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lundi 10 juillet 2017

Obsessions budgétaires

L'idéal, le réel et le mythe des 3%
                                                  A chaque fois, c'est le même refrain: Les caisses ont vides...
             Comme si on faisait une découverte. 
   En faisant mine de ne pas faire part des causes principales de ce qui apparaît comme déficit et en ne s'interrogeant pas sur ses origines et sur les moyens pourtant disponibles pour résorber les "trous."
      A chaque fois, c'est le principe du tour de vis qui est avancé, dans les dépenses publiques prioritairement, Mais bien en vain, on s'en aperçoit assez vite, dans ce travail de Sisyphe, où la dette publique joue comme un épouvantail.
     Faire des économies, faire la chasse au gapi et aux fraudes diverses, viser l'équilibre des comptes, ne pas subventionner en aveugle, gérer  au mieux les dépenses, investir à bon escient, ...voilà théoriquement de bons principes de politique publique.
       Mais les comptes nationaux ne se gèrent pas comme un budget familial. Ils obéissent à d'autres principescomme le reconnaît le FMI.
         Comme à chaque fois depuis Maastricht surtout et les règles bruxelloises, c'est  l'obsession budgétaire. 
     C'est le résurgence d'un serpent de mer, du mythe des 3 %. 
             Pourquoi ce seuil magique des 3%? . Pourquoi pas 2% ou moins?
              C'est totalement artificiel. Un chiffre devenu fétiche, mais qui est arbitraire, née sur un coin de table.
     Une invention d'origine française d'ailleurs.
         On ne pose pas la question de la dette et de son origine, qui bride l'espace de liberté financière, en nous asservissant aux marchés et à leurs humeurs, en nous rendant vulnérables.
  Et les milliards qui manquent tous les ans dans les caisses, volatilisés?
      Un déficit de 8 milliards, qu'est-ce que cela représente à côté de la fuite des capitaux, des fonds perdus versés à certaines entreprises, des aides discutables à certains secteurs?...
           La règle des 3% de déficit des Etats est un «non-sens». "...Lundi 27 février au matin, Benoît Hamon, candidat socialiste à la présidentielle, a jugé sur France Inter que la barre des 3% de PIB du déficit public est «un non-sens», «qui ne répond pas aux besoins d’une économie comme la nôtre». «Elle est un non-sens, parce qu’elle voudrait dire que toutes les politiques se fixent sur une cible […] qui relève d’une convention politique totalement arbitraire.» Parmi les autres candidats à l’élection présidentielle, Marine Le Pen compte renégocier les traités européens ; Jean-Luc Mélenchon envisage un plan de relance keynésien qui le poussera à s’affranchir des contraintes du pacte de stabilité européen encadrant le déficit....
        Rien ne nous impose de nous mettre sous le joug des règles ordo-libérales édictées à Berlin.                         Une stratégie française  reste à mettre en place:
 "Emmanuel Macron s’est fendu d’une magnifique déclaration dans la langue de bois la plus pure en affirmant à la fin de ce Conseil : « Je veux dire ici combien à la fois le fait que nous ayons très étroitement préparé ensemble nos remarques à ce Conseil, que nos interventions aient été constamment en ligne et que nous puissions en rendre compte en commun est à mes yeux important. C’est en tout cas ce que je m’attacherai à faire, dans les années à venir, parce que je pense que quand l’Allemagne et la France parlent de la même voix, l’Europe peut avancer ; ce n’est parfois pas la condition suffisante mais c’est en tout cas la condition nécessaire. » Autrement dit, il accepte de se mettre sous la coupe de l’Allemagne et nous dit, mais est-ce étonnant alors que Paris va concourir pour les jeux olympiques de 2024, que l’importante n’est pas de gagner mais de participer. C’est, certes, une belle logique sportive, mais elle n’a rien à voir dans une situation où les intérêts supérieurs du pays et de ses habitants sont en cause...
        Emmanuel Macron s’est heurté de plein fouet à la réalité. Et celle-ci est d’une part que l’UE est aujourd’hui dans un état de paralysie avancé, et que d’autre part cet état de paralysie correspond à ce qui intéresse l’Allemagne et cette dernière ne fera rien pour s’y opposer ou pour le changer. Cette paralysie de l’UE implique le maintien d’un statu-quo qui est hautement favorable à l’Allemagne. Elle lui garantit que rien ne viendra combattre la politique mercantiliste qu’elle met en œuvre à l’intérieur de l’UE en se fournissant en produits et en hommes au moindre coût, et que l’UE ne se constituera nullement en autorité capable de contester la politique internationale de l’Allemagne. Elle est gagnante sur les deux tableaux, et l’erreur fondamentale d’Emmanuel Macron a été, et reste, d’ignorer cet état des choses.
     Mais, Emmanuel Macron n’est pas le seul à s’être heurté à cette réalité. Le gouvernement italien a fait le même constat, remarquant que l’Union bancaire, dont l’UE avait fait une telle réclame en 2013 et 2014, s’est avérée incapable de résoudre la crise des banques en Italie. Il en a tiré les conséquences et il s’est engagé dans une logique de résolution de ces crises qui fait l’impasse sur l’Union bancaire et ses différents mécanismes[. En cela, il a été hautement symbolique que l’échec subi par Emmanuel Macron au Conseil européen des 22 et 23 juin soit survenu en même temps que la décision prise par le gouvernement italien d’agir de lui-même...
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