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mercredi 13 octobre 2010

Haro sur la Chine

La Chine, responsable de tous nos maux?

"Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse. "(J.de La Fontaine)

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La faute à la Chine...

___Assez singulier de voir la Chine aujourd'hui rendue responsable de nos difficultés , dans certains cercles américains et européens.
Alors que ce pays apparaissait le plus souvent comme un atelier intéressant pour produire à bas coût les marchandises nécessaires pour alimenter Wall Mart ou Carrefour et compenser ainsi les baisses de salaire, organisées pour gonfler les profits des actionnaires et alimenter la spéculation. Les délocalisations n'avaient pas seulement pour principal but d'avoir plus facilement accès aux marchés émergents...
"...60% des produits made in China sont actuellement fabriqués par des entreprises étrangères installées en Chine, et presque 70% des brevets déposés sont étrangers. L’exportation estvitale, elle est même devenue une doctrine, et les composants importés pour ses usines ateliers sont indispensables. Double dépendance donc. Mais il ne faut pas oublier que celle-ci va se réduire, et que les retards vont assez rapidement être comblés, grâce notamment à un triplement de ses dépenses de recherche.

Mais Pékin a une arme redoutable, capable de frapper durement le coeur de l’économie américaine et asiatique. La Chine est devenue un créancier majeur pour les USA. Ayant beaucoup de réserves de change (plus de 900 milliards de $), elle a acheté énormément de bons du Trésor américains (autour de 300 milliards de $). Cela permet de maintenir les taux d’intérêt à bas niveau, encourage la consommation (surtout de produits made in China), permet un niveau de vie "acceptable" (selon les critères américains), donc favorable politiquement aux USA, même si la dette atteint des hauteurs vertigineuses et dangereuses... La grande distribution a besoin des produits chinois, qui garantissent de très confortables marges bénéficiaires : Wall Mart a acheté en 2005 pour presque 20 milliards de dollars de produits manufacturés en Chine..."

La Chine apparaissait comme un eldorado et un marché illimité.

Mais avait-on prévu l'effet boomerang? La montée en puissance d'un pays devenu aussi concurrent, même sur les produits de pointe, s'appropriant des brevets facilement concédés. Des conséquences logiques, prévisibles.
A l'heure où nos économies battent de l'aile, trouver un bouc émissaire est bien commode et évite de réfléchir sur ses propres faiblesses et ses vues à court-terme. Le piège se referme.. Les Etats-Unis et la Chine se tiennent par la barbichette.... Ruse de l'histoire?

_Même si la Chine ne fait pas dans la philanthropie et mène
une politique de grande puissance tendant à une certaine autarcie économique, les critiques se trompent d' adversaire, ce sont les inégalités qui sont à blâmer

"...Les grandes crises économiques sont une aubaine pour les démagogues qui utilisent les peurs et les détournent vers des politiques nourries par le ressentiment contre l’ « étranger ». Dans les années 1930 c’étaient les hommes d’affaire étrangers (principalement européens), les immigrants, et les Juifs qui étaient visés. Aujourd’hui, ce sont les entreprises étrangères (principalement les chinoises), les musulmans, les immigrants, etc....Comment expliquez-vous la soudaine animosité envers les échanges internationaux, en particulier concernant la Chine ? Les candidats aux prochaines élections de mi-mandat dépensent des dizaines de millions de dollars en publicités reprochant à leurs adversaires d’être trop bienveillants envers la Chine.
_Les républicains ont derrière eux une longue histoire de cette pratique consistant à transformer les craintes en ressentiments qui motivent leurs électeurs.
_Aujourd’hui, alors que persiste cette « Grande Récession de l’emploi », ils disposent d’un terrain plus fertile. Fox News sert de mégaphone à Glenn Beck, Sarah Palin, et Newt Gingrich lorsqu’ils stigmatisent les immigrés, les musulmans, et remettent en cause le patriotisme du Président.
_Mais les démocrates sont entrainés sur le même terrain lorsqu’ils accusent la Chine. Selon le New York Times, la présidente de la Chambre Nancy Pelosi a encouragé les candidats démocrates à s’en prendre à la Chine, à la suite d’un sondage montrant que leurs électeurs étaient de plus en plus tentés de blâmer Pékin pour nos problèmes, et étaient massivement favorable à une suppression des allégements fiscaux pour les entreprises qui font des affaires en Chine.
_Les démocrates devraient savoir que le fort taux de chômage en Amérique n’a que peu ou pas du tout à voir avec la Chine. Certes, la Chine devrait permettre au yuan de s’apprécier par rapport au dollar. Mais la sous-évaluation de la devise chinoise n’est pas la raison pour laquelle nous avons perdu 15 millions d’emplois depuis la fin de l’année 2007. Le code des impôts ne devrait pas récompenser les entreprises qui délocalisent des emplois là-bas. Mais cet allégement fiscal n’a que peu à voir avec la situation dans laquelle nous sommes.
_La crise du chômage aux États-Unis est due à l’effondrement de la demande qui a suivi l’éclatement de la bulle immobilière. Ne pouvant plus contracter d’emprunts garantis par la valeur croissante de leurs logements, la classe moyenne et la classe ouvrière ne sont plus en mesure de dépenser suffisamment pour maintenir l’activité économique. Si les démocrates (ou les républicains) veulent trouver un responsable, ils devraient blâmer le niveau record des inégalités en Amérique - qui s’est traduit par une concentration au sommet sans précédent des revenus et des richesses, et par une portion congrue pour la majorité.
_Les preuves en sont visibles tout autour de nous. Ce n’est pas un hasard si les années 1928 et 2007 ont été celles de records historiques pour la part du revenu national allant aux 1% les plus riches. Le salaire médian est aujourd’hui 5% inférieur à ce qu’il était au début de la décennie, en tenant compte de l’inflation, tandis que les hauts salaires se portent mieux que jamais. Le logement est le principal patrimoine de la plupart des Américains et les prix de l’immobilier sont désormais 20 à 40% inférieurs à ce qu’ils étaient il y a trois ans, tandis que les principaux actifs des riches sont les actions et les obligations, dont le cours a beaucoup moins baissé. Le taux officiel de chômage est de 4,4% pour cent pour les diplômés de l’université, mais de 10% pour ceux ayant seulement un diplôme du secondaire, et près de 15% pour ceux qui ont décroché du lycée...
"


_L'Europe emboite le pas aux USA en haussant le ton vis à vis de Pékin et de sa monnaie sous-évaluée. Mais
" ...L’argument est intrinsèquement vicié, pointe la Banque asiatique de développement (BAD) : si un bien électronique grand public exporté par la Chine n’a que 15 % de valeur ajoutée chinoise dans son prix, une réévaluation du yuan de 20 % n’élèvera le prix de vente que de 3 % et une réévaluation de 20 % du yuan par rapport au dollar ne réduirait le déficit courant américain que de 0,1 % du PIB. En juin dernier, lorsque Pékin a modulé le taux de change fixe entre le dollar et le yuan, la monnaie chinoise s’est appréciée d’un modeste 2,1 % par rapport au dollar ; en revanche elle s’est affaiblie face à l’euro de 9,4 %.Autre point de discorde, la sous-évaluation du yuan est sujette à des estimations élastiques, allant de 15 % à 50 %. « Le yuan est certes sous-évalué en termes réels, mais corrigé du niveau de vie, cette sous-évaluation est bien plus faible qu’on veut bien le dire, de l’ordre de 10 %. », estime un économiste du Cepii, Michel Aglietta, ajoutant : « L’appréciation réelle du yuan se fait et se fera de manière graduelle et progressive par le développement du marché intérieur de la Chine. »
La guerre des monnaies est déclarée...
Un jeu dangereux
Les Chinois ont bon dos...alors qu'on leur a offert les verges pour nous fouetter...
Ce n'est pas d'aujourd'hui que les USA entament leur déclin, pour des raisons purement internes.

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