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jeudi 10 juillet 2008

Démocratie : entre l'universel et le particulier


Alain Touraine:la recomposition du monde:

"...Aujourd'hui, nous vivons la dissociation du monde de la raison -- qui est devenue une raison instrumentale -- du monde des objets, des techniques, des marchés, des systèmes d'échanges, des signaux, des informations; et de l'autre côté, du monde de l'individu, qui peut se réduire à être un simple consommateur, mais qui, en réalité, ne s'y réduit pas, parce que cet individu tente, dans ce monde en mouvement, de s'appuyer sur son identité, c'est-à-dire aussi sur sa communauté, sur ses racines, sur ses traditions, sa nation, son ethnie, sa religion, sur ces appartenances dont on pensait qu'elles allaient disparaître peu à peu avec la rationalité moderne mais qui remontent à la surface du monde contemporain.
Notre monde est à la fois le monde de CNN et celui des ayatollahs, le monde du pétrole et le monde local....La démocratie commence à partir du moment où on veut imposer à l'ordre des faits un principe de droit universel, que nous appelons, par exemple, la liberté, ou l'égalité, ou la justice, ou la solidarité, et sur lequel repose la souveraineté populaire. Car si les hommes sont inégaux en fait, il y a un ordre autre, l'ordre du politique, qui est au dessus de l'ordre social et au nom duquel s'exercent des interventions au nom du droit, au nom d'un principe universaliste, dans le domaine des intérêts, des opinions et des valeurs.
Nous devons nous mettre d'accord sur ce point de départ. Nous avons tous peur de régimes qui en appellent à la masse, nous avons peur des manifestations millionnaires dans les rues, nous avons peur des défilés devant les tribunes officielles. Il n'y a pas de démocratie sans un principe de limitation du pouvoir. C'est vraiment le début de toute réflexion sur la démocratie, c'est le thème central de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen."

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir cher Marcel Thiriet et un grand merci pour l’article d’Alain Touraine qui se lit (comme on déguste un mets de choix), avec délectation tant il respire la réflexion sereine et lucide, partant d’une connaissance historique et du réel, rare. Et dire qu’il date de 1994. Décidément beaucoup (beaucoup trop), de choses ont changé de puis 2001.
Merci également pour vos commentaires sur AV que je rate rarement, vous avez ainsi réussi à ‘recruter’ un lecteur de plus pour Naomi Klein.
Par contre je vous remercie beaucoup moins (c’est un euphémisme) Borat et vous, pour vos attaques au vitriol contre les croyants dont je suis. C’est vrai que j’y suis largement habitué maintenant mais que voulez-vous, venant de vous deux, c’est toujours aussi dur à accepter.
Mais bon, vu l’image peu reluisante que beaucoup de croyants donnent, l’ère du temps pour les gens comme moi est apparemment encore une fois, au profil bas (contrairement au fameux besoin de reconnaissance que m’accorde Mr Touraine). Bonne nuit cher Monsieur et merci encore.
Constant Danslayreur

Etienne Celmar a dit…

Bonsoir cher Constant
Merci pour votre appréciation.C'est un plaisir de vous lire. Mais je ne suis qu'un modeste passeur, et mon blog me sert aussi de cave à favoris.
Il est vrai que ce texte de Touraine est de qualité.
Vous ne regretterez pas la lecture de N. Klein , qui donne beaucoup de clés pour comprendre la logique de certains événements que je reliais mal entre eux...Impressionnant! Vous pourrez m'en parler sur l'article que j'ai consacré à son livre il y a environ un mois (utiliser l'outil de recherche, en haut , à gauche : ça marche plus ou moins bien)
Désolé de vous avoir choqué. Sur le sujet de la religion , ce ne sont pas des attaques , mais une approche critique , philosophique, que F.Piffart a surtout le don de susciter. Réaction d'ancien croyant dépité peut-être un peu aussi. Ce serait trop long à vous expliquer...Bon , je vais mettre un peu d'eau dans mon vin (de messe). Dans la vie courante, je suis assez ouvert sur ce sujet , j'ai même un ami évêque dans mes relations. Si, si!
Bonne nuit à vous aussi et à bientôt, cher Constant
Marcel Thiriet