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dimanche 21 mai 2017

Point d'histoire:

Les entreprises allemandes et le Reich
                                                 On connaît le phénomène de dépendance des grands groupes industriels allemands mis sous tutelle par le régime nazi, au service du Reich et de ses ambitions guerrières.
    On sait moins, ou trop vaguement, qu'un certain nombre, et non des moindres, favorisa en secret la montée au pouvoir de celui dont on attendait ordre et relance économique.
        Le 30 janvier, Hitler prend le pouvoir et le 1er février il déclare:  « Donnez-moi quatre ans et vous ne reconnaîtrez plus l'Allemagne ». Effectivement, ce fut un champ de ruines..
  Sa résistible ascension  a connu bien des complicités, des atermoiements et des réticences avant d'aboutir à l'accord fondamental des forces économiques qui comptaient. Mais, elle aurait pu être tuée dans l'oeuf.
.Dés1923, le patron sidérurgiste Stinnes disait à l’ambassadeur américain : « Il faut trouver un dictateur qui aurait le pouvoir de faire tout ce qui est nécessaire. Un tel homme doit parler la langue du peuple et être lui-même un civil ; nous avons un tel homme  . » Avec la crise économique de 1929, ces mêmes cercles ont décidé de miser sur le parti de Hitler qui a reçu de leur part un soutien accru. Sans leurs millions, Hitler ne serait jamais devenu aussi important....     
         Des études historiques récentes viennent conforter cette thèse, comme celle de Sebastian Brünger, qui rappelle que les grosses entreprises allemandes ont été plus que complices des crimes du IIIe Reich. Non seulement elles ont largement profité de la main d’œuvre gratuite et abondante constituée par les prisonniers des camps de concentration, mais elles ont encouragé de telles pratiques. Après la guerre, elles ont nié toute responsabilité et se sont présentées comme des victimes : elles n’auraient fait qu’obéir aux injonctions politiques et s’adapter à une situation de guerre.
    L’ouvrage de Sebastian Brünger retrace le long chemin jusqu’à la reconnaissance, par certaines d’entre elles, de leurs agissements pendant la Seconde Guerre mondiale. En fait, il a fallu quarante ans et le centenaire de Daimler-Benz en 1986 pour que le thème du travail forcé, après avoir été soigneusement enterré, ne revienne sur le devant de la scène. Non sans résistance : « En 1992 encore, Siemens refusa de verser des indemnisations sous prétexte que l’entreprise n’avait pas "employé volontairement" des travailleurs forcés », rappelle Nils Klawitter dans Der Spiegel. 
       Le complexe militaro-industriel se renforça et fonctionna à plein régime, surtout à partir de années 40, grâce à une main d'oeuvre étrangère réquisitionnée ou mise en état de servitude totale, souvent dans les pires conditions. La production pour le Reich fut organisée au delà des frontières, en France notamment.
   On n'en finirait pas d'énumérer les noms des entreprises, toujours bien vivantes, dont beaucoup se firent discrètes, qui se précipitèrent sur la manne offerte par le système, comme celle, moins attendue, de Hugo Boss ou du groupe américain Ford et de bien d'autres entreprises d'Outre-Atlantique, du moins jusqu'à un certain moment de la guerre.
    Après la guerre, la mémoire se fit sélective et les grands groupes impliqués n'ont pas ménagé leurs efforts pour s'innocenter, se présenter comme victimes.
   Il a fallu attendre les années 80 pour que les travaux d'historiens, pas seulement allemands, commencent à analyser les liens réciproques et les liaisons dangereuses entre les firmes allemandes er le pouvoir nazi.
    Il a fallu attendre les travaux de l'universitaire belgo-canadien JR Pauwels, pour mettre à jour les liens plus qu'ambigüs qu'entretinrent certaines firmes US avec le régime en place à Berlin.
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