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samedi 11 février 2017

Vers une nouvelle bulle financière?

Les banquiers sont souvent muets.
                                             Comme leurs coffres.
             Ils sont rares, mais ils existent, ceux qui s'expriment de manière libre, en sortant de leur jargon technique, de la langue de bois propre au milieu, et qui osent prendre du recul par rapport à leur activité et aux opérations banquières et financières en général, prenant des risques pour émettre des jugements sur ce monde abscons, ses mécanismes et ses ressorts, ses risques aussi, surtout aujourd'hui où l'activité financière a pris une telle place en matière économique. Elle n'est pas neutre et détermine le domaine de la production, des échanges et ce A.Smith appelait la "richesse des nations"..
     L'ex-banquier JM Naulot nous a habitué à parler de son métier sans tabou, de manière critique, à émettre des jugements sur le monde financier, sa prétendue opacité, ses mécanismes, ses crises, notamment les plus récentes, en pointant l'aspect politique de certains choix en la matière et leurs conséquences parfois planétaires.
     Selon lui, la crise n'est pas finie, malgré tous les démentis officiels et toutes les proclamations de ceux-la même qui en furent à l'origine et qui semblent avoir tout oublié.
       Il y a des signes qui ne trompent pas, malgré l'apparence, et qui n'annoncent rien de bon. Sans jouer au prophète, l'auteur lance seulement un avertissement pour éviter une nouvelle et grave dérive.
Roubini et Jorion, qui voyaient venir l'effondrement de 2008, ne furent pas pris au sérieux...
             La situation financière actuelle n'est pas faite pour rassurer Naulot et les zig-zag d'un Trump se reposant sur Goldman Sachs laisse mal augurer de l'avenir:
             Mon expérience de banquier et de régulateur des marchés financiers me fait dire que le pire est malheureusement devant nous. Nous avons eu un aperçu de ce que pouvait être un effondrement avec la crise de 2008. La finance en faillite a alors fait sombrer l’économie mondiale, exploser les inégalités, bondir la dette publique et disparaître la confiance. Les dirigeants occidentaux nous ont vendu voici trente ans le rêve du tout-libéral qui dope la croissance ! Ce rêve n’était qu’une chimère, comme l’était un fédéralisme européen reposant sur la monnaie unique. Les risques d’un véritable effondrement sont là.   Si nos dirigeants refusent tout examen de conscience, veulent à tout prix «maintenir le cap», continuent à faire des discours comme on récite un catéchisme, ils nous emmèneront tout droit dans le mur. Par leur obstination, ce sont eux qui font monter les «populismes» ! Et ils ont en outre l’audace de nous dire que si la crise est là, c’est parce qu’on les a empêchés d’en faire davantage ! La crise financière est indissociable d’une crise bien plus profonde, celle d’un libéralisme économique à bout de souffle.
        Au point de détruire le système libéral ?
    Oui ! Jacques Rueff, un grand économiste libéral, évoquait «ce régime absurde et insensé de l’économie libérée qui est la négation même de l’économie libérale». C’est précisément la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Le capitalisme sans un Etat qui protège et sans un minimum de gouvernance internationale, c’est un système qui secrète la pauvreté, la violence et la confrontation. Certains observateurs se laissent impressionner par les chiffres du chômage dans la société anglo-saxonne mais la réalité est différente des statistiques officielles. Si le taux de chômage américain est de 5 %, c’est parce qu’il est régulièrement «nettoyé». Le prix Nobel d’économie Paul Krugman nous dit qu’il faudrait le multiplier par trois. Selon un autre prix Nobel, Joseph Stiglitz, les salaires réels des classes moyennes américaines n’ont pas bougé depuis les années 90. Une petite minorité capte la plus grande partie des richesses. Les Etats-Unis comptent 3,5 millions d’enfants qui dorment dans la rue et 15 % des Américains se nourrissent avec des bons alimentaires. Voilà la réalité de la société ultralibérale !
       Mais ce monde au bord de l’effondrement n’a-t-il pas fait des réformes ?
  Si, et parfois même très lourdes. Mais ce sont des corrections qui ne s’attaquent pas au problème de fond, à savoir le déséquilibre entre la sphère financière et l’économie réelle. Ce n’est pas en corrigeant à la marge le système financier que nous sortirons des crises. J’évoque dans mon livre quelques réformes simples qui pourraient être faites dans des délais courts sans perturber les marchés financiers. Ne pas le faire est irresponsable.
     L'auteur est exagérément pessimiste, diront certains. Non, lucide, diront les plus avertis.
  Les bulles peuvent être limitées ou sectorielles, comme la bulle étudiante ou d'autres, qui se profilent aux USA, mais elle peut être de plus grande ampleur..
    Le FMI lui-même exprime ses craintes. Tôt ou tard, le phénomène nous pend au nez.
        Le capital fictif compromet notre avenir.
                        C'est une baudruche qu'on peut redouter.
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