Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

mardi 28 février 2012

Dexia: vente à la découpe

Le piège se referme , sur le premier financier mondial des collectivités locales et des services publics

_Une bombe dans la zône euro, une alliance contre nature entre politiques et aventures financières
______Un scandale plus grave que le Crédit lyonnais
"...18 milliards d’euros perdus dans le silence. A titre de comparaison, les pertes anticipées du régime de retraite à l’horizon de 2020 étaient de l’ordre de 20 milliards d’euros. Et le gouvernement jugea qu’il n’y avait pas une minute à perdre : il fallait dans l’urgence mener une réforme bâclée et injuste. Mais manifestement, les milliards des systèmes sociaux ne pèsent pas le même poids que les milliards du monde financier.
Cette facture ne reflète que les premiers comptes de son démantèlement en cours, devenu inévitable depuis octobre (
voir Dexia se meurt, Dexia est morte). La séparation de sa banque commerciale belge, reprise en urgence par l’Etat belge, lui coûte 4 milliards d’euros ; la cession d’autres activités, 500 millions de pertes ; les pertes sur la dette grecque, qu’elle avait conservée à la différence de tant d’autres banques et qu’elle a dû déprécier à hauteur de 75 %, 2,3 milliards ; les produits de couverture qui y étaient liés, plus d’1 milliard ; la liquidation d’une partie de son portefeuille obligataire et de ses produits toxiques, près de 2 milliards, etc. L’addition ne peut que s’alourdir dans le temps. Le bilan de Dexia s’élève encore à plus de 500 milliards d’euros. Il reste plus de 100 milliards dans le portefeuille obligataire de la banque franco-belge. L’ensemble a été logé dans une structure de défaisance (une bad bank), qui bénéficie d’une garantie de 90 milliards d’euros de la part des Etats belge, français et luxembourgeois.
Pour assurer ses financements au jour le jour, la banque ne survit plus que sous la respiration artificielle de la Banque centrale européenne. Celle-ci lui assure au moins 35 milliards d’euros de financement à court terme et lui a prêté 20 milliards d’euros supplémentaires dans le cadre du grand emprunt (LTRO) lanc L’Etat français, de son côté, a volé à son secours en reprenant la filiale française spécialisée dans le financement des crédits aux collectivités locales, Dexia Municipal Agency (ex-Crédit local de France) avec la Caisse des dépôts et la banque postale. Ce sont 15 milliards d’euros, au bas mot, qui vont être mobilisés dans cette opération.
On jongle avec les milliards, sans qu’il soit possible, à ce stade, de prédire le coût final de cette faillite. L’évolution de la crise de la dette, de la zone euro, des marchés financiers, comme l’exécution de l’extinction du groupe bancaire sont autant de facteurs qui peuvent modifier de façon spectaculaire l’équation. Mais quelles que soient les circonstances, le prix s’annonce déjà énorme pour les finances publiques. Car une fois de plus, ce sont les Etats qui sont appelés à la rescousse d’une finance privée défaillante..
." (Martine Orange)
_____________________________Avec la bénédiction de l'Etat, une aventure bancaire invraisemblable, insensée, une frénésie conquérante, un club d'aigrefins (C.Bartolone)
____________8 à 12 milliards d'euros: C'est le montant estimé du manque de crédits auquel vont être confrontés les acteurs du secteur local en 2012. En cause : la disparition de Dexia, ainsi que l'entrée en vigueur de nouvelles règles comptables qui rendent le métier plus coûteux en capital et donc moins attractif pour les banques. Parmi les collectivités à la recherche d'argent frais figurent de nombreux centres hospitaliers comme ceux de Gap ou de Briançon, mais aussi des communautés d'agglomérations et des communes à la trésorerie fragile telle qu'Argenteuil.____Pierre Richard PDG de Dexia entre 2000 et 2006: Le rêve de cet ingénieur était de faire de l'ex-Crédit local de France une grande banque. Sous sa houlette, Dexia s'implante dans 37 pays. Une boulimie qui lui aura été fatale. Rémunération : 1,7 million d'euros en 2004 et 2005. Il perçoit aujourd'hui une retraite chapeau de 600 000 euros annuels.
___________La faute à pas de chance?
"...Ce qu’il vaudrait la peine de faire – et je suggère qu’on s’en occupe toutes affaires cessantes – c’est de réunir tout ce beau monde pour leur faire dire devant un micro et une caméra – comme M. Greenspan dans ses petits souliers devant une commission du Congrès américain en octobre 2008 : « Je croyais ceci et cela et je me suis complètement planté : ce n’est pas du tout comme cela apparemment que ça marche », on apprendrait au moins quelque chose et – on peut toujours rêver – on pourrait peut-être tirer des leçons de toute cette ignorance, de toutes ces certitudes sans fondement, de toute cette arrogance d’apprenti-sorciers, la prochaine fois..."

Aucun commentaire: