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mercredi 2 novembre 2011

La mort fait de la résistance

Le vieil et intarissable rêve d'éternité resurgit régulièrement.

_Ce fantasme pourrait bien se réactiver à l'occasion de cette récente découverte: le vieillissement des cellules est réversible.
Tous les espoirs seraient-ils permis, à partir de cette limitée mais surprenante annonce, qui pourra peut-être ne déboucher, au mieux, que sur des applications ponctuelles (régénération d'un rein, par exemple), car un vivant n'est ni une collection de cellules ni un empilement d'organes?
La mort n'a pas fini de s'imposer à nous comme échéance incontournable
Heureusement d'ailleurs pour le cycle de la vie en général.
..

__La Fête des morts est propre à toutes les cultures connues, quelle qu'en soit la forme.
Les nombreux rites , tentatives pour donner sens à l'inacceptable, pour exorciser une réalité inconnaissable donc terrifiante, sont diversifiés, largement dépendants des croyances mythiques et religieuses.
Au Mexique, par exemple, les anciens cultes se sont amalgamés aux pratiques chrétiennes tardives.
Les représentations, plus ou moins élaborées, concernant la mort sont d'une grande diversité. Elles ont beaucoup à voir avec les croyances et les cultures.

_Si chaque religion prétend vouloir guérir l'homme de sa plus grande "blessure narcissique", les philosophies, par des démarches diverses, ont tenté de penser le problème en dehors d'une transcendance et d'en donner un réponse rationnelle, pour aboutir le plus souvent au constat, finalement assez banal, que la mort est incontournable et inconcevable, faisant partie de notre finitude essentielle.
Notre absence de maîtrise est surtout éclatant dans la phase finale de notre vie. _Le lâcher-prise zen peut être vu comme une métaphore d'une mort apaisée._ S'il y a une chose que nous ne maîtrisons pas, c'est bien la mort.

__Banaliser la mort est sans doute la tentative la plus rationnelle pour évacuer son spectre récurrent.
La naturaliser, comme Epicure, en la resituant dans le cadre des phénomènes naturels d'ensemble. En ce sens, "la mort n'est rien pour nous..." . Lucrèce reprend poétiquement le même projet, dans une nature interprétée comme sans finalité, sans arrière-monde.
Envisager de la sorte la mort, c'est la voir aujourd'hui, à la lumière de la microbiologie, comme un principe agissant au coeur même du vivant, comme un élément sans lequel la vie même ne serait pas, du point de vue de l'individu comme de l'évolution. C'est ce que les récentes études de JC Ameisen montrent de manière convaincante. La mort ne joue pas contre la vie, mais avec elle et pour elle...Deux principres aussi indissociables que le yin et la yang dans la pensée chinoise.

___Maigre consolation...pour celui qui va mourir dans une expérience singulière et tragique, rarement apaisée, dont on peut trouver une expression dans un texte comme celui-là, jouant sur la métaphore du voyage, soulignant l'ambivalence vécue de la mort, refusée puis acceptée, quand
The show must go on ...
Il est des textes comme celui-là, qui, mine de rien, pèsent parfois plus que maints traités de philosophie, parlent plus au coeur, dans un premier temps, que les analyses de Spinoza ou Montaigne.
Naître à la mort...reste une expérience singulière.
_ Dans la relation avec les êtres chers, l'expérience finale peut être adoucie par l'entretien des liens de mémoire. Paroles qui ne changent rien à l'implacable loi de la vie, mais qui apaisent, comme le chant de la mère apaise les terreurs de l'enfant qui s'endort...

La mort n’est rien
Je suis simplement passé dans la pièce à côté.

Je suis moi, tu es toi.

Ce que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours.
Donne-moi le nom que tu m’as toujours donné.
Parle-moi comme tu l’as toujours fait.
N’emploie pas de ton différent, ne prends pas un air solennel ou triste.

Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble...
Que mon nom soit toujours prononcé à la maison comme il l’a toujours été.
Sans emphase d’aucune sorte, sans trace d’ombre.

La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié. Elle est ce qu’elle a toujours été.
Le fil n’est pas coupé.

Pourquoi serais-je hors de ta pensée
Simplement parce que je suis hors de ta vue ?
Je t’attends.

Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin.

Tu vois, tout est bien.
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Partir à son heure : question de vitesse ou de temps bien rempli ?

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