Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

lundi 25 janvier 2010

Chili: quel tournant?

Vote paradoxal dans un pays encore meurtri

-Une histoire douloureuse
_____De Allende à Sébastian Pinera

-Dans ce pays qui a connu au cours des trente dernières années une véritable « révolution capitaliste », pour reprendre l’expression du sociologue Tomás Moulian, la citoyenneté fait en effet souvent place à une forte dépolitisation. Le constat du journaliste Mauricio Becerra est amer : « La fin du scénario était évidente : à donner tant de pouvoir au grand capital, c’est le patronat qui a fini par prendre le contrôle de l’Etat (…). Très peu d’entreprises publiques sont encore à privatiser. La subjectivité individualiste néolibérale façonne les prototypes identitaires. La concentration de toutes les craintes sur les délits contre la propriété, plutôt que face à l’insécurité sociale ou au manque de participation, est installée dans l’imaginaire collectif . »

-Un entrepreneur multimillionnaire à la tête du Chili-

-Après le coup d'Etat contre le régime du Président Allende, légalement élu, avec l'aide des forces de droite et des Etats-Unis(ce qu'a reconnu plus tard H.Kissinger) et les vingt terribles années de répression qui suivirent, sous la dictature de Pinochet et suivant un modèle économique néolibéral, inspiré de l'école de Chicago, de Milton Friedman, le Chili évolua peu à peu vers une "normalité" retrouvée à partir de 1993:

"...À l'élection présidentielle de 1993, le candidat démocrate-chrétien de la Concertation nationale pour la démocratie, Eduardo Frei Ruiz-Tagle, fils de l'ancien président Eduardo Frei Montalva, probablement assassiné,l'emporta sur Arturo Alessandri, candidat du centre droit.
Le gouvernement chilien doit faire face à un développement de la pauvreté dans certaines catégories de la population, et une augmentation de la violence et de l'insécurité dans les villes. Le 25 juin 1996, le pays devient membre associé du Mercosur.
La coalition au pouvoir (démocrates-chrétiens et sociaux-démocrates) recueille la majorité des suffrages exprimés lors des élections municipales d'octobre 1996. Elle remporte également les élections législatives du 11 décembre 1997.
Le 10 mars 1998, le général Pinochet quitte le commandement de l'armée de terre pour entrer dans un climat hostile au Sénat et y occuper un siège à vie.
Une grave crise interne est provoquée par l’
arrestation du général Pinochet par la police britannique, le 16 octobre 1998. Le juge espagnol Baltasar Garzón réclame l’extradition vers l’Espagne de l’ancien chef de la Junte militaire, afin de le juger pour des délits de « génocides », « tortures » et « disparitions » commis pendant la dictature. Les révélations sont faites à propos du plan « Condor », qui coordonnait, pendant les dictatures, l’action répressive contre les opposants en Argentine, en Bolivie, au Chili, au Paraguay et en Uruguay. 17 mois plus tard, le ministre britannique de l’Intérieur Jack Straw rejette la demande d’extradition du général Pinochet vers l’Espagne; ce dernier peut ainsi retourner dans son pays, où la Cour d’appel de Santiago du Chili vote, le 23 mai 2000, la levée de son immunité parlementaire.
Le 16 janvier 2000,
Ricardo Lagos, candidat de la Concertation démocratique, coalition de centre-gauche au pouvoir depuis dix ans, est élu président du Chili avec 51,3 %des suffrages. C'est le premier président socialiste du Chili depuis Salvador Allende. Il s’engage à faire des droits de l'homme une priorité de son gouvernement et se prononce en faveur d'un jugement d'Augusto Pinochet à son retour au Chili.
En 2006, les élections présidentielles confortent les socialistes, et pour la première fois dans l'histoire de l'Amérique du Sud, une femme est élue présidente. Le 11 Mars 2006,
Michelle Bachelet, ancienne ministre de la santé et de la défense de Ricardo Lagos, prend ses fonctions et compose un gouvernement comprenant 10 hommes et 10 femmes. Elle trouve une situation sociale très dégradée"

Celle-ci inaugure un ére de transition vers une démocratie limitée, malgré les énormes problèmes laissé par le système Pinochet .La pauvreté et l'extrême pauvreté touchent une large couche de la population .
"
Malgré un budget en hausse (+ 8,9%) qui s’appuie sur le niveau extrêmement élevé du cuivre sur le marché mondial, la politique publique de M. Bachelet reste celle d’une assistance ponctuelle en faveur des plus déshérités. Les premiers gestes de politique internationale du nouvel exécutif sont venus garantir l’ancrage du Chili comme allié stratégique des États-Unis en Amérique du Sud et en faveur d’un libre-échangisme débridé, où le Chili est fortement dépendant de l’exportation de ses matières premières et ressources naturelles (cuivre, bois, pêche, etc.) Pourtant, les problèmes sont de taille et ce à commencer par trois dossier brûlants : la faillite totale du système de retraites par capitalisation (qui doit constituer l’un des grands chantiers de cette présidence) ; un système de santé à deux vitesses, laissant au bord de la route les plus fragiles ; enfin, une éducation municipalisée et transformée en un vaste marché par la Loi organique sur l’enseignement (LOCE), votée par le général Pinochet juste avant son départ [le mouvement étudiant contre cette loi – les « pingouins » – a été traité fort brutalement par la présidente Bachelet qui a une conception de « l’ordre juste très proche de celle de Ségolène Royal.
Face à cela, le gouvernement ne semble pas prêt à modifier significativement la fiscalité du pays ou encore l’échelle des salaires, pourtant profondément injustes. Même chose en matière de ressources minières : malgré des discussions sur d’éventuelles royalties, le cœur de la législation sur l’exploitation du cuivre sera conservé, ensemble de lois qui légalisent - depuis les temps de la dictature - une véritable aliénation de cette ressource non renouvelable au profit des multinationales et au détriment de CODELCO (la Corporation du cuivre publique) . Ainsi que le notait un reportage du quotidien français le Figaro durant la campagne : « Tenir tête aux 16 entreprises qui contrôlent 80% de l’économie chilienne, en redessinant la fiscalité et en renforçant le droit du travail est exclu ».

______ Malgré de bons indicateurs économiques et la baisse sensible de la pauvreté, passant de 38,6 % de la population en 1990 à 18,8 % en 2003 , le pays possède un grave défaut: l’inégalité de répartition des richesses. Ceci a pour effet de créer une brèche sociale nette entre riches et pauvres.
-Selon des informations sur le développement humain de l’ONU en 2005, le Chili possède un coefficient de Gini de 0,57, le situant à la 113e place sur 128 de la liste des pays par égalité de revenus. Cette inégalité est difficilement rattrapable. Ce problème est attribué à l’économie venant des diverses entreprises prônant le néolibéralisme (en opposition à l’économie à tendance socialiste développée entre les années 1950 et les 1970). De nos jours, les 20 % des plus riches du pays gagnent 14,3 fois ce que reçoivent les 20 % des plus pauvres (Wiki)
-Un aspect des inégalités au Chili
-Sebastian Piñera, le Berlusconi chilien
-Séisme sur les retraites en Argentine et au Chili

Après M.Bachelet vient Sébastian Pinera, de la droite populiste, immensément riche,entrepreneur multimillionnaire, dont on dit qu'il serait le Berlusconi chilien
"...
Sur cette base, ce sont sûrement quatre années difficiles qui attendent les familles de détenus disparus de la dictature, le peuple Mapuche mobilisé dans le sud du pays, les citoyens qui réclament une assemblée constituante et, plus largement, le mouvement social et syndical, véritables bêtes noires de M. Piñera. Mais ce tournant politique va aussi peser sur le plan régional. C’est derrière les Etats-Unis, aux côtés du Pérou, de la Colombie (le président Alvaro Uribe est l’un des exemples à suivre, selon M. Piñera) et face à l’axe « bolivarien » (Venezuela, Equateur, Bolivie, Cuba) que se situera le Chili, à partir de mars prochain, sur le plan géopolitique. Cette arrivée d’une droite décomplexée à la Moneda, le palais présidentiel qui vit la mort du président Allende le 11 septembre 1973, aura donc un impact bien au-delà de la Cordillère des Andes au moment où les peuples de l’Amérique latine tentent d’affirmer leur indépendance face aux géants du Nord
." (FG)
-Chili : L'Affairisme au Pouvoir
__________


2 commentaires:

CS a dit…

Une analyse sur ces élections :

http://www.critique-sociale.info/index.php/articles-dactualite/103

Etienne Celmar a dit…

CS
Merci pour ces précisions!
Cordialement