théoriquement le pire scénario
Le "Big One"? Peut-être. Un record absolu en tous cas dans l'archipel, si on se réfère aux archives disponibles.

La technologie des constructions a permis d'éviter le pire en milieu urbain.
"En 1923 s'était manifesté le précédant séisme géant, qui rasa une bonne partie de la capitale nipponne et provoqua la mort ou la disparition de quelque 140.000 personnes (en raison notamment des incendies dans une métropole alors construite surtout en bois puis des massacres expiatoires visant Coréens et Chinois). Penser à relire l'hallucinant témoignage de Paul Claudel, alors ambassadeur de France à Tokyo, parti à pied vers Yokohama à travers la ville dévastée...( Mediapart)
__Une des premières puissance technologiques du monde est ébranlée par un événement qui n'est qu'un effet "prévisible" d'un jeu de plaques, d'un banal événement géologique, d'une planète qui suit son cours et qui en remettra une couche, ici ou ailleurs...

_Au Japon, nul débat théologique, mais une crise profonde va sans doute s'ouvrir: crise politique vis à vis de certains choix énergétiques, crise économique (la reconstruction s'annonce gigantesque et longue), crise morale (même si les Japonais en ont vu d'autres), remises en question technologiques (le débat sur le nucléaire n'est pas nouveau). Comment a-t-on pu miser autant sur le nucléaire dans un pays que l'on savait perpétuellement menacé? Oublierons-nous de si tôt
Fukushima?

__Philosophiquement, c'est , une fois de plus, la disproportion qui frappe l'esprit des hommes: faiblesse de l'humanité, malgré sa puissance prométhéenne, le potentiel de ses moyens, puissance d'une nature qui peut réveiller des forces inimaginables et trahir nos meilleurs calculs.
L'esprit japonais peut composer avec la souffrance, mais dans certaines limites seulement.
Des larmes pour le Japon, on le comprend, même si l'on s'épanche moins quand un tel événement se produit au Pakistan et si l'on oublie les cicatrices encore béantes de Port-au-Prince.
_______Un internaute disait en termes simples la complexité et l'ambivalence des sentiments qui nous animent en de telles circonstances:

"...Chaque événement de ce type nous ramène à notre pauvre impuissance, et à des choses plus obscures, indéfinissables, quasi animales. Cela nous fait relativiser un temps nos petits problèmes, nos querelles ridicules. Toutes ces maisons et ces trains emportés comme fétus de paille nous laissent abasourdis, tétanisés par la réalité brute et sauvage de la vie, par l’absurdité du destin. Survient la satisfaction d’avoir été épargnés, d’avoir été du bon coté de barrière. Que nous refoulons bien vite, comme ces miasmes qui nous agitent parfois l’intestin. Nous compensons notre culpabilité par une compassion de bon aloi. Puis, au delà des mots, nous rêvons tout à coup à cette véritable communauté humaine qu’il faudrait réaliser, et qui se révèle tout à coup.. L’aide massive des uns et des autres. Le partage des richesses. De vrais économies solidaires, et non prédatrices. Il semble bien qu’on ne s’en sortira pas sans ça. Car c’est sous nos pieds demain que la terre tremblera. Les failles sismiques se moquent bien de nos pauvres frontières, de nos querelles de religion et de clocher, et nous font réaliser que la terre n’est qu’un organisme global, et que l’on ferait bien de s’en apercevoir au plus vite. Indécence totale : Les chroniqueurs radio parlant d’emblée de la chute de bourse à Tokyo ! "
________________
-Le nucléaire au Japon: histoire d'un long désamour
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Article paru dans Agoravox

samedi 12 mars 2011

Notre pain quotidien

Ou notre poison quotidien?...

Vous reprendrez bien encore un peu de pesticides...

Le pain est notre quotidien, même s'il a perdu son importance dans notre alimentation

Peut-on encore dire: bon comme du bon pain?
Mais il n'y a pas que la pain...

_______Après Le monde selon Monsanto, Marie-Monique Robin récidive: fille d'agriculteur, connaissant les effets sournois de l'utilisation à haute dose des produits phytosanitaires (développement inquiétant des cancers de la prostate, notamment), elle continue à explorer méthodiquement les conséquences des dérives de l'agrobusines, du point de vue sanitaire surtout.
Issue du monde rural, elle a pu observer, comme bien d'autres, ces paysans malades du progrès
__Une question de fond est posée, que se pose aussi un nombre croissant d'exploitants agricoles lucides: faudra-t-il que le monde agricole change ses méthodes et ses techniques hyperproductivistes
"lorsque l'espérance de vie baissera…"?
L'objectif d'une telle l'agriculture , où la qualité est sacrifiée aux dépens de la qualité, a un objectif depuis des décennies: sortir de la pénurie d'après-guerre, ouvrir les marchés, exporter, pouvoir nourrir un nombre croissant d'hommes sur terre, mécaniser au maximum pour libérer une main d'oeuvre disponible pour l'industrie et les services, etc.... D'où la nécessité de standardiser méthodes, normes, machines et produits et d'utiliser massivement des pesticides, herbicides,etc... pour de meilleurs rendements et d'appréciables économies de main d'oeuvre.
Les effets à long terme des
pesticides sont maintenant mieux connus.
Pourra-t-on nourrir le monde, sans pesticides, 9 milliards d’humains en 2050 ?
E. Pisani pensait que oui , mais il réfléchissait dans le cadre de l'agriculture des années 70, sans connaître ses effets pervers et la logique commerciale de l'OMC, qui affaiblit les cultures vivrières, en les soumettant brutalement à la concurrence..
Aujourd'hui, on en doute et on ne souhaite plus poursuivre la logique d'antan.
"...
Nous n'avons pas le choix, il faut encourager l'agriculture biologique, manger bio, cuisiner des produits frais, éviter au maximum les plats préparés vendus dans les supermarchés et introduire dans son alimentation des produits simples comme le curcumin, qui sont des anti-inflammatoires naturels corrigeant les défauts et excès de la malbouffe..."(MO Robin)
Ca ne mange pas de pain...

vendredi 11 mars 2011

Inventer des maladies.....

...Pour vendre des médicaments!
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"Ca vous chatouille ou ça vous gratouille?..." (Knock) __-J.Romains-_
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Vivent les médicaments, qui ont changé la vie des hommes depuis plus d'un siècle.!
Des médicaments, oui, mais pas trop, et judicieusement choisis et administrés.
La connaissance médicale est encore bien imparfaite, bien empirique.
Bien utiles les médicaments. Que ferions-nous sans anesthésiants, analgésiques, antibiotiques, anti-diurétiques, anti-inflammatoires, antihistaminiques, anti-hypertenseurs, antipyrétiques, antiviraux , etc.. ? La liste s'allonge toujours, au rythme de la recherche médicale.


__Le problème est que l'on peut et doit s'interroger, au stade actuel de la recherche
: quels progrès peut-on encore attendre en matière pharmaceutique, à l'heure où la recherche plafonne, n'innove plus guère, au sein des grandes firmes dont le profit semble être devenu le moteur essentiel, à l'échelle planétaire?
Combien de faux nouveaux médicaments, de produits redondants, faussement innovants, souvent inutiles ou parfois hâtivement et dangereusement mis sur le marché? Une surconsommation (bien française) programmée par des intérêts privés, pour qui le remboursement est une manne, un horizon infini de profits. Les médecins suivent bien souvent cette logique, parfois sans le savoir ou sans voir l'ampleur du problème.
Ce n'est pas un scoop: les labos ne sont pas des bonnes oeuvres d'abord soucieuses de la santé des malades. Il arrive que les médicaments soient efficaces (ça arrive heureusement, pour un petit nombre d'entre eux, assez bien maîtrisés).
Les récents scandales, sur le Mediator, par exemple, en attendant d'autres (sur les statines, marché immense ?) nous rappellent que le contrôle public fait défaut sur une industrie qui ne devrait pas être tout à fait comme une autre . Les labos pharmaceutiques sont à l'affût des bonnes affaires et pratique un lobbying intense.
La psychiatrie, notamment, est sous influence comme jamais.


_Mercredi soir, sur Planète, était diffusé un document intéressant sur le nouveau jackpot pour des labos. (_A voir ICI_)
___On suit un discours parfois hallucinant, avec des exemples et des témoignages précis.
Sous l'influence des modes américaines, l'industrie pharmaceutique en vient à créer de nouveaux troubles et de nouvelles "maladies", pour justifier la mise sur la marché des molécules d'un nouveau genre, afin de les imposer in fine par d'intenses campagnes de promotion-séduction auprès des praticiens.

C'est ainsi qu'on tend à tout pathologiser, qu'une panne sexuelle des plus banales prendra des allures de grave problème à traiter, qu'un "pétage de plomb" occasionnnel donnera lieu à une prescription particulière, que la liste des phobies s'allonge à l'infini.
Un bel avenir pour de nouveaux produits, à l'époque où l'on pathologise tout et où le moindre inconfort , ou la moindre frustration tend à devenir préoccupation médicale!... Dérive d'une médecine US qui ne vise plus que l'organique, qui tronçonne l'individu en secteurs et en problèmes, qui fait une approche exclusivement organiciste et mercantile de la maladie.

_Un document qu'il faudrait diffuser souvent, à un large public, mais prioritairement dans le monde médical pas ou peu concerné par la nature de certains produits qu'il est amené à diffuser, plus ou moins conditionné par une publicité qui n'a rien de neutre.
Des
maladies imaginaires, vraiment.
A l'heure où l'AFSSAPS est en pleine restructuration, il est à souhaiter que cette institution joue enfin un rôle pleinement indépendant, concernant les autorisations de mises sur le marché et la neutralité des experts, la formation médicale, pour éviter les conflits d'intérêts nuisibles à une gestion rationnelle et efficace des deniers publics, pour une santé appréhendée autrement que sous l'angle des intérêts des "médicamenteurs".

jeudi 10 mars 2011

Pouvoir de Wall Street


Une petite rue au sud de Manhattan.
Devenue le centre de la finance new-yorkaise, le coeur de la puissance de l'argent aux USA et de ses ramifications mondiales.
Une puissance que l'on aurait pu penser en déclin ou mieux contrôlée, après le dernier séisme bancaire.


______Or, le pouvoir de Wall Street est toujours aussi fort
On pourrait même dire qu'il s'est renforcé, par concentrations successives, et qu'il s'est légitimé, puisqu'il a des conseillers à la Maison Blanche. Goldman Sachs est une des banques les plus influentes.

"Alors que l’État américain s’est désengagé du capital de Citigroup, qu’il avait sauvée de la faillite en novembre 2008 , et que Barack Obama a récemment choisi pour directeur de cabinet un ancien directeur de la banque JP Morgan , les perspectives d’un changement radical en matière de régulation financière et d’une gouvernance moins favorable aux grandes banques semblent s’être définitivement éloignées."
"...À cause du conflit d’intérêts extrêmement fort existant entre les technocrates de Washington et (treize) grandes banques d’investissement américaines... L’importance systémique de ces banques fait qu’elles disposent désormais d’une garantie explicite de l’État contre la faillite, leur permettant de se financer à des taux d’intérêt injustement faibles et de prendre des risques inconsidérés. Ce faisant, elles peuvent dès aujourd’hui engendrer de larges profits que se partageront les banquiers et leurs actionnaires jusqu’à la prochaine crise, lorsque le gouvernement sera à nouveau obligé de venir au secours de la finance – s’il en a encore les moyens. Il faut donc intervenir pour mettre fin à cette situation inacceptable en limitant la taille des banques, et par là leur importance systémique ainsi que leur influence politique, nous disent Johnson et Kwak.
Pour les auteurs de 13 Bankers, les conflits d’intérêts entre la finance et le pouvoir politique se retrouvent à trois niveaux. D’abord, les banques contribuent au financement des campagnes politiques : ainsi en 2006, les partis politiques ont reçu 260 millions de dollars du secteur financier, bien plus que n’importe quel autre secteur (p. 90). Et les contributions les plus généreuses sont apportées aux élus en charge de la régulation financière, comme Christopher Dodd et Barney Frank. Ensuite, Washington a tendance à placer aux positions clés des anciens de certaines grandes banques de Wall Street, officiellement parce que la finance est devenue si complexe que seuls des initiés peuvent la comprendre. Les exemples les plus connus sont ceux des anciens directeurs de Goldman Sachs, Robert Rubin et Hank Paulson. Le premier a notamment eu une importance capitale dans la décision du Congrès, en 2000, de ne pas réguler les marchés de produits dérivés, ce qui aurait contraint les activités de Wall Street (p. 9). Le second était aux commandes pendant toute la crise financière et a notamment décidé de recapitaliser les banques en des termes très avantageux pour elles (p. 154). 13 Bankers cite encore bien d’autres exemples de va-et-vient de personnel entre Wall Street et Washington (p. 95). Enfin, ce qui est plus diffus et peut-être plus dangereux, le gouvernement a progressivement adopté l’idéologie de Wall Street, selon laquelle l’innovation financière est forcé
ment une bonne chose, et selon laquelle ce qui est dans l’intérêt des banques est aussi dans l’intérêt du peuple américain. En bref, comme le soulignent les auteurs, le régulateur a été « capturé » (captured) par l’industrie qu’il régule, comme le prévoit la théorie de la régulation développée par George Stigler..."
_______________Pouvoir et finance sont donc toujours main dans la main aux USA, ce qui n'augure rien de bon pour l'avenir et les futures crises en gestation, car, s'il y eu des corrections, ce ne fut qu'à la marge et de manière symbolique.
Officiellement,WSt n'est même pour rien dans la crise!...
Innocenter à ce point la cause des maux financiers dont les effets sont encore bien visibles de par le monde, il fallait le faire!...
Place donc à une nouvelle euphorie, au dopage financier: les bonus records sont de retour. Même si les données macroéconomiques, l'économie réelle, amènent régulièrement à faire plonger W.St. dans le rouge.
Mais le quartier des affaires fonctionne "hors-sol"...Depuis
Clinton et ses dérégulations.
Rien n'a fondamentalement changé.
A l'époque des transactions instantanées, planétaires, hautement spéculatives, prédatrices, l'argent ne dort jamais...
Dormez tranquilles, braves gens!