Ça va jazzer

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vendredi 30 septembre 2011

A bientôt!

Bonjour amis visiteurs, lecteurs occasionnels ou réguliers!

Vous l'avez remarqué, un cap vient d'être franchi.
Les 200000 visites ont été dépassées.
Champagne!

_Le but premier de ce blog était de constituer une sorte de banque de liens sur des sujets qui me tenaient à coeur.
Puis, le projet s'est un peu étoffé et le nombre croissant de visites inattendues m'a incité à poursuivre, à approfondir et surtout à structurer à ma manière, souvent très subjective, les informations récoltées sur des points qui attiraient mon attention à un moment donné, en m'efforçant de prendre du recul par rapport à l'événementiel pur.
Merci à vous, dont 99,99 % me sont inconnus.
Je salue votre intérêt, votre constance, votre courage et...votre
indulgence.
Cette fidélité, que je ne m'explique pas encore très bien, est pour moi un plaisir et un honneur.

Mais je suis arrivé à un point, dans mes explorations de passeur internétaire, où je m'interroge:
Continuer ou non? That is the question
Personne n'est indispensable et j'ai parfois l'impression de tourner en rond, de me répéter...
Vais-je poursuivre et sous quelle forme rénovée?
Je vais me donner un peu de temps pour y réfléchir, prendre du recul, puisque l'occasion m'est donnée de quitter temporairement le sol natal.

Petit circuit envisagé depuis longtemps dans l'
Empire du milieu (中国)
Au coeur de cette Chine fascinante et assez insaisissable dans ses mutations actuelles et ses cheminements futurs.
Une Chine qui vient de loin, à qui nous devons beaucoup, à l'histoire déjà longue et pleine de vicissitudes, contrairement au mythe ancien d'un pays immobile.
Un Chine qui oscille en permanence entre ordre et désordre
, entre continuités et ruptures.

A bientôt donc! 待会儿见。!

jeudi 29 septembre 2011

La Palestine attendra

Du moins, ce qu'il en reste ...

Obama: c'est non!

...Après certains oui...
« Mister Magic » fait du slalom.
Alors qu'en mai, un pas en avant prometteur semblait s'amorçer.
Le défi palestinien n'a pas porté ses fruits, comme on pouvait s'y attendre, étant donné la constante intransigeance de l'extrême droite israëlienne.
Belle occasion manquée de créer une dynamique propre à rapprocher les deux familles palestiniennes.
Face à l'obstacle américain, l'échec était prévisible.
Demain l’Etat palestinien, toujours demain...quand les poules auront des dents ou quand les Palestiniens seront finlandais..

___Que vaut un appel israëlien aux négociations, toujours reportées, quand Netanyahu vient d'autoriser de nouvelles constructions en Cisjordanie et à Jérusalem Est, qui est un enjeu majeur du conflit?...
Que vaut une négociation pour une partie occupée?
Toujours le double langage, pour gagner du temps et créer une situation irréversible, qui rendra toute négociation future dépourvue de sens et radicalisera encore plus les tendances intransigeantes du Hamas, ce qui entrainera de nouveaux refus, etc... Une spirale bien connue. On ne négocie pas avec ses amis...
__Sur le terrain, les colons, choyés par Tel-Aviv, rivés au mythe identitaire, aux mots de la terre, donnent de la voix et révèlent les intentions finales: un Etat palestinien n'aura pas lieu.:
"
Le vrai champ de bataille n’est pas aux Nations unies", a dit Avraham Binyamin, porte-parole de la colonie de peuplement de Yitzhar, près de Naplouse. "Il est ici, sur le terrain, et nul n’espère que le gouvernement et les forces de sécurité comprendront, comme les Arabes et les colons l’ont fait, que toute idée de compromis est vouée à l’échec", a-t-il affirmé. (...) » (L’Express - Reuters) "Ce qu’ils font à l’Onu ne nous intéresse pas. Nous avons la Bible, qui dit que la terre d’Israël appartient au peuple juif", a déclaré un militant âgé de 25 ans, Meir Bartler, dans un avant-poste illégal, entre les villes de Ramallah et Naplouse en Cisjordanie occupée..."
C'est l'« Etat juif » contre les juifs qui est en question et la possibilité d'un avenir possible dans la région.
Sans changement radical de la politique interne du pays, la glaciation se poursuivra
"L'alliance entre les ultra-libéraux, les faucons et les théocrates ne cédera jamais d'un pouce, c'est dans la nature de chacune de ces tendances de l'ultra droite sioniste, l'espoir ne peut venir que d'un renversement du pouvoir et d'une implication grandissante de la population jeune qui commence à prendre conscience de l'impasse entretenue pour diverses raisons obscures qui les dépassent. Entretenir le conflit même artificiellement c'est entretenir les subventions américaines sans lesquelles le Likoud s'effondrerait..." (E.Red)
__La proclamation à l'ONU est donc un non-événement , juste un symbole.
Fallait-il y aller?
Sans doute, pour préparer les esprits pour l'après Netanyahu, malgré le scepticisme affiché de certaines organisations et personnalités palestiniennes, l' impuissance européenne, les divisions même au sein du PS sur le sujet.
_______«Il n’y aura pas de négociations sans un arrêt complet de la colonisation», cela paraît une position minimale et de bon sens, et quoi sert un Etat palestinien sans souveraineté palestinienne?
Le courage politique fait défaut
"
C'est la seule chose qui manque aujourd'hui : une volonté politique de la part de la communauté internationale, des américains et des européens et de la part de Benyamin Netanyahou. A-t-il la stature d'un homme d'Etat comme l'ont été Menahem Begin quand il a fait la paix avec l'Egypte, comme Yitzhak Rabin quand il a signé les Accords d'Oslo ? Est-il un simple politicien, un tacticien qui prend des décisions pour plaire à certains milieux de la société israélienne et à certains lobbys dans le monde ? Ou est-ce un homme d'Etat qui veut sincèrement faire la paix avec ses voisins ? Il n'y a rien aujourd'hui qui me prouve qu'il a cette stature de quelqu'un qui contre vent et marée amènera son peuple et les prochaines générations vers la paix, dans une région où les armes et la violence ne sont pas le langage employé..."
Certains Israëliens redoutent les conséquences de l'aveuglement politique de l'équipe au pouvoir.
Aucun mur n'est éternel...

________________________
_La longue marche vers l'Etat palestinien: 24 heures à Jérusalem

mercredi 28 septembre 2011

Cénacle sénatorial

Victoire «historique».
________________Et après?..


Le Sénat
: Une institution discutée, confortée par l'histoire, qui devra être réformée, au moins sur un point:
"La réforme du type de scrutin sénatorial s'imposera un jour pour ajuster de nombreuses variables et particulièrement celle du rapport entre la surreprésentation du corps électoral des communes rurales et la sousreprésentation de celui des espaces urbains.
De même, à l'avenir est-il convenable de conserver deux sénateurs respectivement pour Saint-Barthélemy et Saint Vincent, alors que ces deux îles antillaises n'auront en commun qu'un seul représentant à l'Assemblée nationale en 2012 ?
Doit-on admettre que douze sénateurs représentent les Français de l'étranger au Sénat et élus par un micro corps électoral, lorsque onze députés siègeront à l'Assemblée, toujours en 2012 ?
Peut-on, aussi, conserver la grille actuelle du nombre de sénateurs par département, alors que pour un même nombre de représentants, des distorsions de population importantes subsistent?"

...peut-être supprimée, si le Parlement jouait pleinement son rôle, dans un système moins présidentialiste [- voir ce point de vue-]

____ "Si au dessus du gouvernement il y a le Sénat, au dessus du Sénat il y a la nation." (V.Hugo)

Le Sénat : Une institution sans transparence, qu'on a pu qualifier de niveau zéro de la démocratie parlementaire?
Petit train (de vie) de sénateur: une expression devenue légendaire...

__Le Sénat tel qu'il est: opacité, abus et influences:

______(Analyse partiellement infirmée depuis dimanche)
"...le Sénat pourrait une nouvelle fois échapper dimanche à l'alternance alors que la «chambre haute» est censée «représenter les collectivités territoriales»; alors que le PS et ses alliés dirigent 21 régions métropolitaines sur 22, 61 départements sur 101, et une majorité des villes de plus de 3.500 habitants. La faute à un mode de scrutin indirect qui fait la part belle, parmi les 72.000 «grands électeurs», aux élus ruraux souvent sans étiquette, historiquement proches de la droite.
L'UMP espère donc garder la
mainmise sur cette assemblée dont, pour l'heure, 25% des membres ont plus de 70 ans, 76,5% un sexe masculin, 69% un autre mandat local. Cette chambre compte deux ouvriers et dix employés.

Pour éviter que la gauche ne remporte les 22 sièges de plus qui lui manquent pour devenir majoritaire, la droite a tenté, tant bien que mal, de limiter le nombre de listes dissidentes. Mais elles restent nombreuses, notamment en Ile-de-France et dans le Nord. De quoi inquiéter en plus haut lieu: même les pronostics de Gérard Larcher (UMP), qui espère conserver le «Plateau» (la présidence), sont de moins en moins optimistes.
Mais les prévisions restent risquées pour cette campagne aux airs anachroniques, pour laquelle, à la différence des autres scrutins, il n'existe aucune obligation de déposer un compte de campagne, aucune limitation des dépenses, aucun plafonnement des dons. Une campagne où, dans certaines grandes villes de France, ce ne sont pas seulement des maires et des adjoints qui iront voter, mais parfois leur mère, leur secrétaire, leur cousin ou leurs copains d'enfance. Une campagne où tous les marchandages sont soupçonnés: comme à chaque fois, avant le premier tour, on a reproché au président d'acheter des voix de maires en leur distribuant de l'argent via la réserve parlementaire: cette cagnotte qui permet à chaque élu (mais à certains plus qu'à d'autres) de financer des travaux de voiries dans un village, de réparer le toit d'une école ou celui d'une église grâce à une enveloppe au montant inconnu. Le tout dans la plus grande opacité.

Les tractations en tous genres, qui se poursuivront dans la semaine séparant le vote des grands électeurs de l'élection du président par les sénateurs, rendent les calculs complexes. A quelques mois de la présidentielle, au vu de la valeur symbolique du scrutin, la droite envisage même de déployer les grands moyens en cas de résultats serrés, avec des conséquences inattendues: un remaniement ministériel. En effet, les candidats Gérard Longuet, Chantal Jouanno et Maurice Leroy pourraient être contraints de quitter leur poste de ministre. Car s'ils restaient au gouvernement, ils ne pourraient siéger au Sénat (le cumul est interdit par la constitution). Or leurs suppléants au Palais du Luxembourg ne disposant de leurs prérogatives de sénateurs qu'un mois après le scrutin, ils ne pourraient pas apporter leurs précieuses voix à Gérard Larcher le jour de l'élection du président, le 1er octobre...
Jean-Marc Pastor est un des trois questeurs du Sénat, ces « demi-dieux » qui gèrent les 346 millions d'euros de budget de la maison, avec bien peu de comptes à rendre. Pas même à l'administration sur leurs notes de frais. Notre premier article sur ces factures indues, faites dans le restaurant de sa fille dans le Tarn, n'aura même pas suffi à faire bouger le Sénat, qui n'a jamais cherché à en savoir plus sur le sujet. C'est seulement quand le questeur s'est fendu d'un faux communiqué de soutien, rédigé au nom du président Larcher, que celui-ci a fini par réagir.

A travers Jean-Marc Pastor, beaucoup d'élus et fonctionnaires ont découvert à la fois que des enveloppes de frais de représentation existaient pour certains sénateurs. Et que la réalité de ces frais était à peine contrôlée.

Les questeurs ne sont cependant pas les seuls sénateurs à jouir de privilèges particuliers. En tout, ils sont 48 élus au jardin du Luxembourg à disposer de suppléments de rémunérations dont les montants avaient toujours été soigneusement cachés. Des suppléments pouvant aller de 700 euros à plus de 5000 euros par mois, et que nous avons pour la première fois divulgués.

Mieux: sur les feuilles de salaires de ces super-sénateurs, appelés dignitaires, apparaît une ligne de cotisation complémentaire pour leur retraite. On savait la pension des parlementaires hyper-avantageuse. Pour certains sénateurs, elle dépasse en fait l'imaginable.

Petite cotisation, grande pension: au final, plusieurs sénateurs ayant exercé un poste de dignitaire reçoivent plus de 10.000 euros de retraite par mois. Michel Charasse, en plus de ses autres retraites et de son indemnité de 12.000 euros net du Conseil constitutionnel, se voit verser mensuellement 13.200 euros brut par le Sénat, dont il fut questeur pendant seulement trois ans. Cerise sur le «plateau»: c'est dans les années 2000, pendant que les Français se voyaient contraints de travailler plus longtemps, que le Sénat a cru bon d'octroyer une partie de ces avantages...
Comment a-t-on pu ignorer, jusqu'à cette année, qu'une prime était régulièrement versée aux sénateurs, en plus de leurs différentes rémunérations, pour faire face à leur supposée «baisse de pouvoir d'achat»? Comment peut-on accepter, comme nous l'avons également découvert, que des élus censés voter des lois d'intérêt général, soient parallèlement rémunérés comme lobbyistes pour des groupes d'alcool, ou membres de conseils d'administration d'entreprises?

Le Sénat connaît ces situations. Il ne les révèle pas. Les tolère. On en finirait presque par s'étonner que certains, dans la maison, aient fini par juger tous ces privilèges extravagants; tous ces non-dits effarants. Qu'ils aient eu le courage de nous parler, de nous renseigner, parfois au péril de leur carrière. Car d'autres, soucieux de préserver leurs avantages et leurs arrangements, aimeraient les voir jugés et condamnés.

Leurs révélations sont pourtant à l'évidence d'intérêt public comme le démontrent les mesures prises peu de temps après leur publication: Gérard Larcher a plafonné les salaires des membres de son cabinet; Jean-Marc Pastor a remboursé ses factures et suspendu sa participation aux réunions de questure, le président de la commission de finances, Jean Arthuis, a plaidé pour la fin du système des retraites complémentaires, certaines primes ont même déjà été supprimées (comme celle de 4000 euros versée aux anciens présidents du Sénat).

Mais il reste tant à faire. Quel qu'il soit, le nouveau président aura un immense chantier devant lui." (M.Mathieu)

mardi 27 septembre 2011

Errances boursières

La bourse est devenue folle

"La Bourse est devenue un casino géant. Sauf que le fonctionnement d'un casino est plus transparent et plus facile à comprendre" ( Thomas Peterffy, fondateur de la société Interactive Brokers)
___________

_Par nature sujette à des variations, l'irrationalité des acteurs étant une constante ("investing is more a matter of guts than intelligence"), l'activité boursière est actuellement engagée dans une spirale infernale potentiellement autodestructrice.
Principale raison: le
High Frequency Trading, qui va tuer la bourse comme le spam tue les emails.

_L'économiste Frederic Lordon proposait dans les colonnes du Monde Diplomatique : "Et si on fermait la bourse ?". Récemment, l'économiste et anthropologue Paul Jorion a complété cette proposition. "Pas la peine, les ordinateurs s'en chargent !"

Cela se manifeste à Wall Street par un Trading haute folie
"Plus des deux-tiers des volumes de transactions à la Bourse de New York proviennent aujourd’hui non pas d’investisseurs prenant des décisions fondées sur la réalité économique mais de programmes informatiques branchés sur les systèmes de négociation de la Bourse. C’est le trading "haute fréquence", que les régulateurs – enfin ! – commencent (trop doucement comme toujours) à regarder comme de la "haute folie". Les entreprises de marché comme Nyse Euronext ou le London Stock Exchange réalisent une bonne part de leur profit grâce aux volumes générés par ces acteurs controversés. Les marchés boursiers investissent d’ailleurs massivement dans les infrastructures informatiques et de communication pour permettre à ces systèmes haute fréquence d’exploiter les moindres variations des marchés, au millionnième de seconde près. Les entreprises de trading haute fréquence installent d’ailleurs leurs machines au plus près des serveurs informatiques des marchés boursiers, de manière à ce que, très concrètement, les longueurs de câbles de fibre optique soient les plus courtes possibles afin de réduire les délais de transmission des ordres, clé du profit. Mais lorsque les deux-tiers des volumes d’un marché boursier sont réalisés de cette manière, il va sans dire que l’on perd un peu de vue la raison d’être de la Bourse elle-même. Les actions qui s’échangent sont un code répété des millions de fois par jour par un automate, à une vitesse excluant naturellement toute intervention humaine. Ce qui fait le volume, c’est la course entre ces machines. Mais cette bataille de calculateurs abreuvés real time de paquets de données, aussi fascinante soit-elle sur le plan de l’intelligence informatique, utilise pour munitions des actions, autrement dit des titres de propriété d’entreprises a priori venues en Bourse pour y rencontrer des investisseurs, pas des automates bourrés d’algorithmes. Car au fond, à quoi sert le trading haute fréquence ? Quand on pousse ses promoteurs dans leurs retranchements, ils expliquent que cela permet d’accroître la liquidité. Sauf que ces systèmes n’existaient pas il y a moins de dix ans.
Il est temps que les homo sapiens reprennent le dessus.
"
_____Il est temps de stopper l'extrême VOLATILITÉ DES COTATIONS et de revenir à un minimum de raison, de sortir du chaos, quand seulement moins de 10% des transactions financières mondiales concernent l'économie réelle.
Si on arrêtait la folie boursière, qui déstabilise les économies au lieu de stimuler le développement...
Hélas! il est à craindre (à souhaiter?) que l'écroulement du système soit seul capable de le forcer à ne plus marcher sur la tête. _Comme dit
Galbraith,"Il n'y a aucune chance, tandis que la Bourse s'approche de l'abîme, que ceux qui sont concernés s'aperçoivent de la nature de leur illusion et ainsi se protègent eux-mêmes et leur système. Les fous peuvent communiquer leur folie ; ils ne peuvent la percevoir et décider d'être raisonnables."..
___________
Rassurer les marchés ?

lundi 26 septembre 2011

Dexia: le piège


Dexia : une banque très discrète

__________Les banques se suivent et ...se ressemblent, même celles qui ont , comme Dexia, une vocation spécifique, d'intérêt général, celle de financer les collectivités locales et le logement social, avec la garantie de l'Etat, actionnaire principal. Certaines de ses pratiques, déjà stigmatisées naguère, sont aussi dévoyées que celles de certaines banques privées.

Elle a contribué à intoxiquer les collectivités locales
" Imaginez que votre banquier vous propose de faire une croix sur les intérêts de votre prêt pendant trois ans, le temps de payer les études supérieures de l'aîné : ça ne se refuse pas ! Et bien les maires de Laval, Saint Etienne, Rouen, la présidence de la communauté d'agglomération de Lille, celle du Conseil général de Seine-Saint-Denis, le patron de la société immobilière Sacvl à Lyon et cent autres responsables de collectivités territoriales, n'ont pas refusé... et s'en mordent aujourd'hui les doigts, la crise financière ayant fait enfler des taux d'intérêts inférieur à 4% jusqu'à des sommets improbables : 10, 20, 24% par an sur plus de dix ans pour les plus malchanceux !
A chaque fois, l'offre avait été présentée de la même manière : la banque proposait de ne pas payer d'intérêts jusqu'aux élections (cantonales, municipales ou autres) puis de rembourser à taux variable, évitant aux élus d'augmenter les impôts en période de campagne. Une offre d'autant plus alléchante qu'elle était formulée par une banque amie, Dexia, ancien établissement public, surnommé « le partenaire des collectivités locales ». Ce que les maires et conseillers généraux ne savaient pas, c'est que les taux variables en question étaient adossés à des valeurs extrêmement instables (taux de changes croisés, matières premières...), les fameux « produits toxiques » dont la crise financière a révélé les dangers. Et pourquoi ne le savaient-ils pas? Parce que Dexia ne le leur avait pas dit !
Que fait l'Etat, actionnaire principal de Dexia ? Rien !___Avec 97% de sa dette appuyée sur des produits toxiques, le conseil général de Seine-Saint-Denis a été le premier à briser l'omerta : Claude Bartolone a mis en demeure Dexia de lui proposer des solutions, sous peine de la poursuivre pour « défaut de conseil à un client non initié ». Avec l'aide d'un cabinet spécialisé, son équipe a épluché trois ans d'échanges de mails, de fax, de courriers à la recherche d'une trace de mise en garde contre la dangerosité de ces produits... Bilan : rien, pas une ligne sur les risques encourus..."

___Le premier financier mondial des collectivités locales et des services publics (et son président) a une histoire très particulière et ses pratiques semblent bien contradictoires avec ses objectifs proclamés
Toujours est-il que beaucoup de collectivités se sont endettées.
Dexia s’est payé leur dette:

" Banque historique des collectivités locales, DCL est la première à avoir poussé les élus à ne plus recourir aux bons vieux prêts à taux fixe. Mais elle n’est pas l’unique responsable : les Caisses d’épargne et le Crédit agricole étaient aussi très présents sur ce marché. Le document de Dexia signifie en tout cas que la faillite de certaines communes n’est plus une hypothèse invraisemblable. En raison de l’irresponsabilité passée des banques et des élus, les collectivités locales (villes, régions, départements, communautés de communes…) et les établissements publics locaux (hôpitaux, syndicats d’économie mixte…) ont dans leurs comptes des stocks d’emprunts toxiques, qui risquent de les couler totalement. Et du même coup, ce sont des dizaines de services publics qui risquent d’être affectés : crèches, écoles, collèges, voirie, ramassage des ordures… sont financés par les collectivités territoriales..."
L'irresponsabilité financière de certains élus locaux n'explique pas tout. Les engagements occultes de Daxia ont largement contribué à certaines dérives.
__Les «emprunts toxiques» touchent nombre de communes
Apparaissent ainsi les limites du libéralisme
pour les collectivités locales : "Ces financements s'appuient sur des facteurs techniques risqués. Tout d'abord, une longue durée : généralement 25 ou 30 ans et des remboursements différés, souvent voisins de zéro les premières années, mais avec des clauses de déclenchement irréversible de la hausse des taux...
Ils comportent aussi des incertitudes graves dues à des taux d'intérêts variables car dépendants de paramètres boursiers aléatoires, impossibles à évaluer dans le futur."
__Pour en finir avec la folie financière qui a contaminé les collectivités locales, celles-ci veulent leur propre agence de financement "Ce type d'agences, pilotées par et pour les collectivités locales et opérant sur les marchés financiers aux meilleurs taux, existent déjà dans les pays nordiques (Suède, Finlande, Norvège, Pays-Bas, Danemark). "Elles n'ont pas connu de problèmes de liquidité pendant la crise financière de 2008 : leurs agences ont agi comme des filets de sécurité et ont accru leurs parts de marchés"
__________________
La carte de France des emprunts toxiques fournis par Dexia
-Yvelines : première plainte pénale contre les «prêts toxiques» de Dexia
-
La faillite de Dexia: la leçon et la nationalisation nécessaire
-Remettre les banques au service de l'économie
-Dexia: vers un deuxième Crédit lyonnais?

samedi 24 septembre 2011

Monsanto revient


Monsanto récidive. L'Europe cède

"L'Europe va-t-elle contraindre la France à autoriser de nouveau la culture du maïs génétiquement modifié MON 810 ? La décision d'interdiction prise en février 2008 a en tout cas été jugée illégale, ce mardi, par l'avocat général de la Cour européenne de justice qui s'exprimait à la suite d'une plainte de la firme américaine Monsanto, fabricant de l'OGM..."

__________Les institutions européennes sont devenues les ventres mous de la puissante multinationale américaine, lobby influent jusqu'auprès de nos parlementaires.
La pression de la firme sur Bruxelles est constante.
__On en est à se demander si l'Europe ne finit pas par être au service de Monsanto:
"
Monsanto va bien, très bien. De 2003 à 2009, son chiffre d’affaire est passé de 5 à 12 milliards de dollars, et ses profits ont été multipliés par 20, à 2 milliards. Bref, Monsanto a beaucoup d’argent pour essayer de peser sur les décisions de cette europe, qui semble particulièrement ouverte à l’influence financière des lobbys et autres intérêts privés._Pire, il est question de conflits d’intérêts entre les autorités européennes chargées des avis scientifiques sur les OGM.
En clair, certains des décisionnaires européens travaillent directement pour les industriels, ce qui permet de questionner leur indépendance et leur perméabilité à l’avis de ces mêmes grands industriels, gouvernés par la seule logique du profit maximal et non de la sécurité maximale. D’ailleurs, c’était l’Europe qui avait imposé à la France la commercialisation du Red Bull
"
__Un mauvais feuilleton continue:
"...Malgré l’opposition des peuples et des gouvernements, cette Europe cherche absolument à faire valoir les intérêts de Monsanto. Après un feuilleton incroyable, la Commission Européenne avait trouvé le moyen d’interdire aux Etats d’interdire la culture d’un certain nombre de plantes OGM. Mais les Etats avaient bloqué la manœuvre en réunissant 75% des voix contre le projet de Bruxelles (il faut noter qu’en-deçà de deux tiers, le projet de la Commission passait !)._Mais cet échec n’a pas découragé Monsanto, qui tente une nouvelle manœuvre par le biais de la Cour Européenne de Justice. Son avocat général a tranché dans le sens de Monsanto, jugeant illégale l’interdiction faite par la France de la culture du maïs Monsanto. Il aurait fallu demander à la Commission, dont on connaît bien les penchants pour les produits transgéniques, ou même pour les farines animales, qu’elle essaie d’autoriser de nouveau...
Il est assez incroyable que les institutions européennes fassent autant d’effort pour essayer d’imposer la commercialisation des semences Monsanto aux pays européens qui ne le souhaitent pas. Elles utilisent toutes les ficelles les moins démocratiques des traités européens pour le faire. C’est ainsi que la Commission a récemment tenté de faire passer un texte qui n’a du son rejet qu’au fait que plus des deux tiers des voix s’y sont opposées.En clair, si seulement 65% des voix l’avaient fait, Monsanto aurait gagné. Mais cet échec n’a pas refroidi l’entreprise qui essaie désormais de passer par la Cour de Justice Européenne pour imposer la commercialisation de ses produits aux Etats réticents. Le dernier rebondissement de cette affaire pourrait par conséquent remettre en cause le moratoire français, qui a pourtant été le fruit d’une décision démocratique, soutenue par la majorité..."(L Pinsolle)

Le lobbying continue. Les élites démissionnent. Le contrôle démocratique s'efface.
Il n'est pas inintéressant de savoir au sujet de Monsanto que: "L'Association européenne de l'agroalimentaire (CIAA), basée à Bruxelles, a nommé son nouveau Directeur général, l'Irlandaise Mella Frewen, pour remplacer Daniela Israelachwili le 2 juillet prochain. Mme Frewen a plus de 20 ans d'expérience dans le secteur, et notamment le lobbying Europe et Afrique pour Monsanto, depuis 2002"
_________________
Semences vitales

vendredi 23 septembre 2011

Le retour des mercenaires

____L'heure est aux économies, au désengagement de l'Etat et aux privatisations généralisées, depuis les années 90 surtout.
L'armée n'échappe pas à cette évolution, pour l'instant plus anglo-saxonne que française. Mais jusqu'à quand?...


_La tentation des mercenaires est forte: "L'apparition de sociétés commerciales privées qui ont fait de la guerre un business lucratif date de la chute du mur de Berlin. Les Etats occidentaux ont rapidement pris la mesure des économies potentielles que permettrait une cure d'amaigrissement de leurs ressources militaires, devenues moins utiles après le déclin de la menace soviétique. La professionnalisation, l'outsourcing sont devenus la règle..."
L'époque de Bob Denard est terminée. On a changé d'échelle.

____Les USA, où le poids de l'armée est devenu considérable,
comme le craignait Eisenhower, ont la plus longue pratique de la
privatisation , de l'introduction de sociétés militaires privées, surtout depuis l'engagement en Irak, qu'on a pu appeler une guerre privatisée.
On se souvient du comportement de compagnies comme
Blackwater, qui n'ont pas laissé d'excellents souvenirs sur le terrain. Les contractors, bien payés, échappent souvent à l'autorité militaire et à ses règles mais ont l'avantage de permettre de limiter les effets psychologiques des morts au combat sur la population américaine (La guerre du Vietnam a été méditée...)
__________Est-ce le retour des condottieres, une spectaculaire régression?
-Le Royaume-Uni s'est aussi bien engagée dans cette logique, même dans des domaines ultrasensibles, comme la dissuation nucléaire.

____La France commence aussi à expérimenter la formule, tout en le démentant publiquement. Politique assez schizophrène pour l'instant.
Elle pourrait autoriser le mercenariat, interdit depuis 2003

"Sans le dire vraiment, mais sans le cacher tout à fait, le gouvernement se prépare à réintroduire le mercenariat dans le droit français. Interdite depuis 2003, l'attribution à des entreprises privées employant des hommes en armes de missions "régaliennes", donc réservées en principe à l'État et à ses armées, est un sujet brûlant. L'Élysée n'y est pas opposé sur le fond.."
...Malgré les réticences de certains responsables de l'armée
"...En France, la notion de force armée légitime, conception latine issue de la Révolution française, définit l'utilisation de la violence d'Etat. Pour le Général Bruno Neveux, une figure de l'armée française qui a commandé avec brio la délicate opération Artémis en RDC en 2003, La force légitime émane d'un pouvoir politique légitime. «La force ne peut trouver sa raison d'être que dans un objectif politique, ce n'est pas une finalité en soi, mais un instrument au se
rvice d'une société démocratique. La force armée est de nature régalienne, apanage de l'Etat. Personne ne remet en cause le contrôle absolu de l'Etat».
la spécificité des armées est, en principe, un savoir-faire qui comporte l’utilisation d’une force maîtrisée et proportionnée, dans un cadre légitime, au nom de la volonté publique, d’un Etat, etc. Sous-traiter une fraction de cette « force légitime » à des privés plus ou moins contrôlés, c’est franchir une crête, créer la confusion, changer de nature, prendre le risque de dévaloriser les armées, les militaires. Il ne faut pas confondre le recours ponctuel à des prestataires (services, maintenance, transport par avions ou hélicoptères, etc.), et une action de longue durée, impliquant un Etat, une armée, une chaîne de commandement, des règles d’engagement et une tradition, etc.
Il ne faudrait pas non plus, plaident certains, que le recours aux SMP suscite plus de difficultés nouvelles qu’il n’apporte de solutions (par manque de capacités) ou d’économies (étant entendu que ces services « délocalisés » seraient par nature moins chers). Des experts européens redoutent notamment que, dans des pays où la pratique du contrat commercial est moins ancrée, les mécanismes de contrôle ne génèrent des coûts qui rendraient l’opération nulle ou négative. Il y aurait donc à identifier des seuils de rentabilité, et à les mettre en balance avec les limites du genre : rupture de la chaîne de commandement ; difficultés de coordination ; poids du contrôle d’exécution des marchés, etc.
Les militaires insistent, pour leur part, sur le fait que leur « cœur de métier » (la mission, l’action au milieu des populations, le recours aux armes éventuellement offensives, etc) n’est pas externalisable ; et qu’il convient de ne jamais mélanger, sur le terrain, les soldats réguliers et les privés en armes.
Un colonel français, spéci
aliste de doctrine, résumait au cours de ce colloque les (bonnes) raisons de ne pas recourir à des SMP :
- normes insuffisantes (casier judiciaire douteux, etc) ;
- confusion, dans le regard de l’opinion, avec les troupes régulières ;
- fonctionnement trop autonome (comme la société Blackwater en Irak) ;
- déséquilibre de l’économie locale (en raison des émoluments hors de proportion des personnels « mercenaires ») ;
- manque de cadre réglementaire et juridique…"


Mais il y a lieu de s'inquiéter pour l'avenir: un lobbying intense se développe à l'échelle de la planète visant à aboutir à
un marché mondial de la guerre pour les compagnies militaires privées
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Il serait urgent de relire Machiavel:
« Voulez-vous donc vous mettre dans l’impuissance de vaincre : employez des troupes auxiliaires, beaucoup plus dangereuses encore que les mercenaires. Avec les premières, en effet, votre ruine est toute préparée ; car ces troupes sont toutes unies et toutes formées à obéir à un autre que vous ; au lieu que, quant aux mercenaires, pour qu’elles puissent agir contre vous, et vous nuire après avoir vaincu, il leur faut et plus de temps et une occasion plus favorable : elles ne forment Point un seul corps ; c’est vous qui les avez rassemblées, c’est par vous qu’elles sont payées. Quel que soit donc le chef que vous leur ayez donné, il n’est pas possible qu’il prenne à l’instant sur elles une telle autorité qu’il puisse s’en servir contre vous-même. En un mot, ce qu’on doit craindre des troupes Mercenaires, c’est leur lâcheté ; avec des troupes auxiliaires, c’est leur valeur. Aussi les princes sages ont-ils toujours répugné à employer ces deux sortes de troupes, et ont-ils préféré leurs propres forces, aimant mieux être battus avec celles-ci que victorieux avec celles d’autrui ; et ne regardant point comme une vraie victoire celle dont ils peuvent être redevables à des forces étrangères. »

jeudi 22 septembre 2011

Brèves du jour


1- Les agences de notation complices des spéculateurs?
______Le double jeu des agences et les prédateurs financiers

2__-Après la manne autoroutière, la manne ferroviaire?
_______ Le rail déraille
__Absurdes concurrences
__L'État sonne la fin des tarifs encadrés à la SNCF


3__Aux armes Citoyens?
___________Mourir pour la patrie...

4___Rolex chinoise: jouer la montre

5___Médecine préventive malade

mercredi 21 septembre 2011

Arrêtez les enfants?


Notes sur la prospective démographique

La bombe "P" explosera-t-elle?

__Doit-on partager l'inquiétude de Claude Levi-Strauss, qui déclarait en 2008 :
«La question qui domine véritablement ma pensée depuis longtemps, et de plus en plus, c’est que, quand je suis né, il y avait un milliard et demi d’habitants sur la terre. Quand je suis entré dans la vie active, il y en avait deux milliards, et maintenant il y en a six milliards. Et il y en aura huit à neuf dans quelques années. Eh bien, à mes yeux c’est là le problème fondamental de l’avenir de l’humanité, et je ne peux pas, personnellement, avoir d’espoir pour un monde trop plein.»
?

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« La Terre peut nourrir 12 milliards d’hommes. » pense la géographe Sylvie Brunel
Joel Cohen répond en 1995 : « La population limite (human carrying capacity) dépendra de toute évidence du niveau matériel auquel les gens choisiront de vivre. » Ou plutôt, du niveau de vie qui leur sera imposé ! Une chose est certaine : « le nombre d’hommes sur terre a atteint ou atteindra dans le prochain demi-siècle le niveau maximum que la terre peut supporter en fonction du type d’existence que nous, nos enfants et petits-enfants avons choisi. »

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--La démographie n'est pas une science exacte. Heureusement!
Mais elle peut donner des indications utiles sur l'évolution prévisible d'une population à court ou à moyen terme , en fonction du taux de natalité, à un moment donné, dans des conditions données.
Ces indications ne sont pas seulement purement informatives. Elles permettent une certaine prospective, une certaine anticipation sur le devenir, notamment économique, des sociétés, pouvant déboucher sur des décisions politiques, par exemple prendre des mesures pour encourager une natalité en chute libre (comme en Allemagne ou au Japon) ou au contraire pour freiner une croissance exponentielle de la population (comme la Chine à une époque)...avec des effets plus ou moins imprévus: le vieillissement de la population chinoise est une menace pour son avenir économique, dans le schéma actuel de son développement.
_Les bons et prudents démographes savent donc qu'ils doivent revoir régulièrement leur copie. Ainsi, le taux de natalité de beaucoup de pays du Maghreb a fini par rejoindre celui de la moyenne des pays européens, ce qui n'était pas attendu, du moins de si tôt.
________La notion de bombe démographique, naguère agitée comme menace, doit être aujourd'hui critiquée ou fortement nuancée. Les présupposés en sont souvent biaisés. Si certains pays, comme l'Egypte ou le Bangladesh ont un niveau de population inquiétant par rapport aux limites des terres cultivées, c'est aussi par défaut d'éducation (des filles notamment) et d'organisation de la politique économique.
Les incidences de la
climatologie sur la démographie est aussi discutable, sauf dans certains cas extrêmes...
_______Faudrait-il donc cesser d’avoir des enfants pour sauver la planète ?
"...Dans le monde anglo-saxon où se sont développés les premiers mouvements inquiets des chiffres galopants de la démographie mondiale, à l’instar de l’Optimum Population Trust, ils demeurent minoritaires. En France, pays où la préoccupation et les politiques natalistes ont irrigué l’histoire, aussi bien sous Vichy qu’en République, ils sont embryonnaires. Seules quelques petites associations, comme Démographie responsable, appellent à une restriction (volontaire) des naissances...
le pasteur britannique (Malthus) s’est trompé dans ses calculs, en ne prévoyant pas que les sauts technologiques en matière agricole seraient capables de nourrir une population en forte augmentation. Les progrès – notamment la mécanisation et les révolutions vertes – ne permettent pas d’opposer de manière binaire une population dont la croissance suivrait une courbe géométrique à des ressources alimentaires dont l’augmentation ne serait qu’arithmétique. Ensuite, Malthus s’inquiétait avant tout de la croissance démographique des pauvres et du coût de l’assistance... ...
Les mouvements (malthusiens))sont le signe d’une inquiétude croissante, qui retrouve les préoccupations démographiques des années 1960 et 1970, lorsque Paul Ehrlich annonçait l’explosion, imminente, de la
«Bombe P», ou lorsque le commandant Cousteau ou René Dumont, le premier candidat écologiste à une élection présidentielle française, affichaient clairement leur volonté de maîtriser l’augmentation de la population...

Cette inquiétude, même si elle puise ses raisons dans l’état de la planète ou les projections des chiffres de la population mondiale, n’est pas tant l’expression d’une réalité démographique ou écologique que d’une perception culturelle.
C’est tout l’intérêt de la monumentale enquête, parue au printemps dernier, de l’historien Georges Minois, que de faire l’histoire non pas de l’évolution de la population mondiale, mais de notre perception historique de cette démographie. Dans son ouvrage intitulé
Le Poids du nombre. L’obsession du surpeuplement dans l’histoire, Georges Minois montre ainsi que, si le manque d’hommes a été une peur fréquente et récurrente, notre époque n’a pas le privilège de la crainte du trop-plein. «Platon s’en préoccupait déjà, recommandant un sévère contrôle de la natalité (…). Ceci à une époque où le monde ne comptait même pas 200 millions d’habitants. C’est dire que le problème du surpeuplement est plus affaire de culture que de chiffres », écrit l’historien. La peur du «trop-plein» a concerné aussi bien les chasseurs-cueilleurs du paléolithique, les cités de la Grèce ancienne, l’Europe du début du XIVe siècle que notre monde contemporain…
______Fred Pearce, vise toutefois à rassurer le lecteur inquiet de se compter parmi une telle masse humaine. Bien qu’il soit lui aussi convaincu que «la surpopulation est le moteur secret de la destruction de l’environnement», il ne s’inquiète pas outre mesure.
__D’abord, constate-t-il, la transition démographique qui consiste, dans les pays développés, en un rapprochement progressif des courbes de natalité et de mortalité, est bien amorcée, y compris dans des pays comme l’Iran, certaines régions de l’Inde, la Birmanie, le Brésil ou le Viêtnam… L’augmentation exponentielle de la population est d’abord le résultat d’une forme d’inertie liée à ce que le nombre d’adultes en âge de procréer – et de jeunes qui le seront bientôt – n’a jamais été aussi élevé dans l’histoire de la planète. Il y a donc, selon lui, «fort à parier que les personnes qui ont moins de 45 ans assisteront au premier déclin démographique depuis la peste noire, il y a presque sept cents ans». Un argument toutefois contesté par Lester Brown, auteur d’un ouvrage intitulé Beyond Malthus (Au-delà de Malthus), dans lequel il estime que les antimalthusiens font trop confiance à la transition démographique et minorent le risque que la surpopulation ne finisse par faire remonter la mortalité, du fait de la sous-alimentation, des épidémies et des conflits, au point de revenir à la situation de sous-développement de départ…"
__Le problème est donc complexe. Les facteurs à prendre en compte, autant culturels et politiques qu'économiques et environnementaux, font que la natalité n'est guère prévisible avec rigueur et peu maîtrisable, sauf à la marge et par des mesures indirectes et à effets retardés. Nous sommes encore mal placés pour savoir où va la population mondiale dans les décennies et surtout les siècles à venir et les tendances actuelles (dans un sens ou dans un autre) ne peuvent être toujours précisément estimées. De plus des événements non prévisibles peuvent changer beaucoup de projections (guerres, épidémies, décisions politiques, changements de système économique, etc...)
_On pourra approfondir utilement et nuancer ce problème complexe et souvent mal posé à la lecture des billets de Yann sur le sujet:
-Surpopulation, un mythe qui a la vie dure
- Fécondité et économie
-Voir aussi: Le démographe et le politique
et Vie et mort de la population mondiale
__Le parcours critique de ce site présente aussi un intérêt

mardi 20 septembre 2011

Morale pour tous

Eduquer par l'exemple?

_Le ministre propose le retour de la morale à l'école.

L'idée n'est pas idiote en soi, mais peu cadrée.
Juste une idée lancée , dont on peut être sûr qu'elle ne sera pas suivie d'effets.
Ne s'agit-il pas, surtout en ces temps difficiles, de rassurer l'opinion?

__L'enseignement de la morale a déjà une assez longue histoire.
Dans notre époque propice au retour à un certain ordre moral, cette initiative pose problème, non pas que l'enseignant doive se dispenser de transmettre des principes de conduite, mais la question se pose de savoir lesquels devraient être valorisés et comment les transmettre, sans moralisation, de manière intelligente et raisonnée.
Une telle proposition revient régulièrement, sans suite, depuis que l'enseignement de la morale a été s
upprimée officiellement, au profit de l'instruction civique, à l'époque de JP Chevénement.
_Question délicate: quelles valeurs faut-il promouvoir, valeurs universelles intériorisées et non pas préceptes imposés, ou pire, ânonnés. Toute vie sociale pour fonctionner et durer dans une relative harmonie a besoin de repères éthiques, de principes d'action juste, de rapports sociaux apaisés. La morale peut y contribuer. Mais le risque est toujours présent de faire du moralisme ennuyeux et sans portée.
_L'instruction civique ne pourrait-elle pas souvent être enseignée autrement, en insistant sur les valeurs de liberté, de respect d'autrui, à travers une réflexion sur la laïcité, dans une tolérance éclairée? Former l'autonomie du jugement, le sens critique, inciter à la nécessaire solidarité, former au courage, aurait sans doute plus d'impact que des préceptes purement moralisants, faits de bons sentiments. Ce serait déjà beaucoup. Les incantations ne servent à rien.
Cela n'est pas possible sans éveil à la réflexion politique et sociale, pour restaurer une démocratie malade, pour créer les conditions d'un
e vie sociale plus harmonieuse, moins compétitive, moins individualiste.. Ne pas séparer la morale et la politique, disait déjà Rousseau
IL faudrait déjà restaurer les missions essentielles de l'Education Nationale, qui n'est plus une priorité, un cadre structurant, où l'instruction retrouve ses droits. Il faudrait contrer les dérives assumées, qui la détourne de ses objectifs et fragilise l
a laïcité, une laïcité bien comprise, garante du vivre-ensemble dans la diversité des opinions.
Elle ne remplacera jamais la famille et les influences qu'elle exerce dans la constitution ou non des valeurs. Si les parents sont infantilisés , dans un système qui les pousse à l'être, il sera difficile à l'enseignant d'initier l'enfant à des conduites altruistes, socialisées.

Et qui formera les formateurs?
_____________La morale a l'école autrefois nous fait sourire:
Chaque matin, le maître commençait par la leçon de morale. Une maxime était inscrite au tableau, expliquée, développée puis illustrée par quelques exemples:
"Bien mal acquis ne profite jamais."
" Plus fait douceur que violence. "
" L'homme ignorant gagne difficilement sa vie. "
" L'oisiveté est mère de tous les vices. "
" Personne ne croit plus le menteur, même quand il dit la vérité. "
" L'alcool voilà l'ennemi. "
" Afin de d
evenir un homme honnête et un bon citoyen, observe les conseils de la morale. ", etc...
Dans les Annees 60, il restait des traces de cette morale directive, reflets des pratiques d'une époque
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Mais l'exemple est la meilleure voie pour intérioriser les valeurs morales et , de ce point de vue, surtout quand tout est médiatisé, l'exemple vient de haut où la duplicité règne: Fais ce que je dis...
Mieux valent des exemples que des discours...
_________Cette petite parodie le montre à sa manière.

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Quelle morale, et pour qui ?