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samedi 31 mars 2018

Relire Clément Rosset

Il s'appelait Rosset
                        Clément était son prénom.
    Il vient de mourir, lui que la mort n'effrayait pas, qu'il avait apprivoisé, à sa manière, comme Epicure ou Montaigne (...pour moi j'aime la vie...), mais sur un mode plus existentiel, plus tragique, avec une tension dialectique paticulière.
     Certes, il ne fut pas un philosophe de première grandeur dans le firmament des penseurs qui comptent. Comme certains qui ont pignon sur média: les BHL, les R. Enthoven et les autres...
 Un philosophe sans bruit, une pensée sans tapage, qui a peu écrit, qui avait lu avec attention le meilleur de Nietzsche et de Schopenhauer.
   Un chasseur d’illusions, qui, refusant tous les arrière-monde, invitait à penser la mort comme phénomène incontournable, faisant partie de la vie. Un destin dont l'acceptation sereine change le regard sur la vie, qui n'est plus tourmentée par un fantasme vain.
    Il s'agit bien de vivre en s'efforçant de concilier les deux dimensions vécues à première vue comme contradictoires, le tragique et de la joie.
  Comme pour Spinoza, la joie de comprendre la nécessité de la nature finit par prendre la place de l'effet de panique de l'idée de la mort, qui n'est rien pour nous, et qui tend à compromettre l'adhésion à l'existence, l'unique qui nous soit donné de vivre, à chaque instant. L'amor fati comme disait Niezsche, qui n'est pas résignation, mais prémisse à plus de liberté.
...Le sens du tragique ne s’oppose guère chez lui à la joie « miraculeuse » d’exister. Au contraire, comme il le martèle inlassablement : « la philosophie est une quête intérieure de compréhension et d’acquiescement à la réalité, un chemin par lequel on trouve une joie enivrante. 
     Le meilleur des mondes est à notre portée, mais pas là où on le pense généralement.
         Dans ouvrage phare intitulé Le Réel et son double (Gallimard, 1976), où il étudie cette tentation que les hommes développent : échapper à la réalité, en concevant des « doubles » du réel – idées pures, utopies, croyances… Les philosophes idéalistes raffolent ; lui traque cette illusion. « Il resterait enfin à montrer la présence de l’illusion, écrit-il, – c’est-à-dire de la duplication fantasmatique – dans la plupart des investissements psychologico-collectifs d’hier et d’aujourd’hui : par exemple dans toutes les formes de refus ou de “contestation” du réel…
        Un refus qui n'est pas une inaction ou un fatalisme.
   Si le hasard est originel, si le réel peut être qualifié d'insignifiant, si le sens fait défaut, c'est à l'homme de lui en donner un.
    Comme disait Camus, à la fin du Mythe de Sisyphe: il faut imaginer Sisyphe heureux....
        Malgré tout.
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_ Clément Rosset plus réel que jamais
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