Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

lundi 30 juillet 2007

L'énergie: problème d'aujourd'hui


Quelques sites fondamentaux:

Bienvenue chez Jean-Marc Jancovici (grande valeur pédagogique)

ASPO France - Le pic de production de pétrole

Oléocène : site dédié à la fin de l'âge du pétrole

Association négaWatt



Peinture chinoise

Finement colorée,légère, mystérieuse, suggestive,sensuelle, aérienne et terrestre...si envoûtante peinture traditionnelle chinoise...




Pensée du jour

"Heureux celui qui sait rire de lui-même: il n'a pas fini de s'amuser." (N.N.)

dimanche 29 juillet 2007

Quand on partait de bon matin...

http://www.paroles.net/chansons/11554.htm

Ce n'est pas le Ventoux, juste les collines de l'Artois...



"... le vélo donne un goût neuf aux choses simples...Il y a dans le vélo une RELATION AMICALE AU MONDE : les montagnes que l’on voit sont à escalader, les vallées sont à dévaler...Etre dans le paysage, dans la pluie, dans sa chaleur, dans son vent, c’est le voir avec d’autres yeux, c’est l’imprégner en soi d’une façon instinctive et profonde....Jouissant d’une nature en profondeur dépressive...le vélo est ma métaphore essentielle, mon modèle profond. Tant que je pédale, je suis en équilibre, TANT QUE JE PEDALE , JE TOURNE ROND... »... (Paul Fournel: Besoin de vélo. -SEUIL)

http://marcelthiriet.blogspot.com/2007/07/le-vlo-et-moi.html

Pour une introduction démystifiée à la pensée ZEN



Boudhisme et Zen

Tchouang Tseu

Un choix de blogs politiques



Répertoire des blogs politiques - Media Wiki

Si vous aimez rêver devant les étoiles, venez par ici


l'astronomie d'Eric Dupin

Par F.E., un premier bilan de l'ère sarkozienne



AgoraVox le média citoyen : Le ministère de la Parole

jeudi 26 juillet 2007

Impressionnant Etna

En Sicile, il y a peu


Hauts de Catane


Ile si attirante, si dérangeante, si séduisante:variété des sites, archive de civilations, amalgame des styles ,condensé de l'histoire méditerrannéenne, brassage des influences...

mercredi 25 juillet 2007

Media control (publié sur AGORAVOX)


Les media américains sous contrôle


Une récente étude très critique, Media Control (ed. Les Arènes), présentée par la journaliste Kristina Borjesson, ayant travaillé pour CBS et CNN, fait un bilan courageux et sans complaisance de l’état dans lequel se trouvent la plupart des grands media américains, du fait des pressions exercées par l’administration néo-conservatrice de la Maison Blanche depuis quelques années.

L’intérêt, c’est que c’est un livre à plusieurs voix, où s’expriment huit journalistes réputés politiquement modérés, très connus, travaillant par exemple au New-York Times ou au Washington Post, et même John Mc Arthur, dirigeant le Harper’s Magazine.


Jusqu’ici s’étaient surtout exprimés sur ce sujet des "francs-tireurs" comme Noam Chomsky ou Susan Sontag , assez marginalisés, tout comme le site "MoveOn", rassemblant des citoyens critiques de tous bords, mais sans grande cohérence ni projet.


Dans ce livre, la convergence et la cohérence des critiques sont impressionnantes et rares...On savait les Américains plutôt mal informés, leur média plutôt médiocres, mais ce que nous disent ces auteurs dépassent parfois l’entendement. Kristina Borgesson dénonce le provincialisme effrayant de la grande masse de ses compatriotes, déclarant : "La plupart ne savent tout simplement pas ce qui se passe en dehors des Etats-Unis. Pire, ils ne savent pas ce que leur gouvernement entreprend à l’extérieur du territoire" (déclaration à Télérama, le 5/7/2006).


Les auteurs relèvent que le problème ne date pas d’aujourd’hui et que l’on aurait tort d’idéaliser le passé, mais ils estiment qu’un grand virage a été pris au milieu des années 70, après l’affaire du Watergate, où beaucoup d’organes de presse ont commencé à perdre la modeste liberté de ton qui existait dans les année 60, même s’il n’y a jamais eu de véritable culture d’opposition aux USA. En 1979 (prise d’otages à Téhéran), l’autocontrôle s’est accentué et depuis le 11/9, il s’est durci sous la pression des grands patrons de presse, aux intérêts liés au groupe au pouvoir à la Maison Blanche. "Personne n’a pris le risque de passer pour un mauvais patriote. D’autant plus que tout le pays était derrière Bush" dit K.B.


Le livre fourmille d’exemples de "libertés" prises avec la vérité, même au NY Times dans l’affaire du programme inconstitutionnel des écoutes téléphoniques en 2005 dont le journal avait connaissance dés 2004 sans en avoir fait part dans ses colonnes. Ne parlons pas des débuts de l’affaire irakienne, où personne ne s’est vraiment donné la peine de faire des investigations...à part quelqu’un comme J. McArthur, mais dans les pires conditions, certains articles jugés sensibles étant systématiquement "enterrés" au milieu du journal.


Ce que dénoncent les auteurs, par delà les exemples et les constats, c’est tout un système, dont la logique est ancienne, mais qui fonctionne maintenant très efficacement et en toute impunité, la vie politique étant en état de coma avancé : le Congrès est soumis, La Court Suprême est aux ordres, et le Département de la Justice est tenu par Bush.."Jamais, dit McArthur, un gouvernement n’a atteint une telle maîtrise de la propagande.." au point que : "un large pourcentage d’Américains restent convaincus que S.Hussein est lié aux attentats du 11 septembre" .


Les journalistes en vue appartiennent à l’establishment et flirtent en permanence avec les hommes au pouvoir, l’ascenseur étant renvoyé, bien sûr (invitation à dîner en compagnie des conseillers de la Maison Blanche, rétributions financières, invitation sur les plateaux-télé, conférences (à 20.000$), bref des incitations permanentes à la soumission et au conformisme. De plus, les grands patrons de presse cherchent avant tout à protéger leurs actionnaires, comme Murdoch, par exemple.


Même si nous n’atteignons pas (encore ?) chez nous ce degré de médiocrité et de conformisme politiquement utile au pouvoir, qui sait « l’instrumentaliser » à sa guise (jusqu’au quand ?) , ce livre est d’une lecture nécessaire pour notre propre gouverne et représente une forme de résistance réconfortante.

Sera-t-elle efficace... ?


ZEN


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Un jour, en Egypte...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Egyptopedia

mardi 24 juillet 2007

Articles publiés sur AGORAVOX


Tous les articles qui suivent ainsi que la précédent ont été publiés dans AGORAVOX sans les commentaires, que vous pouvez trouver sur AGORAVOX sous le pseudo de ZEN (consulter la liste des rédacteurs) :

http://www.agoravox.fr/auteur.php3?id_auteur=5261



Les articles commencent par les plus anciens (de 08/2006 à 07/2007).Celui qui est situé au-dessus (Media Control) est le premier de la liste.

Chine-USA


Chine et Etats-Unis : condamnés à vivre en paix ?

Les risques de conflit entre les deux puissances paraissent à première vue importants: l’affaire de Taïwan est loin d’être réglée, le Pentagone s’alarme de la montée en puissance du potentiel militaire chinois, et l’opinion américaine s’inquiète d’une concurrence économique déloyale, qui lamine des pans entiers de l’industrie et provoque nombre de délocalisations.

Pourtant, les deux économies sont tellement imbriquées, organiquement si dépendantes, qu’un conflit paraît improbable, du moins dans un avenir proche. Elles apparaissent liées , pour le meilleur et pour le pire, par des relations très ambiguës , à tel point qu’on a pu y voir un "équilibre de la terreur économique".


Après une longue période d’ignorance réciproque, d’oppositions politiques et militaires très rudes, l’ère Nixon a ouvert timidement de nouveaux rapports avec la puissance chinoise. Avec le virage politique chinois et le développement rapide des échanges mondialisés, tout a changé. L’interdépendance des économies, voulue autant que subie, est parvenue à un stade où les deux puissances sont dans un état de neutralisation réciproque, caractérisé par une dialectique très complexe d’échanges bénéfiques et de tensions sourdes non dénuées de menaces potentielles.

Cela pour plusieurs raisons :

1 ) La Chine a un besoin énorme d’énergie. L’autosuffisance n’est pas garantie, les réserves s’épuisent. Elle importe actuellement 40% de son pétrole et en importera probablement 80% vers 2030. Elle s’inquiète de l’avenir et va chercher des partenaires jusqu’en Afrique et en Amérique latine. Mais l’essentiel de son pétrole lui vient du Moyen-Orient (environ les 2/3). Or Pékin accepte mal que ses acheminements d’or noir soient contrôlés par l’US Navy omniprésente. Si un conflit éclatait, l’économie chinoise pourrait être étranglée par une intervention rapide des USA. Entre le détroit d’Ormuz et Shanghaï, la distance est de 12 000 km. Un sérieux handicap. Un approvisionnement vital donc, mais très exposé.

2) Troisième exportateur mondial, la Chine nous étonne tous les jours par ses performances économiques, mais que deviendrait sa croissance en cas de crise mondiale, due par exemple à un conflit grave et prolongé au Moyen-Orient, ou au sujet de Taïwan ? Le marché américain absorbe à lui seul le cinquième des produits exportés de Chine.

Cette dépendance et cette fragilité sont d’autant plus grandes que 60% des produits made in China sont actuellement fabriqués par des entreprises étrangères installées en Chine, et presque 70% des brevets déposés sont étrangers. L’exportation est vitale, elle est même devenue une doctrine, et les composants importés pour ses usines ateliers sont indispensables. Double dépendance donc. Mais il ne faut pas oublier que celle-ci va se réduire, et que les retards vont assez rapidement être comblés, grâce notamment à un triplement de ses dépenses de recherche.

3) Mais Pékin a une arme redoutable, capable de frapper durement le coeur de l’économie américaine et asiatique. La Chine est devenue un créancier majeur pour les USA. Ayant beaucoup de réserves de change (plus de 900 milliards de $), elle a acheté énormément de bons du Trésor américains (autour de 300 milliards de $). Cela permet de maintenir les taux d’intérêt à bas niveau, encourage la consommation (surtout de produits made in China), permet un niveau de vie "acceptable" (selon les critères américains), donc favorable politiquement aux USA, même si la dette atteint des hauteurs vertigineuses et dangereuses... La grande distribution a besoin des produits chinois, qui garantissent de très confortables marges bénéficiaires : Wall Mart a acheté en 2005 pour presque 20 milliards de dollars de produits manufacturés en Chine.

Si la Chine décidait, en cas de conflit par exemple, de se débarrasser de ses bons du Trésor, ce serait une catastrophe économique pour son partenaire : chute du dollar, flambée des taux d’intérêt, etc. On imagine la suite. Et l’effet boomerang automatique : la mise à genoux de l’économie chinoise. La Chine ne peut donc souhaiter compromettre la croissance économique américaine, dopée par les capitaux étrangers, vivant en quelque sorte dangereusement à crédit. Jusqu’à quand ?

On est donc là face à une situation plus complexe que celle envisagée habituellement, loin des fantasmes qui ont cours dans l’opinion américaine, hantée par "la menace chinoise", des volontés protectionnistes qui se manifestent dans certains groupes parlementaires, des menaces agitées par le Pentagone, comptant les missiles que la Chine développe.

On comprend que, pour rassurer l’opinion ainsi que certains parlementaires et militaires, le gouvernement américain tienne un discours de fermeté, en imposant certains quotas symboliques, mais sans rien changer d’essentiel. Il se mettrait en péril en allant dans le sens des voeux de l’opinion.

L’ attitude américaine des USA vis-à-vis de la Chine est donc assez schizophrénique, faite à la fois de perception d’une rivalité économique redoutable à terme, pouvant remettre en question sa propre hégémonie mondiale, et absolument nécessaire dans l’immédiat. Une Chine à la fois redoutée et acceptée comme partenaire indispensable.

Ainsi s’expliquent mieux le double langage des responsables politiques américains et le caractère équivoque de leurs relations avec cette Chine à la fois si lointaine et si proche, si familière par ses produits et ses capitaux et si ignorée de la masse des consommateurs dont la Chine fait le "bonheur"...

Les deux puissances sont donc économiquement enchaînées, ce qui permet de penser que des relations apaisées, parce que profondément intéressées, peuvent durer encore un certain temps...

Sources : Frédéric Robin (Le Monde, 16 juin 2006)

Eric Leser (ibidem)

Emmanuel Saint-Martin (La Tribune, 12 juillet 2006)



ZEN


L'anglais ou rien ?

Parlez-vous globish ?




L’expansion apparemment irréversible de la langue anglaise, ou plutôt de ce qui en est une forme réduite, appauvrie, est coextensive à la mondialisation des échanges, à la globalisation, d’où le mot-valise, souvent utilisé pour caractériser cette forme nouvelle de communication internationale, le globish (global-english). Dans le monde des relations diplomatiques comme dans celui des affaires, elle apparaît comme un outil commode, composé de 400 à 1200 mots, permettant aux nouveaux nomades, réels ou virtuels, de communiquer assez aisément de manière transculturelle. Elle est devenue comme l’esperanto de notre temps. Son usage tend à coloniser tous les secteurs de la vie, jusqu’au langage le plus courant.

Le linguiste très connu, polyglotte exceptionnel,Claude Hagège, s’élève dans un de ses livres récents contre l’expansion planétaire de l’anglais, sa tendance à la monopolisation dans les échanges, qui se ferait aux dépens de la diversité des autres langues et des spécificités culturelles qu’elles véhiculent : Combat pour le français, (Odile Jacob-2006).

Le titre de l’ouvrage est résolument polémique et pourrait paraître comme un mot d’ordre passéite, défendant des positions d’arrière-garde. Il n’en est rien. Son propos est de montrer que l’offensive de l’anglais n’est pas neutre, et qu’elle entraîne un recul de l’usage de la plupart des autres langues, donc un appauvrissement des modes de pensée, un nivellement réducteur, un dommageable recul de la diversité des visions du monde. Interpréter son analyse comme une critique de l’anglais comme tel serait un grossier contresens.L’auteur n’est pas partisan d’un repli des langues sur elles-mêmes.Elles ont leur vie propre, importent continuellement de nouveaux mots, de nouvelles expressions, modifient même peu à peu certaines de leur structures. Ce qu’il remet en cause, c’est l’usage dangereusement envahissant de l’anglais partout et à tous les niveaux.

Déjà, dans un ouvrage antérieur(Le français et les siècles), Hagège déclarait : "La vérité est que le français recule ; elle est que l’anglais avance plus vite que lui", et il souhaitait le maintien du français à un bon niveau international en affirmant : "L’engagement actif au service des différences contribuerait, dans le monde d’aujourd’hui, à l’équilibre des langues, c’est-à-dire aussi à celui des pouvoirs" (p.302). La question du pouvoir lui semble être le coeur du problème.

Dans son dernier ouvrage, l’auteur est plus précis, et lance une sorte de mise en garde sur le sort que risque de subir notre langue, comme beaucoup d’autres. Il pose clairement le problème en termes de rapports de forces économiques et politiques. " La colonisation des esprits nous guette, car, en imposant une langue, ce sont les intérêts de la puissance dominante qui sont imposés."

Imposer une langue, c’est imposer une manière d’interpréter le monde, des modes de pensée,des expressions émotionnelles,etc., bref, un certain rapport au monde bien spécifique. Comme l’ont montré les études linguistiques depuis le début du siècle, notamment celles de Benvéniste, une langue n’est pas un catalogue, une nomenclature, mais une structure complexe qui n’offre pas une équivalence de mots à mots, et qui est toujours investie par des rapports de pouvoir.

Pour l’auteur, il y a une corrélation très étroite entre la diffusion du modèle économique néolibéral et l’expansion de l’anglais, qui en est un des vecteurs et aussi un des effets.Déjà en 1835, T.B. Macaulay donnait un sens très précis à la mission colonisatrice anglaise en Inde : former "une classe d’individus indiens de sang et de couleur, mais anglais par leurs goûts, leurs opinions, leurs valeurs et leur intellect". Pour Hagège, la colonisation a pris d’autres formes, et elle est devenue planétaire. Les élites économiques et politiques ont bien compris l’intérêt qu’il pouvait y avoir à imposer une langue mondiale, même réduite à sa plus simple expression.

Il dénonce le fait que la Commission européenne elle-même ne respecte pas - ou plus - l’égalité absolue des langues officielles de travail, prétextant le coût élevé de la traduction dans les 21 langues de l’Union (dépense dérisoire par rapport au montant de certaines subventions discutables). Mais le pire est qu’en France même, beaucoup d’élites économiques et politiques, des spécialistes de la communication, certains journalistes, des "déclinologues" attitrés, et même certains intellectuels de gauche s’acharnent à utiliser l’anglais, là même où son usage ne s’impose pas. Comme si le français était devenu un dialecte gentiment exotique...

On peut résumer son constat attristé par une de ses formules : "Sont face à face une force et une valeur. La force est celle du profit... Quant à la valeur... c’est la culture." Seule l’intervention de l’Etat peut permettre à notre langue de résister face au rouleau compresseur de l’anglais-américain, comme le montrent les exemples hongrois, finnois, tchèque, estonien, hébreu moderne, etc., qui ont réussi à survivre et à s’adapter à la modernité.

Donc, pas de position de repli, de nostalgie passéiste, mais une volonté sans arrogance, ouverte aux autres expressions linguistiques, de continuer à vivre avec sa langue, dans sa langue, de vivre sa langue.

Sources : Claude Hagège : Combat pour le français (Odile Jacob)

Le français et les siècles (Points-Odile Jacob)

Le Monde diplomatique : Bernard Cassen : "En français dans le texte", (septembre 2006)



ZEN

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Les USA et la dernière guerre


Les USA et la guerre 1939-1945 : une "bonne" guerre ou un engagement très intéressé ?
"Le mythe de la bonne guerre": Le livre récent de l’historien belge, enseignant à l’Université de Toronto, Jacques R.Pauwels, fait certainement date dans la recherche historique sur la dernière guerre mondiale, par la thèse qu’il défend, sur la base d’une recherche documentaire impressionnante.
Remettant en question les poncifs de l’histoire officielle et convenue sur cette époque , non pas tellement sur les faits, mais sur l’interprétation des faits, le sens général de l’engagement des USA dans la lutte contre l’Allemagne nazie, il bouscule toutes les idées reçues, les images d’Epinal concernant cet aspect de l’histoire, l’idéalisation entretenue sur la prétendue "croisade" contre la barbarie nazie, considérée alors comme une forme de lutte du Bien contre le Mal. Il s’agit en fait d’une sorte de contre-histoire.
Faisant la synthèse de nombreuses études effectuées aux USA et en Allemagne notamment ,il défend la thèse que la conduite de la guerre par les USA , leur intervention armée ,leurs motivations ont été avant tout guidées par des intérêts commerciaux et industriels à court ou à moyen terme. Les rapports de l’Amérique aux puissances de l’Axe ont de plus subi des variations , parfois des renversements brusques, en fonction des intérêts du moment.

J’ai été amené à la découverte et à la lecture de ce livre par plusieurs commentateurs d’AgoraVox, qui en avaient souligné le grand intérêt et l’aspect subversif, très dérangeant, mais passionnant.On ne lâche plus le livre quand on s’en est emparé...
Difficile d’en donner un compte rendu exhaustif, tant il est riche de données, plus économiques qu’événementielles. J’avais moi-même cinq ans quand j’ai été baigné, comme tous à l’époque, dans l’euphorie de la Libération, et il me reste encore quelques vagues souvenirs de la liesse du moment et de la fascination qu’avait provoquée sur mon jeune esprit l’apparition des GI’s sauveurs et généreux. J’ai vécu longtemps sur cette mythologie enfantine, confortée par l’histoire enseignée en classe. C’est peu dire que l’interprétation de Pauwels a changé mon regard, même si certaines illusions s’étaient déjà envolées bien avant.
On est frappé par la continuité et la cohérence de la politique de Washington avant, pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, politique guidée par les intérêts de l’industrie américaine plus que par des idéaux de justice, de liberté et de démocratie. Certains historiens américains avaient déjà attiré l’attention là-dessus, comme William Appelman, Gabriel Kolko, Gar Alperovitz, Charles Higham , Ed Cray, etc., mais ils sont restés plutôt "ignorés" par les historiens officiels.
Le dernier conflit mondial, du point de vue américain, paraît une "bonne guerre" (l’historien Michael Adams parlait naguère de "The best war ever", la "meilleure de toutes les guerres") si on la compare aux nombreuses mauvaises guerres de l’histoire des USA, telles les guerres indiennes ou la Guerre du Vietnam... Pour l’auteur, ce fut une "bonne guerre" (du point de vue américain) pour trois raisons : elle mit un terme à la grande dépression en suscitant la demande économique, elle profita beaucoup à l’élite au pouvoir en générant des profits considérables, elle contribua à donner au monde des affaires une aura exceptionnelle et une influence beaucoup plus grande sur les centres de décision politique. De plus, comme le dit Pauwels, la "pax americana qui s’annonça promettait de poser les fondations d’un libre-échange mondial, sources de bénéfices permanents pour les dirigeants d’entreprises américains" (p. 282).
Avant l’entrée en conflit de l’Allemagne nazie, des intérêts économiques puissants étaient déjà à l’oeuvre au coeur du système industriel de ce pays.On ne peut les citer tous, mais on peut noter la présence depuis les années vingt des firmes comme Coca-Cola, Opel , Ford, IBM, la Standard Oil, partenanaire de IG Farben. La politique de réarmement d’Hitler déboucha sur des contrats juteux pour les industriels américains, par l’intermédiaire de banquiers comme Schacht, de groupes financiers allemands et... suisses. Ces groupes industriels appréciaient d’autant plus le régime que les syndicats avaient été réduits au silence." A la veille de Pearl Harbor, la valeur totale des participations industrielles en Allemagne était estimée à 475 millions de dollars." (p.35) A noter que l’Union Bank fut associée à l’ empire industriel de Thyssen, sans le soutien financier duquel Hitler n’aurait sans doute pu accéder au pouvoir. Cette banque fut dirigée par Prescott Bush, grand-père de GW Bush senior... Du Pont avait investi dans l’industrie d’armement allemand et fourni au Reich des armes et des munitions, via la Hollande. Le fondateur d’ITT, Sosthenes Behn, avait des relations très étroites avec le régime nazi, de même que Torkild Rieber, grand patron de Texaco. Le président de General Motors décrivait ce qui se passait en Allemagne en 1933 comme "le miracle du vingtième siècle".
Il faut dire que, dans ces années, le fascisme ne posait guère problème aux USA. Il existait même un certain antisémitisme. Henri Ford lui-même, décoré plus tard par Hitler, avait publié, dans les années vingt, un livre virulent : Le juif international, qu’Hitler lut avec passion, et finança également la campagne pro-nazie inaugurée par le fameux aviateur Charles Lindbergh. Ces campagnes associaient antisémitisme et anticommunisme, comme le faisait la propagande nazie elle-même.On comprend mieux pourquoi les intérêts allemands et américains ont pu fusionner à ce point. Pour la petite histoire, Hitler conservait une photo de H. Ford sur son bureau. L’auteur va jusqu’à dire que "sans les camions, chars, avions fournis par les filiales de Ford et de GM, sans les grandes quantités de matières premières stratégiques, notamment le caoutchouc, l’huile de moteur, le gazole et autres carburants acheminés par Texaco et la Standard Oil via des ports espagnols, les forces tant terrestres qu’aériennes n’auraient sans doute pas battu aussi facilement leurs adversaires en 1939-1940... Sans la technologie la plus avancée de communication et d’information fournie par ITT et IBM, Hitler n’aurait pu que rêver de "guerres-éclair." (p.43)
Même si l’opinion américaine était partagée au début de la guerre en Europe, les élites étaient prêtes à sacrifier l’Europe de l’Ouest sur l’autel de l’anti-soviétisme. Le mouvement "America first" s’opposait à toute intervention dans le conflit européen, bien que Roosevelt fût favorable à une intervention aux côtés de l’Angleterre. Mais, dés que l’Allemagne s’installa dans une économie plus "fermée", sans mettre en péril les intérêts américains si nécessaires à la poursuite de la guerre, et lorsque la Grande-Bretagne apparut comme un marché énorme grâce à sa demande de matériels militaires, la politique de Washington s’infléchit : grâce au "prêt-bail", qui ne fut pas un cadeau, la puissance impériale de l’Angleterre pouvait s’affaiblir, sa politique économique s’ouvrir à plus de concurrence, et sa position géographique servir de tête de pont aux intérêts futurs des Américains en Europe.
Mais les USA ne voulaient initialement pas être des belligérants actifs. Ils finirent par accepter que l’URSS, nouvel ennemi des Allemands, soulage l’effort de guerre des Britanniques, qui rapportait beaucoup, même si l’on ne croyait pas à un possible succès de l’Armée rouge. On commença donc à fournir à Moscou les premières armes, moyennant paiement comptant... "Un triomphe nazi sur les Soviétiques n’était plus souhaité parce que cela se serait traduit par une mauvaise opération économique. Une telle victoire hitlérienne aurait en effet asséché l’abondante source de bénéfices que générait le prêt-bail." (p.77) Truman, au début de l’opération Barbarossa, s’exprimait ainsi cyniquement : "Si nous voyons l’Allemagne gagner, nous devrions aider la Russie et, si la Russie est en train de gagner, nous devrions aider l’Allemagne, pour que le plus grand nombre possible périsse des deux côtés."
Mais, en fait, l’attaque allemande contre l’Union soviétique n’aurait pas été possible sans les produits pétroliers venant des USA. L’écroulement allemand sur le front Est entraîna la décision rapide d’élaborer des plans pour une traversée de la Manche. Il fallait aider Staline, "allié mal-aimé mais indispensable", mais aussi se préparer à limiter ses succès et son avancée rapide possible vers l’ouest. Obligé d’abréger une analyse très longue et très détaillée, je renvoie le futur lecteur aux chapitres où l’auteur analyse finement le sens des accords de Yalta, le bombardement parfaitement inutile de Dresde, à seule fin d’impressionner Staline et de l’arrêter dans ses possibles ambitons territoriales, sur l’attitude plutôt conciliante de Roosevelt à l’égard de Staline, sur le rêve un temps caressé par certains chefs militaires d’une croisade anti-soviétique avec ce qui restait des troupes allemandes, sur les conditions assez troubles de la capitulation allemande et du rôle des forces américaines..
Il est intéressant de s’attarder sur le chapitre 16, sur le climat de confiance et d’inquiétude qui régnait aux USA, face à leur nouvelle puissance conquise, dangereusement dépendante des immenses commandes militaires de l’Etat, aux marchés extraordinaires qui s’ouvraient pour eux en Europe et à la nécessité d’inonder la planète de leur produits d’exportation. Désormais, selon l’auteur,"une Union soviétique hostile était désormais beaucoup plus utile qu’une Union soviétique alliée" (p.217) et "pouvait justifier des dépenses titanesques, dites de défense, qui pourraient servir à maintenir l’économie en plein essor dans l’après guerre." Cette option de "keysianisme militaire" (ou de "warfare state") profita évidemment aux plus grandes entreprises, qui bénéficièrent des campagnes anti-syndicales menées sous Mc Carthy, désireux de détruire la puissance des organisations ouvrières qui s’étaient développées pendant la période faste de plein-emploi, durant l’effort de guerre. D’où la propension à développer toujours plus l’industrie militaire (ce qui avait beaucoup inquiété Eisenhower) et la nécessité de se trouver toujours de nouveaux ennemis.
L’auteur, ensuite, décrit la dénazification "sélective" opérée par les troupes d’occupation américaine. On réduisit l’interprétation du nazisme à une opération d’un groupe de "gangsters" ayant pris en otage le peuple allemand, (thèse qui est revenue récemment dans la bouche de Benoît XVI). Il insiste sur l’"indulgence" vis-à-vis des grands groupes industriels qui avaient profité du nazisme et qui l’avaient aidé, sur le redémarrage rapide des usines américaines déjà installées, ayant souvent miraculeusement échappé aux bombardements. Pourtant, Opel avait été déclaré par les autorités nazies "entreprise de guerre exemplaire". IG Farben ne fut pas inquiété... L’Allemagne devint une terre promise, et les USA s’accomodèrent très bien de la partition de l’Allemagne, la partie la plus industrialisée étant sous leur zone d’influence. Le plan Marshall, " qui fonctionna comme une carte de crédit collective dans le but que l’Europe de l’Ouest devienne cliente de l’industrie américaine... et qui permit à l’industrie américaine de tourner à plein régime" (p.275) fut le puissant moyen d’américanisation de l’Europe, avec de magnifiques retours sur investissements.
Le dernier chapitre, intitulé : "Après 1945 : de la bonne guerre à la guerre permanente", ouvre sur l’après-guerre et sur les conflits dans lesquels les USA ont été impliqués afin surtout de ne pas ralentir la production des groupes fournisseurs de matériels militaires. La guerre froide, notamment, "força à investir massivement dans l’armement... et fut également une force de sabotage de la reconstruction de l’URSS"(p.286). Ce fut un effort énorme et délibéré, comme l’affirme l’auteur allemand Jürgen Bruhn, visant à pousser l’Union soviétique vers la ruine économique par le biais de la course aux armements. Les conflits dans lesquels sont engagés actuellement les USA ne visent-ils pas toujours le même but, malgré les dénégations et les justifications idéalistes : faire tourner le "Warfare State" ?
Voilà un livre qui va susciter des controverses. Des historiens pourront sans aucun doute contester telle ou telle interprétation. L’auteur ne cherche pas à être exhaustif, mais fait des choix, et veut mettre en évidence un aspect de la politique américaine qui a été trop souvent méconnu, refoulé, parfois systématiquement occulté. Mais il faut le lire pour en saisir toute la richesse d’informations.
Peut-être arrive-t-il encore trop tôt pour l’opinion américaine, actuellement chauffée à blanc par l’idéologie de nouvelles "croisades" contre le " Mal"...
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ZEN


culture et business

La culture : une marchandise comme une autre ?

Le nouvelles menaces sur la diversité culturelle.

Pour chaque culture, chaque pays, préserver son identité (sa langue, ses traditions, ses modes de vie et de pensée, ses formes d’expression artistique, etc.) est devenu problématique, à l’heure où la globalisation des échanges tend à les niveler, à les standardiser, à les référencer selon le modèle le plus puissant économiquement, le modèle nord-américain. Des langues rares disparaissent définitivement, les moeurs s’uniformisent, les musiques s’homogénéisent, un seul type de modèle cinématographique tend à s’imposer...

Certes, si la vassalisation des cultures, leur colonisation, n’est pas totale ni générale, c’est bien un processus en cours, dont on peut s’alarmer. Non pas que les échanges culturels soient négatifs en soi. Ils ont toujours existé, au gré des conquêtes, des échanges, des rencontres et les cultures se sont souvent fécondées avec bonheur pour produire des synthèses étonnantes et riches. Mais ces phénomènes restaient le plus souvent locaux et lents.

Ce qui se produit aujourd’hui est un phénomène rapide, réducteur, profond, plus insidieux, mais efficace. Les USA considèrent explicitement la culture comme un enjeu géopolitique, accompagnant et favorisant la pénétration de leurs intérêts dans le monde, et comme un fructueux business. Les " industries culturelles" sont devenues un des premiers postes dans les exportations US, qu’elles sont chargées aussi de stimuler. La culture s’inscrit dans une logique purement marchande.

Cependant, des réactions se manifestent, des résistances s’organisent, sous l’égide de l’ Unesco qui, malgré son budget scandaleusement faible, abandonnée par les Américains en 1984, essaie de fédérer les pays les plus menacés pour tenter d’élaborer des règles. En décembre 2004, 24 délégations ont préparé un projet de convention qui devrait être bientôt voté pour bâtir un instrument juridique contraignant afin de protéger la diversité culturelle. L’esprit de ce projet est de ne pas considérer la culture comme une marchandise comme les autres, et d’affirmer que les politiques de soutien public peuvent seules permettre la diversité. Un axe France-Union européenne, Inde-Chine-Brésil a réussi à se constituer et à contrer les Américains (qui ont, entre-temps, rejoint l’Unesco, pour y défendre leurs intérêts).

Pourtant, la logique de l’OMC, qui prétend avoir des compétences dans le domaine de la culture, risque de prévaloir sur celle de l’Unesco. Le projet de libéralisation des services, comprenant aussi le secteur de l’éducation (e-learning), risque toujours de prendre le pas sur la protection des biens culturels spécifiques.Les Américains considèrent que" l’Unesco ne devrait pas s’occuper de politique commerciale, ce qui est du ressort de l’OMC". Ils ne veulent surtout pas d’un instrument juridique contraignant. Ils ont introduit des amendements pour diluer le texte et le vider de sa substance.

Les premières formes de résistance, spectaculaires, se manifestent d’abord au Maroc, où le cinéaste Nabil Ayouch organise en 2003 une manifestation à Rabat pour éviter que les Américains ne fassent main basse sur l’ensemble du paysage audiovisuel marocain. Les Américains avaient proposé d’ouvrir leur marché aux produits agricoles marocains à condition que le Maroc s’engage à renoncer à sa souveraineté sur ses industries culturelles. Les subventions publiques ont pu être maintenues, mais la demande d’imposer des quotas de cinéma national à la télévision n’a pas abouti. .Le Chili a accepté de ne pas modifier sa législation. Le Cambodge a cédé. Les pressions sont fortes. Les USA s’arrangent pour baisser les droits de douane sur certains produits que les pays souhaitent exporter. Au Burkina Faso ou au Bénin, les diplomates américains font du lobbying. Dans certains pays de l’Est, au Vietnam, ils ont équipé le territoire en salles de cinéma. La Motion Picture Association of America, regroupant les principaux studios hollywoodiens, est partout très active.

Ces problèmes touchent tous les pays, même si les plus faibles économiquement ont le plus de difficultés à résister. La culture est un tout. Sacrifier celle-ci aux intérêts purement marchands nous prépare un avenir sombre et encore plus uniformisé. Il importe que l’Unesco retrouve la capacité d’agir efficacement contre toutes les pressions et tous les intérêts. Pour cela, il faudrait revoir son mode de fonctionnement et de financement. Rendez-vous en 2007 où une charte devrait être votée...

http://portal.unesco.org/fr/ev.php-URL_ID=29009&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

http://www.monde-diplomatique.fr/2005/10/MATTELART/12802 ?var_recherche=usa%20et%20culture

http://www.monde-diplomatique.fr/2005/12/VIALE/13032 ?var_recherche=usa%20et%20culture

http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/FEIGENBAUM/12406 ?var_recherche=usa%20et%20culture

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/07/WINCKLER/13618 ?var_recherche=usa%20et%20culture

http://www.agoravox.fr/article.php3 ?id_article=11839



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Revoilà le plombier polonais...

Du plombier polonais au couvreur ukrainien

Rappelez-vous! C’était pendant le long débat sur le TCE. Le thème du plombier polonais était devenu une obsession, confinant au mythe, cristallisant les peurs de voir prochainement dans notre pays des emplois menacés, surtout dans le domaine de l’artisanat et de certains services, délaissés par notre jeunesse. S’y exprimait la crainte d’une régression salariale, due à la concurrence d’une main-d’oeuvre moins exigeante sur le plan salarial, moins regardante vis-à-vis du droit du travail, du fait de la porosité des frontières, de la libre circulation de la main-d’oeuvre.

Le débat s’est apaisé, provisoirement peut-être. Mais, paradoxalement, dans le pays où nous nous y attendions le moins, qui était devenu notre bête noire, se pose à peu près le même problème que chez nous, toutes choses égales par ailleurs, du fait notamment du rapide développement de l’immobilier et du départ de quantité d’artisans attirés par les salaires d’outre-Manche. Dans le domaine de la construction, on cherche des électriciens, des ingénieurs, des architectes. Le pays s’est littéralement vidé d’une main-d’oeuvre spécialisée dans le domaine de la construction,attirée par des salaires parfois quatre fois plus élevés en Angleterre, ce qu’on appelle parfois la "ruée vers l’ouest"... Depuis peu, le marché polonais de la construction connaît un boom impressionnant, et les jeunes Polonais ne sont pas plus attirés que les petits Français par ces métiers considérés comme ingrats et mal payés, même si les salaires ont tendance à augmenter, du fait même de la pénurie.

De ce fait, la nature ayant horreur du vide, la Pologne fait appel aux pays voisins. Pour pallier le manque de main-d’oeuvre, les petites entreprises, souvent des sous-traitants, embauchent des Ukrainiens, des Biélorusses, et même des Roumains, ce qui oblige le gouvernement polonais à revoir le dossier concernant la main-d’oeuvre étrangère. Les besoins sont évalués à environ 200 000 ouvriers dans l’immédiat. Si déjà quelques milliers d’Ukrainiens sont officiellement détenteurs d’un visa de travail, il y aurait sur le territoire polonais entre 60 000 et 200 000 travailleurs saisonniers de ce pays travaillant sur les chantiers ou dans l’agriculture.

D’où peut-être bientôt une "nouvelle ruée vers l’ouest"... dans l’attente d’autres encore ? Le jeu de dominos aura-t-il une fin, car on peut toujours trouver plus à l’Est de quoi satisfaire un marché du travail totalement instable, en perpétuelle restructuration. On peut toujours trouver moins cher.

En France, le 1er janvier 2007, Roumains et Bulgares bénéficieront non pas d’une libre circulation, mais d’une ouverture partielle du marché du travail concernant certains métiers déficitaires, essentiellement dans le bâtiment, la restauration, l’agriculture, le commerce et la vente. L’autorisation de travail subsiste, mais elle est simplifiée.

Pour l’instant, il semble que le problème de main-d’œuvre étrangère ne suscite pas de débat passionné en Pologne, mais celle-ci sera-t-elle vraiment contrôlée, et comment réagiront tous ces bras qui vont quitter l’agriculture, dès lors que se posera le problème douloureux de sa restructuration/modernisation ? Il semble aussi que cette fuite en avant ne soit pas accompagnée d’un effort de formation adéquat, et c’est là que le bât blesse. De plus, cet appel de main-d’œuvre venant de l’Est va produire forcément à terme un nouveau déséquilibre dans un pays comme la Roumanie, qui va rapidement se développer et requérir des compétences, notamment pour les entreprises de l’Ouest qui y font leur miel.

Les euro-optimistes diront que ce processus est sain et normal, et que le marché, toujours providentiel, finira par établir un équilibre dans lequel les salaires finiront par s’ajuster mutuellement, après une période d’instabilité créatrice, liée aux inégalités provisoires de développement.

Mais peut-on partager ce qui n’est peut-être qu’une conviction discutable, si l’Europe, ou ce qui en tient lieu actuellement, ne réfléchit pas au long terme et ne réglemente pas ce processus sans fin apparente, générateur d’instabilité et de frustrations sociales ?

Source : Célia Chauffour- Le Monde (30 octobre 2006)



ZEN


Le vélo et moi


Confidences d'une petite reine...

Dans son article "Un petit vélo dans la tête ", Azür nous invitait lundi à des escapades pleines d’imprévus, avec le moyen de transport le plus sain, le plus simple,

le plus économique, le plus écologique. Source d’évasion , de dépaysement et de rêves. A sa suite, je vous propose de sortir des sentiers préélectoraux très encombrés et parfois un peu pollués, pour pédaler sur des pistes dégagées, aérées et pleines de surprises...

Avec moi on va loin. Et pourtant je suis fait de rien .. Trois fois rien. Juste quelques tubes assemblés, collés ou soudés. En acier, alliage d’aluminium, carbone ou titane. Peu importe.Un triangle, un tube de direction,une fourche, une potence, un guidon, un tube de selle , une selle. Et bien sûr pour mouvoir tout cela, transmettre la force musculaire : un axe, un ensemble pédalier, une chaîne, des pignons, deux roues... Peut-on imaginer plus simple pour se déplacer d’un point à un autre ?

Depuis mes origines , j’ai subi quelques modifications (changement de vitesse, freins plus ou moins sophistiqués), mais pour l’essentiel, depuis le début du siècle dernier, je garde toujours la même configuration, toujours fidèle à mes principes essentiels. Pour le compagnon qui me chevauche,l’ami qui me propulse, je reste LE VELO. Celui qu’on trouve encore, avec toutes ses variantes, dans les rues de Calcutta, du Caire,de La Paz ou de Hanoï , dans la campagne artésienne, ou sur le parcours de la « Grande Boucle »...

Bicyclette, vélo, bécane,biclou, petite reine ...je ne manque pas de dénominations. Les puristes font la distinction ,qui échappe au profane, entre bicyclette, trivial moyen de déplacement utilitaire , et vélo, instrument ludique d’une pratique sportive assidue et souvent passionnée, source de plaisirs aussi variés que mystérieux. A noter que « petite reine », contrairement à une croyance tenace, ne vient pas de l’usage qu’en a fait la reine Wilhelmine de Hollande, mais d’un journaliste, Pierre Giffard, qui en 1890 dans le « Petit Journal », produisit un dessin d’une jeune fille portant au-dessus de sa tête un vélo dernier cri, avec un titre qui allait frapper les esprits : « La Reine Bicyclette ».La réalité et le mythe prenaient leur essor.

J’ai déjà connu une assez longue aventure, que les curieux en matière d’histoire technique pourront trouver ici et ici

Louise Merzeau a fait une analyse assez fine de mes différents aspects , techniques et sociaux

J’ai d’abord été l’objet d’une pratique mondaine.L’aristocratie, les dandys parisiens et les notables de province s’entichent de moi, par souci de coller aux modes nouvelles.On aimait « vélocer »,comme on disait .Des cours de vélocipède se créent , notamment au Véloce Club, près de la Bourse. Le plus chic est d’aller se montrer le dimanche à St Cloud, chevauchant un drôle d’animal sans crotin.Je n’ai commencé à me démocratiser que lorsque l’automobile devint à la mode.

Je suis une machine à rouler, à transporter ; mais aussi une machine à rêver.Utile et ludique.

Je facilite le déplacement en quadruplant la vitesse du simple piéton. J’ai tout transporté sur les appendices qu’on m’a ajoutés (porte-bagage ou remorque) : les récoltes de la ferme, les produits du marché, en Inde ou au Mali ,l’équipement de camping, le matériel militaire en pièces détachées sur la piste Hô-Chi-Minh , assurant ainsi la victoire du Vietcong sur la machine de guerre US..

Objet rare et précieux pendant et après la guerre, qu’on se faisait parfois voler. Véhicule indispensable pour le résistant , transmettant un message ou des armes (Lucie Aubrac)

J’ai donné un plaisir inégalé aux premiers bénéficiaires des congés payés, qui partaient enfin découvrir une mer inconnue, aux amoureux qui pédalaient le samedi soir vers le bal du village voisin ,dynamo branchée. Je présidais aux sorties improvisées des dimanches de printemps (« Quand on partait de bon matin...avec Paulette » Yves Montand)... et aux rencontres galantes

Je donne de la jubilation aux enfants qui font le dur apprentissage de l’équilibre et de la maîtrise du guidon.

Ah ! les souffrances des premiers pédalages , l’obstination à imiter les adultes, pour pouvoir s’évader un peu de l’étroitesse du cercle familial.

« Dans le parc des Buttes-Chaumont un cycliste de 5 ans

S’apprête à vivre un grand évènement

Encouragé par son père et par sa maman

Il va faire du vélo comme les grands... » (Bénabar)

Il n’est pas étonnant que des écrivains se soient intéressés à moi et aient vanté mes mérites .

Certains ont décrit mes étonnantes performances et mes effets sur l’homme, d’autres m’ont pratiquée, en y trouvant détente, source d’inspiration, renouveau ,comme A.Jarry, ,Zola, G. Mordillat, Cioran ,Paul Morand, Paul Fournel, G. Pérec, A. Londres., Pablo Neruda, Alphonse Allais,Marcel Aymé, Jules RomainJulien Gracq...Il ne faut pas oublier Tristan Bernard ni Antoine Blondin, journaliste et écrivain, suivant avec passion le Tour de France. Et comment ne pas citer Roland Barthes, qui, dans ses « Mythologies », analyse le Tour comme une « épopée »., avec ses héros (Coppi, Bobet) et ses malchanceux (Poulidor...) ?

Jules Riol, lyrique : « Ainsi la clef des vrais trésors ,Elle est en toi : tu régénères Mes sens, mes muscles, tout mon corps ; L’espace n’a plus de barrières, . Les cités n’ont plus leurs prisons Et l’âme du pauvre poète ,D’infini toujours inquiète ,Voit s’élargir les horizons : Vive la bicyclette ! »

P. Fournel parle de moi avec passion : « Mon monde d’enfant a toujours été plus vaste que mon village. Dès que j’ai su pédaler j’ai eu l’idée d’un monde plus grand. » Dans sa Haute-Loire natale, Paul Fournel les a parcourues ces routes " étroites " et " serpentines ", " belles et peu fréquentées ", pour finalement, chaque jour un peu plus, s’enquérir de nouvelles contrées. Dans " Besoin de vélo ", son dernier livre, l’amoureux de la petite reine et l’homme de mots ne font plus qu’un. . Il parle d’un véritable " miracle " vécu au jeune âge. " Pendant des jours on tremble, on hésite, on se dit que jamais on ne se libérera de cette main qui nous guide sous la selle ", écrit-il de l’apprentissage enfantin sur deux roues, qui, pour ceux qui l’ont vécu intensément, révèle en nous un peu plus qu’une simple pratique physique. Lui, en est sûr : " Un matin, je n’ai plus entendu le bruit de la course derrière moi, plus le souffle rythmé dans mon dos. J’aurais voulu ne plus jamais mettre pied à terre de peur que le miracle ne se reproduise plus. J’exultais. ...De ce miracle je ne me suis jamais remis. Savoir nager ne m’a pas autrement ému et il n’y a guère que savoir lire qui ait égalé en intensité mon savoir-pédaler. À quelques mois d’intervalle j’appris donc, dans cet ordre, à faire du vélo et à lire. Au Noël de mes cinq ans j’étais un homme fait : je savais mon travail et mon loisir. " Il ajoute aussi : « le vélo donne un goût neuf aux choses simples...Il y a dans le vélo une RELATION AMICALE AU MONDE : les montagnes que l’on voit sont à escalader, les vallées sont à dévaler...Etre dans le paysage, dans la pluie, dans sa chaleur, dans son vent, c’est le voir avec d’autres yeux, c’est l’imprégner en soi d’une façon instinctive et profonde....Jouissant d’une nature en profondeur dépressive...le vélo est ma métaphore essentielle, mon modèle profond. Tant que je pédale, je suis en équilibre, TANT QUE JE PEDALE , JE TOURNE ROND... »... .... Rare symbiose entre la machine et l’homme, une machine que l’homme domine et mène à son rythme, sans souci de performance...

Comme dit un autre auteur en parlant de moi : « C’est ce mélange d’animation et de passivité et cet équilibre entre l’extérieur et l’intérieur qui conduit à un état de recueillement et de rêverie en vélo...le mouvement extérieur vient du paysage qui file à une trop grande vitesse pour qu’on le discerne clairement, mais néanmoins pas assez vite pour disparaître dans un masse confuse...L’esprit se détend, suit sa pente naturelle,s’abandonne à un vagabondage intérieur et, comme dit Rousseau, l’âme « se dégage des préoccupations quotidiennes et fastidieuses »...Il y a activité et passivité dans le vélo : l’homme entraîne son engin, qui l’entraîne à son tour, l’un et l’autre pris dans la même ronde »(Edwart Nye : « A bicyclette »)

Montaigne déjà, évoquant d’autres chevauchées : « Si le destin me permettait de passer ma vie à ma guise, je choisirais à la passer le cul sur la selle. »

Même un pianiste concertiste, assez atypique, René Duchable, se passionne en ma compagnie , y trouvant énergie et inspiration.

Il se vérifie souvent que mon usage bien tempéré et régulier apaise, euphorise parfois. Est-ce l’effet de ces molécules ,appelées endomorphines, que secrète le cerveau à l’effort ? Elles développent la jouissance, apaisent l’anxiété, atténuent les effets du stress, calment les douleurs et stimulent les facultés intellectuelles En tous cas , je constate que certains de mes adeptes assidus sont un peu déprimés, irritables dès qu’ils sont obligés d’abandonner quelque temps ma compagnie . Je remplace utilement le Prozac pour ceux qui sont surmenés ou au bout du rouleau et je constate combien l’humeur change avec moi , si l’effort est bien dosé.J e devrais être systématiquement conseillée par le corps médical , remboursée pas la Sécu, d’autant plus que je facilite souvent l’arrêt du tabac.Je favorise la sociabilité (les cyclistes se saluent le plus souvent en se croisant ou conversent amicalement en groupe, même sans se connaître),donc je contribue à un bien-être général qui a forcément des conséquences heureuses sur l’état de santé général...

Mes effets relèvent du mystère, de l’irrationnel, à tel point que celui que je passionne ne peut expliquer clairement ce qui le motive . Difficile à comprendre quand on n’est pas pratiquant...On attend encore le psychanalyste avisé qui tentera d’ expliquer l’attrait que je suscite parfois...aussi bien esthétiquement que dynamiquement. Y aurait-il une part d’érotisme qui se satisferait de manière étrangement sublimée, un rien de masochisme qui amène parfois à tester douloureusement ses limites ? Qu’est-ce qui pousse certains à braver les pentes de l’Aubisque ou à s’attaquer au col de la Madeleine ? Etranges défis , « inutiles » aux yeux du profane...

Le cycliste heureux n’a rien à prouver aux autres.Contrairement aux bourreaux du bitume, aux forçats du guidon, qui friment en club le dimanche matin ,pour exhiber leurs mollets surdimensionnés et raconter leurs derniers "exploits", Tartarins des pelotons..Alors qu’est-ce qui l’anime ?Une part de fétichisme parfois, qui fait qu’on s’attache à moi parfois au-delà du raisonnable (" Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?"...) ? Qui pourrait rendre compte de la complexité des sentiments qui habitent celui qui fait de moi une complice de ses rêves , de ses évasions intimes ? Mais ne rompons pas le charme en essayant d’élucider des questions largement insolubles, gardons le mystère , qui s’enracine en partie dans les mythes de l’enfance, dans une nostalgie de liberté jamais assouvie, un désir d’évasion de soi et du monde toujours en question, une stabilité toujours à reconquérir....

Pronetaires de tous les pays ,adoptez- moi !

(Comme Maxim, B.Dugué, Alain C, Zen...et autres Agoravoxiens) .

Peuple des connecteurs, devenez aussi peuple des pédaleurs ! Lâchez le clavier pour le pédalier !

Vive la velorution !

Le bonheur est au bout du guidon !...


Edward Nye : A bicyclette (Sortilèges)

Paul Fournel : Besoin de vélo ( Seuil)

C.Dufour :L’ABC du vélo (Flammarion)

.Serge Laget :La saga du Tour de France (Gallimard)

Pour les inconditionnels, un des sites les plus complets : Vélo 101



ZEN



agrobusiness

Nourrir la planète ou gonfler les profits ? http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=23995

L’agrobusiness industrialisé en question dans le film «We feed the World»

«Les cinq cents plus grosses multinationales privées contrôlent 52% du produit agricole mondial brut. L’eau est privatisée, le vivant ,bréveté, les richesses nationales, accaparées. Regardez le Président de Nestlé, premier trust alimentaire et d’eau potable du monde: il gagne 26 millions d’euros par an et possède un pouvoir qu’aucun pape ni aucun empereur n’a jamais eu.»

Ainsi s’exprime Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, qui a participé à l’élaboration d’un film- documentaire, dont le réalisateur est le journaliste et cinéaste autrichien, Erwin Wagenhofer : Wee feed the World ( en français : Le marché de la faim). Un film qui a suscité un grand intérêt dès sa sortie : plus de 200000 spectateurs en salles et plus de 700000 à la télévision en Autriche. Il dénonce sans pathos, seulement par des images bien choisies et de sobres témoignages et commentaires ,l’immense gâchis de la surproduction alimentaire industrielle, l’inégale répartition de la nourriture dans le monde, les effets pervers de la concentration des capitaux et des terres, alors que l’agriculture d’aujourd’hui serait en mesure de nourrir 12 milliards de personnes... Même W.Schüssel en a fait l’éloge..Au Bundestag, le ministre des Affaires Etrangères a évoqué ce film lors d’une séance parlementaire. La presse française commence à en parler enfin, toutes tendances confondues .

http://www.agrobiosciences.org/rubrique.php3 ?id_rubrique=23

Le cauchemar de Darwin nous avait alerté sur un problème particulier(les conditions de pêche de la perche du Nil en Tanzanie), mais Le marché de la faim , après un autre film de Nikolaus Geghalter, Notre pain quotidien, s’attaque à la logique même de l’appareil de production, en montrant que « c’est tout le système qu’il faut changer. » (Pascal Canfin : Alternatives Economiques).Les images parlent d’elles -mêmes, qu’il s’agisse des situations vécues par un agriculteur autrichien, un pêcheur breton, un paysan roumain ou un travailleur du Nord-Est du Brésil...Elles convergent vers une même logique : la marchandisation à marche forcée des biens alimentaires ,le gaspillage et les souffrances sociales qu’elle entraîne. A la fin du film, Peter Brabeck, PDG de Nestlé , interrogé,conteste « l’extrémisme » des ONG qui souhaitent voir l’eau reconnue comme un droit public et déclare : « L’eau est un aliment, elle devrait donc avoir une valeur marchande .. » Peu importe l’absurdité du propos, les actionnaires font la loi...

Prenons l’exemple du Brésil, l’un des plus puissants pays agricole au monde. Le film nous fait toucher du doigt la situation tragique de milliers de petits paysans et d’ouvriers agricoles du Nord-Est (région de Parmambuco, Récife), le plus souvent analphabètes, souvent sans eau courante, sans aide lors des fréquentes sécheresses, qui entrainent une quasi-famine et une mortalité infantile importante.Le quart de la population souffre de malnutrition chronique. Par contre, dans le Mato Grosso, de richissimes exploitants, parfois des firmes étrangères, y produisent plus de 100 millions de tonnes de céréales par an et comptent s’étendre encore .Il y a de l’espace..L’essentiel de cette production part en Europe, pour nourrir les animaux, dont les produits excèdent la consommation locale et qui, exportés, iront inonder à bas prix les pays qui ne peuvent plus entretenir une agriculture traditionnelle viable et qui verront s’appauvrir des populations qui devront migrer vers les villes et s’y paupériser.La politique de la PAC et celle des grands intérêts commerciaux mondialisés se rejoignent. La forêt amazonienne régresse de façon inquiétante(depuis 1975, c’est une surface équivalente à la France et le Portugal réunis qui a été défrichée), pour laisser place, jusqu’à épuisement des sols fragiles, à la culture de soja, dont ne profitera pas la population locale, souvent dénutrie.

Autre exemple : certains pays africains, comme le Sénégal, voient arriver sur leurs marchés des produits agricoles européens ou asiatiques(poulets, riz..), dont les prix sont d’un tiers moins chers que les produits locaux. On imagine facilement les conséquences...En Espagne, à Alméria, le centre mondial de la « tomate de combat »,dans 30000 serres , sur 35000 hectares, (plus qu’en Belgique et Hollande réunies), des boules rouges (des tomates ?), dont les semences viennent de Roumanie, génétiquement modifiées, poussent dans la laine de roche pour faire ensuite parfois 3000 km pour arriver dans nos assiettes.Marsupilani a analysé magistralement pour nous la situation des cultivateurs de maïs mexicains et la hausse spectaculaire des tortillas, produits alimentaires de base, conséquence des investissements US massifs dans l’éthanol(http://www.agoravox.fr/article.php3 ?id_article=20213)

Tous ces aspects forment un système, à l’heure des échanges mondialisés.En achetant un poulet nourri au soja brésilien, on contribue à affamer la population locale...L’exportation des produits excédentaires condamnent les paysans des pays pauvres à l’immigration.. Dans l’Empire de la honte , Jean Ziegler parle de la faim comme d’ « une arme de destruction massive » et dénoncent les « machines à broyer » des grand groupes transcontinentaux privés (Pioneer, Maggi,Nestlé...).L’une des séquences du film montre aussi le gaspillage :l’énorme quantité de pain détruite tous les jours à Vienne, qui suffirait à nourrir un ville comme Linz...

Devant un tel bilan, le citoyen peut être saisi d’un immense sentiment d’impuissance, car il pressent bien qu’une partie de notre avenir commun est en jeu. Mais le film est une incitation à réagir. Jean Ziegler pense que « depuis une dizaine d’années une société civile planétaire émerge, qui demande à être informée pour savoir comment changer les choses » , et il ajoute : « Les mouvements de l’opinion sont imprévisibles, mais lorsque l’insurrection des consciences est en marche, le bouleversement devient imprévisible . » Trop optimiste, Jean Ziegler ?

En tous cas, allez voir ce film, dans les salles où on a le courage commercial de le diffuser.Vous en reviendrez différents...

Sources et liens :

http://www.agrobiosciences.org/rubrique.php3 ?id_rubrique=0023

http://www.agrobiosciences.org/article.php3 ?id_article=2042

http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3476,36-901095@51-891339,0.html

http://www.jp-petit.com/Presse/empire_de_la_honte.htm

http://www.amisdelaterre.org/article.php3 ?id_article=1748

http://citoyen.eu.org/agriculture/mondialisation

http://www.unesco.org/courier/2001_01/fr/doss12.htm

http://www.monde-solidaire.org/spip/article.php3 ?id_article=2576

http://www.novethic.fr/novethic/site/article/index.jsp ?id=98410

http://www.biofrais.com/Autonomie-alimentaire-Soiree-debat-14-11_a1748.html

http://www.amisdelaterre.org/article.php3 ?id_article=2217

http://www.amisdelaterre.org/article.php3 ?id_article=1748

http://www.urfig.org/agriculture-omc-ue-euromed-legrand-pt.htm


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Irak

L’Irak : jusqu’à quand ?

Le bourbier a de l’avenir.

L’occupation américaine est un désastre. Tout le monde peut maintenant en convenir. Même au Pentagone ou dans le cercle rapproché de G.W. Bush, l’évidence s’impose cruellement. La question qui se pose maintenant est : comment en sortir ? Le tableau est sombre. Les objectifs étaient irréalistes, les intérêts exorbitants, les plans irréfléchis, la tactique incertaine, le suivi empirique. C’est la nasse. L’absolue incertitude. La nécessité de durer. Avec quelles perspectives ?

Lucien Samir, sans rire, nous annonçait récemment sur Agoravox une amélioration de la situation. La foi ne sauve plus les inconditionnels de l’intervention... C’est la débandade morale dans les milieux officiels US, qui n’est pas sans rappeler celle qui a accompagné la chute de Saïgon, toutes choses égales par ailleurs... Les trahisons succèdent au scepticisme, parfois publiquement affiché, même au plus haut niveau. "Wolfie", l’inspirateur de l’intervention, est amené à critiquer son maître pour finalement se retirer honteusement de la direction de la Banque mondiale.

Il semble qu’on assiste à la chute d’un empire qui n’a plus de souffle, de perspectives, d’ambitions, de moyens, comme le pronostiquait fort bien Emmanuel Todd dans son ouvrage : "Après l’empire" et comme le remarque fort justement notre ami et rédacteur JP Immarigeon dans son blog et son ouvrage :"American parano". On pourrait penser que la décision de se retirer ne dépend plus que du gouvernement US. Laisser sur place tout le matériel de guerre, trop onéreux à rapatrier, faire ses valises, et rentrer au pays , en laissant un champ de ruines... L’objectif pétrole n’a même pas été rempli, sur lequel avaient misé tant d’intérêts texans, la démocratie qu’on voulait naïvement exportée débouche sur un chaos indescriptible. Tableau sinistre.

Et pourtant le retrait n’est absolument pas possible , géopolitiquement parlant. Pas pour les raisons qui viennent immédiatement à l’esprit : ne pas perdre la face, ne pas abandonner un gouvernement fantoche et impuissant, ne pas laisser s’installer un chaos plus grand encore, voire une guerre civile déclarée qui risquerait d’embraser le secteur et donner à l’Iran des atouts dangereux." Tout le monde trouve son compte dans le désastre de l’occupation américaine : aussi bien les Etats arabes modérés que l’Iran ou la Syrie, aussi bien Israël que les groupes politiques irakiens". Ainsi s’exprime Hussein Agha, professeur chargé d’études sur le Proche-Orient à l’université d’Oxford, dans une tribune libre du Monde du 25 Mai 2007. La situation n’est pas près de changer, dans ce Moyen-Orient compliqué, en partie à cause de l’héritage postcolonial, en partie à cause de l’impérialisme économique US, en partie à cause de la montée des intégrismes, effets de cette vassalisation directe ou indirecte.

Malgré ses déclarations indignées, l’Arabie Saoudite n’a pas envie de voir partir d’Irak les Américains. L’état des opinions publiques pousse les Etats de la région à ne pas admettre un départ des troupes US. "Ils ont appris à utiliser la présence américaine pour promouvoir leurs propres objectifs", comme dit HG. Une défaite américaine affaiblirait les régimes proaméricains, en radicalisant l’opinion. Si les Etas-Unis partaient, un régime chiite en Irak ne tarderait pas à s’imposer, qui ne manquerait de nouer des relations avec l’Iran. Une partition de l’Irak pourrait se produire, suite au retrait US, ce que les Etats voisins verraient comme une menace. Cela risquerait de réveiller des tendances sécessionnistes endormies et une remise en question des frontières de certains pays arabes.

Les Etats dits "voyous", la Syrie et l’Iran, eux aussi, n’ont pas intérêt à voir les troupes US faire leurs bagages. L’armée américaine s’affaiblit à tenir ses positions en Irak, ce qui n’est pas pour leur déplaire. Les embarras de Washington sont une sorte d’assurance d’une non-intervention éventuelle. De fait, on voit depuis peu des tentatives de négociation avec l’Iran s’esquisser du côté de la Maison-Blanche. Embarras ou opération tactique ? Impuissance ou ruse entretenue ?

Les Kurdes irakiens sont plutôt avantagés par la présence US et la Turquie verrait d’un mauvais oeil la possibilité d’un Etat irakien allié à l’Iran . Israël considère que le retrait des troupes US serait catastrophique. Que la plus grande puissance du monde puisse échouer affaiblirait son image et ses alliances, surtout après sa démonstration de fragilité lors de sa guerre catastrophique au Liban en 2006. Le renforcement de l’Iran et de la Syrie ne favoriserait pas ses ambitions.

En somme, la perpétuation de la présence américaine arrange tout le monde localement. La Maison-Blanche et l’opposition démocrate en sont conscientes. Les chiites au gouvernement souhaiteraient que les USA restent assez longtemps pour consolider leur pouvoir et éviter la confrontation avec leurs rivaux. Pour les sunnites, les USA sont une protection contre le risque d’hégémonie des chiites. al-Qaida tire le plus grand bénéfice de l’occupation américaine. Les Kurdes n’ont pas envie que la situation change, à l’abri de la menace turque et arabe.

On le voit, la situation n’est pas près de changer si la logique actuelle ne se modifie pas. On a affaire à un gigantesque jeu d’échec où la modification d’un élément peut entraîner une réaction en chaîne imprévisible et lourde de conséquences. Jeu pervers, qui se révèle être pour les USA un piège infernal. Comme les GI sur un terrain qu’ils ne connaissent pas, au cœur d’une culture qu’ils ignorent superbement, progressant sans visibilité, alourdis par un équipement technologique aussi sophistiqué qu’inutile, les USA sont sans perspectives, malgré leurs moyens, condamnés à l’immobilité, à la gestion au jour le jour d’une situation qu’ils ont eux-mêmes provoquée et qu’ils ne maîtrisent pas."Ils se voyaient en manipulateurs ; ils sont devenus manipulés. Le tout illustrant ce vieil adage arabe : "La magie s’est emparée du magicien" (Hussein Agha)

Et l’ONU dans tout cela ?...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_en_Irak

http://paxhumana.info/fr.php3

http://fr.news.yahoo.com/dossier/irak.html

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