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jeudi 5 mars 2009

Crise: la bonne cible ?

Erreur d'aiguillage ou obstination dans l'aveuglement ?

"Les politiques menées sur les deux rivages de l’Atlantique ne sont pas à la hauteur des périls, avertit Krugman, qui déplore également la courte vue dont font preuve les dirigeants européens devant le risque systémique posé par l’Europe de l’Est et se demande dans quel monde vit Jean Claude Trichet lorsqu’il estime que le risque déflationniste n’est pas à l’ordre du jour. Dans une séquence de déflation de la dette, tout délai, tout retard à agir, se traduit par une contagion d’un processus de liquidation généralisé qui gagne peu à peu en force et en élan et rend plus difficile le retournement de cycle"
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"Triste spectacle : des deux côtés de l’Atlantique, les décideurs politiques continuent à viser trop court et la probabilité que cette crise se transforme vraiment en une Grande Dépression numéro II continue d’augmenter..
.." (P.Jorion)

-"L’énormité chaque jour plus apparente de la catastrophe économique est peut-être le seul espoir que nous avons pour que le système économique et financier soit réformé. Mais, à aujourd’hui, les dirigeants de la planète ne semblent pas très avancés dans leur réflexion."(L.P.)
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-Vers une aggravation de la crise économique et financière globale? Oui si l’Europe ne bouge pas!:
"...Il y a encore quelques mois les Etats membres et de la Commission européenne niaient l’existence même de la crise. Actuellement on assiste à un spectacle des politiques pris de panique, qui essaient de noyer les problèmes sous un tsunami d’argent, sans idées réelles de solutions viables et sans égard pour l’argent des contribuables et des futures générations. Le risque est grand que tout cet argent ne serve qu’à indemniser les responsables de la crise aux dépens de tous les autres, et qu’une fois la crise surmontée, ils recommenceront à faire leurs immenses profits par les mêmes moyens en sachant que les Etats leur sauveront, si besoin est, la mise..."

A la dérive, par Paul Krugman:

"Dans les premières mois de cette crise nous écrivions que la culture économique des responsables politiques américains, leur foi inébranlable dans les dogmes de l’école de Chicago, les rendaient peu aptes à comprendre la situation et donc à agir efficacement. L’équipe constituée par Obama semble atteinte du même mal. Nationalisation reste un mot tabou, honteux, que la nouvelle administration se refuse à évoquer, alors même que le cours de l’action de la banque Citigroup flirte avec le dollar - c’est à dire l ’éviction de la cote new yorkaise - et que de tous côtés les appels se font de plus en plus pressants pour une prise de contrôle publique. Ce blocage psychologique, ce vertige devant la transgression, se traduisent en acte par un aveuglement qui confine à l’absurde. On ne peut entendre la récente déclaration d’Obama affirmant que le privé est « plus efficace » pour gérer le système bancaire sans ressentir un malaise devant cette forme d’humour involontaire. Au nom de quoi faudrait-il donc continuer à révérer des idoles qui pourtant s’effondrent avec fracas sous nos yeux, entraînant dans leur chute de trop nombreuses victimes ? Car il y a urgence à agir. Les politiques menées sur les deux rivages de l’Atlantique ne sont pas à la hauteur des périls, avertit Krugman, qui déplore également la courte vue dont font preuve les dirigeants européens devant le risque systémique posé par l’Europe de l’Est et se demande dans quel monde vit Jean Claude Trichet lorsqu’il estime que le risque déflationniste n’est pas à l’ordre du jour. Dans une séquence de déflation de la dette, tout délai, tout retard à agir, se traduit par une contagion d’un processus de liquidation généralisé qui gagne peu à peu en force et en élan et rend plus difficile le retournement de cycle. Il faut donc trancher dans le vif au plus tôt, trier les banques, constater les faillites, et le cas échéant nationaliser. Roubini estime qu’il faudra sans doute six mois pour que l’inévitable soit enfin accepté. Si c’est le cas, ce sont six mois de perdus alors que gagne l’incendie.

Triste spectacle : des deux côtés de l’Atlantique, les décideurs politiques continuent à viser trop court et la probabilité que cette crise se transforme vraiment en une Grande Dépression numéro II continue d’augmenter...."

-Les raisons du déclin de l’économie US, par Paul Craig Roberts:
"...Dans leur chasse aux profits pour les actionnaires et aux « primes de rendement » pour les dirigeants, les entreprises américaines se sont débarrassées de leur main-d’œuvre américaine. Les conséquences en sont visibles partout. La diminution de la base imposable a fragilisé les emprunts émis par les villes et les États, et érodé le patrimoine de ceux qui avaient acquis ces obligations. La disparition des emplois bien rémunérés a entraîné un accroissement de la dette des ménages afin de maintenir leur consommation. Lorsque ces biens et services délocalisés reviennent en Amérique pour y être vendus, ils creusent le déficit commercial américain à un niveau inimaginable, remettant en cause le statut du dollar comme monnaie de réserve, et compromettent la capacité de l’Amérique à financer ce déficit commercial.

Pendant que l’économie américaine subissait cette érosion, les idéologues du « marché libre » nous assuraient sans cesse que l’Amérique marquait des points sur la Chine en lui transférant ces emplois industriels si « crasseux ». Débarrassés de ces emplois de la « vieille économie », les Américains ont été bercés par des promesses de richesses. Finis les ongles sales. Désormais les efforts tendraient à accroitre l’innovation et l’esprit d’entreprise. D’ici là, l’économie des services du logiciel et de la communication donnerait un avantage aux travailleurs.L’éducation était censée être la réponse à tous les défis. Cet argument a calmé les universitaires. Ils n’ont donc produit aucune étude contredisant cette propagande, ce qui aurait réduit les subventions allouées par le gouvernement et les entreprises.Les économistes adeptes du « marché libre » qui produisaient la propagande et la désinformation dissimulant la destruction de l’économie américaine ont été bien rétribués. Comme Business Week l’a noté, le premier cercle des partisans des délocalisations a de profondes racines au sein de General Electric et de la société de conseil McKinsey. De fait, l’un des principaux partisans de la délocalisation d’emplois américains chez McKinsey, Diana Farrell, est maintenant membre du Conseil Economique National nommé par Obama.( http://www.businessweek.com/globalbiz/content/feb2006/gb20060223_186829.htm ?campaign_id=nws_insdr_feb24&link_position=link10)La pression résultant de la délocalisation des emplois et des importations massives a ruiné les perspectives économiques pour tous les Américains, à l’exception des dirigeants qui perçoivent des primes de « performance » pour avoir délocalisé les emplois américains ou fait appel aux détenteurs de visa de travail H-1B. Faiblement rémunérés, les employés délocalisés ou pourvus des visas H-1B, ont réduit l’emploi des travailleurs américains les plus âgés et plus expérimentés. Ces travailleurs plus âgés reçoivent en général un salaire plus élevé. Toutefois, lorsque le facteur déterminant est de minimiser le coût du travail pour des raisons de rendement offert aux actionnaires et de primes aux dirigeants, les travailleurs âgés coûtent trop cher. Procurer un emploi de qualité en fournissant un service de qualité, n’est plus désormais une fonction de l’entreprise. En lieu et place, l’objectif est de minimiser les coûts de main-d’oeuvre à tout prix.Ainsi, le « libre échange » a également détruit les perspectives d’emploi des travailleurs âgés. Privés de carrière, ils doivent chercher un emploi dans les rayons de Wal-Mart....


-"La crise bancaire n'est pas terminée":
"...En baissant ses taux directeurs de manière massive et rapide, la BCE soutient indirectement la profitabilité des banques, en réduisant le coût d'accès à la liquidité.Toutefois, la crise à laquelle nous assistons est une crise de modèle, elle constitue la faillite d'une croissance fondée sur un niveau d'endettement toujours plus élevé.En conséquence, rendre le crédit quasi gratuit et favoriser son extension massive peut porter en germe de nouvelles crises et de nouveaux ajustements ; ne risque-t-on pas, ce faisant, de pérenniser un modèle ayant atteint ses limites ?La sortie de crise ne requiert-elle pas plutôt d'imaginer de nouveaux modèles et de nouvelles sources de croissance, afin de faire de cette crise une destruction créatrice ?..."

-Faillites en cascade: qui assure les assureurs?
"...les assureurs sont en faillite. AIG, par exemple, affiche 100 milliards de dollars de pertes. Or leurs crédits assurés atteignaient des sommes astronomiques. Les crédits assurés dont je parle représentent un volume supérieur au PIB mondial. 60000 milliards de dollars. Que valent tous ces produits bizarres ? Mystère. Beaucoup ont été conclus de gré à gré, hors de toute norme prudentielle. Combien sont toxiques ? Mystère. On ne sait pas, donc on vend. Du coup la valeur des banques et des assureurs s’effondre, et la Bourse avec...."


-La chienlit financière n’est pas finie…:
"Malgré l’énormité des excès commis, les dirigeants de la planète ne semblent pas vraiment se diriger vers une véritable réforme de la finance. Comme le dit Pierre-Antoine Delhommais dans le Monde à propos de la réunion du G20 à venir : « On y dira du mal des paradis fiscaux - sans les supprimer -, des agences de notation - sans remettre en cause leur existence -, on s'engagera à mieux superviser les hedge funds - sans les interdire - et à mieux réguler les activités des banques - sans les contrôler entièrement. »
Pourtant, de nombreux auteurs proposent de nouvelles idées pour sortir de cette anarchie économique qui ne mène qu’au chaos. Sébastien Duchêne évoque les pistes intéressantes de Michel Aglietta pour donner de nouveaux objectifs à la politique monétaire, en prenant davantage en compte l’inflation des actifs. D’autres évoquent la Taxe Tobin ou la révision des ratios prudentiels, qui n’avaient de « prudentiels » que le nom. Malheureusement, ces réformes ne semblent pas à l’ordre du jour du G20.
L’énormité chaque jour plus apparente de la catastrophe économique est peut-être le seul espoir que nous avons pour que le système économique et financier soit réformé. Mais, à aujourd’hui, les dirigeants de la planète ne semblent pas très avancés dans leur réflexion."

-L'américain AIG sauvé par crainte de l'apocalypse | Mediapart:
"...Selon le New York Times, AIG a fait circuler dans les cercles du pouvoir un document de 21 pages, titré : «AIG: le risque est-il systémique?» qui annonce l'apocalypse au cas où la nouvelle administration américaine et la Réserve fédérale débrancheraient le système de survie artificielle alimenté avec l'argent du contribuable américain. «Une panique bancaire dans le secteur de l'assurance-vie et des retraites aurait un impact dévastateur à travers l'économie américaine», affirme ce document, qui rappelle que AIG a fait souscrire par les entreprises ou les ménages américains quelque 375 millions de polices d'assurances (vie et dommage), pour une valeur nominale de 19.000 milliards de dollars.Une défaillance d'AIG assécherait les réserves des fonds de garantie de l'assurance, transférant la charge sur les autres compagnies dont certaines seraient elles-mêmes conduites à la faillite. La panique des assurés demandant le remboursement anticipé de leurs avoirs provoquerait l'effondrement puis la paralysie du marché obligataire, où les assureurs jouent les premiers rôles. Quant aux dommages collatéraux sur un secteur bancaire américain lui-même au bord du gouffre, ils relèvent de l'indicible. Enfin, des millions d'Américains risqueraient de perdre toute couverture contre le risque ou devraient acquitter des tarifs prohibitifs pour trouver un substitut.Confrontés à ce scénario de film d'horreur, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, et Lawrence Summers, chef du groupe des conseillers économiques du président Barack Obama, ont décidé de faire exactement ce qu'ils ont reproché bruyamment aux Japonais quand M. Summers était le «grand argentier» de Bill Clinton, et Geithner son adjoint pour les affaires internationales: maintenir «en vie» un mort-vivant, une de ces entreprises zombies qui hantaient les rues de Tokyo dans les dernières années du siècle dernier..."

-Paul Jorion : “Pire qu’une crise économique, c’est une crise de civilisation
-Les femmes et les enfants d’abord | AgoraVox
-Trop d'argent tue l'argent
-G20 : analyse du rapport Larosière:
"...Demander leur avis à certains de ceux qui sont responsables de la crise est symptomatique de cette volonté politique de ne pas y porter remède réellement : non seulement, cet épisode montre que l’Union européenne fonctionne d’une manière opaque et antidémocratique, mais encore que le système ne compte pas se réformer seul et ne le fera pas spontanément...."
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- Capitalisme dérégulé : le glas ?
- Crise: alerte maximale ?
- Faillite d'un modèle
- Crise: quelle sortie ?

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