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mercredi 3 avril 2013

Historiens de garde

Quelle histoire enseigner quand la nation faiblit?
____________Il y a l'histoire objective, le cours des choses, le déroulement des événements majeurs qui scandent la vie des hommes depuis son origine...
Histoire et propagande
Il y a l'histoire écrite, celle des historiens, le récit de ces événements, la conscience que les hommes en ont après-coup, la reconstitution, toujours partielle et parfois partiale, de ce passé que l'on sort peu à peu de l'ombre, à partir des traces laissées, écrites ou non.
Et il y a celle que les Etats officialisent à des fins d'enseignement, de formation, par choix idéologique, pas intérêt ou orgueil national. Celle qui a longtemps servi à soutenir et promouvoir une certaine morale et une certaine citoyenneté..non sans tronquer, sélectionner, enjoliver le passé. Des pratiques officielles déjà en vigueur sous Lavisse , même si de profonds changements se sont produits depuis, après les terribles guerres européennes.
Chaque pays, depuis le 19° Siècle, essaye de reconstruire son passé national, une histoire officielle, à ses risques et périls.
____A l'heure où la mondialisation fait passer la France au rang d'une puissance moyenne et où l'intégration européenne tend à mettre l'accent  sur la provincialisation de notre pays, l'effacement de l'Etat-nation, certains, aujourd'hui comme à une certaine époque, ont tendance à tirer l'histoire de leur côté, par exécration de la Révolution française ou idéalisation de la monarchie comme Deutsch, Ferrand, Buisson, Zemmour, Bern, qui ont pignon sur rue à la télévision, qu'on peut appeler les historiens de garde, politiquement non neutres, qui ne sont pas seulement des critiques de la mondialisation et des partisans d'une défense d'une histoire plus centrée sur les événements et d'une réhabilitation d'une histoire recentrée sur les valeurs nationales.Souvent des nostalgiques de valeurs identitaires recyclées...
Il est sûr que l'enseignement de l'histoire doit être repensée et réhabilitée
Histoire en période de crise?
Mais le débat est vif entre historiens, à la recherche d'un nouvel équilibre, où l'histoire nationale aurait toute sa place, tout en renonçant à une ambition démesurée dans les programmes.
Les critiques abondent à l'égard d'un type d'enseignement qui entraînait cette réaction d'un Président «  Je suis angoissé devant les carences de l’enseignement de l’histoire qui conduisent à la perte de la mémoire collective des nouvelles générations ».(Mitterand)
Peut-on retrouver en nouvel équilibre, consistant à apprendre la nation et l'UE, selon l'idée que: "Non seulement apprendre l’histoire de la nation et apprendre l’histoire de l’Europe sont deux choses compatibles, mais on peut apprendre l’histoire de la nation pour mieux apprendre celle de l’Europe. C’est avec une telle approche pragmatique qu’il est possible d’espérer préparer progressivement les jeunes européens des différents pays à se sentir concitoyens. La finalité civique et la procédure de vérité seraient ainsi conciliées dans un enseignement qui ne pourrait pas prêter le flanc à une accusation de manipulation. Un tel enseignement aiderait les élèves à comprendre que l’on peut emboîter des identités multiples, que la quête de la vérité historique et la construction d’une citoyenneté européenne sont non seulement compatibles mais se renforcent mutuellement..."
___Contre l'histoire étroitement identitaire, politiquement orientée ou revisitée, l'enseignement de l'histoire reste à refonder ou à rééquilibrer, pour une  renaissance de notre mémoire commune...sans naïvetés.

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