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lundi 18 novembre 2013

Germanomanie, germanophobie

Deux extrêmes, deux non sens.
                                                    C'est le Spiegel qui le dit: il faut cesser de surévaluer l'Allemagne, de l'idolâtrer, de prêter toutes les vertus au supposé modèle qu'elle est censée représenter, selon un discours extrêmement convenu et simplificateur..
   Notre Alain Minc national, relayant ou inspirant le discours d'une partie de la classe politique et de la présidence précédente, continue à présenter notre voisine comme un modèle qui devrait nous mobiliser dans la crise qui nous affecte. 
     Ce sont des Allemands qui les rappellent à leur naïveté.
  D'autres personnalités, comme Wolfgang Münchau, journaliste aussi au Spiegel, très pessimiste sur l'avenir de l'Union européenne dans les conditions actuelles, va jusqu'à dire que  "La réunification allemande est notre péché originel"...L' Ostpolitik, que redoutait Mitterand à l'époque, est devenue une priorité pour la droite d'Outre-Rhin et explique largement l'avantage compétitif de notre partenaire, qui regarde surtout vers l'Est jusqu'à...Pékin.
   L'auteur dénonce toutes les approximations, les parti-pris, les ignorances historiques qui sous-tendent les germanomaniaques, qui ne rendent vraiment pas service à l'Allemagne et aux débats sur l'avenir d'une Europe, avec ou sans monnaie unique.
  En avril 2010, le philosophe Ulrich Beck estimait que Merkel « a utilisé le risque financier en Europe pour imposer au reste de l'UE la politique allemande de stabilité ».    L’écologiste Joschka Fischer, ancien ministre des Affaires étrangères (98-05), a, lui aussi, tiré la sonnette d’alarme en juin 2012 : « Nous, Allemands, comprenons-nous notre responsabilité paneuropéenne ? Cela ne semble vraiment pas être le cas. En fait, l’Allemagne a rarement été aussi isolée qu’aujourd’hui. Quasiment personne ne comprend notre politique d’austérité dogmatique, qui va à l’encontre des expériences passées, et nous sommes considérés comme faisant fausse route ou comme étant franchement à contre-courant ».
L'ex-Président Helmut Schmidt est aussi très critique concernant la ligne Merkel, jugée trop germanocentrée, et préparant un avenir qui pourrait déchanter, pour l'Europe, mise à mal par ses propres manques de solidarité, et pour elle-même. 
     Ce qui est nouveau, c'est que les institutions européennes, sans doute plus par opportunisme que par conviction, commencent à s'alerter et à pointer les risque des excédents allemands, dans une sorte de rappel à l'ordre.
  "... L’Allemagne et ses excédents d’un côté, le reste de l’Europe englué dans l’austérité et la stagnation économique de l’autre, ne sont que les deux faces d’une même médaille. L’union monétaire entre des pays avec des structures économiques différentes, sans mécanisme de compensation et de transferts, sans possibilité de dévaluer, aggravée par une politique non coopérative allemande, est en train de provoquer un déchirement dans l’ensemble du continent, provoquant des destructions massives chez les uns au profit  – sans doute momentané – d’un seul.
Jusqu’alors, Bruxelles n’avait jamais voulu s’attaquer aux déséquilibres provoqués par les excédents allemands, bien que ceux-ci dépassent depuis plusieurs années les 6 % du PIB allemand, chiffre magique institué comme un des critères dans le six pack, fixant les règles de la stabilité de l’Union depuis 2011. Elle n’aurait sans doute pas osé le faire encore cette année, si le Trésor américain n’avait durci ses critiques à l’égard de la politique allemande ces dernières semaines. « La croissance anémique de la demande intérieure de l'Allemagne et sa dépendance envers les exportations sont sources de déséquilibres au moment où d'autres pays de la zone euro ont été sous une sévère pression pour réduire leurs importations et faire des ajustements », avaient pointé les autorités américaines en insistant sur le risque que faisait porter l’Europe sur l’ensemble de la croissance mondiale..."
    Un excédent  qui, disent certains, ne récompense ni un travail acharné ni de bons produits, remettant ainsi en question une image trop idéalisée, trop lisse d'une l'Allemagne, devenue une sorte de référence idéologique et polémique.
Le miracle souvent vanté a un  prix
    Même si l'Allemagne peut sur certains points nous inspirer, la réalité économique des deux pays est l'expression de deux histoires et de deux culture différentes, qu'il est vain de vouloir faire converger.
  En fait , il y a bien des  raisons de ne pas être en adoration devant le prétendu modèle allemand ou de faire des complexes d'infériorité.
           Comme le reconnaît  Guillaume Duval, dans une étude saluée même Outre-Rhin, les options purement mercantiles de Berlin, assise sur un euro trop fort qui l'avantage outrageusement, contribue à déliter un projet européen fragile. Ce que souligne aussi l'économiste américain Krugman, visant notamment une politique antiinflationniste rigide et une austérité imposée absurde, aggravant la crise et les précarités
  Selon lui, les choix de Merkel, en bridant son marché intérieur, "assèche" la demande européenne, en forçant ses voisins à acheter chez elle plutôt que chez eux.
    Paradoxal: le pays est victime de son succès (sur certains points seulement).
             Le problèmes est d'abord économique et européen. Il ne peut se réduire à un aspect national, qu'il y a trop de risques à vouloir réveiller.
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