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jeudi 21 août 2014

Le symptôme Ferguson

 Un passé qui n'est pas (encore) passé
                                     Un jeune noir est mort. Courant.
                               Un jeune noir tué par la police, dans des circonstances qui accablent celle-ci, ça arrive trop souvent là-bas.
       Comme un volcan explosif, certains événements mettent soudain et brutalement à jour un problème oublié ou supposé réglé.
  Si, après de longues luttes, le racisme institutionnel semble réglé, il existe toujours une ségrégation sociale et économique dans certains Etats américains, malgré l'égalité formelle des droits.. Surtout là ou la  population noire est majoritaire, sans être vraiment représentée, se détournant d'un système qui semble ne plus la concerner, là où elle subit de plein fouet, plus que d'autres, les effets dévastateurs d'une pauvreté qui s'approfondit, sur fond d'inégalités croissantes.
   Saint-Louis représente un centre urbain particulier où cette irruption donne à penser que les deux communautés ne vivent  pas tout à fait dans le même monde. (*)
   Mais on oublie que "  les années 90 sont aussi entachées de soulèvements particulièrement sanglants. Comme en 1991 à Crown Heights, un quartier de Brooklyn, où la mort d’un enfant afro-américain, renversé par un véhicule conduit par un rabbin, mène à quatre jours d’émeutes.
Un an après, les émeutes de Los Angeles en 1992 embrasent les quartiers pauvres de la ville. Elles seront particulièrement violentes, faisant 59 morts et quelques milliers de blessés.
Une bavure policière est encore à l’origine de l’escalade des tensions : quatre policiers accusés d’avoir battu Rodney King, un jeune Noir, sont acquittés en avril 1992..."
     Comme l'écrit  la très américanophile Nicole Bacharan, chercheur à la Hoover Institution à l’Université Standford en Californie, ce drame, qui fait écho à l’affaire Trayvon Martin de 2012, fait ressurgir les tensions raciales qui persistent aux Etats-Unis.
    La justice fonctionne souvent à sens unique et la police, mal formée, de plus en plus militarisée, voire même souvent  surarmée,
 parfois corrompue, renforçant  protestations et mobilisation .
    Dans les prisons, la surreprésentation de la population noire est bien connue.

Obama: (trop) grande prudence?
         L'ancien conservateur Paul Craig Roberts souligne sans détours la brutalité d'un système répressif, que la loi traite avec trop d'indulgence. Il va jusqu'à écrire que "Tant que les États-Unis demeureront entre les mains des pouvoirs établis les commissions d’examen de la police resteront sans effet. Wikipedia rapporte qu’en 2006, il y a huit ans, la commission d’examen des plaintes civiles de New York à reçu 7699 plaintes dont environ 6% aboutirent en « plainte fondée. » En d’autres termes, 94% des cas n’aboutirent nulle part. La police a été lâchée sur nous par des conservateurs très « loi et ordre » et sous prétexte de « guerre contre le terrorisme ». La police nous fait bien plus de mal que ne le font les criminels et les terroristes. Il reste à voir si les Américains survivront à leur police..."
     Presque des scènes de guerre... 
                                      Avec Obama, qui disait,.dans son discours de campagne sur la question raciale, en invoquant William Faulkner,« Le passé n’est pas mort et enterré. Il n’est même pas passé », les Noirs ont cru que ça allait s’améliorer. 
   Il n'est pas près de passer, tant que durera un système que condamne un nombre croissant de citoyens américains.
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(*)   "... Ferguson est une ville de banlieue située au nord de Saint Louis, une métropole du Missouri, au centre des États-Unis. La majorité de la population du comté de Saint Louis est blanche, tandis que 63 % de la population de Ferguson est afro-américaine. Le degré de séparation et de ségrégation entre Blancs et Noirs s’est accentué dans cette zone, comme en témoigne cette étude de l’Université de Brown. Depuis dix ans, des familles blanches ont progressivement quitté Ferguson pour rejoindre d’autres banlieues plus blanches. 
Les forces de police, quant à elles, sont restées en majorité blanches. La ville compte 53 officiers : 50 Blancs et trois Afro-Américains. 92 % des arrestations effectuées par la police concernent des Afro-Américains. Comme l’indique ce schéma du New York Times, la ville n’est pas particulièrement violente, elle l’est même moins que les petites villes environnantes.
« C’est le sud du pays, la frontière entre les races, les gens de couleurs différentes, est encore extrêmement marquée. Les Afro-Américains ne sont pas intégrés », résume Elijah Anderson, sociologue à l’université de Yale, spécialiste des dynamiques urbaines et des relations interraciales aux États-Unis. Le chercheur précise : « Il y a des situations similaires dans bien d'autres endroits aux États-Unis. » Si la tension monte, « c’est aussi que nous sommes en présence d’une pauvreté structurelle dans le pays, et que cette pauvreté ne fait qu’augmenter ».
Selon les données du think-tank Urban Institute, une famille blanche moyenne dispose aujourd’hui de six fois plus de richesse qu’une famille moyenne noire. Parmi les 44 millions d’Afro-Américains, plus d’une personne sur quatre vit sous le seuil de pauvreté.
D’un fait divers, l’affaire Michael Brown devient donc le symptôme d’un problème plus large. Elle relance non seulement le débat sur les brutalités policières mais aussi sur les discriminations et les inégalités auxquelles sont confrontés les Afro-Américains. Et ce, comme de nombreuses autres affaires précédentes. La dernière en date étant l’affaire Trayvon Martin, du nom de ce jeune Afro-Américain abattu par un vigile en 2012. L'acquittement de ce vigile, à l’été 2013, provoqua une série de manifestations à travers le pays..." (Mediapart)
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Depuis 2008, la situation des Noirs ne fait que stagner ou se détériorer
Ferguson et la nouvelle condition noire aux USA
Il y aura d'autres affaires Michael Brown 
Aux Etats-Unis, la longue histoire des brutalités policières
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