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lundi 19 décembre 2011

Made in France?

Réindustrialiser, disent-ils...

Pur enjeu électoral?

_Acheter français: un slogan à nouveau d'actualité, vieux de cinquante ans.
Un discours pas toujours cohérent et plutôt incantatoire.
Un thème récurrent sans portée, faute d'analyse
Que vaut le patriotisme économique?

"La seule sincère motivation de Nicolas Sarkozy, c’est l’imminence de la présidentielle et des législatives. Car il y a peu, condamner la désindustrialisation ou les délocalisations au sein de l’UMP était tout bonnement impensable pour ne pas dire interdit. D’ailleurs il n’y a pas si longtemps, le discours était plutôt : « Quant à acheter français, il faut utiliser l’expression avec tact et modération (…) La France est quatrième exportateur mondial, deuxième exportateur européen, nous ne pouvons pas prétendre vendre des locomotives, des trains, des centrales nucléaires, des avions, des produits de luxe… en donnant l’impression d’être frileux et protectionnistes «___Mais subitement le Président s’est rappelé qu’il aime les usines, et qu’il est préoccupé par les problèmes des salariés. Il ne faut pas que le vote ouvrier lui échappe, il a tellement fait pour eux depuis 5 ans : huit millions de pauvres, trois millions de précaires, trois millions de temps partiels, cinq millions de chômeurs, et des salaires de misère pour la grande majorité." (RG)

_Alors, Made in France ou «made in pipeau»? "Si le gouvernement, et la droite en général, s’occupait de l’industrie française, cela se saurait depuis dix ans qu’ils sont au pouvoir"

On aura tout vu. Voilà que Laurent Wauquiez se prononce pour un "protectionnisme moderne", comme s'il avait lu Maurice Allais ou Sapir.

Besoin de suivre les thématiques mariniennes ou d'une certaine gauche?
Réindustrialier? Facile à dire. Mais pourquoi? comment? N'est-il pas trop tard?
«La France doit retrouver l'envie de produire» Comment ne pas être en accord avec ce souhait? Mais rien n'est simple à l'heure qu'il est...où la compétitivité s'érode.
__Les analyses sur les causes et les conséquences de ce qu'il est convenu d'appeler la
désindustrialisation en France ne font pas l'unanimité chez les spécialistes. Certains, surtout les néolibéraux qui ont foi, contre toute évidence, en la vertu du marché et du libre-échange sans limites ni contraintes, applaudissent, estimant que le passé industriel ne reviendra plus, mais qu'il faut tout miser sur l'innovation, selon le slogan: a vous (pays émergents) les usines, à nous les services . D'autres entrevoient déjà un économie quaternaire, d'un type nouveau, surtout organisationnelle.
__D'autres refusent de dramatiser, en examinant les avantages que nous retirons d'un phénomène mal mesuré, et en minimisant les coûts en main d'oeuvre, souvent surestimés à leurs yeux: les effets sur l'emploi seraient plutôt mineurs, comme le pense l'économiste Husson:
« Je pense qu’il faut être absolument catégorique là-dessus : les taux de chômage élevés ne sont pas liés aux délocalisations. La représentation selon laquelle les pays du Sud pomperaient nos emplois est fausse. Il existe des études évaluant à 10 % la proportion du chômage qui pourrait s’expliquer par la concurrence des pays à bas salaires. » Mais ces estimations sont déjà anciennes. "En 2010, l'industrie emploie 500 000 personnes de moins qu'il y a dix ans. Le secteur salarie 3,3 millions de personnes contre 3,8 millions en 2000. Une étude de la direction du Trésor intitulée "La désindustrialisation en France", consultable sur le site Internet du ministère des finances, estime que deux millions d'emplois ont disparu en trente ans".Les tendances actuelles amènent à réfléchir un problème bien souligné par quelques uns: "Un pays qui n’offre pas à ses citoyens suffisamment d’emplois peu qualifiés s’expose à une grave fracture sociale" (F.E.)
_______Patrick Artus pense que la délocalisation d'une bonne partie des fabrications industrielles nationales a été plutôt néfaste, car un pays ne peut vivre durablement de services et quelques grosses industries de pointe, sans maillage suffisant de petites et moyennes entreprises dynamiques et innovantes. Il perd vite de sa substance, la création de la valeur étant le fondement de la richesse d'un pays. Tout miser sur
l'agroalimentaire, la chimie et la pharmacie ne peut suffire. La désindustrialisation de la France n'est pas un mythe. Un certain protectionnisme européen raisonné serait à instaurer.
Les délocalisations sont passées par là, surtout depuis le début des années 80, suite à l'exemple anglo-saxon, qui peuvent prendre bien des formes, qui ont plusieurs sens. Sidérurgie, textile...et surtout machine-outil, mère de toutes les industries, s'exilent ou disparaissent, faute d'investissement et de montée en gamme. Le développement volontariste de l'immatériel ne suffira pas et dans ces domaines certains pays émergents comme la Chine sont déjà sur la ligne ...
_Dans la mesure où la concentration des capitaux a joué à plein, que l'industrie s'est multinationalisée, il était inévitable qu'elle ne reste pas dans le cadre de l'Etat-nation. Toute multinationale par définition cherche le coût de travail le plus bas, les marchés les plus proches, le bas prix du pétrole favorisant les transports des produits d'un continent à l'autre...
_L'Angleterre a commencé plus tôt (après des délocalisations très précoces dans le cadre de l'empire colonial)) et se retrouve aujourd'hui à privilégier surtout l'industrie financière, avec tous les problèmes que pose cette spécialisation.
De 1979 à 1984, M.Thatcher "commence une longue série de privatisations d'entreprises publiques, ce qui s'accompagne d'une forte désindustrialisation : baisse de 30 % de la main-d'œuvre industrielle et fermeture de 55 000 entreprises"
Aux USA , les délocalisations font perdre tous les jours un peu plus des forces vives du pays.
_____________Est-ce une fatalité?
Il y a bien un chantage à la délocalisation, dont les effets négatifs peuvent être contrés, pour aller dans le sens d'un protectionnisme européen raisonné, comme le pensait M.Allais et d'autres aujourd'hui, notamment E.Todd. Mais il est sans doute trop tard...
La démondialisation n'est pas pensable, mais une certaine relocalisation n'est pas irréalisable, comme elle se produit déjà un peu par nécessité dans certains secteurs.
La politique de
l'euro fort, si elle a avantagé l'Allemagne jusqu'ici, n'a pas joué en notre faveur. Comment remettre les investissements en route dans le cadre d'une rupture avec la logique libérale des dernières années?
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La crise, arme de destruction massive

2 commentaires:

Richard Schneider a dit…

Je viens de lire votre article sur la désindustrialisation de la France : je l'ai trouvé très bien fait; il est très accessible.
Bravo.
RS

Etienne Celmar a dit…

Merci
Ce n'est qu'une mise en forme de lectures diverses sur un sujet complexe et inépuisable.
Cordialement
MT