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samedi 13 décembre 2008

Pourquoi le Grèce ?


Pourquoi maintenant ?

Oligarchie et corruption dénoncées


"Minés par les scandales, la corruption et le clientélisme, les gouvernements de gauche ou de droite ont plus profité du pouvoir qu'ils ne l'ont exercé. L'incapacité à réagir aux incendies de forêt de l'été 2007, malgré les promesses faites, a déjà montré les limites du gouvernement conservateur du premier ministre actuel, Kostas Karamanlis. À nouveau, le pouvoir est en train de faire la démonstration qu'il ne maîtrise rien. L'insatisfaction qu'éprouvent les jeunes en Grèce reste entière. Ils connaissent le taux de chômage le plus élevé en Europe pour leur classe d'âge. Le système d'enseignement supérieur est notoirement mauvais et l'accès au marché du travail très difficile, même pour les diplômés. Avec la dégradation de la conjoncture mondiale, le malaise ne peut que s'aggraver" (PR)


Grèce : une rébellion de la jeunesse liée à l'incurie de l’Etat | Rue89:

"...On peut s'étonner de l'absence de revendication politique. Mais c'est aussi le produit d'un système politique qui n'a rien à offrir. Car si tout le monde s'exaspère du plus mauvais gouvernement que la Grèce ait jamais connu, on rit ouvertement de l'incapacité de "Georgakis" -le petit Georges, Georges Papandréou, le patron mis à mal du Pasok. L'opposition socialiste ne propose en effet plus rien de crédible.Pour un grec cinquantenaire comme moi qui a grandi pendant la période de la dictature (1967-1973) et pendant la "métapolitefsi" (le changement de régime), il est aussi étonnant d'écouter des petits commerçants qui ont voté autrefois pour la droite la plus dure aujourd'hui s'extasier pour Tsipras, la voix de l'attelage de gauche Syriza, qui rassemble écolos et d’Eurocommunistes ratés.Deux aspects structuraux expliquent aussi la crise actuelle. D'abord l’absence d’expression politique pour la jeunesse en dehors des partis, qui est redoutable en Grèce car il n’y a pas de milieu associatif vivant..."

-Grèce : Ces adolescents sans futur:
"...Ce qui est le plus impressionnant dans tout ça, c’est la réaction du monde politique. La surprise des premières heures a été remplacée par des déclarations banales. Au lieu d’ouvrir, même avec du retard, la voie à un dialogue avec les jeunes, qui pourrait être le préalable d’un mea culpa, les conservateurs pointent du doigt les jeunes encagoulés et condamnent les violences. Comme si les licenciements successifs de milliers de travailleurs, le système anachronique ou la réforme de l’Education voulue par le gouvernement n’était pas eux-mêmes de la violence. Un enseignement, d’ailleurs, qui n’est gratuit que sur le papier et qui oblige les étudiants à apprendre par coeur des livres entiers s’ils veulent réussir les examens d’entrée à l’université. Comme si n’étaient pas également de la violence la... violence et la télévision-poubelle, les scandales et la corruption, l’effondrement du système des soins de santé, des pensions, la perte de milliers de jeunes de l’âge d’Alexis chaque année, à cause d’accidents de la route provoqués par des routes qu’on ne voit même pas dans des pays du tiers-monde...
la colère d’Athènes est due en grande partie à l’absence d’un futur digne, au chômage qui frappe à la porte, avant même le diplôme, alors que le présent ne présente pas d’issue, marqué par un niveau d’instruction presque vide et la dégénérescence du rapport entre l’étudiant et l’enseignant. Sans parler de l’attitude de la police par rapport aux jeunes. Les “délits de sale gueule”, les contrôles, les abus de pouvoir, les mauvais traitements sont à l’ordre du jour dans un pays où l’Etat policier, également hérité de la droite, a une longue tradition. Il y a donc un terreau, un arrière-plan social qui est plus évident en Grèce que dans d’autres pays européens.

L’ampleur des affrontements est également due à l’absence de plan de la part des forces de police, qui étaient présentes et absentes en même temps. Les forces de police en tenue anti-émeutes attaquaient au lacrymogène, mais la douleur et l’indignation étaient tellement grandes et le flux d’étudiants qui manifestaient spontanément tellement important que la situation est devenue incontrôlable. En outre, il était évident que les forces de l’ordre étaient, selon les termes de leurs dirigeants, dans une position de “défense”, démontrant ainsi indirectement les responsabilités politiques du gouvernement dans l’assassinat de l’adolescent. D’un autre côté, les policiers n’ont réussi à défendre ni les symboles de la globalisation banques, McDonald’s, boutiques de luxe, bâtiments du gouvernement, ni les magasins de ceux qui se trouvaient déjà au bord de la faillite, à cause de la crise économique. Si la réaction des jeunes grecs est aveugle mais compréhensible, celle de la police et du gouvernement d’Athènes est tout aussi aveugle, mais surtout incompréhensible...."

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"...Pour Dimitris Sacharas, «c'est un fait incontestable : le gouvernement a été totalement absent pendant ces cinq jours. Pas de déclaration du premier ministre pour appeler à l'apaisement. On attendait donc que le gouvernement tombe, que ses membres démissionnent. Mardi, je pensais que cela allait se produire : quatre jours d'émeutes dans tout le pays, pas réponse du gouvernement, la police n'agissait pas... c'était le moment. Mais non. Rien.

Du coup, maintenant que les choses se calment un peu, je ne suis pas sûr de savoir comment cela va évoluer. Le gouvernement prétend maintenant qu'il a géré la crise. C'est un peu ridicule, mais le premier ministre déclare désormais qu'il est aux commandes, et que tout marche bien!On peut aussi se diriger vers un état d'urgence, comme cela est évoqué dans les journaux depuis lundi. C'est une possibilité, très dangereuse pour nos libertés publiques, qui m'effraie mais qui n'est pas à exclure au regard de l'apathie de la classe politique, opposition comprise.»

«Je suis désolé de le dire, s'excuse Théodore Pelagidis, spécialiste des questions d'éducation et professeur à l'université de Piraeus, mais notre gouvernement correspond parfaitement à ce qu'en disent les jeunes qui se révoltent en ce moment. Les Grecs, de manière générale, considèrent leur Etat comme étant "prédateur".L'administration est un groupe de kleptocrates qui assure son auto-reproduction. Le "marché de la politique", dont tant de personnes tirent profit, est aussi un marché fermé. La corruption et le népotisme des élites politiques sont une composante essentielle de la fureur de cette jeunesse qui, si brillante soit-elle, voit son horizon irrémédiablement limité à un salaire mensuel de 700 euros par mois, entrecoupé de longues périodes de chômage.»Très impopulaire, le gouvernement de droite mené par Kostas Karamanlis fait face depuis deux années à plusieurs affaires de corruption. L'an passé, deux ministres impliqués dans des affaires de corruption ont dû présenter leur démission...

«Mais ces démissions n'ont pas été acceptées par le premier ministre ! s'exclame Dimitris Sacharas. Ces six derniers mois ont été émaillés de trois gros scandales impliquant des membres du gouvernement, qui ont une nouvelle fois ébranlé la société. Le dernier en date mettait en scène plusieurs ministres qui ont bénéficié de conditions avantageuses pour s'approprier à moindre frais d'immenses terrains situés dans le nord de la Grèce, avec la complicité de l'Eglise.Nous avons aussi un gros problème dans la gestion des fonds publics. Depuis les Jeux olympiques, le gouvernement a adopté une posture très pratique pour lui : il a choisi de tout reporter sur le gouvernement socialiste précédent. Un problème économique ? C'est la faute des socialistes ! Mais nous ne voyons aucune amélioration, au contraire. La classe moyenne ne cesse de se paupériser. La dette publique a explosé. Peut-être la prochaine étape de la mobilisation des manifestants sera-t-elle le vote, dans deux semaines, du budget pour 2009...." (Mediapart)

- La Grèce s'enflamme.:

"...En toile de fond, c’est toute la société grecque qui est en instance de divorce avec ses représentants. Les incendies de l’été 2006 n’ont toujours pas été élucidés. La situation économique se dégrade de jour en jour. Les finances publiques sont déficitaires. La dette explose (elle représente aujourd’hui 93,8 % du PIB). Des scandales financiers à répétition touchent jusqu’à l’Eglise et minent le crédit de la Nouvelle Démocratie (ND, premier Parti de droite).Dernier scandale en date, la ponction de 4 milliards d’euros sur les crédits de l’assurance maladie par le gouvernement qui a « pioché » là où il y avait de l’argent pour honorer ses obligations de remboursements. Résultat, les hôpitaux sont au bord du naufrage, des opérations chirurgicales sont repoussées tous les jours, les pharmacies n’assurent plus le tiers payant, les patients ne peuvent plus se faire rembourser leurs médicaments, le matériel élémentaire commence à manquer comme le notait Alexia Kefalas dans le Figaro.fr le 28 novembre.Cette inconséquence gouvernementale dans la gestion des comptes publics se double d’une corruption structurelle. Le scandale du Mont Athos (Etat semi autonome théocratique interdit aux femmes, ça existe en Europe) ou encore l’affaire de corruption de la classe politique par Siemens sont les deux derniers avatars d’un système où politique rime avec fric. Dans le premier cas, le puissant monastère de Vatopedi a bénéficié d’un échange inégal avec le gouvernement qui lui a refilé en 2004 des bâtiments flambants neufs construits pour les JO contre huit mille hectares de forêt. Le contribuable grec y a perdu cent millions d’euros. Dans le second cas, Siemens est soupçonné d’avoir graissé la patte à des politiciens locaux et notamment au PASOK (PS grec, au pouvoir de 1996 à 2004) à hauteur de 420 000 euros, 1 million de marks, pour décrocher plus facilement, peu s’en faut, des contrats avec l’opérateur téléphonique grec OTE.Cette corruption endémique est favorisée par un système politique endogame, dominé par des grandes familles. Exemple : l’oncle de Caramanlis, son homonyme, fut premier ministre durant quatorze ans et président de la république durant dix pour une vie politique active de 60 ans dont onze en exil à Paris de fin 63 à juillet 74 au moment de la chute des colonels)..."

-Grèce : La révolte ne s'arrête pas

- La crise en Grèce est politique

-Les émeutes en Grèce préoccupent les politiques français

-Emeutes en Grèce : et si c'était contagieux ?

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