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mercredi 8 février 2017

Les censeurs et l'éthique journalistique

Le problème se repose régulièrement:
                                    Qu'est-ce que la vérité journalistique?
      Assez facile à définir. Pas si facile à respecter.
        Même en sachant qu'elle ne peut être jamais atteinte dans l'absolu, qu'elle est toujours relative, fragmentaire et provisoire, l'important étant le souci permanent de l'objectivité des faits et l'éthique journalistique.
      Tout bon journaliste le sait, même s'il sait aussi qu'y être fidèle est une tâche permanente, un pari difficile, un objectif jamais vraiment atteint.
    Aujourd'hui, la lutte contre les informations  parasites et les manipulations diverses, les fake news, dont les sources se sont multipliées. avec le développement des caneaux parallèles, fait partie de ses visées, dans le souci de s'alimenter aux meilleures sources, de les confronter et les analyser de manière critique, pour en faire une synthèse la plus complète et fidèle possible, sans négliger les  interprétations prudentes qui leur donnent sens.
     Mais le journaliste ne travaille pas le plus souvent tout seul et hors sol, mais se trouve intégré au sein d'organes qui peuvent implicitement ou non, outre ses propres préjugés,  lui donner des orientations, des grilles d'analyses, des lignes éditoriales, qui méritent éclairage et discussion.
   Une question à se poser est de savoir à quel type de journalisme a-t-on à faire.
      Combattre ce qu'on appelle aujourd'hui la  post-véritéest nécessaire au sein des rédactions, à condition de bien les identifier et d'être soi-même irréprochable.
    Difficile d'éviter soi-même le formage de l'opinion, puisque les medias contribuent à faire l'opinion.
:         Quand un journal se propose de jouer au gendarme de la presse, dont il fait partie, et de jouer au père la morale, il prend des risques.
     L'appel à la censure est rarement la meilleure formule.
      Difficile et scabreux de se présenter comme  modèle en matière la qualité de l'information, même quand on s'est appelé journal de référence. C'est une question de plus ou de moins.
   L'indépendance d'un organe de presse doit toujours être questionnée, même s'il est considéré comme le "meilleur".
    Si les menteurs prennent souvent le pouvoir, même au niveau de l'écrit, une grande vigilance s'impose.
  Ce que dit Frédéric Lordon ne manque pas d'intérêt, concernant la prétendue objectivité d'organes de presse se croyant hors du champ des croyances et des idéologies: ...les décodeurs recodent sans le savoir, c’est-à-dire, comme toujours les inconscients, de la pire des manières. Ils recodent la politique dans le code de la post-politique, le code de la « réalité », et les désintoxiqueurs intoxiquent — exactement comme le « décryptage », cette autre abysse de la pensée journalistique, puisque « décrypter » selon ses ineptes catégories, c’est le plus souvent voiler du plus épais brouillard....
    Remettre les medias en question est une nécessité.
           Car le journalisme ne s'exerce pas hors du champ des pouvoirs, qu'ils soient apparents ou non,  revendiqués ou niés.
     Quand la presse est malade par excès de concentration ou de dépendance aux puissances surtout financières, quand la connivence peut-être si grande, la question de la vérité prend un sens plus aigü et plus.impératif.
  La question n'est pas seulement éthique mais elle est aussi politique. De la qualité de l'information dépend la qualité de la citoyenneté.
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-  Charlot ministre de la vérité, par Frédéric Lordon
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