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mercredi 15 avril 2009

Dimensions de la crise financière

Plus on avance dans la connaissance de la crise, plus on mesure son ampleur, l'ancienneté de ses causes structurelles , l'incroyable incurie-complicité des décideurs économiques et politiques et la gravité des conséquences qui se manifestent et qui s'annoncent

Anticipation économique [ Intelligence économique, Gestion et Prévision des risques]

"...Les dégâts causés par la crise financière aux Etats-Unis sont énormes. Les travailleurs américains payent le prix fort : 25 millions d'américains expulsés de leur logement depuis mars 2008 auxquels s’ajoutent 10 000 locataires expulsés chaque jour depuis septembre 2008. Des milliers de fonds de pensions sont partis en fumée». Les CDS représentent 62.000 milliards de dollars. Le PIB mondial représente moins de 50.000 milliards de dollars. La titrisation représente 630.000 milliards de dollars. L’organisme de contrôle chargé de la surveillance des marchés, la SEC (Securities and Exchange Commission) a été «détruit», en accord avec l’idéologie libertarienne désirant moins d’état, moins de contrôle, voire la disparition des côntroles. Le service du contrôle des CDS de la SEC donc, l’organisme qui devait surveiller les marchés est passé de 147 employés à 1 seul. Incroyable mais vrai! Cette information a été donnée par Peter Welsh, représentant du Vermont au Congrès, qui a été reprise reprise par Lynn Turner chef comptable de la SEC (donc, quelqu’un de fiable!) qui, témoignant sous serment a déclaré (lisez bien ce qui va suivre!): «Je pense qu’un écrémage systématique – appelez ceci comme vous voudrez – parmi les fonctionnaires a eu lieu dans cette administration, afin de saper ses capacités de contrôle.» Le bureau du budget du Congrès (CBO) a, dans son rapport de janvier 2009, indiqué que « les fonds publics et privés de retraite aux Etats-Unis ont fondu de quelque 2.000 milliards de dollars ces 18 derniers mois ». En Europe, c’est la même chose, ainsi, les caisses de pension suisses ont perdu environ 18,8 milliards d'euros à cause de la crise financière. Source : AFP. En France, selon Bernard Devy, membre (FO) du conseil de surveillance du Fonds de réserve des retraites, l'Organisme aurait perdu "environ 25%" de sa valeur depuis le début de l'année 2009. Vendredi 16 janvier 2009, Arnold Schwarzenegger gouverneur de la Californie a déclaré: « la Californie est à quelques semaines de la cessation de paiement ». Source : Calculated Risk. L’agence Bloomberg a fait le bilan du coût de la crise aux USA: 7 400 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter 1800 milliards de dépenses supplémentaires ces derniers jours soit plus de 60% du PIB américain dépensé en 3 mois ! Pour rappel, le montant de la dette publique des Etats-Unis a franchi le cap des 10.000 milliards de dollars, selon le "rapport mensuel sur la dette" visible sur le site du Trésor américain de novembre 2008. (source : alterinfo.net du 16/11/08, Gilles Bonafi)...

Un taux de chômage élevé, des banques se sont effondrées comme un château de carte, la déflation s'annonce, la demande des biens et des services s'est détériorée, les déficits monstres persistent, la crise économique s'amplifie, et la défaillance du système de surveillance et de contrôle des activités économiques s'est dévoilée. Les Etats-Unis se sont engouffrés, dans le sillage de l'effondrement du système de surveillance à Wall ‎Street, ce temple du capitalisme, dans la pire crise économique que les annales de leur histoire a enregistrée durant ces 80 dernières années. (alterinfo.net du 20/12/08). "Le manque de confiance est total. Le marché interbancaire ne fonctionne pas et génère des cercles vicieux: les consommateurs ne consomment pas, les entrepreneurs n'embauchent pas, les investisseurs n'investissent pas et les banques ne prêtent pas".Il faut se préparer à vivre dans un monde en faible croissance, avec une baisse des niveaux de valorisation de l'ensemble des actifs, qu'ils soient financiers, immobiliers ou monétaires. Les moteurs de la croissance des années d'après-guerre fondés sur la capacité des ménages occidentaux à consommer toujours plus, grâce à la progression du pouvoir d'achat et à une offre de crédits quasi illimitée, n'ont plus aucune chance de fonctionner. Car avec une dette totale (dette privée + dette publique) des Etats-Unis qui représente désormais 350 % du PIB, la capacité d'endettement des ménages et des Etats a atteint un plafond qu'il sera impossible de dépasser. Il faudra inévitablement passer par une phase de plus grande modération dans l'utilisation des leviers du crédit et par la nécessité de reconstituer un volant d'épargne. Tout cela pèsera inévitablement sur la croissance. La consommation et les revenus vont considérablement baisser avec l'arrivée à la retraite de toute la génération des baby-boomeurs de l'après-guerre. (jdf.com du 20/12/08). Dans ses conditions comment l'Amérique peut-elle retrouver son rôle de locomotive de l'économie mondiale ?La crise actuelle est essentiellement celle des produits financiers dérivés, un système spéculatif sur le point d'exploser, mis sur pied par Alan Greenspan lorsqu’il prit la direction de la Réserve fédérale. Ce sont de millions de milliards de dollars de dettes, qui n'offrent aucune possibilité de les honorer ou de les apurer. Un danger pour l'humanité. Lyndon Larouche propose une réorganisation du système monétaire et financier consistant à appliquer à l’ensemble du monde une procédure de réorganisation financière, dans l’esprit des politiques appliquées par Franklin Roosevelt en 1944 et qu'il présenta lors de la conférence de Bretton Woods en 1944, à l'opposé de ce que Truman commença à promouvoir à partir de 1945. Il s’agit de créer un système international de crédit, fondé sur des cours de change fixes, et de mettre en œuvre un véritable programme de redressement économique et financier. Pour Larouche, la décision du gouvernement américain en place d’imposer sur le marché interbancaire des taux d’intérêts quasiment nuls, à peu près comme on l’a fait avec le Yen il y a quelques années, est une folie pure dont on ne tardera pas à voir les résultats, elle aura des conséquences incalculables. Il est donc impérieux de clore avec le type de système instauré depuis 1971-1972, pour en revenir à un système de parités fixes, fondé sur un système de crédit et non sur un système financier. Pour lui, les Etats-Unis ont une particularité unique en tant que nation, qui est de posséder un système de crédit, alors que les pays européens sont dotés de systèmes financiers, c’est-à-dire de systèmes monétaires. Or en vertu de la Constitution américaine, la création monétaire, ou création de crédit, est un acte souverain du Président des Etats-Unis, avec le consentement de la Chambre des représentants. Un crédit qui peut ensuite être utilisé, et monétisé, comme le prévoient la loi et la fonction régalienne du Président. Larouche propose de faire appel à la Constitution américaine, avec ses clauses définissant ce système de crédit, pour conclure des accords ratifiés par traités avec d’autres nations, en vue d’établir un système de crédit à parités fixes. Un objectif qui vise essentiellement d’émettre du crédit, qui puisse être utilisé au niveau international pour des investissements capitalistiques à long terme dans l’économie mondiale. Pour que cette initiative fonctionne, il faut au préalable éliminer la plupart des produits financiers dérivés, qui sont de toutes façons impayables, vu l'impossibilité de satisfaire les besoins du système financier actuel. Car selon lui, la quantité d’argent nécessaire pour rembourser les millions de milliards de dollars de cette dette, en majorité frauduleuse, n’existera jamais. Il faut donc effacer la partie polluée de la dette en la considérant comme une perte nette, afin de revenir à un système de crédit fondé sur l’idée d’Etat-nation, à long terme, pour une génération, un demi-siècle, voire un siècle entier, en fonction du type d’investissement, à l’opposé de ce nouveau système financier international assez bizarre auquel l'humanité est assujettie. L'initiative devrait de toute évidence résulter d’un accord entre les Etats-Unis, la Russie, l’Inde et la Chine, parce que c’est là, en Asie (en y intégrant le rôle de la Russie en Eurasie), que se trouve la plus vaste concentration de pauvreté avec 40% de la population mondiale, donc le plus grand besoin de développement...

L’ampleur des déficits budgétaires qui seront nécessaires pour financer la relance est plutôt effrayante. Le secteur privé US très endetté va devoir épargner à hauteur d’environ 6% du PIB durant plusieurs années. Si le déficit structurel de la balance courante reste de 4% du PIB, le déficit budgétaire total requis en compensation atteindrait 10% du PIB. Et il ne s’agirait là que du déficit en période d’activité normale - de plein emploi. Le Congressionnal Budget Office prévoit que l’activité économique se situera 7% en dessous de son potentiel durant les 2 ans qui viennent. Si c’est le cas, le déficit total du budget de l’Etat devrait être encore bien supérieur. Voilà pourquoi la relance budgétaire de 5% du PIB sur deux ans est trop limitée, surtout que le CBO estime que l’activité sera cette année 8,3% en dessous de son potentiel. En outre, les réductions d’impôts sont également critiquables car elles risquent de se transformer en épargne, impliquant une hausse future de la fiscalité. La difficulté principale se repose sur plutôt les énormes déficits budgétaires prolongés auxquels il sera difficile d’échapper. Il faut que les investisseurs soient assurés de ne pas perdre leur mise, et que les fonds levés soient utilisés dans des investissements de qualité. De plus, ces déficits ne doivent pas se prolonger durant les deux termes d’une présidence renouvelée. Le retour à une situation normale n’aura pas lieu spontanément. Les USA vont devoir procéder à des ajustements structurels de leur économie. Les USA doivent mettre sur pied un programme crédible de deleveraging, de liquidation de la dette et des actifs douteux. Ils ne peuvent se permettre de voir se prolonger durant des années ce processus douloureux qui n’en est qu’à son début. Il faut procéder à des dépréciations des actifs douteux et à la recapitalisation du secteur financier. Cela signifie également de nombreuses faillites de foyers endettés et la dépréciation contrainte des crédits hypothécaires. Cela entraînera une augmentation rapide de la dette publique, mais qui serait sans doute inférieure à l’accumulation de gros déficits budgétaires durant des années. Le déficit de la balance courante doit également être réduit. Le secteur privé US n’est plus en mesure de vivre à crédit pour compenser les déficits de la balance extérieure, et le gouvernement ne pourra se le permettre que quelques années. A long terme, l’économie mondiale doit être rééquilibrée. C’est un défi politique international gigantesque, mais indispensable pour assainir la situation.De la même manière, Paul Krugman, dans le New York Times du 9 janvier 2009 a écrit que le Congressional Budget Office (CBO) a publié sa dernière étude prospective sur l’activité économique dans laquelle le CBO estime qu’en l’absence de plan de relance, le taux de chômage augmenterait au-delà de 9% au début de 2010, et resterait élevé durant les années à venir. Cette projection, pourtant sombre, est en fait optimiste par rapport aux prévisions de certains analystes indépendants. Le CBO affirme toutefois que « la production économique au cours des deux prochaines années sera en moyenne de 6,8% en dessous de son potentiel. » Ce qui se traduit par une baisse de la production de 2 1OO milliards. L'activité économique américaine pourrait chuter de 1 000 milliards en dessous de sa pleine capacité. Les estimations moyennes indiquent qu’un dollar de dépenses publiques génère environ 1,50 dollar de PIB supplémentaire. Mais seulement 60% du plan Obama portera sur les dépenses publiques. Le reste consiste en des réductions d’impôt - et de nombreux économistes sont sceptiques quant à l’augmentation des dépenses que provoqueront ces réductions d’impôt, notamment les allégements fiscaux pour les entreprises.Selon Krugman, le problème majeur, c’est que le plan Obama ne comblera vraisemblablement pas plus de la moitié de l’écart de production, et pourrait finalement n’accomplir qu’un tiers de ce qui est nécessaire. Il y a seulement un nombre limité de projets d’investissement publics prêts pour un démarrage immédiat - de projets qui peuvent être lancés assez rapidement pour venir en aide à l’économie à court terme. Mais il existe d’autres formes de dépenses publiques, en particulier sur les soins de santé, qui pourraient être bénéfiques tout en aidant l’économie maintenant qu’elle en a besoin. (Contreinfo du 21/01/09).Krugman s’inquiète également de l’apparition de signes déflationnistes dans l’indice mesurant le coût du travail, alors même que les USA n’en sont selon le Congressional Budget Office qu’au début d’une baisse de la production qui sera la plus longue et la plus forte depuis les années 1930. Les entreprises tentent de réduire les prix et les salariés acceptent des salaires révisés à la baisse, ce qui provoque sur l’ensemble de l’économie un dangereux processus de contraction de l’activité, encore amplifié par le fait que la baisse généralisée du niveau des prix et des revenus a pour conséquence d’alourdir le poids du remboursement des dettes. Ce comportement qui semble rationnel à l’échelle individuelle est désastreux pour la collectivité lorsqu’il est adopté par l’ensemble des acteurs. Lorsque tout le monde essaie d’épargner plus dans une économie où les taux d’intérêt sont proches de zéro, les revenus chutent pour tout le monde et la situation empire, c'est le paradoxe de l’épargne. Lorsque toutes les banques vendent des actifs pour tenter de réduire leur exposition et la taille de leur bilan, cela a pour résultat une chute du prix de ces actifs et aggrave leurs problèmes de capitalisation, c'est le paradoxe du « deleveraging ». Une entreprise peut tenter de préserver son activité, ou un travailleur son emploi, en acceptant de baisser ses prix ou son salaire, mais quand tout le monde agit de même, cela produit une déflation de la dette - c’est à dire une augmentation de la charge réelle du remboursement de cette dette, qui pèse sur l’économie - et commence à induire des anticipations déflationnistes dans les décisions d’investissement et de crédit, ce qui déprime d’autant l’économie. Et une fois que l’on est pris dans le piège de la déflation, il devient très difficile d’en sortir, c'est le paradoxe de la déflation...."

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