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jeudi 30 juillet 2015

Convergence européenne?

 Le rêve et le réel
                              La convergence, maître mot de l'aventure européenne. N'assistons-nous pas plutôt à des divergences qui s'accentuent, à la faveur de la crise; faisanr office de révélateur?
    Chaque pays joue sa partie en solo pour s'en sortir:
"...« les stratégies défensives et non coopératives parmi les Etats européens se sont accentuées depuis la crise ». Autrement dit, nombre de pays n’hésitent plus à jouer en solo pour s’en sortir. Depuis 2006, quatorze d’entre eux ont réduit les prélèvements sur le capital et le travail afin de gonfler leur compétitivité à l’extérieur, piétinant l’harmonisation fiscale souhaitée sur le Vieux Continent…
Un constat inquiétant. Car si ces divergences se poursuivent, le sens même de la construction européenne pourrait, à terme, vaciller. Sans aller jusque-là, les auteurs tirent la sonnette d’alarme, en insistant : l’objectif communautaire ne peut se résumer à la convergence des niveaux de dette et de déficit. Il devrait plutôt se concentrer sur le rapprochement des modèles sociaux et de croissance, par exemple en coordonnant mieux les évolutions salariales ou en orientant plus finement les investissements productifs..."
    Voilà qui est en grande partie  bien vu , malgré les rapports officiels édulcorants, qui peinent à masquer les défauts structurels que les pays du Sud révèlent parfois avec cruauté.
     Une Europe du chacun pour soi et à ligne essentiellement libérale ne pouvait pas déboucher sur une "concurrence libre et non faussée" surtout sous le leadership de l'ordolibéralisme allemand du moment. Une Allemagne qui regarde ailleurs, défendant becs et ongles un euro immuable, toujours plus favorable à sa volonté exportatrice, projetant de fait son chômage en périphérie.  Les excédents ne peuvent être le fait de tous en même temps..
       Les principes austéritaires défendus ne peuvent  déboucher que sur une baisse des salaires, tendancielle ou brutale. Les multiples formes de dumping ne vont pas dans le sens proclamé.
  On attend toujours la fin de la  concurrence fiscale.
Le Luxembourg, qui fait la morale, n'est exemplaire qu'en parole.
     Les  contradictions sautent aux yeux, que dénient souvent les promoteurs obtus de l'euro unique (pas commun) (*)
                       La Compétivité à tout prix, érigée en dogme, a pris le pas sur la saine concurrence, au sein d'une Europe dont l'ambition était de discipliner les marchés, de réguler les échanges et d'instaurer la solidarité la plus grande possible entre les partenaires. L'harmonisation, quoi.
La crise a mis en évidence le caractère largement illusoire de cette ambition toujours repoussée.
Chaque pays joue cavalier seul pour sortir de la crise, ce qui alimente la concurrence au sein même de la zone euro, ce qui attise les antagonismes.et nous éloigne de la fameuse convergence.
             Les vagues propositions de Hollande, au coeur du désastre grec, peuvent-elles être crédibles?
"... En 2014, après la crise chypriote, le Conseil d'analyse économique (CAE) souhaitait déjà le renforcement de l'intégration économique au sein de la zone euro. Parallèlement à l'union bancaire réclamée, le CAE proposait la mise en place d'une union budgétaire, " comme complément nécessaire à l'union monétaire "
" Une union budgétaire aiderait les États membres à compenser leur manque d'autonomie en matière de politique monétaire lorsqu'ils font face à un choc macroéconomique spécifique. Selon la théorie des zones monétaires optimales, les pays d'une union monétaire doivent pourvoir s'appuyer sur des dispositifs alternatifs d'ajustement, comme la flexibilité des salaires et des prix, la mobilité des facteurs de production ou un budget fédéral. L'effet stabilisant de ce dernier suite à un choc spécifique peut être direct (en soutenant le revenu disponible par des transferts dans les pays en crise) ou bien indirect (en facilitant la mobilité du travail et en stabilisant les mouvements de capitaux). La question clé est alors celle des ressources pour alimenter ce budget. Nous proposons d'utiliser l'IS du secteur bancaire [dont le taux et l'assiette auront été préalablement harmonisés] comme une première étape dans la construction d'un budget zone euro. Un chiffrage grossier laisse penser que les recettes annuelles pourraient être de l'ordre de 20 milliards d'euros ".
     Un premier pas ou un vain projet, étant données les réticences de l'Allemagne et des pays du Nord? Cela a-t-il des chances de pouvoir se réaliser, de pouvoir marcher, quand on voit combien certains pays jouent sciemment sur les différences parfois énormes de salaire pour assoir une économie plus performante, donc plus concurrentielle. 
  Au vu de ces tares, les européistes dogmatiques proclament de manière magique: Toujours plus d'Europe!
Sauf  que ça ne marche pas...Les faits sont têtus. Et si on essayait autre chose?
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(*)-  Selon l'économiste Sapir, " ...si la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie ont vu leur endettement public s’accroître dans des proportions considérables ces dernières années, c’est en raison de l’écart croissant de compétitivité avec l’Allemagne. Ceci s’est traduit par un déficit commercial croissant avec ce pays mais aussi – plus subtilement – par une plus grande sensibilité à la montée du taux de change de l’Euro depuis 2002. Ce dernier est ainsi passé de 1 Euro pour 1,05 Dollars américains en 2002 à plus de 1,40 pour revenir, vers la mi-décembre 2011 à 1,30. L’économie allemande peut résister à une telle surévaluation, mais pas celles des pays du Sud de l’Europe. La compétitivité des pays de l’Europe du Sud s’est ainsi dégradée face aux autres pays du monde du fait qu’ils étaient entraînés dans une spirale de réévaluation pour eux insupportable.
Cet écart de compétitivité s’enracine dans des configurations très différentes des structures économiques et industrielles des pays de la zone Euro. De ce point de vue, la monnaie unique n’a apporté nulle convergence. Pour qu’il en fut autrement, il eut été nécessaire de prévoir des mécanismes de transferts budgétaires importants des pays comme l’Allemagne vers les pays du Sud de l’Europe. Mais, l’Allemagne s’y est refusée dès le départ..."

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mardi 28 juillet 2015

Royal séjour

Il est arrivé, en toute discrétion.
                                                  Le bon roi d'Arabie nous fait la faveur d'un séjour prolongé dans notre doulce France, sur cette partie de la Riviera si appréciée par quelques grands de ce monde.
    C'est un grand honneur pour nous.
 Certains sont jaloux ou parfois pas très contents, ne voyant pas l'immense fierté que nous devrions ressentir à la venue de Sa Majesté, roi d'un pays qui fait rêver, où coule le lait et le miel, le myrthe,  l'encens... et le pétrole.
                        Quand on dirige un pays aussi prestigieux et respectueux des droits, on a le doit d'être accueilli avec égard, respect, voire avec chaleur.
   Un pays tolérant et ouvert, aux sages  principes de gouvernement. Le bon roi le dirige avec fermeté certes, mais avec un sens aigu de la justice, selon la règle :  « L'autorité du gouvernement du Royaume d'Arabie saoudite émane du Saint Coran et de la Sunna du Prophète qui priment sur la présente Loi et les autres lois de l'État »
   A la pointe du progrès (on est passé à la vitesse de la lumière du dromadaire au 4*4), le Souverain est attentif aux droits de l'homme, en en revendiquant même la présidence , soucieux du sort des femmes, désormais en droit de faire du vélo. Dans sa sollicitude, il les écarte pour l'instant du danger bien réel de la conduite automobile.
   Invité d'un pays maintenant allié, il arrive en toute discrétion. juste accompagné de quelques serviteurs, cousins et amis. L'Arabie est comme une immense famille: 15000 princes s'y côtoient en bonne intelligence, dit-on.
    Discrétion et respect lui sont dus. Il est normal qu'une plage publique lui soit exclusivement réservée.  Qui pourrait s'approcher de Sa Grandeur ou même le voir sans l'offenser et même peut-être le voir nu...ou presque? 
        Il est normal que le simple manant ne puisse se baigner dans sa proximité et à sa vue. On doit tout de même à ce pays le wahabbisme, ce sublime courant de pensée.  Il ne faut pas l'oublier.
      C'est un invité et aussi un excellent client  Il est notre meilleur VRP du moment. Non, ce n'est pas un mirage...Il adore faire ses courses sur les marchés locaux.
    Dans sa magnanimité et sa largesse, il donne du travail aux simples gens du coin.
Comme on peut le voir, dans sa modeste résidence d'un km de long il a le droit de prendre quelques instants de repos après des activités si prenantes.
      On lui reproche son train de vie. Mais il faut tenir son rang et la gestion pétrolière demande du temps et beaucoup de soucis..Le pétrobusiness est l'objet de tous les soins. 
    Un pétrole qu'il gère avec sagesse, selon le bon principe selon lequel « Toutes les ressources naturelles que Dieu a déposé sous terre, au-dessus du sol, dans les eaux territoriales ou dans les domaines terrestres et maritimes sous l'autorité de l'État, ainsi que les revenus de ces ressources, sont la propriété de l'État, comme prévu par la Loi. La loi spécifie que les méthodes d'exploitation, de protection et de développement de ces ressources doivent être dans les meilleurs intérêts de l'État et de sa sécurité et de son économie.
    Bon, l'Etat c'est LUI et ses très nombreux cousins.
Mais, il sait partager
   Il se montre trés généreux avec son argent  Pas avare pour deux sous, simplement obsédé par la bonne gestion de ses biens et la diffusion de ses saintes idées.
    Certes, il a quelques défauts, mais chez nous on ne fait pas mieux...
Honneur donc à  سلمان بن عبد العزيز آل سعود, notre royal invité! 
Même s'il a laissé quelques ardoises à son départ anticipé vers le Maroc
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Relayé par Agoravox 
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L'ombre d'un doute

 Questions SUR un champion.
                                                    Il a gagné! Il est très fort, ce Froome atypique, même si à la fin, il manquait de ressources et s'il a bénéficié de quelques chances liées à la défection opportune de rivaux.
   Bravo! Il est plutôt sympathique, si on le compare à Armstrong, l'ancien écraseur du Tour, l'idole texan de Bush, au passé désormais entaché..
Un sourire engageantl, un accès facile et une attitude plutôt affable.
      Mais un cycliste, même occasionnel, ne peut manquer de se poser quelques questions.
C'est dans l'air a souligné le caractère troublant de certaines de ses performances, dans le Ventoux d'abord, puis dans la montée soudain foudroyante de la Pierre St Martin, à la Pantini. Comme le léger Robic à une époque. Mais lui, on le voyait souffrir...La souffrance est le lot du sport de très haut niveau.
  Un démarrage de fusée qui a fait dire au suiveur-commentateur Fottorino, un peu halluciné: " Je ne crois pas que je vois du vélo"
   So watt? Autant de puissance au moment opportun, qui crée la différence, décisive. Il n'y a pas de miracle, mais des doutes sont permis, vu les antécédents.
 La guerre (ténébreuse) des watts  laisse songeur.
        Ce qui pose problème, ce n'est pas la question du dopage, toujours plus élaboré, ce n'est pas l'homme lui-même, gérant son corps comme un machine thermique et son entrainement presque incroyable, c'est l'esprit SKY, c'est le système.
   La logistique inédite, le coaching particulier, l'esprit formateur de machines-à-rouler.
         Surtout un  business impressionnant. Des investissements financiers, matériels et humains d'un nouveau genre et une volonté affirmée de retour sur investissement, qui doit être ultra-rapide.
Des hommes qui seront vite renouvelés, des champions sans doute peu durables.
Un entrainement souvent hors-sol, qui doit déboucher sur un turn-over important.
    Bref, un monde du vélo qui change, sur le mode de l'élevage intensif en agriculture. Sélection draconienne, rendement maximal, travail scientifique sur la masse corporelle, carrière  sportive plus réduite , vie probablement plus limitée...Le prix à payer. Un plan de com' élaboré, pratiques favorisée par les approximations de l'UCI.
   Les maillots jaunes jaunissent mal, comme disait Fottorino
       Il n'y a sans doute pas de moteur,  mais certains soupçonnent de nouvelles technologies masquées dans le pédalier ou la roue arrière. A suivre...
 Plus que des soupçons...depuis les aveux du regretté Fignon.
        Est-ce encore du vélo? La question se pose.
Le vélo-business arrivera-t-il un jour au point critique qui lui permettrait une refonte totale ou l'hypocrisie va-t-elle continuer?.
     On aimerait y croire...
Il faudra encore du temps pour sortir de la logique marchande du sport-spectacle, du dépassement de soi à tout prix.
__Qui sonnera la fin d'un système où "plus ça change, moins ça change"?...
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En tous cas , la meilleure amie de l'homme continue son chemin, indifférente aux vicissitudes du business-tour. 

                              Vive le vélo!.  quand même...
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lundi 27 juillet 2015

Athènes: et maintenant?

  Alles in Ordnung... In Berlin.
                                                     Tout va bien moins mal...A Berlin. Après l'accord-diktat à Bruxelles...
                                                              A Athènes, c'est le moment des illusions perdues et des votes au forceps.
         Le memorandum 3 succède aux précédents. Voué à l'échec. Personne n'est dupe. 
       Le FMI savait, mais se taisait, malgré ses contradictions.
Dans le pays, c'est la prostration, l'accablement ou la fuite. Beaucoup de jeunes partent à l'étranger. Surtout en ...Allemagne. Comme la jeunesse espagnole.
    La normalisation est en cours. (*)
         En attendant le pire?
Et pour quels résultats? Peu se font des illusions.
     L'été grec a un goût de cendre. 
 L'asphyxie politique succède à l'asphyxie financière.
                 Les alternatives sensées ont été jetées à la  poubelle.  
  -Tina a provisoirement gagné, provisoirement, au cours de cette histoire dès le début abracadabrantesque.
                            Les multiples conseils et avertissements des  penseurs et économistes un peu clairvoyants du pays et de l'étranger n'ont pas été pris en compte. Bruxelles s'est rangée du côté de l'ordolibéralisme allemand, appelé pragmatisme pour la circonstance. A courte vue. Sans recul critique. Sans perspective d'avenir.
   Le prix Nobel Krugman, jugeait que l'accord qui se dessinait allait « tuer la zone euro ». « La liste des exigences de l'Eurogroupe est une folie....On est au-delà de la dureté, dans le pur esprit de vengeance, dans la destruction totale de la souveraineté nationale, dans l'absence de tout espoir de soulagement »...
...Cela en dit long sur l'allergie des dirigeants européens les plus influents au débat économique. Comme s'il était impossible de combiner prise de décision et expertise économique. Comme si débattre du diagnostic de la crise était une perte de temps. En creux, ce « pragmatisme » revendiqué dissimule des choix théoriques marqués. Le même Tusk ne s'en cache pas, toujours dans l'entretien du 17 juillet (dans la version publiée par le Financial Times, cette fois), où il dresse l'éloge de l'ordo-libéralisme, cette théorie économique dominante à Berlin, arc-boutée, pour le dire vite, sur la lutte contre l'inflation et l'indépendance de la Banque centrale à l'égard de tout pouvoir exécutif.   « La meilleure école de pensée à mes yeux, ce sont ceux que l'on appelle les ordo-libéraux allemands, qui ont écrit leurs travaux à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale. Très pragmatiques, sans idéologie, sans faux espoirs. Je pense à des essais, mais aussi à des décisions politiques concrètes prises par (Ludwig) Erhard, (Walter) Eucken, (Wilhelm) Röpke. Leur pensée peut être très utile aujourd'hui. Wilhelm Röpke pensait – et cela me semble très pertinent aujourd'hui – que nous avons trop de Rousseau et Voltaire, et trop peu de Montesquieu. »
  ___Stiglitz, ancien directeur de la Banque Mondiale, va plus loin dans la critique. Il montre à quel point la politique de l'Eurozone  a dépassé toutes les limites du bon sens en matière même de ... capitalisme. Le plus inquiétant est que cette politique européenne, menée sous les auspices de l'Allemagne prétendument "ordo-libérale" (en fait, tenante d'un capitalisme à visage inhumain), soit cautionnée et mise en œuvre sans état d'âme par des zélés "socialistes" et autres "sociaux-démocrates". Ces Leaders élus ne prêtent apparemment qu'un œil distrait ou aveugle à la paupérisation des peuples qu'ils gouvernent, au  chômage galopant de la jeune génération, et adoptent tranquillement, au nom du "pragmatisme du réel" des règles insensées élaborées par des technocrates..."
      L'aveuglement de l'Eurogroupe sous hégémonie de la droite allemande, une Allemagne qui a changé depuis H.Kohl, jouant contre son camp, mais pas contre les exigences des marchés, portera des fruits amers. A Versailles, on avait voulu punir et humilier l'Allemagne. On sait ce qu'il est advenu...
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______(*) "...On a parlé de « coup d’Etat financier » lorsqu’ont été dévoilés les contours de l’accord du 13 juillet entre la Grèce et ceux que l’on ne peut plus véritablement qualifier de partenaires. Pour excessif qu’il puisse paraître – notamment au regard du vrai coup d’Etat de 1980 en Turquie, fomenté pour rendre politiquement possible le règlement de la question de la dette internationale contractée par ce pays, grâce à la libéralisation radicale de son économie – le terme sonne malheureusement juste. Après tout, la délégation grecque, sous strangulation financière depuis plusieurs jours, a dû consentir une reddition en rase campagne. Faisant fi de la légendaire culture du compromis dont elle s’enorgueillissait, l’Union européenne a placé le revolver sur la tempe de l’un de ses membres, selon la métaphore consacrée, pour annuler les résultats incontestés d’élections et d’un référendum démocratiques.... On a placé ce Parlement sous la tutelle d’un conseil fiscal à la solde des créanciers, qui peuvent ex ante mettre leur veto à tout projet de loi ayant des conséquences financières. On a extorqué à Alexis Tsipras la création d’un fonds de privatisations destiné au service de la dette, aux investissements et, surtout, à la restructuration du secteur bancaire, un fonds que Wolfgang Schäuble entendait même domicilier à Luxembourg. En bref, la démocratie, en Union européenne, ou en tout cas en zone euro, est devenue une variable d’ajustement de la « normalisation » financière...
         ... La leçon est terrible, et frappe de discrédit la construction européenne elle-même, aux yeux de ses propres partisans, ainsi que le montre l’embarras des plus sincères d’entre eux. Et comme ce plan est absurde, voué à l’échec, porteur d’une récession irréversible, de l’aveu du FMI, de la BCE, de la quasi-unanimité des économistes, force est d’admettre que sa rationalité se trouve ailleurs. Que cherchent, au fond, Angela Merkel, Wolfgang Schäuble, et tous les dirigeants européens qui ont cautionné leur ligne dure ? Obtenir financièrement et politiquement ce qu’ils n’ont pu réussir diplomatiquement, du fait de l’opposition de la France et de quelques autres : à savoir, le Grexit ? Ou bloquer tout effet de contagion dans le reste de l’Union européenne en « normalisant » la Grèce, afin d’empêcher des mouvements démocratiques comme Podemos de remettre en cause l’hégémonie « national-libérale » (6) qui s’est imposée électoralement sur le Vieux Continent, depuis 1980 ?..
       ...On continuera donc de nous parler de « morale », de « corruption », d’ « incompétence » avec un cynisme parfait, et une bonne conscience insupportable. Après tout, l’Allemagne est le pays qui n’a jamais honoré sa dette, ni après la Première Guerre mondiale ni après la Seconde. Au début du millénaire, la décision politique d’intégrer la Grèce à la zone euro a été prise en toute connaissance de cause, notamment quant à l’état de son système bancaire et financier (7). Ses partenaires ne se sont guère émus des chantiers formidables qui s’offraient à eux pour la préparation des Jeux Olympiques de 2004, dont ils avaient soutenu l’organisation à Athènes, la salive aux lèvres. Ils persistent à parler d’aide « à la Grèce » et de réduction des dépenses publiques, alors que le contribuable européen sauve surtout, pour l’instant, ses propres banques, que menace leur exposition inconsidérée sur le marché hellène depuis plusieurs décennies.  Et, jusqu’à aujourd’hui, ils s’opposent à la remise en cause, par Athènes, des achats d’armes dont la France et l’Allemagne sont de gros fournisseurs. Ne se dit-il pas qu’en 2009 la réticence d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy à venir promptement au secours du gouvernement de Georges Papandreou, qui venait de « découvrir » le désastre laissé par les conservateurs – retard à l’allumage dont le coût financier s’avérera exorbitant, et dont nous n’avons pas fini de payer le prix – devait beaucoup à leur désir de voir Athènes honorer des contrats de cette nature, alors que la Turquie, en guise de « mesure de confiance », retirait son armée de la côte égéenne pour encourager sa voisine à réduire ses dépenses militaires ? Quant au fonds de privatisations imposé par l’Allemagne à la Grèce, il contraindra celle-ci à brader ses actifs dévalués par la crise, et permettra aux entreprises européennes de faire main basse sur les derniers bijoux de la famille hellène au prix qu’elles voudront bien fixer.
      Mise au regard des souffrances sociales qu’inflige au peuple grec une politique vaine d’austérité, une telle posture, aussi moralisatrice que prédatrice, donne la nausée. Non qu’il faille absoudre la « Grèce », allons jusqu’à dire « les Grecs », de toute responsabilité dans le présent naufrage. En démocratie, les électeurs ont les gouvernants qu’ils méritent, c’est-à-dire qu’ils élisent. Le gouffre dans lequel l’économie grecque s’est jetée a été creusé par des majorités parlementaires qu’ont alternativement dominées la Nouvelle Démocratie et le PASOK. Et le gouvernement d’Alexis Tsipras a multiplié les faux-pas, croyant aux dieux et attendant peut-être qu’Artemis substitue à Iphigénie, sur le point d’être sacrifiée, une simple biche, comme le persifle de manière assassine le réalisateur Panos H. Koutras (8). Mais rien n’eût été possible sans la complicité systémique entre la classe dirigeante hellène et la classe dirigeante ouest-européenne. Et la détermination à contrer, voire démettre, un Premier ministre qui, pour la première fois, n’est pas issu de l’establishment et se donne pour programme de nettoyer les Ecuries d’Augias est troublante.
     Quoi qu’il en soit, les airs de vertu outragée dont se pare l’Union européenne ont surtout l’avantage pour les uns, et l’inconvénient pour l’avenir même de cette dernière, d’occulter le vrai problème. La formation d’un marché unique s’effectue historiquement de manière asymétrique et crée des périphéries qui sont moins marginalisées que subordonnées au centre économique, et généralement réduites à l’état de réserves de main d’œuvre, de parcs de loisirs, voire de poubelles sociales où l’on entasse les inadaptés de tous poils..."  (JF Bayard)
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- La Grèce est traitée comme un Etat hostile occupé
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dimanche 26 juillet 2015

Un époque formidable...

Von Berlin
  
 Wolfgang, ton univers impitoyâââbbe! ♪♫♪


 Rien ne va plus comme avant au pays de la Kantzlerin...


Mais où est passée la raison économique
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As usual

Elle s'obstine

Le peuple grec souffre

Et pendant ce temps, le Tour de France continue...


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 Dans le mur

 

     Certains le disent 


  Il y va droit... 

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Surréaliste

Les aéroports meurent aussi


Après les châteaux en Espagne...


 ...Les cimetières sont nombreux au pays de Cervantès...

 
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A vendre...


Superbe palais, nombreuses dépendances, au passé prestigieux

Mis en vente prochainement pour alléger la dette de l'Etat

L'actuel occupant réfléchit à un logement plus modeste

L'intendant Macron cherche un 400m2 en Seine Saint Denis
Plus proche des "gens"...

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Sus aux Français! 

 Outre-Manche, la guerre est déclarée

Grande colère de la perfide Albion contre ses lointains cousins continentaux

Sus aux Français!
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 Les mots et les faits

Nouveau révolutionnaire, François ne mâche pas ses mots:

 Le capitalisme débridé est l'excrément du diable 

Mais il crée la  folie à Philadelphie
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samedi 25 juillet 2015

Au fil du net

De l' époque artisanale...
_______________________ Sur les routes du Tour1907                       
*  Très chères tongs

*  Délinquance au Japon: des surprises 

*  Fukushima: démantèlement et décontamination

*  Mort d'un  jazzman

*  Tuer le MP3?

*  La galère de Guantanamo

*  Tempête sur les stades 

*  Transparence économique? On peut rêver...

*  Le cloud, la poule aux oeux d'or .d’Amazon

*  Des banques? Non!..

*  Valls: inadvertance ou aveu? .

*  JC Juncker: un grand comique

...A l'ère technocycliste 
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- Presse
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vendredi 24 juillet 2015

Célébration de l'armement

Ces armes merveilleuses..
                                      Etrange époque...
                              Les nouvelles armes provoquent une troublante et inquiétante fascination,
   Ah Dieu! que la guerre est...moderne!  Elle a encore un bel avenir...
   L'épée pouvait terroriser, mais le porte-avion dernier cri, le Rafale ultra-profilé, le char Leclerc impressionnant, le drone militaire furtif ne provoquent plus l'effroi. L'armement s'est esthétisé en se rendant technologique, devenant presque en apparence des jouets d'un nouveau genre, comme l'équipement informatisé du GI en campagne.  L'équipement du soldat de 1945 apparaît comme d'un autre âge à côté de celui du technicien du combat d'aujourd'hui. La guerre se modernise et se virtualise, s'aseptise, se digitalise.
     Nous entrons dans une drôle d'époque. Le "jamais plus la guerre" se double d'une course à l'équipement de plus en plus sophistiqué, très  cher, de plus en plus nombreux. Quitte parfois à ne jamais servir. Les pétrodollars ont besoin de se placer ou il faut créer l'esbroufe politique en montrant ses muscles.
    Les nouvelles technologies font une entrée ultra-rapide et spectaculaire dans le monde de la défense, des forces armées. Le "progrès" est constant dans ce domaine, comme le notait Voltaire, mais aujourd'hui, il s'emballe.
   Au point de rendre la guerre abstraite, "lointaine". Les pixels entrent dans les batailles, qui se livrent du haut du ciel ou sur des  consoles , à des milliers de kilomètres. Déjà le pilote de chasse ne voyait jamais  l'ennemi au cours de ses incursions au-dessus du Vietnam. Fire and forget...
   Les nouvelles armes deviennent des objets d'exposition, où les engalonnés de tous pays se retrouvent régulièrement, comme à la fête, en présence de ministres rayonnants et diserts.
     A  Eurosatory: on peut faire son choix.
                                                       Bienvenue au salon de la guerre! 
De nouveaux marchés s'ouvrent partout. Sans parler des clandestins.
 Le commerce des armes ne connaît pas la crise -
      Comme si l'économie ne tenait que par le secours de la production et la vente des engins de mort. Il faut compter avec le PIB...Il faut trouver des débouchés dans une lutte féroce entre fabricants. Le Président va en personne montrer sa quincaillerie aux princes arabes. L'Allemagne est plus discrète, mais ne veut pas être en reste, les USA tiennent le haut du pavé avec un budget faramineux, produisant ce qui deviendra vite obsolète. Mais l'empire peut se permettre de vivre à crédit, détenant l'imprimante à dollars.Et de puissants groupes mettent la pression.
             Dans le cas bien particulier du petit Israël, les nouvelles technologies et les armes entrent comme en symbiose et l'exportation  est devenue une priorité, dans une sorte d'obsession high tech. 
    Déculpabilisant l'agresseur, traumatisant moins le combattant, devenu souvent agent privé, la mort, de plus en plus, est vue du ciel... (*)
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___ (*)___     Les nouvelles technologies des diverses armées mondiales cherchent, toujours plus, à distancer le tueur et le tué. La guerre menée par Israël contre la Palestine, qui se joue désormais le plus souvent dans l'espace aérien, en est l'un des cas les plus criants.
   Au cours de ces cinq dernières années, les ventes militaires annuelles de ce pays lui permirent d'engranger 7 milliards de dollars, le plaçant ainsi dans le top 10 des nations exportatrices d’armement....
     Ce succès financier n'est pas sans faire écho aux analyses d'Ernest Mandel sur le capitalisme tardif : l'économiste marxiste affirma que l’existence permanente d’une économie d’armement empêcherait les économies capitalistes de sombrer dans la crise¹. Cela requiert, en Israël, une innovation constante en matière de production de nouvelles technologies : lors de l'opération Bordure protectrice, de nouveaux types de systèmes de détection, de drones et d’outils de surveillance ont été introduits et expérimentés dans le théâtre guerrier de Gaza. Ces technologies de pointe conduisirent à la mort de plus de 2 000 Palestiniens – la plupart d’entre eux étaient des civils, dont environ 500 enfants. Funeste coïncidence : moins d’un mois avant le commencement de l'opération, l’édition 2014 d’Eurosatory, grande exposition internationale « pour la Défense territoriale et aérienne », accueillait le Pavillon national d’Israël. L'évènement se tient à Paris, tous les deux ans, sous l’égide du Ministère de la Défense hexagonal. Eurosatory assure « façonner la Défense de demain » et se définit comme le seul forum capable de garantir à ses participants un accès immédiat aux marchés internationaux de défense et de sécurité. « Mission Accomplie ! », fanfaronnait le site Internet de l’exposition, qui compta plus de 55 000 visiteurs et 1 504 exposants, issus de 58 pays. Trente entreprises israéliennes (un nombre record) purent y présenter une large panoplie de « solutions avancées pour combattre des guérillas en zones urbaines, en réponse aux besoins urgents des forces armées d'aujourd'hui »...
     L'Eurosatory gomme intégralement la violence et la transforme en produit à vendre — ce qui permet également d'utiliser les enjeux identitaires et nationaux à des fins publicitaires, servant ainsi les intérêts des entreprises....
 La chaîne Youtube de l’armée israélienne contient de nombreux petits vidéo-clips montrant les frappes de l’opération Bordure protectrice. Une guerre, vue de loin. Ce n’est pas une chose nouvelle. En 1944, l’aviateur américain Charles Lindbergh avait écrit, à propos de la mort à distance : « Tu appuies sur un bouton et la mort s’envole. D’abord, la bombe est bien accrochée, en sécurité sous ton appareil, complètement sous contrôle. La seconde d’après, elle dévale les airs et tu n’as plus aucun pouvoir pour revenir en arrière... Comment pourrait-il y avoir des corps mutilés, tordus ? [...] C’est comme écouter le bruit d’une bataille à la radio, de l’autre côté de la terre. Tellement loin, et séparé du poids de la réalité. » Plus besoin d'imaginer les « corps mutilés, tordus » au sol. Un avantage, même, puisque cela permet d’expérimenter la guerre, ajoute Lindbergh, par « l'écran d'un cinéma à l'autre bout du monde ». Sa métaphore s'est réalisée — et radicalisée — dans les guerres actuelles de drones...
     Dans le flot d’images qu'a généré la seconde guerre du Golf, on notait surtout, qu'il n’y avait rien à voir . Utilisant les mêmes procédés que Tsahal, la guerre du Golf fut définie par cette utilisation de l'arme-image ou, comme le précise la documentariste Alisa Lebow, du « point de vue de l’arme ». Point de vue dans lequel la « caméra est positionnée dans l’extension de l’arme », et, dans le cas qui nous intéresse, directement sur le drone. Cette perspective verticale est peut-être le meilleur symbole de la nature nouvelle de la guerre et de la surveillance — version améliorée du panoptique du philosophe anglais Jeremy Bentham³. En Irak, la caméra vidéo d’un tank qui transmettait ses actions en temps réel, par satellite, choisissait de se placer du point de vue du « sujet occidental et de sa souffrance ». De ce point de vue, « la mort et les souffrances de l'Irakien ont lieu hors du champ ». La guerre-image mit en scène la victoire américaine, et l’image elle-même devint donc l’événement.
Fin de l'ennemi visible...
     Dans toute la panoplie d'armes produites par les Israéliens qui furent présentées à Eurosatory, l'idée avancée par Feldman prédomine : « Le plaisir de voir sans être vu donne de la puissance aux actes de violence ». La menace de la violence et le pouvoir à distance sur leur cible génèrent une crainte constante et un respect qu'induit la force technologique, permettant aux occupants de régner tout en ayant un contact minimal avec la population occupée. Cette violence par la mise à distance visuelle est un élément clé du maintien de l’occupation des territoires palestiniens. Le bombardement de Gaza, il y a un an, visait à instaurer une domination totale. Mais il est primordial de garder à l’esprit, en dehors de ces « opérations », cette domination distante et constante maintenue sur les territoires palestiniens. En effet, Eyal Weizmann, auteur de l’ouvrage L’architecture israélienne de l’occupation, démontre qu’à la suite de l’évacuation de la bande de Gaza, en 2005, un nouveau type d'occupation commença : une occupation invisible, une « occupation par les airs ». D’après Ephraim Segoli, pilote d’hélicoptère et ancien commandant de la base des forces aériennes à Palmahim, les frappes aériennes par des drones contrôlés à distance sont « la composante centrale des opérations de Tsahal » et « la véritable essence de la guerre qui est menée ». Le général major Amos Yadlin, nouveau chef de l’intelligence militaire israélienne, disait en 2004 : « Nous essayons de comprendre comment il est possible de contrôler une ville ou un territoire par la voie aérienne, rendant illégitime l'occupation de ce territoire depuis le sol... »
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jeudi 23 juillet 2015

Lettre à mes amis allemands

Pour paraphraser les propos de DSK
                                                           ... cherchant surtout à retrouver une certaine notoriété.
Mais qu'a-t-il fait quand il était au FMI?
      Après la lettre à Angela, les propos s'adressent à tous les citoyens allemands qui croient encore à une Europe solidaire, différente de celle qui agit sous nos yeux, sans notre consentement et contre tout bon sens et vision d'avenir.
      Ce n'est pas tant la  Grèce qui est un problème pour l'Europe, même  si on sait qu'elle  ne devait pas être raisonnablement intégrée à l' Union européenne et si tout le monde savait quelles dérives s'y produisaient, mais le leadership allemand de fait, effet d'une certaine politique de l'euro par la droite conservatrice allemande, qui a boosté son économie essentiellement exportatrice et mercantiliste, dans le cadre d'un ordolibéralisme rigide, mâtiné de libéralisme plus classique.
        Comme le rappelait un certain nombre de personnalités allemandes et étrangères. (*)
"...Derrière un habillage économiste et technicien (le respect des règles de la zone euro), c'est bien à une bataille de projets politiques que l'on assiste. Et la monnaie, en l'occurence l'euro, est la première de ces armes politiques. Au moment de la réunification allemande, tant Helmut Kohl que François Mitterrand en firent la démonstration. Kohl, en décidant, contre toute rationnalité économique, de la parité 1 pour 1 entre « ouest-mark » et « est-mark ». Mitterrand, en conditionnant, malgré réserves et inquiétudes, son acceptation de la réunification à un engagement irrévocable des Allemands à s'inscrire dans le processus de création de la monnaie unique (lire ici cette étude sur les relations Mitterrand-Kohl).
    L'intransigeance aujourd'hui affichée par Berlin est en droite ligne avec le projet politique porté depuis des années par la droite conservatrice allemande. En résumé : une zone euro limitée donc plus cohérente, plus fortement intégrée et conduisant une seule et même politique économique, un néolibéralisme débridé s'appuyant sur une thérapie de choc austéritaire dans les pays de cette zone. Plus question donc de politiques alternatives dans un tel ensemble où s'appliquerait pleinement cette phrase de Jean-Claude Juncker, actuel président de la Commission européenne : « Il ne peut y avoir un vote démocratique dans un pays qui s'inscrive contre les traités. »  
    Pour Emmanuel Todd, on assiste à un suicide de l'Europe sous direction allemande. 
             Nouvelle puissance du Centre, fragile plus qu'on ne le croit, celle-ci exporte son chômage et freine objectivement la solidarité européenne.
            Que veut l'Allemagne ? ". Il s'agit de montrer aux électeurs des pays européens qu'il est impossible de disposer de l'euro et de mener des politiques de relance ou des politiques économiques alternatives à celles promues désormais par les structures de la zone euro..".
   Malgré les dettes des Länder et son passé de dettes supprimées, Merkel fait la morale, malgré les rappels qui lui sont faits, les pratiques discutables des banques et des grands groupes industriels en Grèce. Ben Bernanke souligne l'irrationalité de la ligne allemande, indifférente au drame grec..
"...La crise grecque, devenue crise européenne, constitue bel et bien un moment charnière dans l'histoire européenne, d'une puissance d'impact équivalente à la chute du Mur ou à la réunification allemande. Une Allemagne nouvelle se révèle, prête à passer par-dessus bord la sacro-sainte entente franco-allemande (d'où les tensions très fortes de ces derniers jours), prompte à mettre en scène ses soutiens en Europe centrale (Pays baltes, Slovaquie, Pologne) et en Europe du Nord (Pays-Bas, Finlande) pour s'imposer à tous.
Cette soudaine affirmation de puissance est du jamais vu depuis le début de la construction européenne. Et ce moment de rupture a bel et bien été souligné par plusieurs chefs d'État ou de gouvernement. L'Italien Mattéo Renzi l'a expliqué au journal Il Messaggero : « Nous devons parvenir à un accord, la Grèce doit rester dans la zone euro et je l'ai dit à l'Allemagne : trop c'est trop. Humilier ainsi un partenaire européen, alors que la Grèce a cédé sur presque tous les points, est impensable. »
    Cette tempête sur l'Europe n'a pas fini de faire sentir ses conséquences. Le problème grec n'est que repoussé.
         Le philosophe allemand Jürgen Habermas juge l'accord grec toxique.
    La Grèce a révélé l'épuisement d'une Europe en fin de course, telle qu'elle est. Remettre tout en chantier paraît une nécessité.
   Ce n'est plus à Bruxelles, mais à Berlin que se règle l'essentiel.
                      Pour les peuples européensde quel espoir est porteur aujourd’hui l’Europe telle que les technocrates nous l’ont bâtie ?
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-  ( *)Le vieux Helmut Schmidt ne s'est pas privé de critiquer l'entêtement de la chancelière et son manque de vision, comme certains économistes européens et américains. Même son mentor ne la comprend plus...
Le député écologiste Jürgen Trittin ne mâche pas ses mots : « Nous sommes dans une situation dramatique et madame Merkel, assise sur sa chaise, se demande quand elle va sortir du placard ses chaussures du jogging ». Dans la même veine, le chef des députés du SPD Frank-Walter Steinmeier s’est exclamé : « la maison brule et madame Merkel a peur de se bruler les doigts ».

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mercredi 22 juillet 2015

(Nouvelle) défense du français

 Désespérer de (l'avenir de) notre langue?

"Ne faut-il secourir
Notre langage et le faire fleurir... (F.Habert -1549)
                                                                            Le titre du livre de A. Borer sonne comme une provocation. C'est plutôt un constat et un avertissement d'un vigie de la langue, sans nostalgie réactionnaire et passéiste ni catastrophisme réducteur. Ecrit avec talent et humour.
    Avec beaucoup d'érudition et aussi beaucoup d'esprit, il pointe les mutations accélérées qui font de plus en plus de notre langue, sous l'effet d'une mondialisation qui fait sentir ses effets jusque dans nos esprits, une pâle et parfois ridicule imitation de la langue commerciale dominante.
   Ce qui est en question n'est pas l'anglais, langue belle et difficile, qui doit tant au français, comme l'a montré Henriette Walter, mais ses dérivés de plus en plus envahissants, souvent déformés et inadaptés, qui s'insèrent dans la langue du commerce ou des échanges communs, quand la nécessité ne l'impose pas, supposés faire modernes. C'est ce qu'il appelle l' «englobish», le définissant comme «l’anglo-américain qui se mondialise [et] s’impose à l’intérieur des autres langues en substituant aux différentes cultures ses représentations et ses modèles culturels, donc, à terme, juridiques et politiques»
   La multiplication accélérée de ces emprunts non raisonnés lui  semble être comme une démission, un abandon, une soumission ridicule à la langue du maître, que dénoncent souvent les Québecois, plus résistants linguistiquement, dont s'étonnent certains chroniqueurs du NY Times. (..."ce phénomène d’anglomanie (qui) semble se généraliser dans toute la France et dont les illustrations ne laissent pas d’étonner. La langue de tous les jours en est affectée ; dans les commerces, les médias, les publicités, en politique, on emprunte directement à l’anglais pour faire moderne, tendance, à la page, pour se distinguer de la « plèbe » restée franchouillarde, pour marquer son appartenance à un monde unifié, globalisé, interconnecté, électrostatique, sans frontières. Les emprunts à l’anglais sont de plus en plus délibérés, choisis à la manière d’une signature, d’un logo, d’une image de marketique (sic) qu’on lance à la volée pour épater le Gaulois ; plus l’emprunt est fracassant, grossier, tonitruant, meilleure est la réclame...)
       Comme le disait J.Eudes, la conquête des esprits continue son oeuvre, à notre insu.
      Aujourd'hui, le comble du modernisme consisterait à maltraiter la langue  ou à ne la considérer que comme un instrument. Elle est bien plus: elle est une âme, elle véhicule une histoire profonde, elle est porteuse de sens, bien plus qu'on ne le croit.
   L'école elle-mêle s'est inclinée, depuis les années Giscard et son éloge du "modernisme". L'enseignement du français n'a cessé de diminuer. L'enseignement systématique, du vocabulaire, des règles de grammaire a été officiellement considéré comme une contraintes à éviter, comme si la maîtrise de la langue maternelle allait de soi. La lecture s'est réduite et on voit aujourd'hui les effets, notamment une baisse du niveau scolaire préoccupante   au point que même dans les grandes écoles, on commence à sonner le tocsin, car la mauvaise qualité de la langue a des conséquences sur toutes les autres disciplines.
    Mais aussi le pragmatisme ambiant fait, comme dit l'auteur, que  «La langue française abandonne son projet humaniste pour s’adapter à l’espace libéral».
    Toute langue vit, pas seulement de ses racines (aujourd'hui officiellement déniées), mais aussi de ses emprunts. Il y en a toujours eu. Mais aujourd'hui, ils se font à une rythme sans cesse accéléré à l'écrit comme à l'oral et sans nécessité, à la télévision comme sur la place du village, appauvrissant la langue maternelle sans qu'on s'en rende compte. Jusqu'au grotesque, comme dans le néologisme (?) maisoning.
«Jamais dans toute son histoire, la langue française n’avait connu une intrusion aussi massive de mots hétérophones. […] L’adoption de mots anglais sans transformation signifie: ‘‘Nous préférons la langue du maître’’.» 
          Il n'est pas jusqu'en plus haut lieu que la langue est malmenée 
    Notre langue est en souffrance, et nous nous évertuons à la traiter de la pire des manières, par panurgisme bêlant, qui ferait rire un Londonien, et par abandon de certains principes qui font qu'une langue est une langue, capital précieux s'il en est, porteur de valeurs et de profondeur, de construction de soi.  
              Le bon sens est souvent même bafoué. Le manque de maîtrise de la langue et de rigueur dans le vocabulaire et l'expression rend réceptif à touts les conditionnements.
      ___  Bref, un livre stimulant et non larmoyant, qui nous invite à remettre l'anglomanie en question (mais pas la langue de Shakespeare), à relire La mondialisation et le français du linguiste Claude Hagège et à retrouver un peu de bon sens.
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