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mardi 23 novembre 2010

Repenser la psychiatrie

Un monde sans fous ?

_Dérives de la psychiatrie



On savait la psychiatrie en crise.
La diffusion d'un documentaire hier soir sur LCP vient confirmer le triste état actuel de la psychiatrie en France, qui fut naguère une sorte de modèle.

La fermeture de nombreux lits n'a pas été suivie d'une adaptation responsable des soins de la souffrance psychique sous toutes ses formes.. Le saccage de la psychiatrie continue.
_Beaucoup de personnes en détresse psychologique se trouvent souvent ballotées entre centre de soins (ceux qui restent), l'errance dangereuse, les centres d'accueil et...la prison, faute de diagnostic en temps voulu et de prise en charge adaptée .«On juge des gens et on s'aperçoit, une fois qu'ils sont arrivés en détention, qu'ils ont des maladies mentales», résume le vice-président du tribunal de grande instance de Paris.
-Prison qui est devenue un vaste centre de psychiatrie, où la promiscuité, l'isolement, la non prise en charge individuelle ne peuvent qu'aggraver les symptômes.
_______________"La prison est devenue un asile psychiatrique. Un prisonnier sur cinq souffrirait de troubles mentaux. Catherine Herszberg a donc choisi d'aller enquêter là où échouent ceux qui n'ont plus de place nulle part, ni à l'hôpital ni ailleurs. De décembre 2005 à avril 2006, elle a accompagné l'équipe psychiatrique de la prison de Fresnes. Introduite et guidée par Christiane de Beaurepaire, chef du service, elle a suivi les prisonniers, les malades, les soignants, les surveillants. Elle a circulé partout, écouté, regardé, interrogé les uns et les autres, et a rapporté de ce voyage des histoires. Des histoires de fous. Des fous que les prisons de France se refilent comme des " patates chaudes ". Des fous qui échouent de plus en plus souvent au mitard. Des fous qui, au fond de leur cellule, s'enfoncent chaque jour davantage dans la maladie mentale. Des fous trop fous pour les hôpitaux psychiatriques qui, faute de moyens, ne peuvent plus les accueillir. De ce séjour dans un recoin obscur de notre société, l'auteur revient avec des questions. Criminaliser la maladie mentale, c'est faire un prodigieux bond en arrière. Pourquoi cette régression ? Que penser d'une société qui enferme derrière des murs ses pauvres, ses marginaux, ses malades mentaux ? Si l'on juge de l'état d'une civilisation au sort qu'elle réserve à ses marges, alors la nôtre va mal. "

____La psychiatrie se déshumanise de plus en plus. Deux raisons: des coupes sombres dans les budgets, qui ont fait éclater les centres de soin traditionnels, réduit le personnel, de moins en moins bien formé. L'influence grandissante de la psychiatrie anglo-saxonne, basée sur une approche quasi-exclusivement orientée par une certain nombre de dogmes de type étroitement scientiste, génético-biologique, comportementaliste, qui sacrifient l'accompagnement personnalisé des "sujets" en souffrance pour des raisons éducatives, sociales (la souffrance au travail, les effets d'un chômage brutal, par ex). Accompagnement qui demande du temps, des moyens,une formation, des échanges, un travail d'équipe, où les méthodes psychanalytiques ont leur rôle à jouer.
La psychiatrie a besoin de moyens, de visites à domicile, pas seulement de médicaments. La gestion technocratique des "malades" s'affirme de plus en plus, avec notamment la notion de traçabilité des protocoles, qui laisse augurer un contrôle généralisé de toutes formes de déviance. La psychiatrie tombe de plus en plus sous la coupe des firmes pharmaceutiques, de leurs propres modes de classement, de leurs protocoles, de leurs intérêts, de leurs croyances: les "bleus de l'âme" seraient l'affaire de la chimie..
Dans un tel contexte pratique et idéologique, la frontière entre troubles mentaux et délinquance tend à se réduire et on va chercher jusque dans l'école, les prémisses de dérives futures possibles. Une société de normalisation s'installe, diagnostique C.Dejours.


_____Un rapport du Sénat donne des pistes pour un redressement de la situation.Par exemple , faire de la psychiatrie un discipline ouverte à l'interdisciplinarité:
"Il convient de favoriser les interactions entre la recherche psychiatrique et la recherche dans les autres domaines des sciences, tant médicales que sociales.
Sans devoir être remplacée par la recherche en génétique ou en neurosciences, la recherche en psychiatrie doit intégrer les apports fondamentaux de ces disciplines. Au travers de fondations de coopérations scientifiques, mais aussi des organismes nationaux de recherche que sont l'Inserm et le CNRS, les croisements et enrichissements réciproques doivent être encouragés.
Les troubles psychiatriques ont généralement une origine à la fois génétique, psychique et sociale. Les recherches dans le domaine des sciences humaines, que ce soit l'économie de la santé ou la sociologie, peuvent donc constituer un apport pour une compréhension globale des maladies et de leur traitement. Ici encore, le rôle des organismes nationaux de recherche comme le CNRS est essentiel._La recherche en psychiatrie est mal connue et pourtant particulièrement importante. Elle exige de l'Etat des investissements qui seront à terme largement compensés par la possibilité d'améliorer le traitement des troubles dont souffre une part grandissante de la population.__La psychiatrie en France est à un tournant de son histoire. Elle peut sortir définitivement de l'obscurité où elle a été placée pour devenir une des disciplines de pointe de la médecine et nous permettre de faire face au défi majeur de santé publique que représente la santé mentale.
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-Psychiatrie: régression sécuritaire___-Psychiatrie: état "inquiétant"___-Psychiatrie sous influence
-Saccage de la psychiatrie...

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