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dimanche 14 décembre 2008

Faillite financière (suite) 

"Contrairement aux proclamations des défenseurs du marché dérégulé, cette nouvelle donne produit un appauvrissement structurel bien réel, comme nous le rappelle chaque jour le sort subit par ceux que l’on appelle les « exclus, » toujours plus nombreux. Il est temps, grand temps, de se détourner de cette dangereuse illusion qu’est le Consensus de Washington, et de remettre en cause les traités qui lui donnent force de loi" (MH)

Une faillite financière de dimension historique :

"Depuis des années, la faible progression des salaires a été compensée dans le modèle anglo-saxon par un endettement des ménages, suppléant au manque de revenus. A cette réalité, la montée des pays émergents et la facture énergétique ont ajouté une autre dimension : l’accumulation par les exportateurs de surplus libellés le plus souvent en dollars, et réinvestis sur les places financières anglo-saxonnes. Cet afflux de capitaux a permis pendant un temps de repousser les échéances, en accumulant les dettes au-delà de toute raison, grâce à l’ingéniosité et au manque de scrupules de financiers qui trouvaient là une source de revenus en apparence intarissable. Jusqu’au moment où la prise de conscience, à l’occasion de la crise des subprimes, de l’énormité de cette bulle de papier, a conduit à une conclusion inévitable : elle ne sera pas payée. Aujourd’hui, les dégâts sont énormes, à la taille de la place prise par la sphère financière dans l’économie. La liquidation ou la restructuration de la partie irrécouvrable de cette dette prendra des mois si ce n’est des années et d’ici là, en l’absence de l’apurement des comptes, aucune véritable reprise ne peut avoir lieu. Mais ce n’est pas la seule difficulté à venir. Car les pays émergents ne laisseront pas partir en fumée les crédits accordés sans réagir. Et la Chine vient de le rappeler fermement à Paulson. Robert Peston, journaliste économique à la BBC, donne son analyse la situation - plutôt sombre - du Royaume Uni...
L’un des meilleurs indices permettant de se représenter cette accumulation d’emprunts est celui de la dette extérieure brute des banques anglaises. Elle est passée de 1 100 milliards de livres en 1997 à 4 400 milliards cette année - là encore, environ trois fois la valeur de notre production économique annuelle.Ces chiffres indiquent deux choses. Ils montrent l’énorme et insoutenable croissance qu’ont connu la City et l’activité financière. Aujourd’hui, la City subit une cure d’amaigrissement et se venge par des pertes massives d’emplois et la diminution des recettes fiscales ( il s’agit peut-être de 30 ou 40 milliards de livres de revenus pour l’Etat qui vont disparaître à jamais). Mais ils montrent également que ces dettes représentent dans une large mesure un recyclage de l’épargne en provenance d’autres pays, notamment les énormes excédents de la Chine, des pays asiatiques et du Moyen-Orient.Pour le dire crûment, durant la plus grande partie de la dernière décennie, des millions de Chinois asservis à un salaire permettant tout juste de survivre ont malgré tout réussi à épargner, à la fois en tant que nation (La Chine détient l’équivalent de 1,400 milliards de livres en réserves de change) et en tant qu’individus. Ce déséquilibre - entre l’épargne de l’Orient et notre endettement Occidental, entre leurs énormes excédents commerciaux et nos déficits - ne pouvait en aucun cas être soutenable.A mon avis, l’évènement le plus important de la semaine dernière a été la réprimande adressée par Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la banque centrale chinoise, à l’attention du secrétaire au Trésor américain, Hank Paulson. M. Zhou a déclaré que « la surconsommation et une grande dépendance à l’égard de crédit sont la cause de la crise financière des Etats-Unis » et que « les États-Unis devraient prendre l’initiative d’adapter leurs politiques, de relever leur taux d’épargne de façon appropriée et de réduire leurs déficits commercial et budgétaire ».Il s’agit là d’une déclaration sans équivoque indiquant que les Chinois ne sont plus disposés à financer les dépenses des États-Unis et du Royaume-Uni : ils ne veulent pas prêter plus et ils veulent être sûrs que ce qu’ils ont déjà prêté ne va pas disparaître dans une nuée de dettes insolvables et d’inflation...
Qui faut-il blâmer ? La réponse courte est : nous tous. Mais il est difficile de nier le fait que la plus grande faute incombe aux banques et aux banquiers - parce qu’ils ont systématiquement failli à faire ce pourquoi ils sont rémunérés : c’est à dire évaluer correctement les risques associés à tous ces prêts. Désormais, la survie de ces établissements dépend entièrement de l’engagement des gouvernements et des contribuables."

- La fin du Consensus de Washington:
"« La « nouvelle économie » d’aujourd’hui n’est pas basée sur les nouvelles technologies et les investissements, comme Greenspan le clamait dans les années 1990, mais sur l’inflation des actifs qui produit des gains en capitaux. Les surplus de l’économie sont absorbés par le service de la dette et non pas par l’investissement productif ou par un partage des gains de productivité au bénéfice des salariés. Les salaires et les niveaux de vie restent stagnants pour le plus grand nombre lorsque l’économie tente de s’enrichir par le « miracle des intérêts composés, » et quand les gains en capitaux en provenance du secteur financier servent à octroyer de nouveaux crédits qui poussent à la hausse le prix des actifs, en une sorte de mouvement perpétuel de la machine du crédit et de la dette. » Depuis vingt ans, les partisans du Consensus de Washington nous répétaient « le marché y pourvoira, » promettant richesse et prospérité pour tous. La réalité leur donne tort. En généralisant la concurrence à outrance sur les facteurs de production, la mondialisation exerce une pression perpétuelle à la baisse sur les salaires. Le remplacement des industries à forte productivité par des services à faible valeur ajoutée déforme la structure de la rémunération et affaiblit la demande. Une part grandissante de la population est privée de la possibilité de s’insérer dans l’échange marchand, car elle n’est plus en mesure de défendre le niveau de salaire qui permettrait de contrebalancer le différentiel de productivité. Contrairement aux proclamations des défenseurs du marché dérégulé, cette nouvelle donne produit un appauvrissement structurel bien réel, comme nous le rappelle chaque jour le sort subit par ceux que l’on appelle les « exclus, » toujours plus nombreux. Il est temps, grand temps, de se détourner de cette dangereuse illusion qu’est le Consensus de Washington, et de remettre en cause les traités qui lui donnent force de loi..."
-La fin du Consensus de Washington

- La récession américaine, jusqu’où ?
- Sale temps pour les Hedges funds

-La stabilité internationale, menacée par la crise:
"Les crises économiques mondiales et les tempêtes sur les devises qu’elles provoquent ont un potentiel de déstabilisation dévastateur. Lorsque les économies nationales s’effondrent, que la chute des devises et des exportations ne permet plus d’honorer les dettes, de se procurer toutes les matières premières, l’énergie et parfois l’alimentation nécessaires, les troubles, la violence et les conflits ne sont jamais très loin. Nous n’en sommes heureusement pas là. Mais l’ampleur de la liquidation des créances internationales et du ralentissement économique, loin d’avoir donné leur plein effet, sont porteurs de risques géopolitiques majeurs...« La crise financière mondiale n’a pas encore atteint son maximum. Son impact se propage au niveau mondial et s’amplifie », a déclaré Zhang Pin, le directeur de la commission nationale de développement. « Les trop nombreuses faillites et fermetures d’entreprises vont provoquer un chômage massif et susciter des troubles sociaux ».Nous sommes sur le point de savoir si la Chine a fait le mauvais choix en pariant sur une stratégie de développement basée sur des investissements massifs dans des industries d’exportation, à faible valeur ajoutée, en direction des États-Unis et en Europe.Le dernier rapport de la Banque mondiale sur la Chine [1] contient une information consternante : la part des salaires dans le PIB a chuté de 52% à 40% depuis 1999. C’est la preuve d’un modèle économique désastreusement déséquilibré, qui a peu de chances de conserver le soutien populaire..."
- Questions à Jacques Attali à propos de « La crise, et après ? »:
Il existe une disparité essentielle entre démocratie et marchés : la première constitue une invention humaine, née d’un désir de pacification des relations entre les hommes, les seconds demeurent l’expression spontanée de la manière dont notre espèce réglait ses affaires à l’état sauvage : par la guerre de tous contre tous. Ce qui fait défaut à nos démocraties, n’est-ce pas de n’avoir pas encore étendu le principe démocratique aux domaines de l’économie et de la finance, d’avoir laissé en ces lieux des institutions humaines, des plages de sauvagerie ? »....
-Théorie de la crise et crise de la théorie
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Faillites et saisies : Une opération de pêche aux capitaux des géants de la finance

. Question importante : qui prend le contrôle des droits de propriété des grandes corporations industrielles en faillite ?

Les faillites et les saisies hypothécaires sont des opérations de pêche aux capitaux. Avec l'effondrement des valeurs boursières, le prix de l’action des sociétés cotées subit une importante chute, qui affecte immédiatement la solvabilité et la capacité de ces sociétés à emprunter et/ou à renégocier leur dette (qui se base sur la valeur cotée de leurs actifs).

Les spéculateurs institutionnels, fonds spéculatifs (hedge funds) et autres, ont tiré profit de butins inattendus.

Ils provoquent l'effondrement des sociétés cotées grâce à la vente à découvert et autres opérations spéculatives. Ils profitent ensuite de leurs gains de la spéculation à grande échelle.

Selon un rapport publié dans le Financial Times, il est évident que l’effondrement de l'industrie automobile des États-Unis est en partie le résultat de la manipulation : « General Motors et Ford ont perdu 31 pour cent, à 3,01 dollars, et 10,9 pour cent, à 1,80 dollars, malgré l'espoir en un possible sauvetage de l'industrie au bord de la ruine par Washington. La chute est survenue après que la Deutsche Bank ait fixé un prix cible de zéro pour GM. » (Financial Times, 4 novembre 2008)

Les financiers se livrent à une débauche de magasinage. Les 400 milliardaires étasuniens de Forbes attendent dans les limbes.

Dès qu'ils auront consolidé leur position dans le secteur bancaire, les géants financiers, incluant JP Morgan Chase, Bank of America, et autres, utiliseront leurs gains inattendus et l’argent du plan de sauvetage qui leur est fourni dans le cadre du TARP, pour étendre leur contrôle sur l'économie réelle.

La prochaine étape consiste à transformer les actifs liquides, à savoir la richesse en papier monnaie, en acquisitions dans l’économie réelle.

À cet égard, Berkshire Hathaway Inc de Warren Buffett est l'un des principaux actionnaires de General Motors. Plus récemment, à la suite de l'effondrement des valeurs boursières en octobre et novembre, Buffett a renforcé sa participation dans le producteur de pétrole ConocoPhillips, sans mentionner Eaton Corp, dont le prix à la Bourse de New York a chuté de 62% par rapport à son pic en décembre 2007 (Bloomberg).

Les cibles de ces acquisitions sont les nombreuses industries très productives et les entreprises du secteur des services, qui sont au bord de la faillite et/ou dont la valeur boursière s’est effondrée. Les gestionnaires de portefeuille ramassent les morceaux. .."(M.Chossudosky)


-2009, année noire, prévoient Roubini...
-Quel sera notre avenir ? 6 experts répondent | AgoraVox- Les pires scénarii-
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>>- Mondialisation implosive ?>>- CRISE : not under control...>>- Tour d'horizon>>- Retour à Keynes ?>>- G 20 : sommet... d'hypocrisie>>- Système qui se mord la queue ?>>- Crise : retour sur les causes

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