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mardi 8 décembre 2015

Vers un marché de l'éducation?

 La notion d'Education Nationale n'est plus une priorité, même si la notion de formation a encore un sens, mais un sens bien particulier.
   Le désengagement progressif d'un Etat qui s'est appauvri, sous l'effet de la mondialisation d'une finance libéralisée, cherchant à s'investir dans toutes les activités ci-devant publiques,est au coeur du problème.
Cela se fait lentement, indirectement, mais sûrement, plus rapidement dans certains pays ou certains secteurs que dans d'autres.
     La menace est toujours là, celle d'un marché mondialisé de l'éducation.
Déjà aux USA, la privatisation de l’école  est bien en cours.
Le marché s'introduit dans les universités.
   l'Europe libérale  subit les effets d'une marchandisation affectant tous les secteurs, de la santé à l'école.
      Déjà la stratégie  de Lisbonne avait programmé cette évolution, dans un véritable esprit thatcherien.
-La casse du Service public d’Éducation est bien envisagée depuis 1996 par l’OCDE.(*)
     Le nouvel esprit du capitalisme  souffle sur l'institution scolaire de manières variées et selon des rythmes différents selon les pays en fonction des traditions et des résistances.
Peu à peu les intérêts privés gagnent directement ou indirectement en France
     L'introduction de l'argent comme moteur n'est plus un tabou, renforçant la sélection par l'argent dans de vastes secteurs, renforçant au final les inégalités. 
Les valeurs sans lesquelles il n'y pas d'école, mais un marché, ne sont plus la priorité, au détriment des contenus, qui perdent de leur substance.
      L'adaptation de l'individu à la société telle qu'elle est et seulement telle qu'elle est coupe le savoir de sa véritable vocation émancipatrice et culturellement épanouissante. Le décervelage n'est pas loin, avec la réduction progressive des exigences et.la primauté donnée à la spontanée ludique et à l'adaptation au milieu.
      "Le puissant lobby constitué par une quarantaine des plus importants dirigeants de l’industrie européenne a d’abord prôné « une rénovation accélérée du système d’enseignement et des programmes » ]au nom de « la modernité » en déplorant « une faible influence de l’industrie sur les programmes enseignés » . Puis les enseignants ont été stigmatisés pour « une compréhension insuffisante de l’environnement économique, des affaires, de la notion de profit, et des besoins de l’industrie » . La mission de l’éducation est passée du développement de la culture à la fourniture d’une main d’œuvre adaptée aux besoins précis des employeurs, « des travailleurs capables de s’adapter aux changements permanents et de relever les nouveaux défis » ...
"Dans une optique libérale, c'est l'acte éducatif lui-même qui tend à devenir problématique.. La prétention d'enseigner quelque chose à quelqu'un...est, par définition, toujours suspecte. Il est en effet plus facile d'y voir une manière déguisée d'imposer à autrui ce qui ne constitue qu'une opinion privée, en droit toujours déconstructible.."(Michéa)
   Il semble que la pensée libérale ait besoin de "sujets" à la pensée peu construite, sans principes assurés, moyennement cultivée, relativiste en tous points , sans résistance critique,donc perméable aux séductions du marché, à ses dogmes et à ses effets dans la réalité et dans la pensée... Comme le disait Anna Arendt: " la pédagogie est devenue une science de l’enseignement en général, au point de s’affranchir complètement de la matière à enseigner. "...
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(*)... Dans ce long rapport pétri de langue de bois, l’OCDE préconise aussi que l’enseignement public soit désormais « concerné par les mécanismes du marché ». L’organisation déplore que « les conseils d’établissement et l’administration centrale de la circonscription fonctionnent comme des monopoles d’État. Parents et élèves n’ont pas le choix du fournisseur, comme ce serait le cas sur un marché libre ». Elle fait valoir que « dans la plupart des entreprises, un directeur peut opérer des changements pour répondre aux différents besoins d’une clientèle diverse », et conclut : « Nous devons commencer par dégripper ce mécanisme ». Elle propose en outre de « donner aux élèves et aux parents la possibilité de choisir l’école et les enseignants qui correspondent le mieux à leurs besoins. Le financement ira dans le sens du choix des élèves » ; ainsi « les forces du marché récompenseront les résultats »6. L’assouplissement de la carte scolaire, l’autonomie des établissements, l’idée de payer les enseignants « au mérite », le recrutement massif d’enseignants contractuels tandis que les places aux concours sont drastiquement réduites et que des milliers de postes d’enseignants titulaires sont supprimés chaque année, toutes ces initiatives du gouvernement trouvent leur source dans les préconisations de l’OCDE qui est aujourd’hui véritablement le fer de lance de la libéralisation des systèmes éducatifs. Il est temps de démystifier l’OCDE, de se démarquer de cette influence ultra-libérale, et d’entreprendre une politique éducative ambitieuse et démocratique, visant à la réussite de tous les élèves...
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