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lundi 18 avril 2016

BCE et Allemagne

Turbulances berlinoises
                                      Et guéguerre monétaire.
:                                                               La politique monétaire actuelle de la BCE pour une relance éventuelle de l'économie passe mal à Berlin. C'est un euphémisme.
   La capitale allemande accuse M Draghi de flouer ses épargnants par des taux d'intérêts trop bas.
      Deux logiques monétaires s'affrontent, qui ont aussi des dimensions politiques, électorales.
  On pensait que la BCE était indépendante, c'était du moins ce qui était voulu.
       Mais plus au regard du Dr Schaüble, qui émet de vives critiques sur la politique monétaire menée pas Draghi. Francfort devient un champ de luttes entre deux institutions, deux lignes.monétaires, donc économiques.
    Il est vrai que la voie prise par la BCE est lourde d'incertitudes par ces temps de crise, de récession rampante, et de guerre des monnaies.  Elle paraît jusqu'ici peu efficace et la relance européenne se fait attendre.
  Son discours ne passe pas dans la droite libérale allemande, rebelle par principe à toute inflation, même minime, d'autant que Mario souhaiterait la fin d'une politique monétaire commune.
  Ce n'est pas bon signe pour certains économistes quand la BCE sort l’artillerie lourde et continue à faire marcher la planche à billet pour relancer une production plus qu'atone, éviter une déflation mortelle. A quoi cela sert-il de continuer à arroser le désert?
         On ne voit toujours pas la machine redémarrer.
  Le Dr Draghi doit changer de médecine ou se recycler, pour soigner l’économie européenne.
      Berlin, qui ne va pas trop mal pour l'instant, merci!,fait les gros yeux, la Bundesbank est furibonde: surtout pas d'inflation, même légère et régulatrice. Surtout ne pas revoir le statut d'une monnaie unique qui désavantage par trop les partenaires économiquement inféodés.
  Le magicien de Goldman Sachs voit-il le problème?
        Les mesures annoncées par Mario Draghi indiquent que la BCE a bien pris conscience que la zone euro est confrontée à un risque sérieux de déflation. Les mesures prises pour y faire face seront-elles efficaces ? On peut sérieusement en douter.
  Mais la politique de la chancelière, arc-boutée sur un euro-mark trop fort pour ses partenaires voisins,  l'obsession de l'épargne pour des raisons démographiques mais aussi électorales, tétanisée  par la crainte irraisonnée d'une inflation même minime, n'est guère cohérente avec le principe de l' autonomie de la banque centrale, qui s'efforce d'injecter des liquidité pour éviter une déflation dangereuse, mais sans relancer vraiment la croissance.
   La zizanie fait tache d'huile:  Sapin  recadre Schaüble, le Président de la Bundesbank défend Draghi. L'Europe vacille.
   Tout se passe comme si la BCE devenait un bouc émissaire, alors que Super Mario ne peut décréter un relance.
   Bref, un début de panique et de fronde chez les politiques allemands:
   ...Depuis 2014, la politique de la BCE qui, pour lutter contre le risque déflationniste se fonde sur la « répression financière » est bien moins favorable aux épargnants allemands. Et voici soudain que l’indépendance de la BCE n’est plus aussi sacrée. Depuis, ce week-end, la guerre semble même ouvertement déclarée entre les politiques allemands et Mario Draghi. Preuve que les positions théoriques tiennent souvent davantage à des questions d’intérêts qu’à des convictions bien ancrées. Lorsque l’Europe est moins favorable, l’Allemagne sait aussi se faire critique de l’Europe…
     Schaüble s'en prend vivement à la politique des taux. Des positions pas dénuées d' incohérence, qui pointent le problème aigü des fonds de retraite dans le contexte de baisse régulière de natalité allemande. Une cagnotte pour plus tard...aux meilleures conditions.
     ...le vice-président du groupe parlementaire de la CDU, Michael Fuchs, de prévenir que son parti va aller plus loin dans la protestation en affirmant que « nous ne crions pas encore assez fort. » Dans les colonnes du Spiegel, Ralph Brinkhaus, lui aussi vice-président du groupe parlementaire de la CDU, affirmait que l'Allemagne « devait placer la BCE sous pression pour l'amener à se justifier, sinon rien ne changera ». Bref, l'heure est à la rébellion ouverte contre la banque centrale. Selon le Spiegel, le gouvernement envisagerait même de porter plainte contre la BCE si elle se lançait dans « la monnaie hélicoptère », information cependant ensuite démentie.
      Selon Godin,  en réalité, la BCE agit comme un bouc émissaire commode d'une classe politique allemande en désarroi devant la montée d'AfD. Accuser la BCE d'avoir contribué « pour moitié » à la montée de l'AfD, c'est, pour Wolfgang Schäuble se dédouaner à bon compte de ses responsabilités, non seulement dans le domaine migratoire, mais aussi dans la dégradation visible des infrastructures publiques et des services publics qu'ont généré sa politique budgétaire, mais aussi des conséquences sociales des « réformes structurelles ». Le débat sur la politique monétaire est donc une aubaine pour les Conservateurs allemands pour dissimuler leurs propres échecs et le risque politique qu'ils ont fait naître.
           La fragilité du système financier allemand est ainsi mise en évidence; que la crise de la Deutsche Bank a encore récemment mis en lumière. La politique de la BCE met la pression sur ce système financier parce qu'il est obsédé par des rendements élevés qui sont naturellement trop élevés, et dans certains cas -assureurs- garantis. La faute n'en revient pas à la BCE, mais bien aux banques et assureurs allemands qui, compte tenu de la situation économique et financière aurait dû « déshabituer » les épargnants allemands à ces rendements. Le gouvernement fédéral, si prompt par ailleurs à faire la leçon au monde entier n'a pas jugé bon de réagir. C'est pourtant un problème majeur qui est à la source de l'excédent courant allemand, lui-même source d'un déséquilibre immense dans la zone euro. Si la politique de la BCE alimente des bulles, c'est que des banques entretiennent ces bulles par des promesses démesurées.
    La BCE alimente-t-elle l'euroscepticisme en Allemagne ? 
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