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vendredi 22 octobre 2010

Revisiter Lisbonne?

Europe: blocage ou fuite en avant ?

Entré en vigueur en décembre 2009 après de vifs débats, le traité de Lisbonne, (dit "simplifié"), issu de compromis laborieux, se retrouve sur la sellette.
Une initiative franco-allemande ubuesque, inapplicable, révélatrice de divergences profondes, que la crise exacerbe. Celle d'une Europe apparaissant, telle qu'elle est devenue, plus que jamais impuissante économiquement et politiquement. Un euro exposé, pris en otage.
Une Europe bridée parce que vassalisée?




"La France et l'Allemagne se sont entendues hier soir, à Deauville, pour proposer de modifier le traité européen de Lisbonne d'ici à 2013, et renforcer les sanctions contre les pays de l'Union européenne qui seraient en « déficit excessif » pour, selon le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, « assurer la stabilité financière de la zone euro ». Cette proposition franco-allemande prévoit notamment qu'un Etat « en déficit public excessif qui n'aurait pas pris en six mois les mesures de redressement nécessaires serait sanctionné », a commenté le chef de l'Etat. La France et l'Allemagne souhaitent aussi que le Conseil européen puisse prendre, à la majorité qualifiée, des sanctions de manière préventive si un Etat ne réduit pas suffisamment ses déficits." _(Les Echos)

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Point de vue: __________________"...On a appris que les ministres des Finances de l’Union européenne se sont mis d’accord - un accord de façade, comme toujours - pour renforcer de façon drastique la gestion de leurs finances publiques, suite à la crise grecque et de l’euro du printemps. Le compromis présenté à la presse prévoit de nouvelles sanctions financières contre les pays qui, à l’avenir, afficheraient des niveaux de déficits ou de dette trop importants. Les sanctions pourraient être des dépôts bancaires forcés, des amendes, voire la privation de subventions européennes. Et il est prévu qu’elles devraient s’appliquer de manière plus automatique que jusqu’à présent. Un pays rappelé à l’ordre disposera de six mois pour corriger le tir avant d’être “puni”.
__Le ridicule de ces coups de menton médiatiques tient au fait qu’ils appartiennent à un genre usé jusqu’à la corde. Les européistes aiment se donner des airs de Père Fouettard quand les problèmes ne se posent pas encore, et adorent promettre une rigueur sans faille quand les problèmes se poseront. Mais, dès que la prochaine crise surviendra, ces mêmes Matamores de la BCE et de la Commission passeront immédiatement sous le tapis. Imagine-t-on sérieusement qu’une poignée de technocrates sans la moindre légitimité démocratique et vivant comme des nababs au sein de la nomenklatura européiste puissent réellement
“punir” tout un pays et tout un peuple pour mauvaise gestion, en lui faisant subir des amendes phénoménales ? Du reste, comment ces Messieurs de Francfort et de Bruxelles pourraient-ils “priver de subventions européennes” un pays contributeur net qui ne leur obéirait pas au doigt et à l’oeil, par exemple un pays comme la France qui verse chaque année des milliards d’euros en pure perte à l’usine à gaz bruxelloise ?
__En vérité, l’illégitimité de l’ensemble de la construction européenne est devenue telle, et son sourd rejet par les peuples tellement massif, que l’on peut penser que
la moindre tentative pour mettre en œuvre pour de bon une politique de sanctions drastiques à l’égard des “mauvais élèves” aurait toutes les chances de provoquer un feu d’artifice général qui mettrait à bas l’ensemble de l’édifice européen.
__On remarquera au passage que, l’Allemagne et la France étant les deux premiers
“contributeurs nets” à la construction européenne [c’est-à-dire les deux pays dont les contribuables payent le plus pour les autres], cette déclaration Merkel-Sarkozy en dit long sur leur degré d’exaspération devant la saignée financière que l’Europe occasionne à leurs budgets nationaux et jette une lumière crue sur la prétendue “solidarité européenne” qui anime tout ce petit monde. Derrière les sourires de circonstance, ces menaces méprisantes de “sanctions politiques” et de “suspensions des droits de votes” sont animées par la rancoeur et l’antipathie. C’est d’ailleurs bien une“approche moralisatrice, voire raciste” qu’avait dénoncée Théodoros Pangalos, vice-premier ministre grec, le 5 avril dernier, en évoquant la façon dont l’Allemagne considérait le problème des finances publiques grecques...

Quoi qu’il en soit, et pour se donner les moyens de placer ainsi totalement sous tutelle économique, financière et politique, des peuples souverains dont la gestion nationale n’aurait pas eu l’heur de plaire, M. Sarkozy et Mme Merkel ont annoncé sans vergogne qu’ils s’étaient mis d’accord pour
modifier“d’ici à 2013″ le traité de Lisbonne.
__Franchement, il faut relire à plusieurs reprises les dépêches de presse et se pincer pour croire à cette déclaration. Quand on pense au Chemin de Croix politique et diplomatique que fut l’élaboration de la Constitution européenne, puis sa signature par les 27 États, puis sa ratification, puis son échec du fait des Non français et néerlandais, puis l’élaboration du traité de Lisbonne en remplacement, puis sa ratification par les 27, et la forfaiture que sa ratification par le Congrès a constituée pour la France, et quand on songe que ce calvaire a duré quelque 7 ans, on reste sans voix en apprenant que le président français et la chancelière allemande ont décidé, un an après l’entrée en vigueur au forceps de ce traité de Lisbonne, de le remettre sur le chantier.
_Cette stupéfaction a aussi, semble-t-il, été celle des autres
“Européens”, d’ailleurs certainement furieux de prendre connaissance d’une semblable incartade en écoutant la radio.

Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, qui est également président de l’Eurogroupe et qui prend volontiers la pose du Sage de l’UE, a laissé tomber d’un ton blasé que
“pour avoir assisté à tant de révisions des traités, mon goût pour reprendre cet exercice est assez limité”. Le gouvernement britannique a fait savoir qu’il “ne soutiendra pas” un changement du traité européen s’il “implique un transfert de pouvoirs” de Londres à Bruxelles. Ne sachant pas très bien quoi dire, le ministre des Finances belge Didier Reynders, dont le pays préside l’UE, s’est contenté d’enfoncer une porte ouverte en déclarant que “maintenant il faut un débat entre les chefs d’État et de gouvernement, puisque l’on passe à des changements de traité”.
_En fait, tous les dirigeants européistes savent bien qu’un nouveau changement de traité ouvrirait une nouvelle boîte de Pandore, en offrant l’occasion à de nombreux autres pays de réclamer d’autres changements institutionnels en Europe, chacun les siens bien entendu. La déclaration Sarkozy-Merkel a donc toutes les chances de soulever une tempête lors des prochains sommets européens et des empoignades à n’en plus finir si leur idée devait perdurer...."
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Merkel intransigeante...

_"Les 12 impasses de l’UE-[Charte_fondatrice_upr]
__Qui gouverne la France ?

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