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dimanche 30 janvier 2011

USA: épine égyptienne

Un air de liberté souffle en Méditerranée

______USA dans l'embarras

__Il se passe quelque chose sur les bords du Nil.
Effet tunisien? Oui et non.
Le Caire n'est pas Tunis.
Un bouleversement dont il est encore difficile d'apprécier l'ampleur réelle, le devenir, l'issue.
« Je n'avais jamais rien connu comme ce que j'ai vu mardi. On présente les Égyptiens comme des gens passifs, mais maintenant qu'ils sont descendus dans la rue, cela signifie que le cycle de la peur a été brisé. » dit Hisham Kassem, militant égyptien des droits de l'homme, cité par le Daily Telegraph
Un mur tombe en tout cas. Une page d'histoire s'ouvre sous nos yeux.
Un défi à la peur, malgré la répression, la difficulté à se fédérer.

«L’Egypte est à l’aube d’un grand changement», pense l'écrivain Alaa El Aswany (1) . Ce peut être l'ouverture vers de grandes avancées ou le risque d'une régression terrible. Un tel régime aux abois est capable de tout. Le pire est possible, mais de moins en moins probable... L'armée égyptienne reste une institution puissante, même économiquement. Elle est divisée, mais déterminée.
__
Les Frères musulmans , décimés, divisés, en crise, ont encore apparemment la possibilité de resurgir de l'ombre, plus forts que jamais. La misère sociale, qui a contribué à leur succès, ne régressera pas de si tôt.
___Un volcan prêt à exploser depuis longtemps.
Un pouvoir autocratique. Une corruption généralisée. Une pauvreté endémique. Une situation de crise aigüe . Un pays des ventres vides. Un important chômage au coeur de la crise alimentaire.
Une situation de flambée des prix, qui a sûrement été l'élément déclencheur, avec l'exemple tunisien. "On a touché le fond" répètent beaucoup d'Egyptiens.
Des effets sensibles dans certains pays voisins .Le monde arabe semble défier le mur de la peur .

_________Mais les USA veillent. Des partenaires pas comme les autres
.
Hier soir, Obama a utilisé la langue de bois en invitant Moubarak à le retenue, mais en évitant les questions qui fâchent...Son équipe s'empêtre en Egypte.
Les États-Unis sont de plus en plus inquiets . C'est que, pour l'oncle Sam, ce pays a une haute importance géostratégique au Moyen Orient. Depuis Sadate, la diplomatie égyptienne a versé du côté de Washington, ce qui lui a valu reconnaissance et dollars. En échange de la "stabilité" assurée à tout prix, de la lutte antiislamiste, de l'appui au voisin israëlien, elle n'a pas ménagé son aide.
Mais ce n'est pas sans contradiction...
__Les USA semblent décidés à lâcher leur "salaud" selon l'expression peu diplomatique utilisée, selon certaines sources:
_"...La CIA possède depuis longtemps un dicton pour certains des personnages les moins ragoûtants qu'elle soutient, dictateurs ou sources troubles : « C'est un salaud. Mais c'est notre salaud. » Les Etats-Unis sont ces jours-ci confrontés à la délicate position de savoir s'ils doivent continuer à soutenir « leur » salaud en Egypte, le président Hosni Moubarak.
__Depuis trente ans, celui-ci a toujours donné tous les gages que Washington attend de lui : relations apaisées avec Israël, musèlement des islamistes, toujours prêt à accueillir un sommet international de crise (Charm El-Cheikh a probablement vu défiler plus de diplomates qu'aucune autre station balnéaire dans le monde) et les vols secrets de la CIA pour « interroger » les prisonniers difficiles... En retour Moubarak a bénéficié des largesses du Trésor fédéral américain : 1,3 milliard de dollars d'aide militaire directe par an et 28 milliards de dollars d'aide au développement depuis 1975.
_Longtemps le second bénéficiaire des fonds de l'Oncle Sam derrière Israël, l'Egypte a été relé
guée au quatrième rang, non parce que le pays est devenu moins proche, mais parce que d'autres « alliés » turbulents lui ont grillé la politesse (l'Afghanistan et le Pakistan). Ainsi, comme le confie anonymement un ancien diplomate américain travaillant désormais dans le privé : « Si l'armée égyptienne décide de tirer sur la foule pour soutenir le régime, elle le fera avec des fusils et des balles américaines... »
___________-Wikileaks nous apprend des choses que nous ne soupçonnions pas sur le double jeu de Washington. Les USA appellent aujourd'hui à "une transition en bon ordre"
_"..."Washington sait que les opinions arabes lui sont massivement hostiles. Mais dans le même temps, nombre de diplomates américains, sont conscients du fait que c'est justement cet appui aux régimes répressifs qui est à la source de cet anti-américanisme. Il suffit de se plonger dans les câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks pour se rendre compte que les émissaires américains n'ont pas des œillères sur les yeux en permanence._« Il existe, au sein Département d'État, un certain nombre de diplomates qui sont convaincus que beaucoup de régimes arabes ne peuvent plus tenir par la force, parce qu'ils sont corrompus et qu'ils nient les aspirations de leur jeunesse », explique l'ancien du State Department. « Par conséquent, ils estiment qu'il faut commencer à s'en désolidariser et à appuyer les mouvements de réformes, quitte à lâcher nos alliés habituels. » (Mediapart)
_________________Israël, qu'il soutient et finance, craint d'être plus isolé si le régime égyptien tombe. Les pressions de Tel Aviv risquent d'être très fortes, malgré un attentisme diplomatique.
L'armée soutient le chef d'Etat, qui est issu de ses rangs, mais ne veut pas que le fils succède au père.
-L'effacement du père, s'il a lieu, ne se fera pas en douceur, même si Obama le pousse doucement vers la porte. Mais il fait de la résistance, par une diverson qui ne convaincra pas la masse des Egyptiens. Une chance pour Baradei ?
Le successeur éventuel devra être capable de poser les bases d'une démocratie naissante, en déjouant les provocations, en évitant le chaos. Que fera l'armée?
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Égypte | Dossier d'actualité
L'Egypte à la croisée des chemins

Quand la France formait la police égyptienne de Moubarak
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Article repris dans Agoravox

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