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samedi 27 novembre 2010

Eurocrise

(Suite, sans fin prévisible...)

La Grèce, l'Irlande, la colère...

Suivant?..

_ Il semble que le plan d'aide précipite les risques de crise de l'euro. Que celui-ci soit entré dans une crise grave, cela saute aux yeux pour tout le monde. La presse américaine n'est pas la dernière à le remarquer, mais si son insistance n'est pas sans arrière-pensée. La politique US a beaucoup oscillé vis à vis d'une Europe tantôt choyée, tantôt combattue, en fonction de ses intérêts. Pourtant,même des prix Nobel sont pessimistes. Heureusement, on sait que les économistes peuvent se tromper.
__Objectivement, il apparaît bien que l'euro a contribué à brider l'économie européenne. L'institution elle-même va-t-elle résister à une épreuve qui fait apparaître ses faiblesses congénitales, sous le coup des dérives et des pressions bancaires, des agences de notation aux interventions partiales? Le caractère disparate des économies, des niveaux de développement, des traditions, des histoires spécifiques, des exigences politiques, des concurrences faussées de chaque partenaire a, jusqu'a la crise, été voilé. Celle-ci met à jour les particularismes, les tensions, les dysfonctionnements, les blocages, les avantages acquis. Certains parleront d'"égoïsmes nationaux". Ce qu'on avait caché sur le tapis apparaît au
grand jour. Le beau projet semble mort.
"...Loin de converger, les économies de la zone euro ont divergé de plus en plus. Car en lieu et place d'une union économique et monétaire, les pays de la zone euro ont vécu à échelle réduite une mondialisation sans frein. Chaque pays s'est retrouvé en concurrence avec tous les autres, avec la même monnaie, sans aucune protection. Asphyxiées par une politique monétaire inadaptée et une monnaie trop forte, les économies les plus fragiles – «les pays du Club Med» comme dit l'Allemagne – mais aussi dans une moindre mesure l'Italie et la France n'ont cessé de perdre en dynamisme et en compétitivité. La déindustrialisation a été massive. Un chômage structurel élevé et permanent s'est installé. Ces chutes économiques ont été parfois masquées par les artifices d'une financiarisation débridée, et de l'endettement privé autant que public. Il suffit de regarder les balances commerciales pour connaître le bilan de ces dix ans d'union monétaire: l'Allemagne a été la grande gagnante..."(Martine Orange)

_____La question
où va l'Euro(pe) hante les gouvernants , les observateurs avertis ou non et tout un chacun. Deux possibilités apparaissent et sont débattues, parfois avec passion.
_Certains suggèrent le divorce pur et simple au plus vite , pour redonner sens aux politiques nationales, seule porteuses
d'initiatives possibles, de solutions adaptées, en matière de maîtrise de la monnaie, qui permettrait une gestion maîtrisée de l'économie, loin d'une bureaucratie bruxelloise "hors-sol". Une certaine souveraineté ne signifie pas forcément la guerre.
Au vu de la dislocation d'une unité de façade, certains,
les plus pessimistes, optent pour les solutions les plus radicales. Ce serait la fin d'une illusion collective, d'un mythe ayant montré ses limites, ses contradictions et ses inerties. La fin d'une expérience historique provisoire, née sur le terreau de l'après-guerre et de le la guerre froide. Une parenthèse qu'il faudrait fermer, dans une nouvelle configura
tion géopolitique. Il faudrait penser des échanges moins contraignants, plus négociés, au coeur de groupements de puissances homogènes, de l'Atlantique à l'Oural, à partir de l'axe Paris/Berlin. Retour (réaliste aujourd'hui) du vieux projet gaullien?
Une telle rupture ne pourrait cependant pas se faire sans de graves inconvénients politiques et fina
nciers, un pays qui s'isolerait serait encore plus vite la proie des banques, il faudrait revoir une bonne partie de la législation imposée par Bruxelles, le changement de monnaie coûterait très cher...
_____On fait remarquer que, juridiquement, la rupture est possible ; elle est même inscrite dans le traité de Lisbonne, qui stipule que (article 50):

Une procédure qui se révèlerait lourde, difficile, et qui risquerait d'entraîner de grandes tensions et d'autres défections... à moins que l'on ne renégocie le fameux traité, passé en force.
__D'autres, conscients des impasses actuelles, réfléchissent à une réorganisation des institutions
européennes. Il faudrait revoir les traités, remettre en question la dépendance par rapport au dollar, à la politique américaine, créer une vraie souveraineté monétaire et tracer les plans d'une fédération permettant une cohérence et une intégration politique plus marquée, mais en encourageant les initiatives et la diversité des états, avec une monnaie non plus unique, mais commune. Non pas la fin de l'Europe, mais un dépassement/refondation de l'Europe telle qu'elle est. On ne pourra l'éviter. Remettre sur le chantier un projet peu démocratique, le plus souvent incompréhensible et même critiqué pour la plupart, un projet mal fagoté, lancé à la hâte, imposé au forceps, soumis aux lois des marchés, adossé aux exigences des USA.
__Pour l'instant, au plus haut niveau,c'est la stupeur, l'impuissance, le coma ou le recours au
théorème de Guetta . On pare au plus pressé, on colmate avec les moyens du bord, on colle des rustines, on rassure, on fait le gros dos, on attend que l'orage passe, comme si tout allait reprendre sa place après une bourrasque qui risque de redoubler.Mais on ne s'oublie pas...
_"...
La vitesse à laquelle se propage la contagion semble prendre tout le monde de court. En dépit des espoirs des responsables européens qui s'accrochent comme ils le peuvent à leur doctrine, une aide massive au Portugal risque d'être d'avoir les mêmes effets que le plan de sauvetage irlandais: donner de nouveaux arguments pour continuer le jeu de dominos, la spéculation s'employant à faire effondrer les pièces les unes derrière les autres, à un rythme de plus en plus effréné. Tandis que le gouvernement portugais tente de résister à l'arrivée du FMI chez lui, les marchés se sont déjà saisis du cas espagnol, les deux économies étant intrinsèquement liées. Vendredi matin, le premier ministre espagnol, José-Luis Zapatero, est intervenu pour exclure «absolument» tout sauvetage financier. Des déclarations qui sont plus de nature à effrayer qu'à calmer le jeu. Depuis six mois, les responsables politiques sont systématiquement pris à contre-pied...
Le fonds de stabilité financière, qui devait servir comme arme de dissuasion, se révèle être un couteau sans lame face à la spéculation. Rajouter des dettes aux dettes – car les fonds prêtés aux pays sont directement empruntés sur les marchés par les différents pays de la zone euro – risque d'entraîner l'ensemble des économies européennes par le fond. D'autres mesures s'imposent, rompant avec la doctrine. Mais il faut clairement dire lesquelles et fixer les règles.
_Or, rien de tel pour l'instant. Face au mutisme de tous les autres dirigeants européens – le silence de la France dans cette crise à cet égard étonnant –, la chancelière allemande s'est érigée en chef politique de la zone euro. Mais ses interventions sont plus destinées à son électorat qu'à l'ensemble de l'Europe. Surtout, comme pour faire oublier ses hésitations au printemps lors de la crise grecque, qui coûtent aujourd'hui si cher à l'Europe, Angela Merkel multiplie les déclarations à tort et à travers, alimentant la colère de ses partenaires...
" " (Mediapart)
_______L'autruche à la tête profondément enfouie dans le sable. On nous avait même dit il y a un an que la crise se terminait...et bien d'autres choses avant:
"Ils ont dit : l’Euro va générer une phase de forte croissance et le retour du plein-emploi.Les faits : l’Eurozone a été la zone de plus faible croissance au monde dans les années 2000. Quant au plein-emploi..__.Ils ont dit : l’axe Paris-Francfort va supplanter Londres comme premier centre financier européen.Les faits : Londres a considérablement accru sa suprématie sur Paris et Francfort, dont les salles de marché ont décampé l’une après l’autre au cours de la décennie pour traverser la Manche.__Ils ont dit : jamais les pays de l’Eurozone ne devront renflouer d’autres pays de l’Eurozone ; d’ailleurs, le Traité de Maastricht, devenu en 2007 Traité de Lisbonne, l’interdit formellement. Et puis de toute façon, la question ne se pose pas, puisque chacun sait qu’il est inconcevable qu’un pays de l’Eurozone fasse faillite., etc..."
En attendant,le modèle économique allemand a gagné.
Vraiment?

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